Archive | mai, 2018

Leonard Cohen la bio …

28 Mai

Un géant fragile toujours en quête d’un insaisissable rêve… Comme Lorca, qui avait  l’âme tatouée d’un chemin à n’arriver jamais. 

And then taking from his wallet
Et puis prenant de son portefeuille
An old schedule of trains, he’ll say
Un vieil horaire des trains, il te dira
I told you when I came I was a stranger
Je t’avais prévenu dès mon arrivée que j’étais étranger.

Cette biographie est une somme unique en son genre, étayée des témoignages de tous les acteurs et partenaires qui ont accompagné  Leonard Cohen dans son parcours mystique et musical, toujours intimement liés. Comme il n’est pas question de faire une dissection de ces 500 pages, proposons deux ou trois extraits, en leçon de musique, qui montrent ce qui fait de Leonard Cohen un artiste très particulier…

Charlie Daniels, compositeur, musicien multi instrumentiste, une référence à Nashville.

Leonard est unique, les paroles, la mélodie, la manière dont il accorde sa guitare… Je n ‘ai jamais rencontré quelqu’un qui possède une telle douceur de toucher. qui peut jouer avec une guitare acoustique accordée aussi bas. Sa musique est si spéciale qu’elle pourrait facilement être amochée sous des doigts moins délicats. (…)

L’important est d’être présent sans être envahissant. Rester transparent, ne rien faire qui puisse détourner l’attention des paroles et de la mélodie. Il aurait été facile de tout gâcher en faisant des ajouts. C’est en travaillant avec Leonard que j’ai appris que « moins c’est mieux ». Et c’est quelque chose que je n’aurais jamais pu apprendre de quelqu’un d’autre...

La plupart de temps, Leonard Cohen enregistrait avec les musiciens, en travaillant de multiples versions, mais parfois, il y avait une recherche du détail bien comprise par ses partenaires, comme les voix dans « The partisan »

Ron Cornelius: Leonard avait des doutes sur The Partisan.. Il me l’a chantée c’était très bien, mais il n’était pas content,

  • Il faudrait des voix françaises…

  • Bon on se voit dans quelques jours…

  • On n’enregistre pas ?

  • Pas tout de suite.

Le lendemain, je suis allé à Paris, j’ai trouvé un accordéoniste et 3 chanteuses, j’ai,mixé les voix avec l’enregistrement de Leonard.. Quand je suis revenu, je lui ai passé la bande,

  • Mais c’est excellent, on dirait vraiment des voix françaises …

J’ai dit « C’est normal, elle sont françaises… » Johnston (le producteur) se met à rire.. Il était vraiment fâché que je ne l’aie pas emmené à Paris. 

Ces deux anecdotes montrent assez bien qu’en plus des exigences légitimes de l’artiste pour mener à bien son travail, il faut aussi des partenaires à l’écoute et non dans la démonstration.

Toujours sur le plan musical, on voit aussi comment Leonard Cohen a développé ce parlé-chanté, ce récitatif de conteur qui fait voyager même si on ne comprend pas l’anglais, et qui laisse entendre la musique.  Et au fur et à mesure de la lecture, vient l’envie de réécouter les chansons dont on apprend la genèse.

Chansons dont une grande partie a été inspirée par son mysticisme, sa quête de spirituel et son amour des femmes jamais démenti.

Son histoire familiale commence en 1864 quand ces émigrés juifs lithuaniens arrivent en Ontario, et s’insèrent très vite par une réussite conforme aux légendes: Lazarus, le petit magasinier en bois de sciage qui monte sa propre compagnie et devient entrepreneur prospère en quelques années. Le roman de la famille Cohen traverse le siècle, et Leonard à la fois poète chanteur, protégé par sa situation au Canada, n’a jamais été déconnecté de son état de juif errant concerné par toutes les tragédies du monde.. Ses chansons en sont nourries

Cinq cent pages d’une biographie exemplaire dont la lecture entrecoupée de réécoutes diverses peut bien occuper quelques semaines…

Comme bande son, avec des instruments qui ont toujours été présents, le oud, le violon, la guitare basse, «  The guests »..

Paru en Mai 2018 .

Norbert Gabriel

KING KONG THEORIE, théâtre de choc…

26 Mai

Photo DR

Il est rarissime, voire exceptionnel qu’un spectacle pas encore vu soit présenté dans ce blog mais parfois, l’actualité nécessite un relais utile…  Relatif à des faits bien partagés dans le monde entier, les lignes qui suivent vous éclaireront sur l’affaire.

Plaire aux hommes est un art compliqué, qui demande qu’on gomme tout ce qui relève de la puissance. Pendant ce temps, les hommes, en tout cas ceux de mon âge et plus, n’ont pas de corps. Pas d’âge, pas de corpulence. N’importe quel connard rougi à l’alcool, chauve à gros bide et look pourri, pourra se permettre des réflexions sur le physique des filles, des réflexions désagréables s’il ne les trouve pas assez pimpantes, ou des remarques dégueulasses s’il est mécontent de ne pas pouvoir les sauter. Ce sont les avantages de son sexe. La chaudasserie la plus pathétique, les hommes veulent nous la refiler comme sympathique et pulsionnelle. Mais c’est rare d’être Bukowski, la plupart du temps, c’est juste des tocards lambda. Comme si moi, parce que j’ai un vagin, je me croyais bonne comme Greta Garbo. Etre complexée, voilà qui est féminin. Effacée. Bien écouter. Ne pas trop briller intellectuellement. Juste assez cultivée pour comprendre ce qu’un bellâtre a à raconter.

– KING KONG THEORIE : Un des textes les plus féministes arrive sur scène à l’Atelier le 25 mai. Des mots qui cognent, une mise en scène musclée de Vanessa Larré avec le trio de choc Anne AZOULAY, Valérie de DIETRICH et Marie DENARNAUD.

 

Et ça se passe ici:  clic sur le rideau rouge –>

 

 

 

 

Norbert Gabriel

Bienvenue, une initiative citoyenne qui engage des artistes bordelais auprès de la cause des migrants : entretien avec m. de l’Orchestre Poétique d’Avant-guerre

25 Mai

Samedi 14 avril l’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A.)  [voir entretien] donnait un concert à la halle des Douves à Bordeaux, dans le cadre de l’initiative citoyenne Bienvenue. Bienvenue, qu’est-ce ? Un ensemble éclectique d’évènements culturels, artistiques et militants, qui, sous l’impulsion de plusieurs associations citoyennes et avec le soutien et la participation bénévole de nombreux artistes, a proposé, en divers lieux du 23 mars au 28 avril – et se poursuit à raison d’un rendez-vous artistique par mois-, évènements et spectacles dans l’objectif de sensibiliser au sort des migrants et d’inviter nos concitoyens à réfléchir ensemble au sens de la politique d’accueil des réfugiés. L’initiative s’inscrit dans la même démarche que tous les élans de solidarité qui partout en France témoignent d’un attachement à l’esprit d’accueil et d’une résistance au cynisme des politiques de répression menées contre les migrants et ceux qui leur portent assistance, ainsi qu’aux idéologies xénophobes. C’est aussi un moyen culturel et festif de médiatiser une cause humaine et d’y engager l’art, les fonds récoltés à l’occasion des évènements étant reversés à l’organisation SOS Méditerranée dont le navire Aquarius sillonne les eaux pour sauver de la noyade les migrants naufragés en mer.

Une caisse solidaire pour destiner d’autres dons à l’organisation est toujours en ligne ici : https://www.lepotcommun.fr/pot/swrkjrzf

Ce samedi donc, la géométrie variable de l’Orchestre Poétique d’Avant-guerre accueillait en son sein Laurent et Antoine à la basse, Alex à la batterie, le chanteur Xavier Barthaburu à la guitare et l’accordéoniste des Hurlements D’Léo, Jojo Gallardo au trombone pour créer, comme à chaque fois, une fusion inédite, née de l’improvisation totale dans la complicité de jeu de musiciens, dont certains n’avaient encore jamais joué ensemble. Car c’est le principe de cette formation qui fêtera cette année ses 20 ans d’existence autour de la poète m. qui libère, ravive, enrage et engage, toujours avec tendresse et sincérité, ses textes sur des musiques perpétuellement réimprovisées par les musiciens qui l’accompagnent. Magie de l’instant et souffle de persistance de l’éphémère qui mute sans cesse pour toujours rester vivant.

Après près d’une heure et demie d’un concert suspendu aux initiatives des musiciens et incrusté d’éclats de flamboyance, à l’image de son interprétation originalement digne de « Bidonville » de Claude Nougaro, la chanteuse m., également militante impliquée auprès de nombreuses luttes et membre du Droit Au Logement (D.A.L.) 33 et du Collectif Contre Les Abus Policiers (C.L.A.P.33) nous accordait un entretien pour parler plus précisément de la cause des réfugiés.

 

– Bonjour m. et merci de nous accorder un moment. En quoi vous engager pour cette cause particulière défendue par Bienvenue a-t-il été une évidence pour vous ?

– Nous n’avons pas participé à l’organisation de Bienvenue mais nous savions que cette initiative se mettait en place et avons proposé de la soutenir par un concert. La cause des réfugiés est une des multiples causes que défend O.P.A. Personnellement je fais parti du Droit Au Logement (D.A.L33), et donc avec d’autres associations nous nous préoccupons entre autres de la situation catastrophique des Sahraouis qui résident dans un bidonville près de Bordeaux. Donc par ce biais là, je m’intéresse depuis des années au quotidien des migrants et ça me semblait naturel et évident de jouer pour Bienvenue, grâce à quoi toutes ces associations et ces artistes essayent de faire, pendant un mois à Bordeaux, résonner cette cause. C’est tout à fait à leur honneur. C’est extrêmement varié au niveau de la programmation : il y a des débats, des projections, des concerts, des pièces de théâtre, et ça, c’est un point positif. Effectivement on subit une politique ultra-répressive envers les migrants et les soutiens des migrants : des gens passent en procès, comme Cédric Herrou qui était parrain du festival, ou sont régulièrement attaqués par la justice étatique. Même le défenseur des droits Jacques Toubon a dit que la politique menée contre les migrants était digne du Front National. Mais on constate aussi que face à cela, il y a beaucoup d’endroits en France où les citoyens affirment leur opposition à cette politique répressive. Bienvenue en est un exemple visible, car festif, artistique et assez médiatisé. Mais il y a aussi des associations comme la CIMADE, le D.A.L, l’A.S.T.I, R.E.S.F…  ou des collectifs plus informels comme le SQUID… qui accueillent les migrants et les hébergent, en essayant de leur trouver des solutions de scolarisation pour les enfants.  Ce que je trouve assez encourageant et positif, c’est qu’une partie de la France -évidemment ce n’est pas toute la France-  s’engage, quitte à être sanctionnée, réprimée et poursuivie pour ça. Ce n’est donc pas une politique qui se fait dans l’indifférence ; il y a des envies que ça se passe autrement.

 

– Même si des organisations officielles soutiennent ces initiatives de résistance, on constate qu’elles sont souvent l’expression d’actes citoyens avant tout, parfois isolés, et de réactions simplement humaines face à la détresse d’autres humains. Et c’est le cas de Bienvenue pour quoi de nombreux artistes et acteurs des milieux culturel et associatif se sont mobilisés, sans attendre les directives ni l’appui d’organisations politiques. Comment perçois-tu cela ?

– Tout à fait. Après, ça demande quand même un peu d’organisation d’aller chercher des gens dans la montagne, même si ce n’est pas une organisation avec des statuts officiels déposés. Il faut un minimum de réseau et de connaissance du terrain. Mais c’est globalement un élan citoyen effectivement, et même les associations sont des associations de citoyens. Pour le coup on n’entend pas trop les partis politiques, même si certains doivent faire quelque chose. Mais c’est un élan qui part de la base. Bien sur ça ne suffit pas à contrebalancer la politique de la France, mais ça montre aussi aux migrants que la France n’est pas qu’un pays constitué de gens hostiles qui veulent qu’ils rentrent chez eux. Tout cela montre aussi une France coupée en deux : une France qui adhère à une politique libérale et puis une France plus solidaire qui pense qu’il  n’y a pas moyen qu’on ne soit pas capables d’accueillir des gens qui fuient les guerres que notre pays provoque et alimente. On ne peut pas à la fois détruire le climat et se plaindre qu’il y ait des réfugiés climatiques. Et quand bien même on ne serait pas responsables de ces guerres ou de ces pillages économiques – parce que les pays d’Afrique sont pillés par les politiques françaises et européennes – on ne peut pas tolérer de traiter les réfugiés ainsi. Tant qu’on continue ces politiques impérialistes et colonialistes, on en paye les conséquences. On a là une France schizophrène qui à la fois se dit pays des droits de l’homme, fait la guerre, et refuse d’accueillir les conséquences de ces guerres. Les images de guerre en Syrie choquent ; les naufragés des bateaux choquent ; le désespoir des gens perdus en montagne choque, ainsi que le fait qu’un citoyen qui porte assistance à une femme enceinte dans la montagne soit poursuivi. Et que dire des centres de rétention à Mayotte ? Pour moi ce sont des camps de concentration : les gens y sont enfermés et privés de tous leurs droits, alors qu’ils n’ont commis aucun délit, à part fuir la misère et la guerre. On ne les tue pas, encore qu’il y a ait des morts régulièrement, mais on les prive de leurs droits.

 

– Le préjugé prolifère un peu partout aussi selon lequel les migrants seraient mieux traités que certains Français vivant dans la pauvreté, au sort desquels les finances du pays ne pourraient pas faire face. En tant que membre du D.A.L. 33, que peux-tu dire de la réalité du terrain ?

– Les politiques d’hébergement sont catastrophiques en France, et autant pour les Français que pour les étrangers. Là il n’y a pas de question de nationalité : c’est la guerre aux pauvres. Ça va de pair avec la répression des chômeurs. Donc de plus en plus de gens sont sensibles aux injustices en général, et à celles faites aux migrants en particulier. Nous sommes un des pays qui accueillent le moins. Ce n’est pas la France qui accueille le plus de migrants, ni dans le monde, ni même en Europe. On nous a encore ressorti récemment la phrase de Michel Rocard: « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde*… ». Oui, évidemment dit ainsi, qui ne peut pas être d’accord avec ça ?  Il ne s’agit pas d’accueillir toute la misère du monde entier. Mais on a largement la capacité d’accueillir plus de réfugiés et dans de meilleures conditions. Ce n’est pas le manque d’argent qui nous empêche d’accueillir : on a suffisamment d’argent à dépenser pour les réprimer, pour déplacer des forces de police, pour construire des centres de rétention, pour renvoyer chez eux des gens dans des avions. Mais il n’y aurait pas d’argent pour construire des logements ? Ici les Sahraouis pataugent dans la boue sans eau ni électricité, et tous les pouvoirs publics se renvoient la balle ; aucun n’assume de responsabilité. Ce n’est pas un problème d’argent, mais bien de volonté politique. Evidemment lorsqu’on voit tous ces Français qui déjà dorment dehors, on se dit fatalement que s’il y a déjà tous ces gens à la rue, et qu’on ne fait rien pour eux, on ne peut pas faire pour les autres. Il suffirait d’arrêter d’acheter des bombes lacrymogènes pour construire plus de centre d’hébergement. Si on n’a pas d’argent, on n’enlève pas l’impôt sur la grande fortune.  Macron durant sa campagne nous l’avait refait à la Sarkozy en disant qu’il ferait en sorte qu’il n’y ait plus de SDF dans la rue. Il y en a toujours plus, et pour ces gens là on en fait toujours moins. Et lorsque la trêve hivernale est terminée, les centres d’hébergement d’urgence ferment et ces gens se retrouvent à la rue, sachant que même les centres d’hébergement ne sont que des « camps » de pauvres : il faut être levé pour les quitter à 7h du matin, et faire la queue à 18h pour y avoir une place. C’est pour ça qu’il est extrêmement important de mettre ces initiatives en avant et de montrer que malgré la situation, on s’organise pour palier aux carences de l’état. «Bienvenue  est un évènement qui permet à des associations qui agissent au quotidien de se montrer, aux collectifs de se faire connaitre, et aussi aux caisses solidaires d’être remplies.

 

– Vouloir faire entendre cette cause en y ayant impliqué des artistes et ponctué Bienvenue de moments festifs ne témoigne-t-il pas aussi  de l’urgence d’envoyer un message positif et une énergie optimiste dont manque cruellement l’horizon ?

– Oui. Il faut se nourrir des choses positives comme ça, sinon on va tomber dans la morosité. Il faut se nourrir de toutes les choses qui nous rattachent à l’humanité. Et là il y a un bel élan de solidarité par rapport aux migrants. C’est sans doute pas assez par rapport à la masse de choses qu’il y a à faire, mais ça a le mérite d’exister, avec le peu de moyens dont disposent les gens, sachant que la CIMADE, l’A.S.T.I, le D.A.L et les autres ne sont pas des associations surdimensionnées en terme de subventions ou n’en n’ont tout simplement pas et font le travail que devrait faire l’état. Personnellement, je ne suis pas non plus pour un interventionnisme de l’État à tout crin, je suis plutôt pour l’autogestion. C’est bien qu’on apprenne par nous-mêmes la solidarité. C’est bien qu’on s’émancipe de l’État pour faire les choses par nous-mêmes, parce que tout le monde a besoin de se valoriser, de se prouver qu’on peut être actifs, de mettre au profit de tous ses compétences, sa matière grise  et pas seulement rester en attente de l’action d’État. Mais si l’État n’a pas envie de faire, qu’il laisse au moins faire ceux qui font, au lieu de réprimer les gens solidaires et de poursuivre ceux qui portent assistance à des réfugiés en situation de détresse. Ou alors on prend un marteau et un burin, et on efface le mot « fraternité » du fronton des mairies.

 

-A ce propos, comment la légalité s’explique-t-elle l’antagonisme entre le devoir d’assistance à personne en danger et la criminalisation des actes de secours porté aux migrants ?

– Cette contradiction, ce n’est pas nous qui la portons, mais l’état avec sa restriction du droit d’asile. Des tas de gens sont ici en France pour fuir la guerre et ne peuvent pas obtenir de statut de réfugiés politiques, ni de droit d’asile, tellement les conditions d’obtention ont été durcies. Et ceux qui fuient  «juste» la misère ne peuvent même pas y prétendre, puisque le droit d’asile est censé protéger uniquement ceux qui sont en situation de danger de mort. Et pourtant la misère et la famine ne mettent-elles pas les gens en danger de mort ? Sur le plan juridique, je ne sais pas si les gens inculpés pour avoir aidé des migrants ont pu faire valoir le principe d’assistance à personne en danger de mort, mais ça m’étonnerait que cela suffise aux yeux de la justice. Evidemment que lorsqu’on va chercher quelqu’un qui tente de passer la montagne dans le froid, on n’est animé que par le réflexe de tenter de sauver quelqu’un qui va mourir. L’intervenante de SOS Méditerranée lors de notre concert a bien expliqué que leur mission était uniquement de sauver des gens de la noyade. Il ne reste plus que 1 ou 2  navires de cette association à y être autorisés, les autres ayant subi la répression et des interdictions de naviguer. Donc au final on constate que non seulement nos dirigeants ne font rien, mais qu’en plus ils empêchent les autres de faire. Et la conséquence, c’est des morts. Mais des vrais morts. Ce ne sont pas des chiffres : derrière chaque chiffre, il y a une personne, avec son histoire. On dit qu’il y a 3500 SDF à Bordeaux… Ce ne sont pas des acronymes ; ce sont 3500 personnes. Donc chaque mort en méditerranée est un être humain, un frère, une sœur : ça aurait pu être toi, ou moi. Qu’est-ce qui fait que j’ai eu la chance naitre dans ce pays au lieu de naitre en Érythrée ou en Somalie ?  Les gens qui nous gouvernent sont d’un cynisme incroyable. Ils n’ont rien à foutre de l’humain ; ce qui compte, c’est le profit. Et tout ça enveloppé de discours humanistes. Et de l’autre côté, ils font Frontex, qui est un système de fermeture de l’Europe avec des frontières ultra-sécurisées, avec des drones, des militaires, l’implication de la Libye aux frontières du continent où on sait qu’il y a un esclavagisme en place, où les gens sont torturés, violés, tués… Et tout ça en notre nom, et avec notre pognon. Et ce sont les mêmes dirigeants qui nous font manger de la merde, qui donnent à nos gosses des perturbateurs endocriniens, qui nous donnent des cancers, bref qui n’ont rien à faire de la valeur humaine. C’est ça le problème : ce capitalisme mondialisé qu’on nous a vendu dans les années 80 comme ce qui amènerait la paix sur terre, et qu’on serait tous ensemble. Les dominants sont ensemble, certes, et très soudés. Nous moins, et au final ils nous tuent d’une façon ou d’une autre. Par le travail, l’alimentation malsaine, les poisons, la guerre… Le capital tue des millions de gens chaque année : c’est un assassin de masse. Et l’existence des migrants permet malgré tout à ce système capitaliste de faire travailler des gens au noir, de faire baisser le coup du travail, entre autres. On sait très bien que les lignes de tramway à Bordeaux ont été construites par des ouvriers bulgares, qui, pour la moitié, n’avaient pas de papiers. Il y a une hypocrisie et un cynisme pas possible là dedans. Ces dirigeants ne se lèvent sans doute pas le matin en se demandant combien de gens ils vont tuer, mais au final c’est ce que produit leur indifférence et leur cynisme. Macron est très fort, même si je pense que les gens s’en rendent de plus en plus compte, pour faire des discours où il n’y a rien dedans : il emploi des mots sophistiqués qui donnent une apparence d’érudition au discours, mais il n’y a pas de sens dans ce qu’il dit. Par contre il y a du sens dans ce qu’il fait.

 

– Terminons sur une note musicale, si tu veux bien : lors du concert, tu as interprété une nouvelle chanson sur Notre Dames des Landes. Que voulais-tu y exprimer ?

 – J’ai écrit cette chanson en décembre, alors qu’on venait d’annoncer que l’aéroport ne se ferait pas. C’était plutôt une bonne nouvelle : après 30 ans de lutte, on ne peut être que content que l’aéroport ne se construise pas. Et puis tout de suite après, ça a été l’inquiétude pour les copains qui étaient sur place : que va-t-il advenir de la Z.A.D ? Le combat n’était pas uniquement contre l’aéroport, mais contre son monde. Donc lorsque j’ai écrit ce texte, je pensais aux copains qui ont souhaité vivre une utopie. C’était un peu nostalgique, car à la fois l’annonce clôturait une ère et à la fois c’était le début d’autre chose. Pour l’instant ce que devient la Z.A.D, c’est de la répression, des constructions détruites, des projets alternatifs foutus par terre, des blessés, de la violence, des zones saccagées. Mais pour y être allée ce weekend, j’y ai senti une belle énergie : les gens reconstruisent ce qui a été détruit la veille ; les barricades sont remontées. Au rassemblement du 15, il y avait des vieux, des jeunes, des enfants : c’était très varié en terme de gens qui étaient venus soutenir, et quand la violence a explosé, tout le monde prenait soin les uns des autres. J’encourage les gens à s’y rendre pour voir par eux-mêmes. O.P.A. a mis les pieds sur la Z.A.D pour la première fois en 2009 pour une série de concerts de soutien. Je ne connaissais alors pas du tout cette cause, et c’est un gars de là bas qui nous a contactés après nous avoir entendus lors d’un concert donnés pour les Faucheurs Volontaires. Donc on a joué pour la Z.A.D, et on sera toujours prêts à jouer pour eux tant qu’il le faudra. Le groupe va avoir 20 ans cette année et plus de 600 concerts de soutien. J’aimerais bien fêter ça de façon conséquente, en invitant quelques associations pour qui on a joué. En attendant un concert de soutien aux postiers en grève aura lieu le 25 mai avec O.P.A.

 

Miren Funke

Photos d’O.P.A : Miren

Liens: https://www.facebook.com/bienvenue.mobilisation.pour.les.refugies/

 

L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre – O.P.A

http://www.opa33.org/

https://www.youtube.com/user/33OPA/

http://opa-infos.over-blog.com/
https://www.facebook.com/LOrchestrePoetiqueDavantguerreopa/

Droit Au Logement de Gironde – D.A.L33

  •  https://www.facebook.com/dal33gironde/
  •  dal33gironde@gmail.com

06 95 43 53 23

Z.A.D Partout !

https://zad.nadir.org/

NDLR:  la phrase complète de Michel Rocard: « l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle peut prendre sa part de cette misère. »  Chaque mot doit être respecté scrupuleusement sinon, les malentendus permettent trop de dérives 

Concert de soutien aux salariés de l’usine Ford de Blanquefort (33) : entretien avec HK et les Saltimbanks, Buscavida et Jérôme

24 Mai

 

Samedi 21 avril une affiche conséquente réunissait plusieurs artistes de renommée nationale ou locale pour un concert de soutien aux salariés du site de Ford à Blanquefort (33), au terme d’une journée de débats et de conférences : Bernard Lavilliers, Didier Super, HK et les Saltimbanks, les groupes Buscavida, Delio, Herein et l’humoriste Bun Hay Mean étaient venus exprimer en musique et poésie leur solidarité aux quelques 900 travailleurs dont les emplois sont menacés depuis dix ans par la fermeture programmée de leur usine, et qui depuis luttent sans relâche pour survivre, du moins ne pas se laisser mourir sans affirmer leur dignité, leur conscience, leur révolte, face à ces logiques économiques dépourvues de rationalité et encore plus d’égard pour les vies que leur fonctionnement broie. Si l’assiduité à la résistance de ces travailleurs et l’implication de la figure emblématique de Philippe Poutou ont permis de médiatiser cette cause, en ralliant le soutien de la population locale, mais aussi de nombreuses personnalités des milieux artistique, intellectuel ou politique, rien n’est gagné. Loin de là. Très loin de là. Le drame économique et humain, parmi tant d’autres, à l’instar de tant d’autres qui se jouent partout, interroge sur la viabilité à terme pour les citoyens du monde entier de l’ultralibéralisme économique, et de sa logique d’instrumentalisation et de marchandisation de nos vies: ne seraient-elles rien d’autre que des opportunités dont quelques dirigeants économiques peuvent ou pas tirer profit ? Le risque de voir l’espoir s’amenuiser, le courage s’épuiser, les convictions d’éroder guète à la porte de nos cœurs. Et pourtant à entendre ce soir là ces femmes et ces hommes debout dans le public reprendre en chœur  Je voudrais travailler encore, travailler encore  pour accompagner Bernard Lavilliers dans son interprétations des « Mains d’or », des frissons m’ont parcouru le corps, comme des larmes suintaient de mes yeux. Quelque chose de digne, de fort, de beau envahissait la salle de spectacle. Quelque chose comme la poésie du pot de terre sans doute… Les larmes d’émotion mutaient en larmes de rire sous les assauts de l’humour provocateur de Didier Super, dont la drôlerie et la générosité offraient quelques moments bénéfiquement hilarants de lâcher prise sur la gravité, avant qu’il ne cède la place aux artistes suivant qui tous mirent du cœur et de la sincérité, Buscavida incitant le public à se déchainer en pogo avec ses chansons acoustiques du grand large intercontinental, HK et les Saltimbanks conviant l’esprit de Jean Ferrat à se joindre à nous avec sa reprise de « En groupe, en ligue, en procession » et terminant son concert -comment aurait-il pu en être autrement ?- par son hymne « On lâche rien » durant lequel les salariés de Ford montèrent sur scène pour chanter à l’unisson avec le groupe. Apothéose vitaminée, avant que le groupe Herein ne clôture la soirée. La soirée fut festive certes. Mais elle fut surtout un de ces témoignages de chaleur humaine et de conscience solidaire qui stoppent et font reculer la gangrène d’une morosité ambiante gagnant parfois trop facilement du terrain, un de ces témoignages qui nous rappellent que la chanson n’est pas que jolis verbes emperlés sur de belles notes, à l’utilité purement émotionnelle, mais aussi un réservoir où puiser de la magie, de l’ardeur, de la combativité, autant que de l’amour et de la tolérance, pour continuer à pleurer et sourire, mais aussi à avancer dans l’univers, éclairer l’obscurité et  rallumer des étoiles . C’est pourquoi nous avons choisi, en préambule des entretiens que Kaddour d’HK et les Saltimbanks et Ludo de Buscavida nous accordaient dans l‘après-midi, de donner la parole à Jérôme, travailleur de Ford impliqué dans la lutte et l’organisation du concert, pour un point sur la situation.

 

 

 

– Jérôme bonjour et merci de nous accorder un peu de temps. Peux-tu nous expliquer un peu l’historique de votre lutte ?

– Fin 2008, Ford a annoncé que l’entreprise ne s’investirait plus sur notre site, tout en tenant plusieurs discours contradictoires, à savoir qu’ils prétendaient aussi ne pas s’en désengager. Nous avons même eu peur à l’époque d’être mis en chômage technique durant dix semaines pour ne plus retrouver notre outil de travail à notre retour. Personne n’étant dans l’usine durant ce temps, l’entreprise avait les mains libres pour faire disparaitre les machines. Nous avons optimisé notre temps pour faire entendre notre cause, et le 20 décembre 2008 nous avons organisé une manifestation à Bordeaux. Le jour même le quotidien régional Sud-Ouest annonçait qu’il y aurait un repreneur. En réalité HZ était un repreneur bidon qui a siphonné les fonds durant plusieurs années, jusqu’au retour de Ford. Il y a eu des périodes difficiles, jalonnées de mobilisations des salariés, qui ont fini par faire que les pouvoirs publics se sont mobilisés à leur tour : Christine Lagarde avait pris le dossier sous la main, et il y a eu des tractations entre Ford et l’état, dont on ne connait pas tous les tenants et les aboutissants, mais qui ont conduit Ford à revenir et reprendre le site en main. En fait Ford était impliqué dans HZ, à qui ils avaient sous-traité la fermeture de l’usine, qui aurait eu lieu si nous ne nous étions pas mobilisés. Cette boite bidon n’a apporté strictement aucune activité au site, qui a vécu à l’époque sur les productions à finir pour Ford.

– Où en êtes-vous concrètement aujourd’hui ?

– Aujourd’hui, Ford tient exactement le même discours qu’à l’époque, sauf que nous n’avons plus de production : on arrive sur des fins de productions, et tout ce qui était produit ici va se faire ailleurs. Ford avait d’ailleurs prévu de s’approvisionner ailleurs, puisque l’entreprise a monté un stock de boites aux Etats Unis. Tout a été planifié pour fermer notre usine ; Ford a même produit un document indiquant toutes les erreurs à ne pas refaire, dont sous-traiter la fermeture à un repreneur peu sérieux, pour pouvoir fermer le site. Pourtant à l’époque tous les politiques s’étaient satisfaits de cette reprise par HZ ; la CGT était la seule voix à discordante. A l’heure actuelle, nous déplorons un silence radio de l’état, ainsi que de Ford, quant à l’avenir de l’usine, ce qui n’empêche pas le média régional Sud-Ouest de se permettre d’affirmer qu’il y aurait deux repreneurs potentiels. Nous avons réclamé un droit de réponse à ces affirmations, car même le cabinet du ministre de l’économie ne dispose d’aucune information allant dans ce sens, et nous dit que Ford Europe ne répond rien. Sud-Ouest détiendrait-il des informations que personne d’autre n’a ? En attendant, ce média livre des théories en pâture aux salariés, et à l’opinion publique, peut-être pour rassurer la population et l’inciter à croire que ça ne va pas si mal que ça : d’un côté nous essayons d’alerter la population sur le sort du site, et de l’autre côté ce média arrive à la désinformer et saper la mobilisation. Ce qui fait qu’autant les gens extérieurs à Ford sont conscientisés vis-à-vis de notre sort, autant des salariés mêmes du site ne se mobilisent pas, ne croyant pas vraiment à la fermeture programmée de leur usine. On constate un objectif évident de diviser les populations concernés par la désinformation, qui va de pair avec l’objectif de la direction de l’usine de diviser les salariés entre eux, en différentes catégories. Certains disent qu’ils se mobiliseront si jamais ça ferme vraiment. Mais c’est maintenant qu’il faut anticiper : lorsque le couperet sera tombé, il sera trop tard. Personne ne sera sauvé. Et puis ne serait-ce que par acquis de conscience, il faut penser aussi aux générations suivantes. Ici il y a toute sorte de métiers : des ingénieurs, des ouvriers, des administratifs, donc 900 emplois directs, sans parler de tous les emplois indirects que la fermeture de l’usine va toucher. Dès qu’on ferme un lieu de travail comme ça, ça a un impact économique sur tout le monde. Et que vont faire nos enfants à l’avenir ?

– Que répondez-vous à ceux qui insinuent que l’entreprise ne dispose pas de suffisamment de commande pour maintenir une activité locale et que votre un site serait non rentable ?

– Nous produisons en fait des produits qui arrivent en fin de vie, et normalement, deux ans avant que ces produits soient épuisés, il y a un plan qui décide des prochaines productions. Ford a cessé de transmettre au site des plans de futures productions. Il s’agissait de laisser mourir l’usine simplement, et probablement en espérant que certains salariés se dégouteraient et démissionneraient d’eux-mêmes. Quant aux politiques locaux, qui avaient tous un discours allant dans le même sens que l’intersyndicale au moment des mobilisations, ils changent leurs fusils d’épaule, en essayant de nous faire avaler qu’un nouveau repreneur est la meilleure solution pour le site, même s’il ne sauve que la moitié des emplois. La moitié des emplois, ce n’est pas viable pour un site tel que celui là. Un expert économique a démontré que la seule solution viable est que Ford amène des productions localement. Et l’entreprise a des parts de marchés, puisqu’elle comptabilise aujourd’hui 7 à 8 milliards de bénéfices, et a un carnet industriel hyper fourni, qui n’a même jamais été autant fourni. Donc il y aurait plein de possibilités pour sauver cette usine. C’est bien de volonté politique et économique qu’il est question.         

– Parlons du concert et de l’initiative de cette journée de débats. Concrètement que vous apportent ces élans de solidarités ?

– Ce concert a fait du bien : il y avait de la population, des retraités, des gens désireux de montrer leur soutien, sans parler des artistes sensibilisés à notre cause qui sont tous venus jouer gratuitement. Il faut le dire : nous avions un peu le moral dans les chaussettes, et ces témoignages de solidarité nous ont regonflés. Ça montre aussi que nous avons des soutiens de tous niveaux : local et national, populaire et intellectuel ou artistique. Des sociologues sont venus, dont Serge Halimi, Monique et Michel Pinçon-Charlot, des dessinateurs, des syndicalistes et des politiques. D’autres comme Guillaume Meurice n’ont pas pu venir, mais ont envoyé des vidéos de soutien. Je ne me souviens pas avoir vu un tel panel de solidarités sur d’autres luttes. Tout cela permet de médiatiser la lutte aussi.

– HK bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Comment s’est décidée votre participation à ce concert et qu’est-ce qui dans cette lutte précise te touche le plus, de la dimension politique ou de la dimension purement humaine de cet élan de solidarité populaire?

– Par un SMS de Philippe Poutou qui m’a demandé si on pourrait venir pour une manifestation de soutien à la lutte. Le temps de voir si les copains étaient disponibles, j’ai répondu qu’on serait là. J’étais un peu au courant de la lutte, parce qu’on se connait tous dans ce milieu. Tout le monde connait le personnage emblématique de Philippe ; donc ça fait pas mal de temps qu’on entend parler de cette lutte. Les salariés sont en prise et ne veulent pas se laisser faire, comme pas mal de gens. J’étais venu à une manifestation il y a quelques mois avec les copains de Solidaire ; et c’est quasiment ce jour là qu’on a acté la chose, entre deux slogans. Personnellement je suis le fil naturel d’un parcours entre musique et engagement, qui fait fréquenter tels endroits et côtoyer telles personnes qui mènent telle lutte. Du coup j’existe un peu dans ce paysage comme étant un des artistes engagés, comme faisant partie de la famille d’une certaine manière. Ce n’est même pas une histoire de se dire que ça tient à cœur ou pas : c’est très naturel d’être contacté par un copain ou une association. Je suis un altermondialiste dans l’âme, et, certes c’est une idée qui est beaucoup reprise aujourd’hui, mais ça fait un moment que nous sommes plusieurs à porter cette idée de convergence des luttes, qui me parle. Et ce qui me parle le plus aujourd’hui c’est cet engagement qui fleurit de partout, avec des gens qui à moment donné se disent « il faut que je fasse quelque chose, moi », de gens qui à un moment ou un autre veulent agir et se lier à une histoire qui se passe à côté de chez eux. C’est l‘idée que créer, c’est résister, et résister, c’est créer. Je crois beaucoup à ça, et je constate qu’il se passe des choses.

– Es-tu venu au militantisme par la Chanson, peut-être par l’influence d’artistes comme Jean Ferrat, dont vous reprenez « En groupe, en ligue, en procession », ou est-ce plutôt par conscience politique personnelle que tu as souhaité engager ta musique pour transmettre des messages ?

– J’ai été nourri à Bob Marley. Donc il y avait quand même la fibre militante dans les chansons que j’écoutais. II avait même presque un côté intransigeant : c’était un vrai révolutionnaire dans l’âme. C’est sûr que j’ai été beaucoup nourri de sa musique. Mais il chantait « War », et il chantait « One Love » : il y avait ces deux côtés là, derrière cette forme de combat, un amour de la poésie, un amour de la musique, et un amour tout court.

– A chacun de vos concerts, comme aux concerts d’autres artistes aux textes engagés, le public est au rendez-vous, et on constate, si on peut dire, qu’il y a un public pour cette Chanson invitant à la réflexion et l’engagement social, qui paradoxalement n’est pas ou très peu programmée dans les médias radiophoniques et télévisuels, à croire qu’on ne juge pas le public apte à écouter autre chose que de l’anecdotique et du léger. Selon toi, les médias conventionnels se coupent-ils des citoyens ?

– C’est un monde parallèle. C’est le constat que je fais au final. Les gens que tu entends à la radio suivent le chemin le plus normal qu’on te propose quand tu commences la musique. Et c’est d’ailleurs le chemin qu’on m’a proposé au début. Et à un moment donné, j’ai fait des choix, mais de manière très inconsciente. Je n’ai pas choisi de ne pas aller à la radio. Au début j’y allais, parce qu’on m’invitait. Mais j’y suis allé tel que je suis, et je n’ai même pas pensé qu’il fallait que je dise des choses qu’on avait envie d’entendre. J’y allais même peut-être avec d’une certaine manière beaucoup de naïveté, en pensant que ce que je disais pouvait être entendu et entendable. Ça n’a pas semblé leur parler. Ce qui est produit ne me parle pas du tout musicalement et poétiquement ; et sans doute ce que je produis ne leur parle pas non plus. Ce sont deux mondes. Pendant un moment j’ai essayé de naviguer entre les deux, mais au bout d’un moment, tu es tellement bien là où les gens t’aiment, où tu les aimes, où on se reconnait. Effectivement les gens qu’on va entendre à la radio sont compatibles avec la philosophie du temps de cerveau disponible, car ils vont finalement dire des choses pas trop dérangeantes, et ne pas véhiculer des idées qu’on n’a pas envie de faire entendre ou qui risquent de faire réfléchir les gens, des empêcheurs de faire tourner ce monde de profit et de tunes en rond en fait. Les programmateurs sont dans leur monde. Et peut-être que dans leur monde, ils ont raison. Mais leur monde aujourd’hui ne m’intéresse plus. Ces gens de radio dont on parle ne m’intéressent plus aujourd’hui. Je peux parler comme ça, parce que, comme tu dis, les gens viennent à nos concerts, on a notre petite carrière, notre public -même si je n’aime pas ce mot là, parce que les gens ne m’appartiennent pas : c’est plutôt une sorte de communauté de valeurs, de communauté artistique qui s’est fondée- . Je fais des choses et je n’ai pas besoin de ces gens pour vivre de ma musique. Pas au sens financier du terme, mais au sens où vivre de sa musique, c’est trouver des gens qui sont prêts à t’inviter à chanter, à venir t’écouter, à qui ça parle. Je n’ai pas d’aigreur ; je suis heureux là où je suis. Aujourd’hui, après coup, je me dis que je suis à ma place, et cette place n’a pas de prix, car elle est faite de liberté, d’engagement, d’épanouissement, où je me sens utile en faisant ma petite part et en suivant ma passion. C’est extraordinaire ! J’estime faire partie des privilégiés de cette terre, même si ce n’est pas un privilège financier, parce qu’on ne roule pas sur l’or. Mais c’est un privilège de liberté, bien sûr parce qu’on l’a voulu, qu’on a su se la créer, mais aussi parce que c’est une chance, et j’en suis conscient. Alors c’est sûr que quand on commence la musique, on pense qu’on a besoin de ces soutiens médiatiques, parce que ça va beaucoup plus vite et ça permet de toucher beaucoup plus de monde ; c’est ce qu’on appelle les médias de masse. Mais on n’a pas besoin d’eux en réalité. Et quand on chante ce que je chante, d’une certaine manière, c’est presque de bonne guerre : si j’étais patron d’un grand média, je n’aurais probablement pas envie qu’un mec qui chante des choses en totale contradiction avec ce que je suis vienne chanter sur les ondes. Ils sont dans leur cohérence. Pourtant au début on était considérés comme compatibles par certains médias, et nous-mêmes étions dans cette démarche de recherche de médias sur lesquels on pourrait s’exprimer : on a d’ailleurs fait pas mal d’émissions sur France Inter. Mais toutes les émissions alternatives ont disparu, et les unes après les autres. Ce n’est pas un hasard. Il y a eu un mouvement général qui consistait à cadenasser les médias. Les médias de masse sont tous tenus par les grands industriels, qui évoluent évidemment tous dans les cercles du pouvoir politique ; la télévision publique est aux ordres peut-être même directs du pouvoir en place. Donc il n’y a plus de contre-pouvoir au sein des grands médias.

– Parallèlement cela laisse le champ libre au développement de médias alternatifs ou locaux, qui accroissent leur audience. Est-on en train de vivre une conscientisation à la fois du public et d’une partie des acteurs du milieu médiatique peut-être moins soumise au fonctionnement de son système?

– D’une certaine manière, ils nous poussent à accélérer nos processus alternatifs. Et tant mieux. On peut prendre l’exemple très précis de « La bas si j’y suis » qui était sur France Inter, et qui a développé sa propre expression via internet. Et pour nous c’est pareil : si les labels ne veulent pas te produire, tu montes ta structure, ton propre label, et ça marche. On est en train chacun et chacune de leur enlever le peu de pouvoir qu’ils pensaient avoir sur nous, par la force des choses, juste parce qu’on veut et on va continuer à faire. A un moment donné ils vont bien se rendre compte qu’ils perdent du terrain : le nombre de vente des grands médias de presse écrite chute ; ils sont tous en crise. Pourquoi ? Parce qu’à un moment ils ont pensé qu’ils étaient l’alfa et l’oméga, et qu’ils faisaient la pluie et le beau temps. Je me souviens d’une époque où 30 à 40% de gens regardaient TF1, et ce n’est déjà plus le cas. Déjà de plus en plus de gens se libèrent de la télé, et parmi ceux qui la regardent encore, c’est très diffus. Et dans la musique c’est pareil : les multinationales ont pensé qu’il suffisait de produire des artistes qui ne savent pas chanter, mais présentent bien, en leur faisant interpréter des chansons nulles, et que ça allait marcher. Et ça marche souvent. Mais de plus en plus les gens comprennent qu’on se fout vraiment d’eux et que ça va trop loin.

– Ludo bonjour et merci de nous accorder du temps. Buscavida privilégie, nous en avions parlé lors de notre premier entretien [https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/2016/06/21/buscavida-un-petit-bout-du-monde-si-loin-et-en-meme-temps-si-proche-entretien-avec-le-chanteur-ludo/] , l’engagement auprès de luttes locales et la proximité. Comment avez-vous décidé de soutenir les salariés de Ford ?

– On n’était pas loin, et on est proches de Philippe Poutou depuis pas mal d’années, donc on était au courant de la lutte de Ford. Le groupe s’inscrit d’une manière plus générale dans un esprit de convergence des luttes, et celle là en fait partie, même si, d’une certaine manière, ce n’est pas qu’il soit trop tard, mais c’est loin d’être gagné. Soutenir cette cause rejoint un rejet du capitalisme triomphant qui nous anime tous. On essaye également d’être à la base d’un mouvement avec les cheminots pour organiser des évènements, c’est-à-dire qu’on voudrait qu’il y ait beaucoup de petits évènements plutôt qu’un seul gros, et régulièrement pendant les mois à venir. On voudrait organiser des concerts de petite taille, avec à chaque fois deux groupes maximum. Le principe est de maintenir une régularité, en se coordonnant avec les autres artistes désireux d’organiser des concerts de soutien. Ford fait partie d’un tout, et quand on nous a proposé le concert, on était partants. On ne savait pas ce qu’allait être le reste de l’affiche d’ailleurs.

 

– Au quotidien, comment prenez-vous part au militantisme avec votre musique ?

– Notre action consiste à distribuer des journaux de presse alternative pendant nos concerts, et à jouer dans des lieux de rencontre, où on croise et échange avec des gens en lutte. A la base, on préfère avoir des actions assez concrètes, auprès de luttes locales. On joue assez régulièrement pour un centre d’aide aux demandeurs d’asile, le CADA. Nous y jouons le 6 juin prochain. Il faut savoir que ces réfugiés peuvent restés pendant plus d’un an et demi dans une espèce de cité où il ne se passe absolument rien, et où la cohabitation entre les membres de diverses communautés d’origine n’est pas toujours simple. Très peu d’artistes vont y jouer. Et Buscavida, avec sa musique acoustique pas très virulente crée un lien entre les gens, y compris en amenant son public sur place. Nous sommes investit dans le développement rural de la culture alternative, qui en grande ville est étouffée. On ne fera pas trébucher le capitalisme d’un jour à l’autre, mais tous ces projets alternatifs qui naissent et se développent en créant un lien entre les gens nous intéressent. Pour nous, ce n’est pas très compliqué : on joue, on rencontre des gens, on échange, on leur donne nos informations, on prend les leurs et on les distribue au concert suivant. Il s’agit de mettre les gens en contact le plus possible ; on essaye d’être un mini-média à notre façon.

– Parlons de l’actualité musicale du groupe : la sortie d’un EP est-elle prévue ?

– Comme toujours. On en sort un par an, un 4 titres. C’est un conseil que m’a donné un vieux de la vieille, et c’est mieux, vu qu’il est hors de question qu’on ait une maison de disque ou un label, à moins d’être très vigilants sur notre choix. Il faut qu’on puisse dire et faire absolument tout ce qu’on veut, et ce n’est pas simple, en terme d’être distribué correctement et rétribué en fonction de marges honnêtes. En s’enregistrant nous-mêmes et se distribuant nous-mêmes, en choisissant des lieux où jouer que nous connaissons bien et à pas plus de 150km de distance par jour, on parvient à gérer ça. Partir jouer à de longues distances, je l’ai fait longtemps, et ça me fatigue maintenant. Faire plus d’heures de route que de concert, ça n’est vraiment pas épanouissant. Ce qui m’intéresse c’est de jouer et de rencontrer des gens ; et à 50km, tu peux rencontrer toujours un nouveau public et prendre le temps d’échanger : tout le temps qu’on ne passe pas sur la route, on peut le passer à discuter avec les associations et les personnes, à tisser des liens. On est parmi les derniers dinosaures du rock alternatif des années 80. Pour ce qui concerne le prochain disque, j’ai commencé à l’écrire à Buenos Aires, et je le finirais à Cuba cet été. En fait j’ai commencé à écrire sur un cahier… la première moitié du cahier faisait un peu Bernard Lavilliers, et l’autre moitié beaucoup Bernard Menez !  Donc les trois quart du bouquin sont vraiment de la comédie pure, et j’ai du mal à mettre ça en chanson, parce que je suis ridicule. C’est un témoignage autobiographique de ce continent où tout va à toute vitesse, où tout est mélangé, où tu peux discuter un jour avec des marxistes qui ont connu la dictature, et juste à côté avec des ultra-capitalistes, où la notion de Dieu est archi-présente, mais chez des gens très ouverts qui se revendiquent du Christ autant que chez des pires salauds. On a des amis partout, et prochainement on va passer quelques temps à Cuba. Ce n’est pas tellement simple de se renouveler ; et le voyage apporte énormément, ne serait-ce que par la rencontre de gens différents. Donc l’album va sortir et être distribué par nous-mêmes, à l’ancienne, car c’est finalement le seul système au sein duquel on peut continuer à survivre en étant un petit groupe.

 

Miren Funke

photos : Wildo Del Pango (mentionnées Graphistoleurs), Miren (4 ; 5 ; 6 ; 9 ; 10 ; 11 ; 12 ; 13 ; 14)

Remerciements à Jérôme et ses amis et collègues pour leur accueil, et à Wildo pour les photos

Liens utiles : https://www.facebook.com/Soutien-aux-FORD-Blanquefort-2181089425460795/

https://www.cgt-ford.com/

HK et les Saltimbanks : http://www.saltimbanks.fr/

https://www.facebook.com/hksaltimbanks/

Buscavida : https://www.facebook.com/Buscavida-572263182785786/

Bécaud en quelques chansons d’anthologie…

23 Mai

Photo DR

Il est toujours étonnant de voir un artiste réduit à une ou deux chansons, qui ne sont pas forcément les plus représentatives de son oeuvre et de  ses talents. Evidemment, si une de ses chansons est tubisée par une adaptation US, l’étiquette est vite collée et indélébile. Et maintenant, voici quelques pages musicales dont la richesse et la diversité pourraient éclairer quelques points de vue sommaires.

Autant par l’éclectisme de ses auteurs, Amade, Delanoé, Vidalin pour la trilogie des 10 premières années, Gilbert Bécaud a voltigé dans tous les genres avec un bonheur rare… Sensuel, burlesque, picaresque, et engagé.. Pas forcément là où le prêt à penser le relègue.. Et même en radio, sans l’image, Bécaud a enflammé les transistors…

Dans un ordre relatif, à vous de voir et d’entendre .

Mustapha Dupont

 

L’Indien ‘Olympia’ 73

 

La vente aux enchères

 

Charlie t’iras pas au paradis (1972)

 

Et avant, au début, vers 1952, il y eût « Mes mains » qui dessinent dans le soir la forme d’un espoir qui resemble à ton corps...

 

Le petit oiseau

 

La grosse noce

 

L’indifférence

Et pour finir,

L’Opéra d’Aran, flingué par une bonne partie de l’intelligentsia parisienne, mais accueilli avec enthousiasme à New York, Vienne, avec les bravos de la presse new-yorkaise, belge ou italienne.  Et l’opéra d’Aran tourne pendant plus de 30 ans sur toutes les scènes lyriques du monde.

Exrrtait :  » La Falaise » tratta dall’Opéra d’Aran di G.Bècaud. Alvinio Misciano, Rosanna Carteri e Coro. 25 octobre 1962, teatro dei Champs-Élysées, Direttore Georges Prêtre

Norbert Gabriel

Et merci à Robin Rigaut en passant ..

Rencontres Marc Robine 2018

22 Mai

                                           

Il y a parfois de belles surprises dans la vie, quand Michèle Bernard vient chanter à l’Arlequin, à côté de chez moi, quand Lili Cros et Thierry Chazelle viennent chanter à Volvic, quand il se passe quelque chose d’important pour moi et près de chez moi.

C’est pourquoi je fus heureuse de découvrir les lieux des Rencontres Marc Robine 2018, Mozac, Volvic, Riom, Châtel-Guyon… Voici les détails de ces Rencontres, le programme tel que je l’ai reçu par courriel, avec un titre sur mesure : « Osez l’aventure des quatorzièmes Rencontres Marc-Robine ! »

Venez écouter la Chanson des Passeurs, ses musiciens et interprètes ; partager la création et les réflexions de ses poètes, écrivains, philosophes et historiens…  Rendez-vous sur le territoire de « Riom Limagne et Volcans », à Châtel-Guyon, Mozac, Riom et Volvic, villes d’eaux, de pierres et de feu, villes d’art et d’histoire, aussi.

              Du 11 au 15 juillet, nous aurons grande joie à vous accueillir !

 

Mercredi 11 juillet  – RIOM, Musée Mandet

Habiter poétiquement le mondeCette célèbre phrase du poète et philosophe Hölderlin reflète l’engagement poétique d’André Velter et Ernest Pignon-Ernest : une poésie qui ne se limite pas à un ornement mais qui est véritablement vécue.

16 h– Visite inaugurale de l’exposition Ernest Pignon-Ernest – André Velter.  Cette exposition retrace le compagnonnage poétique de ces deux artistes à travers la présentation inédite de leurs dix-huit ouvrages, lithographies et dessins.

17 h 30  – Spectacle poétique André Velter – Olivier Deck.   Gratuit

–>  A noter, le mardi 10 juillet, à 17 h 45: la projection, en première « mondiale », du film « Extases », d’Ernest Pignon-Ernest et André Velter, suivie d’un débat avec André Velter.   Gratuit

 

CHATEL-GUYON Mercredi 11 Juillet   21 h, théâtre de Châtel-Guyon   – Concert Diane Tell

Seule sur scène avec sa guitare, Diane Tell impose ses chansons, mais aussi un sourire et une sympathie qui font mouche. Bien sûr, elle interprète l’illustre « Si j’étais un homme » et « La légende de Jimmy » qui défient le temps… Mais aussi le sublime « Boule de moi », écrit par un certain Laurent Ruquier, une chanson abordant le désir d’enfanter, « Faire à nouveau connaissance » de Françoise Hardy, « Voir un ami pleurer », de Brel, « Présence », de Leclerc, « Qui », d’Aznavour, des standards de jazz adaptés par Vian… Autant de bijoux que Diane Tell sait sublimer, leur apportant une touche personnelle, une charge émotionnelle et une sensibilité qui conquièrent un public émerveillé par sa douceur, sa tendresse et sa poésie.   Tarif: 28 / 24 euros

 

Jeudi 12 juillet  – MOZAC / Château de Portabéraud

Une journée dans la magnifique « Folie » Mercier. Au XVIII ème siècle, Gabriel Mercier, gentilhomme éclairé, réunit les fortifications de l’abbaye royale et clunisienne de Mozac pour donner naissance à la « Folie Mercier » dans l’esprit du Siècle des Lumières. La douceur des lieux invite à la flânerie et à la rêverie… au badinage et à la philosophie, ainsi qu’aux jeux de l’insouciance.

La journée « Folie » à Portabéraud.   A partir de 10 h 30  – La chorale du public, animée par Agnès Mollon  : Chanter avec Guilam.

– A la découverte de la Folie Mercier, avec Pascal Piera, auteur de « La Folie d’un sage, Gabriel Mercier et le domaine de Portabéraud ».

– Rencontre avec Christian Robert, auteur de « Histoires d’Auvergnats » et Patrice Delbourg, écrivain, spécialiste de Blaise Cendrars, passion littéraire de Marc Robine.

  • 12 h  Déjeuner dans le parc  – Lectures, chansons, promenades dans les allées, sieste dans les bosquets.
  • 15 h   Rencontre-débat : « Des Lumières à l’intelligence artificielle, que sont nos valeurs devenues ? » Animé par Alexis Lacroix, co-directeur de la rédaction de L’Express avec Christian Godin, Bernard Dumoulin, philosophes, Jean-Yves Lenoir, écrivain et comédien…
  • 18 h  – Spectacle «  Il était une fois la chanson » 

Le nom d’un poète-chanteur d’exception s’impose : Jacques Bertin. Il y a quinze ans, quelques jours avant de nous quitter, Marc Robine confiait son désir d’aller l’écouter, encore, une dernière fois. En sa mémoire, avec ses amis, nous ferons fête à l’immense Jacques Bertin – et lui décernerons le prix Marc-Robine pour l’ensemble de son œuvre.
Avec:  – Jacques Bertin, Laurent Berger, (prix Marc-Robine 2015) ;

– 2 Folks,et la participation d’Emile Sanchis, Fabrice Péronnaud, Evelyne Girardon…

Jacques Bertin : Sublime Jacques Bertin ! Pas le moindre effet inutile. L’usage des mots, une voix puissante au lyrisme assumé, le rythme, la résonance – tout chez lui est au service des textes – superbes – qui rayonnent dans une très haute poésie, d’une humanité palpable autant que lumineuse.

Parmi les chants des hommes, celui de Jacques Bertin est – définitivement – l’un des plus beaux.

2 Folks: Deux voix se lovent dans un chant d’une franche douceur; elles se respectent, s’équilibrent, tissent une atmosphère qui nous enveloppe et nous ouvre en même temps de grands espaces. Un joyau de pureté, de fraîcheur ! Les mots si bien ciselés et poétiques, les mélodies touchantes et gracieuses portées par des accords tout en finesse et justesse…. Un moment extraordinaire de partage. Un enchantement…

Laurent Berger : Chaque saison, l’œuvre de Laurent Berger accomplit un nouveau pas vers la perfection… Là où le silence sait mais ne rompt pas le secret des choses réelles, le fil de la merveille !  et le poète, dans la main de cette force et beauté, donne sa voix : se lèvent ses mots avec justesse, s’élance son chant au plus haut…   Marc Robine, rempli d’un fol espoir à l’écoute du jeune Laurent ne s’était pas trompé. A.V.

  • 20 h  Apéritif et plateau-repas
  • 21 h – Spectacle « La feuille à l’envers »(Sex Trad).  Le plaisir, la magie et la jubilation d’un répertoire de chansons érotico-coquines, issues des traditions orales et populaires. En place pour quelques chansons chaudes ! Avec Evelyne Girardon, Sandrine Fillon, Patrick Raffin, Jean Blanchard.  Entrée visite comprise, tarif journée : 18 /16 euros – Repas, midi et soir : 12 euros l’un  (sur réservation)

 

Vendredi 13 juillet – VOLVIC  ·à partir de 10 h 30  Maison de l’Artisanat (place de la Grande-Fontaine)

  • La chorale du public, animée par Agnès Mollon : Chanter avec Evelyne Girardon.  12 h – Repas. Lieu terrasse du musée Marcel-Sahut
  • 14 h Sur la terrasse du musée Marcel-Sahut (2 rue des Ecoles) – Rencontre-débat autour du livre d’Alain Borer,« De quel amour blessée. Réflexions sur la langue française ». Prix François-Mauriac 2015. Animé par Alexis Lacroix, co-directeur de la rédaction de L’Express. Avec : Alain Borer, poète,  critique d’art, romancier, écrivain-voyageur, André Velter, poète, Jacques Bertin, auteur-compositeur-interprète, Jean-Yves Lenoir, écrivain, comédien, Bernard Dumoulin, philosophe, Jacques Viallebesset, poète…

Qu’est-ce qui constitue le projet d’une langue, en quoi la langue française est-elle à nulle autre pareille ? Comment croire et comprendre qu’elle disparaît sous nos yeux à une telle vitesse, et avec elle une civilisation ? Alain Borer s’attache à identifier un héritage collectif inestimable, à donner la mesure d’un trésor. Une célébration, un chant d’amour à notre langue qui se pose aussi en œuvre de salut public.

  • 16 h 45  Centre culturel « La Source » (rue de la Libération) – Spectacle : « Ces chansons françaises qui ont fait le tour du monde », Claire Elzière, chant, Dominique Cravic,  guitare, et Christophe Lampidecchia, accordéon.Suivi, à 18 h 15, d’une prise de parole de Jean-François Kahn.
  • jean-claude-drouot-25020 h 30   Centre culturel « La Source »  :  Lecture théâtralisée.Jean-Claude Drouot : « Jean Jaurès : une voix, une parole, une conscience ».  Hier Jean-Claude Drouot, interprète de « Thierry la fronde », est devenu le héros de toute une génération. Aujourd’hui il est la voix de Jaurès. Un Jaurès tourné entièrement vers la République, l’humanité, la paix. Une fierté pour lui. Silence… Sur scène, Jean-Claude Drouot s’efface devant Jaurès. Mais il s’efface pour mieux l’incarner ; on ne s’y trompe pas : il est devant nous, il est Jaurès.

Et comme le dit Jean-Claude Drouot, écouter « Jaurès, une voix, une parole, une conscience » ne peut que nous faire du bien. Parole d’espérance !  Tarifs : 20 / 18 euros les 2 spectacles ; 10 / 8 euros (Claire Elzière) ; 18 / 16 euros (Jean-Claude Drouot)

 

Samedi 14 juillet  VOLVIC   à partir de 10 h 30   Maison de l’Artisanat (place de la Grande-Fontaine)

– La chorale du public, animée par Agnès Mollon : Chanter avec Frédéric Bobin.

  • à partir de 12 h, repas tiré du sac et restauration associative sur place.  Sur la terrasse du musée Marcel-Sahut (2 rue des Ecoles)– « Pique-nique républicain « : les artistes se font une scène… et tout le monde chante ! Avec la participation des chanteurs et musiciens du festival, des artistes de la région Auvergne-Rhône-Alpes et des conteurs du Collectif Oralité Auvergne…

  • MOZAC / L’Arlequin  18 h   Spectacle-Cabaret avec Lizzie, Lise Martin et Patrice Mercier.

Lizzie: Les premières amours de Lizzie furent le piano, Chopin, Barbara… A l’adolescence, elle découvre la guitare et James Taylor… La guitare folk prend alors la place d’une complice de chanson. Au fur et à mesure des ans, le fado devient « maître à chanter » dans sa vie d’artiste. Son spectacle est le fruit de cet univers musical : une chanson française aux couleurs chaudes de la folk et de la « saudade ». Lizzie navigue au fil de ses sentiments entre désir, rêve et poésie. À chaque chanson elle chavire – et nous chavirons avec elle… Un plaisir infini… 

Lise Martin. Lise Martin fait partie de ces artistes qui vous interpellent dès la première écoute. Sa voix profonde et ses compositions aux accents folks nous emmènent, pour une balade hors du temps, quelque part entre Yann Tiersen, Joan Baez et Barbara. Auteur-compositrice-interprète, Lise Martin captive par sa présence, la puissance de sa voix et la force de ses mots. Cerise sur le gâteau : quelques duos avec Lizzie.

Les goguettes de Patrice Mercier. Au piano, Valérie Rogozinski. Sur des airs connus – qu’on les appelle “timbres”, “parodies”, ou encore “goguettes” – Patrice Mercier chante notre temps avec audace, humour, et toujours beaucoup de finesse et de pertinence. “L’esprit aussi mordant que dans ses sketches en compagnie des autres membres d’Action Discrète, Patrice Mercier décortique, à sa manière, l’actualité. Ses chansons portent sur notre société sans tomber dans le jugement moral”. TELERAMA
Une indéniable réussite. Le public, bluffé, séduit, n’a pas manqué d’acclamer le bonhomme. Un bonhomme qui au-delà des qualités d’auteur possède, de surcroît, un vrai talent d’interprète, de comédien qui apporte le complément essentiel à cet exercice.” HEXAGONE

Restauration sur place.

  • 21 h – Bal 100 % chanson française : »Tour de Bal« ,  avec Claude Lieggi, chant, Nicolas Frache, guitare et chant,Pauline Koutnouyan, accordéon et chant,  Michel Sanlaville contrebasse.   … Savez-vous faire une bourrée sur Cabrel ? Sur « La dame de Haute-Savoie » ! Et du disco sur un « Je suis malade » de Lama, mâtiné d’ »Alexandrie Alexandra » de notre regretté Cloclo ? « Que je t’aime » en twist ou « Requiem pour un fou » en paso-doble ? Comment ? Hallyday à un festival chanson !…» (Michel Kemper,“Nos enchanteurs”) Le rêve… Un répertoire de 80 chansons : c’est parti pour un rock, une java ou une valse, un twist ou un cha cha cha… Ça s’enchaîne et c’est irrésistible ! On est littéralement embarqués par les matelots, surpris de se retrouver soudain à danser un tango sur un Gainsbourg ou chanter un madison sur du Boby Lapointe, à tel point qu’on finit par ne plus savoir si c’est d’la chanson à danser ou d’la danse à chanter. Tarifs : 20 / 18 euros les 2 spectacles. Cabaret : 14 / 12 euros. Bal : 14 / 12 euros, gratuit pour les enfants jusqu’à 12 ans.
  • Dimanche 15 juillet – CHATEL-GUYON Au parc thermal, spectacles et activités gratuites toute la journée
  • 10 h 30  La chorale du public, animée par Agnès Mollon : répétition de « Quitte-moi pendant la Coupe du Monde… »– Atelier : venez apprendre les danses du Brésil avec Luiz Paixao.
  • 12 h: Apéro-chorale et déjeuner musical en terrasse
  • 14 h, kiosque du parc thermal – Spectacle pour les enfants (en famille) : « Tout ce qui me passe par la tête« . Gil Chovet, chant, percussions ,Jean-Christophe Treille, basse, percus. « Tout ce qui me passe par la tête je l’attrape ! et hop : dans ma boîte à chansons ! Dans ma tête, on trouve de tout : des bijoux, des cailloux, des histoires à dormir debout, comme cette salade de contes de fée ou la boutique du marchand de vent. On y trouve un inquiétant patère, Patate, le petit chien mal élevé, Lili et Lolo qui tombent amoureux dans un bouchon, des bêtises à ne surtout pas faire, un boutateu qui fume… Je m’inspire aussi de la vie qui m’entoure, de mes filles qui grandissent et n’en font qu’à leur tête, de ma maman un tout petit peu très vieille… Sur scène, je joue de la guitare et je chante. Mon compère, Jean-Christophe, lui, joue de la basse acoustique, du cajon et du carillon. J’invente aussi des instruments rigolos, avec des bouteilles, des boîtes à thé ou des pots de confiture… Et puis, un rien nous amuse : donnez-nous un bidon et c’est parti ! »
  • 15 h, podium du parc thermal – Finale de la Coupe du Monde de la chanson : « Auvergne-Rhône-Alpes contre… le reste du monde !  » Deux équipes d’artistes, chanteurs et musiciens. Match arbitré par Patrice Mercier. Avec Frédéric Bobin, Alexandre Castillon, Emile Sanchis, Luiz Paixao, Coline Malice, Charles Graham.

Luiz Paixao: Musicien légendaire du Nordeste brésilien, au sommet de son art,Luiz Paixãosera à Châtel-Guyon en juillet. C’est un des maîtres reconnus du forró et de la rabeca. Il sera accompagné de Guga Santos, Jonathan Da Silva et Stéfane Moulin pour un live très dansant qui navigue entre les rythmes du Forró et d’autres musiques à danser (Cavalo Marinho, Ciranda, Samba de Coco…).  17 h, parc thermal

  • 17 h, parc thermal :  Lectures sous les arbres. Avec Jean-Yves Lenoir, « Pardi » ; Jacques Viallebesset,  » Dans le vert des montagnes. En cheminant avec Gaspard  » ; Marcel Col ; Fabrice Péronnaud ; Annick Lherme.
  • à partir de 19 h 30,  3 ème  mi-temps de la finale « Auvergne-Rhône-Alpes contre… le reste du monde ! » avec Luiz Paixao, les chanteurs et les musiciens des « Rencontres ». »

Programme complet sur  http://www.onconnaitlachanson.fr

– Infos et réservations :  contact@onconnaitlachanson.fr   Tel :0626664461

Tarifs plusieurs jours:   Pass 4 jours : 70 euros / Pass 3 jours : 50 euros / Pass 2 jours : 35 euros

En pièce jointe le bulletin de réservation:

On connait la chanson
9, chemin de la Caffarotte« Les Grosliers«    63140 Châtel-Guyon
Tel: 06.26.66.44.61

contact@onconnaitlachanson.fr
http://www.onconnaitlachanson.org 

 

  • Programme auquel viennent s’ajouter deux dates, dont personne ne sait si elles sont comprises dans les Rencontres ou non :
  • https://quichantecesoir.com/l/807-salle-de-la-muscade-blanzat
  • https://quichantecesoir.com/l/807-salle-de-la-muscade-blanzat
  • Nous avons posé la question, mais aucune réponse.
  • D’autre part, l’affiche des Rencontres a fait débat sur facebook, où l’on peut voir les critiques, beaucoup de fidèles des rencontres qui n’apprécient pas ces lieux éparpillés, qui regrettent leurs habitudes ancrées à La Muscade de Blanzat, et autour,  et les questions posées, qui ne trouvent pas de réponses. Une affiche incomplète, où il n’y a pas le nom de tous les artistes invités.
  • Je ne prendrai pas position pour ou contre ces changements, mais tout le monde peut en débattre ici librement, et si j’ai d’autres réponses, je ne manquerai pas de le faire savoir.

Danièle Sala

 

Photo fake news et Mai 68..

21 Mai

C’est de saison, en Mai fais ce qu’il te plait, et il me plait de faire un petit détour lié aux photos et leur interprétation.

Paris Match a immortalisé en photo une rencontre qui est devenue un symbole de Mai 68, l’insolence de la jeunesse face au pouvoir de la vieille génération,  avec en filigrane CRS/SS…  Mais c’est une autre photo qui est au centre du débat, celle de Georges Melet.

Photo de Georges Melet

Quand on décrypte l’image et son contexte, il s’avère que le personnage de gauche n’est pas un CRS, c’est un jeune policier  de 24 ans , il a un an de plus que Daniel Cohn-Bendit, et  autant cette photo que les autres qui ont fixé ce moment  – il y avait plusieurs photographes- il n’y a aucune tension, plutôt une certaine convivialité le policier semble plutôt avoir un vague sourire.

Mais selon le traitement, couleur ou NB?  et l’angle de prise de vue,  on peut aussi infléchir la perception de l’image: dans cette autre photo, le policier semble bien plus grand, et l’angle ne montre plus son expression.  A partir de ça, chacun y voit ce qu’il préjuge. Il faudrait savoir aussi si les cadrages sont ceux choisis par le photographe, ou s’ils ont été revus par les maquettistes pour des raisons diverses. La même photo dans Libé ou Le Figaro peut donner lieu à des approches très différentes. Surtout si un commentaire a été ajouté pour illustrer l’angle de l’article. Au détriment parfois de ce que voulait l’auteur de la photo.

La célèbre photo de Cohn-Bendit faisant face à un CRS est devenue “LA” photo de Mai 68 attribuée à Gilles Caron dans la mythologie professionnelle.  Mais c’est faux…

Tous les détails ici, c’est très précis:  http://clioweb.canalblog.com/archives/2016/01/21/33239047.html

Ce n’est qu’un  début, continuons le débat ! 

Norbert Gabriel

Maurane en 6 chansons…

8 Mai

Pas besoin de discours, écouter Maurane dans son parcours musical suffit pour constater son talent.

Danser (Verhees/Maessen-Maurane)

Sur un prélude de Bach … (Jean-Claude Vannier/Bach)

Inch’Allah …  seconde version  (Adamo)

L’hymne à l’amour avec Johnny et Céline Dion  (Edith Piaf/Marguerite Monnot)

Maurane et Graeme Allwright  (Leonard Cohen, traduction G Allwright)

Bidonville  (Nougaro/Baden-Powell)

Il faut tourner la page, sourire, et puis se taire …

(Claude Nougaro / Philippe P. Saisse/Sébastian Santa Maria)

 

Norbert Gabriel

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