Archive | avril, 2018

Ô bella ciao, histoire brève d’une chanson…

30 Avr

Nous sommes en 2018, et depuis quelques années les  ténors du discours politique et une bonne partie de l’arrière ban médiatique s’embabouinent avec éloquence sur la nécessité de donner aux femmes quelque chose qui ressemblerait à une forme d’équité ou d’égalité dans les droits civiques et sociaux. Globalement et théoriquement.

Depuis quelques jours, par la grâce d’un film, Ô bella ciao devient la chanson à la mode, et de ci de là , on raconte son histoire… En allant voir wikipédia, les 5 premières lignes, et basta pour gloser et faire son intéressant…

Bella ciao est un chant de révolte italien qui célèbre l’engagement dans le combat mené par les partisans, résistants pendant la Seconde Guerre mondiale opposés aux troupes allemandes de la République sociale italienne fasciste, dans le cadre de la Guerre civile italienne. Les paroles ont été écrites fin 1944 sur la musique d’une chanson populaire que chantaient au début du XXe siècle les mondine, ces saisonnières qui désherbaient les rizières de la plaine du Pô et repiquaient le riz, pour dénoncer leurs conditions de travail. Elle est chantée depuis 1963 dans le monde entier comme un hymne à la résistance. (Wikipédia)

Premier point : ce n’est pas « une musique » que chantaient les mondine au début du siècle mais une chanson avec des paroles très engagées … Qui racontaient leurs vies d’esclaves agricoles.  C’est une chanson née dans les rizières. Par des femmes. Et Giovanna Daffini  la chantait en 1926. (Elle a commencé à travailler dès l’âge de treize ans  dans les rizières du Vercellese et de la Lomellina pavese, dans la plaine du Pô où elle s’imprègne des chants des mondine.

Et voilà  qu’en 1944 un auteur anonyme mais au masculin s’y colle, et ça devient: Les paroles ont été écrites fin 1944 .

Dans mes souvenirs familiaux, j’ai entendu ma grand’mère Santina  chanter ô bella ciao, souvenir de son enfance en Vénétie, quand à 8 ans elle travaillait aux champ.. C’est dans les rizières que cette chanson est née vers 1904 ou 1905, et il y a peu de chances que ce soit un poète masculin qui se soit intéressé à ces filles de rien… (de niente, disait Santina…)

Pas plus tard que ce dimanche 29 Avril, une chroniqueuse de France-Inter y va de son résumé, chanson écrite en 44 sur un air populaire … Décidément être femme dans la chanson (et pas que) n’est jamais un long fleuve tranquille… Pour les mondine  non plus(pluriel de mondina)

La version de mon enfance, celle de la région d’Udine, de Pordenone, commence par « Stamattina mi sono alzata… alzata, au féminin… et toute la famille chantait cette version,  pas celle née 40 ans plus tard, Una mattina mi sono alzato ..

Version originale des mondine
Alla mattina appena alzata
O bella ciao bella ciao bella ciao, ciao, ciao
Alla mattina appena alzata
In risaia mi tocca andar
E fra gli insetti e le zanzare
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
E fra gli insetti e le zanzare
Un dur lavoro mi tocca far
Il capo in piedi col suo bastone
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Il capo in piedi col suo bastone
E noi curve a lavorar
O mamma mia o che tormento
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
O mamma mia o che tormento
Io t’invoco ogni doman
Ed ogni ora che qui passiamo
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Ed ogni ora che qui passiamo
Noi perdiam la gioventù
Ma verrà un giorno che tutte quante
O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
Ma verrà un giorno che tutte quante
Lavoreremo in libertà.
  • Traduction
  • .
  • Le matin, à peine levée
  • O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
  • Le matin, à peine levée
  • À la rizière je dois aller
  • Et entre les insectes et les moustiques
  • O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
  • Et entre les insectes et les moustiques
  • Un dur labeur je dois faire
  • Le chef debout avec son bâton
  • O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
  • Le chef debout avec son bâton
  • Et nous courbées à travailler
  • O Bonne mère quel tourment
  • O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
  • O Bonne mère quel tourment
  • Je t’invoque chaque jour
  • Et toutes les heures que nous passons ici
  • O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
  • Et toutes les heures que nous passons ici
  • Nous perdons notre jeunesse
  • .
  • Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes
  • O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao
  • .
  • Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes
  • Nous travaillerons en liberté.

Avec le son, la version originale par Giovanna Daffini la plus authentique et légitime..(Elle a commencé à travailler dès l’âge de treize ans dans les rizières du Vercellese et de la Lomellina pavese, dans la plaine du Pô où elle s’imprègne des chants des mondine..)

et par Milva qui en explique bien l’origine ..

https://www.youtube.com/watch?v=DzX-RDd4ksE

et en version musicale, ce qui peut suggérer une mélodie d’ origine tzigano klezmer

Pour le reste, la fiche wikipédia, lue jusqu’au bout est très complète.

et pour finir,  par Battan l’Otto,

NB: « Ciao » Le mot tire son origine du vénitien s’ciao (ou s’ciavo), « esclave ». L’italien utilisait l’expression « [sono] vostro schiavo » (« [je suis] votre esclave »), présente notamment dans les comédies de Carlo Goldoni.

Norbert Gabriel

Jacques Debronckart

29 Avr
Rémo Gary vient de publier un album de chansons inédites de Jacques Debronckart,  « Voix de cailloux » ce sera à la une ici même demain, mais en attendant, un portrait de Jacques Debronckart, tel qu’il a été publié dans le coffret de Marie-Thérèse Orain, il y a 3 ans.

 

Photo DR

Dans ces années 60, quand les déferlantes yé-yé occupaient largement les médias radio-télé, apparaît une sorte d’étoile filante qui va laisser une trace indélébile dans les mémoires, un coup de tonnerre qui est la bande musicale de Mai 68 « J’suis heureux » que les radios passent avec « Je suis comédien » parfois à la télé.. Peut-être que cet enthousiasme compensait le silence qui avait accompagné en 67 « Mutins de 1917 » une de ces chansons qui malgré les censures unanimes va faire son chemin sinueux, discrètement, et 30 ans après ces mutins seront enfin réhabilités. C’est un exemple qui illustre que « les poètes voient plus haut que l’horizon, que le futur est leur royaume » et Debronckart est un de ces prophètes. Un peintre futuriste du monde qui arrive, un chroniqueur lucide, incisif ou narquois de la société du spectacle tout azimut. C’est la nostalgie des exilés, des émigrés-immigrés, celle qui chante Adélaïde, une ville du bout du monde, de l’autre bout du monde.

Jacques Debronckart est arrivé sur le devant de la scène presque contre son gré. Auteur compositeur accompagnateur, il est propulsé sur scène par Maurice Fanon, et de cabarets et cabarets, il fera un Olympia en vedette.

C’est dans les cabarets que se sont forgées de ces amitiés qui traversent le temps sans s’altérer. Avec Marie-Thérèse Orain, pour qui il a écrit, entre autres, « La chanteuse » tableau réaliste et burlesque de la vie d’artiste dans ces fameux cabarets chantants, et « mangeants » ce qu’on retrouve aujourd’hui en cafés chantants et « buvants », le temps passe, mais ne change pas tellement.

Artiste complet, Jacques Debronckart a eu comme partenaires de chansons, Bernard Dimey, Gribouille, Michelle Senlis , Nadine Laïk, il a été interprété par Isabelle Aubret, Christian Camerlynck, Juliette Gréco, Philippe Clay, Eva, Les Frères Jacques, Yvette Giraud, Simone Langlois, Nana Mouskouri, Marie-Thérèse Orain, Colette Renard, Francesca Solleville, Cora Vaucaire… une trentaine d’interprètes, il a publié 7 « 45t » (4 titres) et 8 albums ou CD, au cours d’une carrière stoppée à 49 ans, après des années de lutte contre la maladie, il succombe en 1983.

Humaniste sarcastique, il a constamment flirté avec la censure qui supporte mal l’insolence quand elle est fondée sur des faits historiques, ou la revendication précoce de « Mutins de 1917 » Dans les années 60-70, c’était pas la meilleure façon de faire les prime-time télé. Sauf chez Chancel et son Grand Echiquier.

Jacques Debronckart a beaucoup écrit sur des thèmes qu’il résume dans ces lignes :

Il ne faut pas croire qu’un pays devient fasciste d’un seul coup. Pas du tout. Cela se fait par petites approches dont les gens ne sont même pas conscients, et puis un beau jour, ils se réveillent sous le régime de l’Ordre.

La jeunesse d’aujourd’hui pourrait avoir de quoi réfléchir en écoutant les chansons de Debronckart, réfléchir et se réveiller, la chanson c’est aussi ça : un cri lancé, en espérant que l’écho fera suivre.

Norbert Gabriel

La Loi des Prodiges de François de Brauer, au Théâtre de la Tempête..

26 Avr

L’art de jongler avec les personnages

Un jeune étudiant en histoire devenu député décide d’anéantir l’art : plus de comédiens, de chanteurs, de saltimbanques et encore moins de peintres loufoques!

La loi des prodiges (Francois de Brauer 2018)

Photos © Victor Tonelli

François de Brauer nous pose la question de la disparition de l’art dans nos sociétés. Que reste-il de l’art à notre époque? Peut-on se passer de l’art dans nos vies? Derrière toutes ces questions qui circulent beaucoup aujourd’hui, le comédien nous emporte avec lui dans son imaginaire merveilleux et parfois loufoque d’artiste. Ce seul en scène est une véritable pépite pour un spectateur ennuyé des  humoristes restés dans les clous du one-LA LOI DES PRODIGES_3 © Victor Tonelli.jpgman-show quelconque . Mais ce n’est pas un one-man-show car rappelons que nous nous trouvons au théâtre! Un bon théâtre comme on les aime. Rien n’est bâclé: du décor aux intentions de jeu, François de Brauer crée à lui tout seul un florilège de personnages interprétés magnifiquement. Du vieux clown grincheux à la mère envahissante en passant par le peintre arnaqueur, tous ces protagonistes surgissent brusquement le temps d’un dialogue pour revenir à l’intérieur de lui-même.

Un spectacle tout en finesse et très comique. Nous sommes transpercés par la réalité organique de son jeu d’acteur: tout est dans la façon de penser le personnage. François de Brauer oscille entre différentes attitudes avec une telle énergie que le spectateur ne s’ennuie pas un instant. Les voix sont sidérantes, on croirait les voir en chair et en os.

  Le Ministère de la Culture!… Ça existe encore ça….?!

© Victor Tonelli

 Mathias Youb

 

Le Théâtre de la Tempête c’est là, clic sur le rideau –>

Auvergne-Québec avec Richard Trépanier

17 Avr

Photos Danièle Sala

L’association Auvergne Québec / Francophonie, membre actif de la fédération France-Québec, qui a pour but de développer l’amitié et les liens entre les deux pays, multiplie les projets de rapprochement, échange de jeunes dans le cadre de l’inter-municipalités, participation d’un jeune dessinateur de BD sélectionné par Auvergne-Québec au concours des Franco-bulles, un prix littéraire, et la fameuse dictée francophone, les lauréats auvergnats ont été récompensés ce samedi 7 avril après-midi, après l’assemblée générale qui s’est tenue à la salle des fêtes de Saint-Hippolyte, sous la présidence d’Edith André :

Nos racines communes induisent une solidarité spécifique avec le peuple québécois. Forts d’une langue en partage, de valeurs communes et d’approches similaires, Français et Québécois sont au coude à coude pour répondre aux défis actuels, en particulier la diversité culturelle.

Et pour la seconde année consécutive, c’est le chansonnier québécois Richard Trépanier qui est venu nous enchanter de ses propres chansons, de quelques unes des plus belles chansons québécoises, répertoire mêlé de chansons françaises. C’est avec celle d’Yves Duteil qu’il commence son tour de chant : La langue de chez nous.

Elle a jeté des ponts par-dessus l’Atlantique /  Elle a quitté son nid pour un autre terroir / Et comme une hirondelle au printemps des musiques /  Elle revient nous chanter ses peines et ses espoirs.

Répertoire masculin franco-québecois,  où Félix Leclerc revient plusieurs fois, avec l’Hymne au printemps :

Les bourgeons sortent de la mort  /  Papillons ont des manteaux d’or / Près du ruisseau sont alignées les fées / Et les crapauds chantent la liberté.

La complainte d’un phoque en Alaska, Moi mes souliers, Le petit bonheur,  etc. .. Mais aussi Jean-Pierre Ferland, Gilles Vigneault, Robert Charlebois, Raymond Lévesque, Claude Léveillée et d’autres, moins connus, comme Claude Gauthier Le grand six pieds :

Je suis de nationalité canadienne-française / Et ces billots j’ les ai coupés / À la sueur de mes deux pieds / Dans la terre glaise / Et voulez-vous pas m’embêter / Avec vos mesures à l’anglaise.

Ou Georges Dor. Jacques Michel : Amène-toi chez-nous : Amène-toi chez nous / La vérité m’échappe / Je saurais t’écouter / Je ne sais pas grand-chose / Mais peut-être qu’à mille / Nous saurons la trouver.

Ou encore Tex Lecor, avec cette chanson qui exprime le mal de vivre des ruraux qui sont obligés d’aller à la ville pour travailler : Le frigidaire,

J’suis naufragé en ville chez une bande d’inconnus  / Rosalie t’es tranquille, pis tu chantonnes même plus / J’travaille pour pas grand chose, on vieillit comme des fleurs / Nos seuls bouquets de roses, c’est les lettres du facteur.

Et une chanson traditionnelle québécoise : Le rêve du diable : Le réel du sirop d’érable, accompagné par la présidente de Berry-Québec, Michèle Blayac sur la «  planche à pied », planche qui vient de loin dans la musique traditionnelle de l’Amérique francophone,  sur laquelle on tape du pied pour rythmer les chansons, on appelle ça aujourd’hui la podorythmie, un peu ce que Thierry Chazelle a transformé en «  tapadonf » perfectionné. Michèle Blayac qui nous a raconté l’histoire de cette planche de bois, et quand les anglais interdisaient aux québécois d’aller danser dans les rues, ils restaient assis chez eux, fenêtres ouvertes, et faisaient un boucan d’enfer avec leurs pieds sur cette planche.

Entre deux interprétations de chanteurs québécois, ou français, La Bohème d’Aznavour, ou même Que je t’aime de Johnny Hallyday, Richard Trépanier nous chante aussi ses chansons à lui avec sa guitare, son harmonica, sa voix harmonieuse, et une diction parfaite, en nous racontant ses débuts dans les années 80, dans les boites à chansons, comme Les 2 Pierrots ou Le bistrot à Jojo à Montréal, et les quelques 7000 kilomètres qu’il parcourt de ville en ville chaque printemps en France. Chansons réunies dans un album : Le passage de l’an 2000.

Chansons inspirées par le Québec : De l’Anse St-Jean à Dolbeau / De Tadoussac à Gateneau / J’ai promené mes chansons / De ville en ville / Dans les bars et les bistrots / En passant par les Deux Pierrots / J’ai traîné ma guitare / Jusqu’aux îles.

Par l’amitié : De passage, à mon ami Jean-François : Toi t’as tellement les idées claires / Ce qui te sauvera c’est ta foi / Continue de te battre mon frère / Tu verras tu y arriveras / Continue de lutter mon frère / On sera tous derrière toi.

L’amour : Tout cet amour qui dort tranquille / A vivre chacun sur une île / Balayée par les grands vents / Les relations sont bien fragiles / La vie de couple pas toujours facile / L’amour comme la vie, ça s’apprend.

La nature : Le cri de la terre : La terre finira par pleurer / Les larmes de ses pôles dégelés / Et inondera l’humanité / Il sera trop tard d’y penser / La chance ne sera pas de notre côté / Comme l’avait eu le père Noé.

La solitude : Seul dans la ville : Et on court tous les jours / Sans trop savoir pourquoi / On se perd on se cache / Chacun au fond de soi.

Les saisons de la vie : Et puis la vie suivra son cours / En emportant jour après jour / Ces beaux moments qu’on voit s’enfuir…

L’inquiétude face aux violences du monde d’aujourd’hui et à la puissance de l’argent : Le passager de l’an 2000 : Y’a que l’argent qui compte aujourd’hui / Sur cette boule engourdie / Faudrait réinventer la vie / Faudrait recommencer la vie…

Tout le monde a repris les refrains en choeur, un après-midi chaleureux et amical, où nous avons dégusté des produits québécois, et je suis repartie avec les deux albums de Richard Trépanier, Le passager de l’an 2000, et Le Québec en chansons.

L’association Auvergne-Québec a invité Geneviève Morissette, qui sera au théâtre de Châtel-Guyon les 15 et 16 juin prochains, et Diane Tell le 11 juillet et Richard Trépanier sera à l’Arthé café le 24 mai à 20 h 30.

 

Danièle Sala

https://fr-fr.facebook.com/public/Richard-Trépanier

https://auvergnequebec.jimdo.com/

https://fr-fr.facebook.com/public/Edith-Andre

http://arthe-cafe.com/

Et pour quelques images de plus …

 

 

   

 

 

Crimson Glory, ou la Bouteille, l’écume et les siècles… de Jérémie Bossone.

16 Avr

Photo NGabriel

Jérémie Bossone est un auteur qui met de la musique-flamme sur ses mots quand il chante, et des couleurs qui peuvent rappeler Goya, Munch ou Van Gogh dans ses fresques littéraires aux personnages brechtiens. Des histoires à la Romain Gary-Emile Ajar, celles des desperados qui ont l’âme slave et toutes les folies qui vont avec. Celles et ceux qui ont nourri Crimson Glory.
Avec les désaxés magnifiques, Don Quichotte ou Cyrano, les bourlingueurs de Conrad, ou Stevenson, et d’Artagnan en chef de bande. Des guetteurs de miracles qui n’arrivent jamais, mais c’est pas une raison pour ne pas y croire. Dans la chasse au trésor, l’important, c’est la chasse plus que le trésor.

D’autres professent comme les irlandais que la réalité est une hallucination provoquée par le manque d’alcool … Dostoïeski et Bukowski ne sont pas loin dans ses quêtes métaphysiques bien arrosées de tous les alcools de la vie d’artiste borderline… Mais c’est pas dans les rails formatés qu’on peut trouver les chemins des rêves les plus échevelés… On rêve pas petit bras chez Bossone, on voyage dans des mondes en abolissant les barrières du temps… Comme dans son livre Crimson Glory, moitié roman, moitié autobiographie, moitié pédagogie de la vie saltimbanque. Ne chicanons pas sur le nombre des moitiés, quand on aime on ne compte pas.

Avec Crimson Glory, (ou la Bouteille, l’écume et les siècles..) le lecteur gourmand d’éclectisme va trouver de quoi se régaler de tous ses fantasmes littéraires, les histoires entrecroisées du pirate Sean Fountain, et son trésor, les aventures et mésaventures d’un chanteur maudit qui n’a même pas l’idée de mourir à 27 ans comme tout héros pop rock qui se respecte, et les chemins tortueux des sentiers de la gloire fuyante du showbizness. Et qui a eu comme projet, je cite,

 Moi je veux être grand, retrouver la taille cosmique de l’enfance, embrasser sa mythologie, boire à ses constellations. Etoiles, je monte vers vous ! Le panache au cœur, le sourire aux lèvres ! Je suis baroque! Ô camarades, je veux briller pour vous comme j’aimerais vous voir briller pour moi. Tous pour un et un pour tous ! Chaque être humain devrait brûler comme un soleil ! Je veux bien soumettre l’idée aux hommes mais je n’imposerai rien. Le mouvement doit venir de soi.

Il me semble entendre quelques approbations de Brel, Ferré, Higelin, et de sa « marraine » Anne Sylvestre… Ecrire pour ne pas mourir ?

 J’écris. Or ce qui prime en écriture, c’est la puissance ludique, c’est ce plaisir du jeu que nous procure l’agencement des images et des sonorités. Sans lui nulle catharsis, et les émotions retombent comme des baudruches dégonflées.

Et pour cela,

Dès que la musique fait son entrée dans l’arène, c’est vers elle que j’avance. J’oublie tout le reste : les enfants qui meurent de faim en Somalie, les enculés qui nous gouvernent aux quatre coins du monde,  la Camarde qui agite sa faux dans mon dos… J’oublie tout ça.

Et Sean Fountain dans tout ça ? Sean Fountain est un voyage, un mythomane de génie, la mythomanie est son oxygène…
« Je jongle avec ma vie. N’ayant rien appris d’autre, je n’ai aucun regret.»  C’est Sean qui a écrit ça, mais son art du jonglage n’est pas resté lettre morte, si vous voyez à qui je pense.  Et si vous ne voyez pas, allez toutes affaires cessantes Côté Cour, chez LamaO Editions, Crimson Glory est  disponible. (Sortie officielle le 27 Avril dans toutes les librairies de bon goût)

Clic sur la couv’ –>

Et en bonus,  les 50 premières commandes seront dédicacées par Jérémie !

 

 

 

 

Norbert Gabriel

Avertissement: c’est le genre de livre que j’ai ouvert 5 mn après l’avoir eu en main, grâce auquel j’ai raté deux correspondances, et pas lâché de la nuit…  Malgré les cris de mon chat abandonné sans croquettes…

 

DERNIERE HEURE..

couv crimson

La première guitare d’Higelin…

15 Avr

Guitare  Antoine Di Mauro, sur le modèle Chorus 1940 de son père Joseph Di Mauro. Bouche en coeur, chevalet court, et cordier « Selmer ». (Ne pas confondre avec les guitares faites par Joseph Di Mauro fils, le frère cadet d’Antoine)

C’est une guitare du luthier Antoine Di Mauro, deuxième fils de Joseph Di Mauro, un des luthiers d’origine italienne qui a suivi les traces de Mario Maccaferri, l’inventeur de  la guitare qui a donné un élan décisif au jazz français, avec le Quintette du Hot Club de France, et ses deux héros, Django Reinhardt et Stéphane Grappelli. (Par ordre alphabétique)

En 1959, Henri Crolla se rend sur le tournage d’un film dont il doit faire la musique, entre autres pour une chanson écrite par Prévert, chantée Marie Laforêt dans le film.  Là il rencontre un jeune comédien, Jacques Higelin, qui a quelques notions de guitare, sans plus… La sympathie est immédiate, et après le tournage Jacques s’installe chez les Crolla. Quelques mois décisifs dans la vie et la carrière du jeune homme qui va s’orienter vers la chanson sur les conseils amicaux de Crolla, son père spirituel… Les leçons de musique et de guitare  vont provoquer la rencontre avec Moustaki, en 62-63, Moustaki croise ce jeune musicien et  sa guitare..  « Mais tu joues comme Crolla…  »  et Jacques accompagnera Jo en scène plusieurs mois, ici, c’est pour la télévision..

Cette guitare a une histoire assez extraordinaire.  Dans les années 68-70, Higelin vit plus ou moins dans un fourgon-camping car sommaire, et un jour, le fourgon est cambriolé, et la guitare volée. Quelques années plus tard, dans une des aventures voyageuses avec Saravah, il est attendu en Provence dans un village à moitié abandonné, où la petite troupe occupe (ou squatte? ) une ancienne ferme…  Et en arrivant dans le hameau, sur une espèce de bric à brac décharge, il voit une guitare, sa guitare…   Qu’il identifiera sans équivoque, grâce à un bricolage qu’il avait fait pour réparer une des mécaniques endommagée. La guitare n’a pas trop souffert de ces péripéties, la mécanique remplacée, elle est restée dans l’état, telle qu’on peut la voir dans le film sur Henri Crolla réalisé par Nino Bizzari   pour la RAÏ Uno en 2002. Une séquence rencontre avec Patrick Saussois chez Colette Crolla montre entre autres, Higelin  faisant la pompe manouche quand Saussois joue  « Sweet Georgia Brown ». Ce  que dit Patrick Saussois dans la discussion,

La guitare de Crolla, c’est une guitare qui chante, qui raconte des histoires..  avec simplicité, sensibilité, subtilité..  Sous une apparente facilité on constate ensuite que c’est très fin et très abouti.

Jacques Higelin raconte ensuite un souvenir quand Henri lui expliquait comment il avait rencontré un noir américain qui lui avait joué un blues d’anthologie sur 3 notes…  C’était ça les leçons de musique de Crolla, pas d’esbrouffe, pas de clinquant, mais une épure qui va l’essentiel de l’âme de la musique.

Ci-après le son de cette guitare, avec les images,   clic sur ce lien —>  https://youtu.be/w5Dyk1KGNzA

Version  sans image, ci dessous,

Dans ces extraits ci dessous,  quelques moments de rencontres induites par Crolla, et des notes de musique, celle de la guitare d’Henri Crolla…

Extraits du film, tourné en 2002 pour un format initial de 51 mn, et au final ce fut 90 mn.

Début chez Colette,

Le bonheur est pour demain (avec Jo  et la voix de Crolla )

Pour en savoir plus sur Crolla si ça vous dit, la fiche wiki est assez complète et vérifiée, malgré l’avertissement qui dit que cet article ne cite pas ses sources. En effet Wiki se réfère aux sources écrites, et publiées, or la majorité de ce qui est dans cette fiche vient de rencontres -enregistrées-  avec les témoins vivants entre 1995 et 2002. Il est arrivé qu’une bonne partie de cette fiche ait été reprise sur des sites divers, parfois avec des erreurs, lesquelles erreurs deviennent des « références » ensuite …  Ubuesque… Je certifie donc les données de cette fiche, ayant réalisé et conservé tous les enregistrements, et ayant été avec Sophie-Louve Tournel, assistant-documentariste-régisseur-intendant-entremetteur  sur ce film …

Wiki c’est là,clic sur la guitare –>

Norbert Gabriel

Et pour finir, une vidéo des héros de cette histoire,

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Des gens et des fleurs pour Higelin..

13 Avr

La grande presse vous aura probablement montré toutes les personnalités, c’est bien, il y avait presque tous les amis, mais aussi une foule dont Brassens aurait dit, « des funérailles pas nationales, non mais presque… »  et ça chantait avec des ribambelles de fleurs..

La petite presse buissonnière vous propose deux panneaux, des gens et des fleurs…  Salut Jacques…

(Il est possible d’agrandir chaque photo en cliquant dessus)

 

Le blog du Doigt dans l’Oeil

12 Avril 2018

Hommage à Jacques Higelin

12 Avr

Prenez note, ça vaut le coup … 

 

 

 

Plateaux Deuchansons avec Frédéric Bobin

10 Avr

Frédéric Bobin Archives NG

Une parenthèse amicale entre deux dates de concerts, c’est ce que nous a proposé Monique Monier Civiale, avec Michel Lagarde, deux de la bande des quatre : FormAt Quatre à Romagnat, ce samedi soir 7 avril, voisins, amis, et un invité prestigieux, qui n’est pas fait prier, car il a une tendresse particulière pour le Puy-de-Dôme,  ici on dit notre Frédéric ! Frédéric Bobin. Un peu intimidée, oserais-je aller vers lui ? C’est qu’il a fait l’Olympia depuis notre dernière rencontre ! Mais à son sourire avenant et complice, j’ai vite compris qu’il n’avait pas changé, c’est toujours notre Frédéric, aussi à l’aise sur une grande scène que dans ces soirées plus intimistes où les regards croisés avec l’entourage impliquent une présence, une mise à nue plus périlleuse.

Michel nous explique le concept de ses soirées, plusieurs associations organisent ce genre de concert:

L’association « Chant’appart » a inauguré ce concept suivi par d’autres , par exemple : « Chantons sous les toits » ou « Chante jardins…. Il y a quelques années déjà que j’organise des concerts privés pour des chanteurs que j’aime bien . J’en ai réalisé chez moi ( c’était le premier) ou chez des amis . Mais depuis 3 ans , nous avons créé  une association qui gère le bar et l’accueil de la salle « la 2deuche « à Lempdes et cette même association a aussi pour mission d’organiser les concerts privés que j’organisais auparavant à titre personnel . Cette association s’appelle « Les A’tractions de la 2deuche » avec pour Président Michel Bouchet qui était présent ce samedi soir et, moi je suis chargé de l’organisation de ces concerts chez l’habitant ou dans des lieux qui n’ont pas forcément vocation à recevoir des artistes ( recherche des artistes et des accueillants et formalités administratives ainsi que l’aide financière et matériel si besoin). Monique était donc l’accueillante d’hier soir , mais elle avait déjà accueilli d’autres « Plateaux Deuchansons » auparavant . Nous n’avons pas de souci pour trouver des artistes… mais c’est difficile de trouver des personnes qui veuillent bien accueillir ! Nous avons reçu déjà pas mal de chanteurs (  Eric Frasiak , Véronique  Pestel , David Sire, Laurent Berger , Michel Boutet , Frédéric Bobin ) , certains sont déjà venus plusieurs fois . Nous en organisons au maximum 5 par année .

Photo Maryse Roy. 2018

Une quarantaine de personnes, un coin de séjour aménagé en scène, sur fond de rideau noir, et entre guitare folk, guitare électrique,  et boîte à rythmes, Frédéric Bobin, mince silhouette en jean et haut noir, et Jean-Claude Pagès, encore un de FormAt Quatre à la sono.

Et durant plus d’une heure, Frédéric Bobin nous régale des nouvelles chansons de son 5ème album : Les larmes d’or, qui marque encore une étape vers la perfection,  en osmose avec son frère Philippe, auteur des textes, cinq années de travail, un choix de 12 chansons parmi une quarantaine.

Des mots qui cognent à la porte des cœurs en exil, désillusions, bilan d’un  monde à la dérive, avec réalisme, mais toujours avec une lueur d’espoir au bout.

Des regrets, mais faut pas regretter quoi qu’il arrive la vie qu’on aurait pu vivre.

Des souvenirs qui reviennent sous forme de rêves, nostalgie de l’enfance  dans la maison de son grand-père : J’aime ce qui n’est plus / J’aime le temps perdu / Les blessures éternelles  que personne n’opère / Les parfums surannés / Les illusions fanées / Tout ce qui vit dans la maison de mon grand-père.

Photo Maryse Roy. 2018

L’adolescence en Super 8 :  Mon histoire défile / Comme un drôle de film / Je prends la fuite / En super 8.

Des histoires d’amours éphémères ou contrariés, La fiancée au destin tragique, La vie qu’on aurait pu vivre, ou Les étreintes intermittentes  qui ont des vertus envoûtantes.

Ironique avec légèreté, parfois désespéré mais avec élégance,  il trace des portraits qui nous ressemblent, qui amènent la réflexion,  qui réveillent en nous des images, des émotions, des portraits de héros fatigué, Le dernier voyage de Sindbad,  de héros du quotidien, comme Jimmy  qui patrouille dans la zone : Encore un soir qui tombe / Comme une chape de plomb / Aucun vol de colombe / Dans ce ciel de béton / Et comme une marionnette / Frêle silhouette /  Il y a Jimmy / Patrouille de nuit.

Une musique ne peut pas changer le monde, mais faire lever l’espoir dans le cœur des hommes de bonne volonté, cette Musique blessée, c’est la musique d’un monde qui bouillonne et qui gronde…Si tu l’entends o mon frère / Dans le silence de la mer / Soulève toi / O mon frère / Même si tu cries dans le désert.

Tant qu’il y aura des hommes /  Y aura des kamikazes / Et la loi du talion / Y aura de l’eau dans le gaz / Des gazelles et des lions.
Mais pour un géranium / Qui pousse dans les charniers / Tant qu’il y aura des hommes / On pourra espérer.

Chanson enregistrée en duo avec Kent, mais  s’il  l’ a chantée seul ce samedi soir, il n’a pas oublié de nous faire applaudir Kent, qui est une de ses influences musicales depuis longtemps. Et nous avons aussi applaudi  Philippe, le frère de Frédéric, auteur prolifique qui lui taille des paroles sur mesure.

L’espoir ? Il suffit d’ Une goutte d’eau pour se ressourcer : Quand tous mes rêves mercantiles / Me seront arrivés / Quand les lumières de la ville / M’auront aveuglé / J’irai retrouver mon enfance / Mon vieux traîneau / Je reviendrai boire à la source une goutte d’eau.

Le soir tombe, mais si il n’a pas changé le monde : C’est un homme / Qui transforme / Ses chagrins / En doux refrains…

Un album d’une qualité exceptionnelle, classe, sobre, épuré, qui creuse encore plus le sillon vers l’authenticité, la sincérité,  le plus en phase avec le Frédéric Bobin d’aujourd’hui. Ce sont les chansons qui ont choisi les musiques, dit il, et son cœur balance entre folk et rock, avec un retour vers l’acoustique pour cet album.  Je dirais folksong à la française, avec des influences à la Dylan, et même parfois d’Ennio Morricone.

Mais revenons à cette soirée de samedi. Après Les larmes d’or, on en voulait encore ! Et il y eut de nombreux rappels, à la carte, et des incontournables chansons des albums précédents. Des corps, Torrents de bière, Tatiana sur le périph, Singapour, Ce siècle avait deux ans, sans oublier La vieille ouvrière, sa ville natale Le Creusot. etc…

Avant de partager les diverses spécialités culinaires et boissons apportées par tous, tout en  continuant les échanges, et en remerciant chaleureusement Monique, et ses deux filles épatantes  pour leur accueil.

Encore une soirée mémorable, à renouveler absolument !

 

Danièle Sala

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Et pour Frédéric Bobin, actionnez la machine –>

 

 

Higelin…

6 Avr

Une chanson, c’est populaire. Il faut toucher l’émotion pure et on ne l’atteint jamais par la force ni la démonstration, mais par l’abandon de soi, la confiance, l’approfondissement, en se laissant envahir, en cherchant à l’intérieur.  (Jacques Higelin)

Photo © Emma Pick

 

En ce qui concerne la chanson, on sait à peu près que c’est Henri Crolla qui l’amené à la musique et la chanson.. Ils se sont rencontrés en 1959  sur le tournage de St Tropez Blues, dont Crolla a composé plusieurs musiques, c’est un coup de foudre immédiat, Higelin va habiter plusieurs mois chez les Crolla,  et au cours de l’été 60 ils sont deux des premiers rôles dans le film d’Henry Fabiani « Le bonheur est pour demain »…   Tournage qui se termine quelques jours avant la mort de Crolla, le 17 0ctobre. Depuis, Higelin a toujours été très présent auprès de Colette Crolla, jusqu’en mars 2015, et on peut penser qu’ils se retrouvent avec Colette et Henri quelque part dans un autre monde.

Pour quelques amis qui ont toujours été présents autour de Colette Crolla, un souvenir de cette soirée début Avril 2001, pour l’anniversaire de Colette, les amis se reconnaitront…

Photos de Martine Gatineau,  merci Martine… et aussi,

Ce soir-là, la salle était partagée avec une famille qui faisait un repas de mariage, avec Jacques Higelin en prime, je crois qu’ils en ont gardé un souvenir exceptionnel…

Norbert Gabriel

 

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