C’est de saison, en Mai fais ce qu’il te plait, et il me plait de faire un petit détour lié aux photos et leur interprétation.
Paris Match a immortalisé en photo une rencontre qui est devenue un symbole de Mai 68, l’insolence de la jeunesse face au pouvoir de la vieille génération, avec en filigrane CRS/SS… Mais c’est une autre photo qui est au centre du débat, celle de Georges Melet.
Quand on décrypte l’image et son contexte, il s’avère que le personnage de gauche n’est pas un CRS, c’est un jeune policier de 24 ans , il a un an de plus que Daniel Cohn-Bendit, et autant cette photo que les autres qui ont fixé ce moment – il y avait plusieurs photographes- il n’y a aucune tension, plutôt une certaine convivialité le policier semble plutôt avoir un vague sourire.
Mais selon le traitement, couleur ou NB? et l’angle de prise de vue, on peut aussi infléchir la perception de l’image: dans cette autre photo, le policier semble bien plus grand, et l’angle ne montre plus son expression. A partir de ça, chacun y voit ce qu’il préjuge. Il faudrait savoir aussi si les cadrages sont ceux choisis par le photographe, ou s’ils ont été revus par les maquettistes pour des raisons diverses. La même photo dans Libé ou Le Figaro peut donner lieu à des approches très différentes. Surtout si un commentaire a été ajouté pour illustrer l’angle de l’article. Au détriment parfois de ce que voulait l’auteur de la photo.
La célèbre photo de Cohn-Bendit faisant face à un CRS est devenue “LA” photo de Mai 68 attribuée à Gilles Caron dans la mythologie professionnelle. Mais c’est faux…
Tous les détails ici, c’est très précis: http://clioweb.canalblog.com/archives/2016/01/21/33239047.html
Ce n’est qu’un début, continuons le débat !
Norbert Gabriel