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Sortie de la compilation « Partenaires » de Rue de la Muette : entretien avec Patrick Ochs

18 Fév

Comme il est bon de déranger la poussière ! Annoncé depuis quelques semaines, la compilation « Partenaires » du groupe Rue de la Muette sort ces jours ci. Rassemblant 15 titres de choix, dont 3 inédits, l’album nous embarque de plage en plage, au gré de chansons qui ont ponctué  les 17 années d’une aventure artistique vouée à raconter des histoires, les remettre en question et se remettre en question, de rêves en doutes, de scènes en routes, d’estrades en estrades à faire danser tant de malentendus, mais aussi tant de fictions extraordinaires, de portraits humains, d’univers fascinants, d’étrangetés ralliant la distance pour nous devenir plus proches, avec des faux airs de récapitulation. Faux airs seulement. Car si « Partenaires » agence avec une logique qui raisonne et résonne, des morceaux emblématiques et singuliers de la formation, l’album les range autant qu’il les dérange, en en présentant des versions réinterprétées, revisitées, voire réinventées, et en en faisant apparaitre parfois une nouvelle figure plus ou moins étrangère à leur visage d’origine. Déranger la poussière et ne pas lui permettre de recouvrir nos imaginaires, animer la vie en perpétuel mouvement, bousculer l’état statique des apparences et remettre en cause les vérités d’hier pour en défendre encore mieux le sens : tels sont les frissons, les sentiments, les idées qui nous traversent à l’écoute du reliage subtil de ces titres, emperlés par une aiguille non pas destinée à coudre un point final à l’existence du groupe, mais à nous en faire revivre des moments forts, avant de laisser à une nouvelle page la liberté de s’écrire. Quelques jours précédant le mois de sortie de l’album, le chanteur Patrick Ochs nous recevait pour en parler.

 

-Patrick bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Rue de La Muette tourne sur les scènes depuis désormais plus de 15 ans. Comment s’est imposée l’idée de cette compilation et pourquoi maintenant ?

J’avais en projet l’album suivant « Novembre » sur lequel j’étais en train de travailler, lorsqu’on s’est dit que ce serait pas mal de faire une compilation. Mais je ne souhaitais pas remixer les titres des albums de l’époque : je n’aimais plus forcément ce que j’avais fait alors ; certains musiciens de l’époque avaient quitté le groupe et il fallait chercher les éditeurs, les anciens labels. Je voulais rejouer ces chansons avec l’énergie d’aujourd’hui, parfois aussi avec des textes recomposés. Je n’avais pas non plus envie de mettre trop d’inédits, car il y en aura sur l’album à venir, ce qui est une autre histoire. Avec cette compilation, c’était vraiment une page que je voulais tourner, une partie de moi qui avait existé depuis 17 ans, avec beaucoup d’aventures, de spectacles différents, des envies différentes. J’avais envie que ce disque soit un moment couché, figé de ma vie. C’est un peu une récapitulation. Et aussi une histoire, avec les copains avec qui je l’ai fait. C’est pour ça que je l’ai appelé « Partenaires » : je l’ai fait grâce aux gens qui m’ont entouré et suivi. Ils m’ont fait confiance pendant toutes ces années de route. Parce que c’est fragile ! J’ai démarré tard, seul, mais aussi grâce aux partenaires qui m’ont soutenu et on ne fait rien tout seul. Donc il y avait des chansons qui étaient une partie de ma vie, de mon histoire et qui  s’enchainaient bien sur un seul album. C’est pas évident de faire un bilan de son travail, quand on n’est pas un chanteur très connu. Mais ça a quand même suffisamment d’importance pour être montré. Très souvent ce que je fais raconte des histoires et rentre dans des logiques. L’album qui suivra sera totalement différent ; donc cette compilation va nous permettre de tourner une page. 

 

– Tu es un photographe passionné également, auteur de la photo de pochette du disque. Pourquoi avoir choisi cette image et que représente-t-elle?

C’est une photo qui est tirée d’une série sur le cirque et les soigneurs.  J’avais fait ces photos il y a quelques années, pour l’écriture d’un autre spectacle. L’éléphant quand il a cette posture, est entravé par les pattes de derrière. Et lorsqu’il est âgé, fatigué ou malade, on le donne à un zoo, et en général il a tellement été entravé qu’il souffre de problèmes d’arthrose. Bien sur ce n’est pas opérable. L’animal est également souvent porteur du germe de la tuberculose. Cette éléphante que j’ai prise en photo avait donc cette posture à cause de son arthrose. Elle évoque aussi la chanson « La Fille aux Éléphants », un titre qui raconte  cette errance de villes en villes, cette vie un peu compliquée.

 

-L’univers du cirque justement est très présent dans tes textes et musiques et dans tes photographies. Comment est née cette passion ?

C’était quelque chose qui était dans l’univers du spectacle, dans les costumes de l’époque aussi, dans l’énergie, et qui fonctionne bien sur scène. Lorsque je travaillais à la chambre de commerce à Périgueux, je me suis retrouvé un soir avec mon fils ainé au cirque.  Pendant le numéro des clowns, un artiste m’a appelé, et je me suis retrouvé sur la piste en train de jouer avec les clowns, les acrobates, la fanfare. Ça m’allait si mal ! Mais j’ai été heureux. Maladroit mais heureux. J’ai eu la honte de ma vie, devant mon fils qui était petit. Et puis au moment de me placer, alors que le clown devait sauter sur mes épaules, il m’a dit à l’oreille : « arrête de flipper ! ». Et je pense que ça été un déclic : c’était une situation trop bizarre ! Et après mon fils me disait : « Papa, je suis fier de toi. Papa, j’ai jamais eu autant honte de toi ». Ça a remué quelque chose. J’avais une vie différente à l’époque. C’est une histoire que j’ai racontée souvent sur scène, avec des histoires d’ours, d’éléphant, d’hommes un peu étouffés par leur carcan social.

 

-Comment s’est effectuée la sélection des titres pour la compilation ?

J’ai demandé à mes copains, à  mon entourage d’établir une liste des morceaux qu’ils auraient envie d’écouter ; bien sur tous n’ont pas pu être sélectionnés. Il y a toujours des gens pour dire qu’on aurait du mettre telle ou telle autre chanson. Mais à un moment il faut choisir, sinon on n’en sort jamais. Il y avait eu 6 albums, donc l’équivalent de 80 chansons.

 

-De nombreux titres sont réarrangés voire réinventés. Les interpréter de façon si différente est-il aussi un moyen de leur donner une seconde vie ?

Le groupe actuel joue bien, donc je voulais qu’on interprète les chansons avec ce tempo très enlevé, plus juste aussi, comme dans « Le Bout du banc » qui ne sonne pas du tout comme avant et qui fonctionne très bien sur scène . Et puis il y a trois inédits qui n’ont encore jamais été joués en live : « Veuillez rester à votre place », « Madame Irma » et « Ce qu’on dit de toi ». On ne raconte pas le quotidien, car d’autres le font mieux que nous. Donc je suis obligé de raconter le monde dans lequel je vis, comme une espèce de photo des années qu’on traverse mais d’une façon très intemporelle. Je me suis demandé si ça n’avait pas un côté daté. Pour prendre l’exemple de cette chanson « Le Bout du Banc », qui figurait sur l’album « Ma Mère traine au Café », je l’avais enlevée du spectacle, car elle datait de 2003, et puis je l’ai remise, car elle est terriblement d’actualité : on est à fond dans ce qu’elle raconte. Ce qui était intéressant était de faire ressortir ce côté Rock’n’Roll qui correspond bien à notre univers. Elle résume bien le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Quand elle était sortie, elle passait un peu sur France Inter, et quelques jours plus tard, le chroniqueur économique Bernard Maris avait commencé sa chronique en citant la chanson en disant que les gens seront de plus en plus « au bout du bout du bout du banc… ».  Était ce un hasard ? L’album contient aussi des histoires de cirque. Mais il y a surtout finalement une humeur du temps, quelque chose qu’on a raconté ces dernières années, mais qui fonctionne encore, parce qu’il y a cette entente entre nous.

 

-La formation actuelle convient-elle mieux  à une expression plus personnelle?

On est moins nombreux, donc forcément oui. Et peut-être que moi-même, je suis devenu un peu meilleur qu’avant, donc ça aide. Je travaille depuis des années avec l’accordéoniste Gilles Puyfagès. Eric Jaccard à la batterie et Vincent Mondy aux clarinettes et au saxophone sont des musiciens avec qui j’ai également travaillé longtemps. Cette formule là fonctionne ; on n’a pas besoin d’être plus nombreux. Chaque fois qu’on monte sur un plateau, on arrive à raconter la même chose avec le même plaisir et la même envie de s’amuser. Avec les groupes précédents aussi, j’ai connu des musiciens avec qui je m’entendais bien ; mais c’était différent. Parfois il y a une guerre des egos, des gens qui ont besoin d’autre chose que de la vie du groupe, ou encore qui se sentent frustrés ou rejetés quand il y a un chanteur qui prend parfois trop de place ! C’est mon cas, je l’avoue. Ça peut être compliqué comme dans tous les

à gauche Vincent Mondy Photo NGabriel au Zèbre de Belleville

groupes humains. C’est ce qui fait que pendant les premières années, j’étais plus en retrait. Je ne prenais pas autant de place.

 

– D’un point de vue logistique, les choses ont-elles évolué aussi en laissant plus de place à une implication personnelle?

Pascal Escoyez de notre label Sphère a produit cet album et le précédent « Ombres Chinoises ». J’ai assisté au mixage au studio Sphère en Dordogne et je me suis occupé des photos de couverture. J’ai vraiment beaucoup suivi et dirigé cet album.

 

« Ma mère traine au Café » est une chanson très emblématique, sans doute la plus populaire de ton répertoire. Comment est-elle née ?

Un jour que j’avais sorti ma guitare, ma mère a chanté cette chanson, en me disant que si je sortais ça,  j’allais faire un tabac. Il faut toujours écouter sa mère !  Donc je cherchais les harmonies sur ma guitare, et ma maman m’a raconté l’histoire de la chanson qui parlait d’un garçon pauvre qui vendait des « boublechki », des gâteaux, au coin de la rue, avec un père qui traîne dans les cafés, une mère qui boit et une sœur qui se prostitue ! Une histoire absolument épouvantable comme on en faisait autrefois dans les chansons réalistes. Et donc sans chercher plus loin, je trouve les accords et j’écris assez vite quelques lignes, et ça donne quelque chose d’assez sympa à chanter. Et puis à l’époque, je rencontre l’accordéoniste Michel Glasko qui a longtemps joué avec nous et qui a reconnu cette chanson. Il en a fait l’arrangement avec le guitariste de l’époque, Étienne Vitté. Donc, grâce à lui, je me suis rendu compte que c’était une chanson qui existait déjà, tombée dans le Domaine Public. Et je l’ai retrouvée lorsque l’on est allés en Russie et en Chine . Donc ça fonctionnait bien partout. J’ai même lu un article de Bertrand Dicale sur la célèbre chanson « Bella Ciao ». Il expliquait que ces deux chansons étaient faites à partir des mêmes harmonies. Ma chanson a par la suite été souvent interprétée par des chorales, des groupes un peu alternatifs ! J’en ai entendu des versions complètement improbables sur mes paroles !  C’est vraiment sympa ; ça parle à tout le monde !

 

– « La valse de Mingus et BB King » propose une juxtaposition inattendue de portraits croisés de musiciens. Pourquoi as-tu eu envie d’abord de l’écrire et puis de la revisiter?

J’étais en tournée avec David Cérésa, le contrebassiste du groupe, en Suisse, et alors que nous sirotions tardivement des verres, il m’a confié son envie de monter un spectacle sur Charlie Mingus, à base de son recueil de poèmes, Les Fables de Faubus. Je ne trouvais pas ce projet très excitant, mais le personnage me plaisait beaucoup. Je revenais de Lyon, où mon copain, le pianiste Michel Carras m’avait parlé de BB King qu’il avait rencontré. Au fur et à mesure de la discussion, il me semblait que ce musicien solaire qu’était BB King, et l’artiste  inventif et renfermé qu’était Charlie Mingus se situaient et se rejoignaient aux  deux extrêmes de la musique noire américaine. J’étais aussi issu de quelque chose comme ça, artistiquement, je veux dire. On a fait d’autres concerts, et sur la route du retour la mélodie et les arrangements sont venus tous seuls dans ma tête. En rentrant chez moi, j’ai plaqué les accords sur ma guitare. J’avais envie que ce soit comme si on était dans une pièce où on entendait une musique et soudain ou ouvrirait les fenêtres pour faire entrer l’air et la musique du dehors. Il y a toutes ces choses très différentes qui se mélangent dans cette chanson là, pour ce qui concerne la première version enregistrée à l’époque. Mais dans la version présente sur le disque je voulais surtout que les musiciens jouent, qu’ils soient très présents et qu’ils m’accompagnent pour raconter cette histoire. On y croise des gens qui n’arrivent même pas à monter dans le bus à cause de leur faciès, et d’autres qui arrivent à vivre, à communiquer, à avancer grâce à leur art, grâce à leur musique. C’est présent dans toutes les musiques, quand elles passent par le cœur des gens pour atteindre les esprits. Et il y a autre chose : j’aime bien croquer des portraits. Je ne suis pas le roi du portrait en photographie mais en chanson j’aime le faire. C’est un art qui me plait bien. J’ai fait une chanson sur Vince Taylor, d’autres où on croise Marvin Gaye, Ray Charles, Myriam Makeba, Mohamed Ali vite fait… C’est quelque chose qui me plait beaucoup de pouvoir croiser dans mes chansons le portrait de gens qui m’ont influencé. Je les ai  peut-être croisés en vrai ! Va savoir ! Un artiste raconte des histoires.  Si tu n’as rien à raconter, tu n’as rien à dire. C’est ça qui me nourrit. Les histoires qu’on me raconte, les gens que j’ai croisés. Vous voyez, je parle assez peu de la chanson française !  

 

– Lors de notre précédente rencontre, tu avais évoqué ta lassitude de devoir parler de la chanson « La muette a Drancy » et de la Shoah et ton envie de ne plus t’attarder dessus. Pourquoi avoir choisi d’intégrer tout de même le titre à la compilation ?

« La Muette à Drancy » parle de la cité de la Muette où il y avait le camp d’internement durant la guerre en région parisienne. C’était l’antichambre des camps de la mort. J’en ai eu ras le bol il y a quelques années de passer ma vie à expliquer des choses basiques au public. Plus ça avance moins les gens comprennent et moins ils en savent. Il a même fallu à un moment donné que j’explique pourquoi je ne l’avais pas vécu, car des gens m’ont demandé ce que ça me faisait d’être revenu de déportation, comme si c’était autobiographique. Dans la chanson je parle du personnage à la première personne, comme s’il s’agissait de moi. C’est sans doute l’une des seules chansons françaises de ces dernières années, sur ce thème, narrée à la première personne.  Mais c’est complètement con puisque je suis né après la guerre! Le monde évolue et il faut de plus en plus se justifier de ce qu’on a fait, de ce qu’on a dit, même si les gens pigent que dalle. Chaque génocide, chaque massacre est encore plus ignoble que le précédent. Mais  il y a toujours un type pour t’expliquer qu’il a plus souffert que toi, plus été massacré que toi, comme s’il s’agissait d’une compétition de cinglés.  Le but serait de tout faire pour que plus rien de tout cela n’arrive! « Sortez nous tous d’ici ! » C’est le cri final de cette chanson. Il ne faut laisser personne à l’intérieur de ce camp ! Tout le monde doit s’en sortir. Dans la réalité, les prisonniers ont creusé un tunnel dans la Cité de la Muette pour en faire évader tout le monde. C’était une utopie car ils ont été dénoncés.

 

– « La vache qu’un garçon était en train de traire » est un titre assez singulier qui semble d’un premier abord raconter une scène banalement anodine. Y a-t-il dans cette chanson une dimension métaphorique ?

Ce que je raconte dans cette chanson, c’est un peu comme dans les comptines pour les enfants. En haut de la chaine, il y a toujours la faux qui coupe les têtes. Je me suis inspiré des peintures de Chagall !  Mais cette chanson raconte aussi une rupture. Une femme s’en va et l’homme n’a pas encore compris pourquoi. Il reste seul et se pose des questions. Il n’a pas encore les réponses. Ça viendra avec le temps ! Ou ça ne viendra pas !

 

-Tu nous as dit plus tôt avoir appelé la compilation « Partenaires » en référence à tous les gens qui t’ont accompagné et soutenu dans ton aventure musicale. Le morceau éponyme quant à lui raconte une fiction sans rapport apparent. Y avait-t-il lorsque tu l’as écrite quand même un clin d’œil à la relation qui te lie à tes complices de scène ?

Pas vraiment. Avant que je ne commence à chanter, j’avais vécu une vie professionnelle assez dense.  J’avais vu comment on peut traiter les gens dans les entreprises. « Partenaires » parle des gens qui se font virer, qui se séparent, qui sont mis en marge: « pas être marrants, pas différents, passer sa vie entière en employé obéissant et puis un jour sortez du rang ! Tirez-vous il n’y a rien à faire ! Vous rapportez plus d’argent ! Trop vieux,  trop chers… ». Donc la chanson parle de la façon dont on peut se faire éjecter d’un groupe social ou d’une entreprise. Et il y avait aussi l’image d’un couple qui se défait. En l’occurrence dans la chanson il s’agit de deux hommes, partenaires de numéro circassien. Mais il pourrait tout autant s’agir d’un homme et d’une femme tellement proches l’un de l’autre qu’à un moment donné, ça pète. La métaphore est là. Maintenant il se trouve qu’aujourd’hui, le « Partenaire » c’est mon musicien, Gilles Puyfagès avec qui je suis depuis longtemps très proche et soudé. En échangeant peu de mots.

 

– Est-ce de constat là qu’est partie l’aventure musicale?

J’ai commencé à découvrir que je savais chanter et écrire des chansons sur la tard. J’avais 50 ans. J’avais une vie d’homme plutôt installé. Et puis ça a été trop fort à un moment : j’ai fait mes premiers albums et ça m’a balayé; je suis parti en structurant ma vie différemment. Les choses m’ont happé.

 

– Était-ce l’appel de la destinée ?

Personnellement, j’ai tout quitté pour ce métier et je sais le prix que ça coute. Quand on n’a pas essayé, on ne peut pas avoir d’avis. Mais il faut tout faire pour être heureux.

 

Miren Funke

Photos : Carolyn C

 

Et c’est dans la petite boutique des merveilles de Mistiroux qu’on trouve les albums de Rue de la Muette et compagnie, clic on the cat.. .

 

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