Nous sommes en 2018, et depuis quelques années les ténors du discours politique et une bonne partie de l’arrière ban médiatique s’embabouinent avec éloquence sur la nécessité de donner aux femmes quelque chose qui ressemblerait à une forme d’équité ou d’égalité dans les droits civiques et sociaux. Globalement et théoriquement.
Depuis quelques jours, par la grâce d’un film, Ô bella ciao devient la chanson à la mode, et de ci de là , on raconte son histoire… En allant voir wikipédia, les 5 premières lignes, et basta pour gloser et faire son intéressant…
Bella ciao est un chant de révolte italien qui célèbre l’engagement dans le combat mené par les partisans, résistants pendant la Seconde Guerre mondiale opposés aux troupes allemandes de la République sociale italienne fasciste, dans le cadre de la Guerre civile italienne. Les paroles ont été écrites fin 1944 sur la musique d’une chanson populaire que chantaient au début du XXe siècle les mondine, ces saisonnières qui désherbaient les rizières de la plaine du Pô et repiquaient le riz, pour dénoncer leurs conditions de travail. Elle est chantée depuis 1963 dans le monde entier comme un hymne à la résistance. (Wikipédia)
Premier point : ce n’est pas « une musique » que chantaient les mondine au début du siècle mais une chanson avec des paroles très engagées … Qui racontaient leurs vies d’esclaves agricoles. C’est une chanson née dans les rizières. Par des femmes. Et Giovanna Daffini la chantait en 1926. (Elle a commencé à travailler dès l’âge de treize ans dans les rizières du Vercellese et de la Lomellina pavese, dans la plaine du Pô où elle s’imprègne des chants des mondine.
Et voilà qu’en 1944 un auteur anonyme mais au masculin s’y colle, et ça devient: Les paroles ont été écrites fin 1944 .
Dans mes souvenirs familiaux, j’ai entendu ma grand’mère Santina chanter ô bella ciao, souvenir de son enfance en Vénétie, quand à 8 ans elle travaillait aux champ.. C’est dans les rizières que cette chanson est née vers 1904 ou 1905, et il y a peu de chances que ce soit un poète masculin qui se soit intéressé à ces filles de rien… (de niente, disait Santina…)
Pas plus tard que ce dimanche 29 Avril, une chroniqueuse de France-Inter y va de son résumé, chanson écrite en 44 sur un air populaire … Décidément être femme dans la chanson (et pas que) n’est jamais un long fleuve tranquille… Pour les mondine non plus… (pluriel de mondina)
La version de mon enfance, celle de la région d’Udine, de Pordenone, commence par « Stamattina mi sono alzata… alzata, au féminin… et toute la famille chantait cette version, pas celle née 40 ans plus tard, Una mattina mi sono alzato ..
|
|
Avec le son, la version originale par Giovanna Daffini la plus authentique et légitime..(Elle a commencé à travailler dès l’âge de treize ans dans les rizières du Vercellese et de la Lomellina pavese, dans la plaine du Pô où elle s’imprègne des chants des mondine..)
et par Milva qui en explique bien l’origine ..
https://www.youtube.com/watch?v=DzX-RDd4ksE
et en version musicale, ce qui peut suggérer une mélodie d’ origine tzigano klezmer
Pour le reste, la fiche wikipédia, lue jusqu’au bout est très complète.
et pour finir, par Battan l’Otto,
NB: « Ciao » Le mot tire son origine du vénitien s’ciao (ou s’ciavo), « esclave ». L’italien utilisait l’expression « [sono] vostro schiavo » (« [je suis] votre esclave »), présente notamment dans les comédies de Carlo Goldoni.
Norbert Gabriel