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Respect…

25 Jan

Tout commence le 11 janvier 2015 :

Avancer devient impossible tant la rue est serrée, et sur le boulevard Voltaire, l’immense flot humain s’est immobilisé. Nous sommes un million et demi dans la rue, à exprimer la même révolte après l’attentat de Charlie Hebdo et les prises d’otages qui ont suivi… L’écriture s’est imposée comme une urgence.  « Respect » est né dans ces instants partagés au cœur d’une foule d’anonymes déterminés à faire entendre la voix du silence, comme une respiration, sans amalgame ni polémique. (Yves Duteil)
Au fil du travail sur l’album, avec les conseils éclairés de Noëlle, son épouse, Yves Duteil a peaufiné, taillé, pour ne garder que l’essentiel. 12 chansons à l’écriture ciselée, des mots bienveillants qui apaisent et redonnent espoir en l’humain, avec le respect en toile de fond.
Respect est d’ailleurs la chanson qui ouvre l’album :

C’est la force qui nous inspire / Pour pouvoir résister au pire / Et faire face en restant debout/ Plutôt que de vivre à genoux.
Respect pour Mohamed, Aïcha et tant d’autres qui sont victimes de l’amalgame que certains font entre musulmans et barbares

Les histoires se nouent / Les enfants s’éparpillent / Mais vous êtes partout dans l’album de famille.
Respect pour Mamie, Mamita, Mamito : Tu m’as tellement conté l’histoire / Qu’elle est gravée dans ma mémoire / Ta Mamie, Mamita et toi Mamito / Vous m’avez transmis le flambeau.
Respect pour sa femme à qui il fait une déclaration d’amour en suivant le fil de leur histoire et quarante ans plus tard : je t’aime toujours / Plus fort encore qu’au premier jour.
Respect pour ce Passeur de lumière, un peu de Frison-Roche / Un soupçon d’Archimède /

Un grain de Moitessier / Et d’Henri de Monfreid… Et un peu de son grand-père : A travers sa mémoire / Il m’a ouvert les cieux / Et m’a confié un soir / « Quand je serai trop vieux / Un jour j’y verrai moins / Et tu seras mes yeux ».
Respect aussi pour son petit « âne corse »  : Mon petit âne corse / Tu portes ton fardeau / Tu respire la force / Et sans courber le dos… / Tu viens boire mon amour / Dans le creux de mes mains.

Et respect pour l’apiculteur, La légende des immortelles, une chanson écologique qui nous rappelle que les abeilles sont essentielles à la vie sur terre : Et sur les sentiers du printemps / Peu à peu en humble artisan/ Il aura forgé la légende / Des immortelles et des lavandes.
Respect même pour un vieux piano chargé de mémoire, et à travers le piano, pour sa mère : Quand ses mains voltigeaient / Comme un oiseau sans cage / Je sentais qu’elle m’offrait / Son amour en partage.
Respect pour la vie malgré tout, et l’espoir têtu d’un monde meilleur, A l’abri du meilleur : S’il est vrai que l’espoir un jour peut refleurir / S’il s’éveille un matin comme un arbre à son heure / Nous aurons beau tout faire pour nous garder du pire / On n’est jamais vraiment à l’abri du bonheur.
Respect et attachement pour ce quelque part où l’on est né, où l’on a vécu, ici pour Paris, au delà des rêves d’Argentine : Du delà de l’eau / Ton pays devient merveilleux / Avec son ciel gris, avec son ciel mauve / Et tu pleures un peu / Mais quand tu fermes les yeux / Tu revois sur fond de brume et de pluie / Un coin de bistrot, un ami / Un morceau de toi revit…

Respect enfin pour ces armées d’amour, pour résister à la peur, à la violence qui frappe le monde aveuglément : Je pense à ces âmes en allées / Dont le seul crime aura été / D’être heureux au mauvais moment / Tous, nous aurions pu être là.
Respect qui s’exprime par Une minute de silence : Une minute de silence / A l’envers de la peur / Un souffle d’espérance / Un battement de cœur.

Tous ces mots sont portés par des couleurs musicales métissées, ouvertes à tous les choix musicaux, chaque chanson ayant sa propre couleur, avec les arrangements et les orchestrations de Franck Monbaylet, inspirés par les arrangements pour cordes d’une chanson de Véronique Sanson : Et je l’appelle encore.
Et là encore, respect réciproque entre Yves Duteil et Franck Monbaylet : J’étais totalement « chez moi » dans sa vision rythmique de mes chansons.
Et respect pour tous les musiciens qui ont mêlé leur notes dans le plus parfait esprit d’équipe, de Mokhtar le batteur, Rhani le percussionniste, Joan le contrebassiste, Pierre le guitariste, aux violonistes, violoncellistes, altistes.

Photo Toussaint Pery-Kacsa Alhambra2018

Une fois les textes achevés, la musique a jailli du silence et de l’émotion pure. Tempos des percussions à fleur de peau, harmonies suspendues de la contrebasse, guitare jazzy et cordes vibrantes d’émotion.
Dans le livret qui accompagne l’album, outre les textes des chansons, Yves Duteil présente ses musiciens et tous ceux qui ont oeuvré à la réalisation de ce 15 ème album, une description imagée qui en dit long sur l’importance de chacun dans l’équipe, par exemple : Pierre, guitariste reconnu, dans le monde du jazz, à l’aise dans tous les styles, et qui joue avec la grâce du funambule sur le fil de ses arpèges.
Douze chansons, douze histoires ancrées dans l’actualité, chargées de sens, de générosité et d’espoir, pour ce chanteur qui en quarante-cinq ans de carrière, a rassemblé autour de lui un public fidèle, loin de l’industrie du spectacle et des grands médias, et malgré les campagnes de dénigrement injustes dont il a fait l’objet.
Respect pour l’artiste qui nous a donné quelques unes des plus belles chansons de notre patrimoine, et respect pour l’homme aux multiples engagements civiques et humanitaires, en associant Noëlle, son épouse, celle à qui, dit-il,  Je dois tout.

 

Danièle Sala

 

Et pour suivre Yves Duteil  , c’est là –>

 

Pour mémoire, le 11 janvier 2015, c’était ça, près de Nation… vers 16 h…

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