Sarclo a ses règles. Ou comment fabriquer des chansons… Troisième jour.

13 Sep

PhotoNGabriel2013

Troisième règle : ( Il y en aura huit ou neuf) un spectacle de chansons n’est pas une leçon de géographie. LES ÉLÉMENTS DE COSMOGONIE GÉNÉRALE SONT À UTILISER AVEC CIRCONSPECTION : Richard Desjardins donne un exemple de leur utilisation correcte : «Ton dos parfait comme un désert quand la tempête a passé sur nos corps, un grain de beauté où je m’en vas boire… » (« Tu m’aimes-tu ? »). La tempête et le désert sont évidemment des évocations de bouleversements intérieurs et non des éléments de bulletins météo. Si, à la lecture d’une chanson, la nuit n’est qu’une nuit, et le vent ne sert qu’à faire bouger les cheveux de l’être aimé, ce n’est pas une chanson, c’est une merde.

Contre-ordre : « il pleut sur le lac majeur, j’ai tout oublié du bonheur » l’élément météorologique est bien là pour symboliser un état d’âme, et non pour se représenter lui-même, mais l’état d’âme est si misérable que ça ne sauve rien. La chanson est une merde, et la règle est inopérante.

« ll y a des gens qui veulent mettre le soleil sur une toile, et on voit une tache jaune, et y a des gens qui mettent une tache jaune, et on voit le soleil. » Pablo Picasso

(Concernant la chanson … le format FB donne lieu à plein de réactions pas mal … Alors voilà, ça continue…)

François Lecae Ton explication est comme un soleil posé sur le ciel de Bretagne…Merci!😂

Sébastien De Lyon Il pleut sur Nantes et je me souviens Le ciel de Nantes me rend le cœur chagrin…

Schneider Jean-François Bonne exception à la règle… (mais c’est « rend mon cœur chagrin »)

Sarclo Ret Barbara chante le chagrin bizarre que lui procure la mort d’un père abusif. C’est tellement lourd d’allusions que la laideur ou la beauté de Nantes et de la pluie sont totalement impressionnistes plus qu’illustratifs. Ça a les mêmes qualités que la chanson de Desjardins.

Sébastien De Lyon Je viens d’écouter la chanson de Desjardins, je ne connaissais pas. Putain qu’c’est beau, merci Sarclo.

Stéphane Cadé Il pleut, Jouons du bugle

Michel Feilner En mai fais ce qu’il te pleut. (Belgique)

Pierre Delorme André Gide est à la poésie ce que Sarcloret est à la chanson: 🙂
« 
Je me souviens d’avoir entendu Verlaine, ce musicien, déclarer que, de beaucoup, il préférait à Hugo Lamartine. En tout cas Lamartine est le premier en date et c’est de lui qu’il convient d’abord de parler. Il a des départs prestigieux et je ne connais rien qui puisse être comparé aux premiers vers du Lac ou du Vallon ; mais son essor atteint aussitôt son plafond ; hauteur où il plane ensuite inlassablement (ou du moins ne lassant que le lecteur), sans sursauts, sans nouveaux coups d’ailes. Ce qui manque le plus à ces suites de vers, d’un bercement égal et quelque peu fastidieux, c’est à quoi Baudelaire excellait avec audace : la surprise. Mais, dans le flasque, c’est encore ce que l’on a fait de mieux ». Préface de l’Anthologie de la poésie française d’André Gide, (Lu sur le blog Le jardin aux chansons qui bifurquent de Nicolas Trotignon)

Sarclo Ret Gide : « la mode, c’est ce qui sera vilain l’année prochaine » et « les gens ont de la poésie une idée si vague qu’il la prennent pour la poésie elle-même ». J’aimerais beaucoup être aussi utile que ce garçon.

Pierre Delorme A-t-il vraiment été utile ? Ou du moins perspicace? On peut le penser, mais en même temps, on peut s’interroger sur la clairvoyance d’un type qui, lecteur chez Gallimard, refuse le manuscrit de Marcel Proust. 🙂

Schneider Jean-François Pierre Delorme A donf d’accord avec Gide : jamais pu dépasser la 3e page d’un Proust !!

Pierre Delorme Si on ne peut pas dépasser la 3e page « d’un » Proust, il faut lire l’autre ! 🙂 A part ça, c’est bien dommage. Mais bon, on peut s’en passer.aussi.

Pierre Delorme Ce qui est frappant est que Gide, écrivain mineur et lecteur pour un grand éditeur, passe à côté d’un chef-d’oeuvre de la littérature mondiale. Il parait qu’il s’est excusé ensuite, mais quand même… 🙂

Schneider Jean-François Ecrivain et critique ne demandent pas les mêmes qualités…

Pierre Delorme être lecteur pour un éditeur n’est pas le même métier que critique, même si certains mélangent les genres. Ajoutons à la décharge de Gide que le génie n’est pas toujours facile à apercevoir, c’est toujours plus simple après coup.

Schneider Jean-François Exact. Mais, il n’est pas sûr non plus qu’il existe des critères de définition universels… Le critère premier de l’éditeur, c’est quand même le chiffre d’affaire pressenti !!

Pierre Delorme Je pense qu’à l’époque c’était bien moins marqué qu’à présent, l’éditeur avait aussi une mission « culturelle », il publiait des romans au goût du public mais publiait aussi des oeuvres plus nouvelles et difficiles d’accès, comme un genre de pari sur l »avenir ou simplement parce qu’il avait des convictions. Denöel qui publie Le Voyage au bout de la nuit, est convaincu d’avoir affaire à une oeuvre majeure.

Schneider Jean-François Je n’ai pas dit que c’était le seul critère ! Mais, reconnaissons qu’il y a en permanence « conflit d’intérêt » entre la sincérité des convictions et l’exigence… de survie économique.

Hervé Perdry J’ai essayé de lire Gide, je me suis emmerdé. Par contre, À la recherche du temps perdu, je l’ai dévoré.

Hervé Perdry Évidemment je n’entends pas formuler une opinion définitive sur Gide, il faudrait que je m’emmerde plusieurs fois pour être tout à fait sur de ne pas aimer.

Hervé Perdry Pierre Delorme oui je crois qu’il s’est excusé aussitôt après que Proust a publié le premier volume à compte d’auteur.

Hervé Akrich Malgré toute la compassion que m’inspire le parcours exemplaire de ce pauvre Sarclo, qui a traversé le Léman sur un radeau de fortune pour accoster sur nos rives et trouver refuge en Seine St Denis, terre d’accueil s’il en est, je crois de mon devoir d’intervenir pour préserver la dignité de notre belle langue. Deux fois que je me retiens mais là c’est plus possible. Voilà ce que c’est quand on trahit sa patrie, on s’essaie à un langage dont on n’a pas été nourri au sein, et on écorche. Je pense que lorsque l’helvète nous dit « contre ordre », il faut lire « contre exemple ». Accordons-lui toute notre indulgence, comme on dit au samu de Bombay.

Sarclo Ret lLe proverbe (suisse) dit : « devant un ordre, attendons le contre-ordre, pour éviter le désordre« . C’est comme ça, une logique militaire approximative qui a su garder notre riante patrie à l’écart des conflits. Une édition du « Livre du Soldat » indiquait : « il est difficile de travailler dans l’obscurité, car on n’y voit pratiquement rien« . A part ça la Suisse Romande est la seule partie « réformée » de la francophonie. je ne suis pas un dépatrié économique ni linguistique, je suis un dépatrié sexuel et spirituel. Merci à Hervé pour son enrichissante contribution.

Schneider Jean-François Ce serait pas « contrordre », sans vouloir vous écorcher…

Jean Dekkers Un autre secret qui faisait toute la supériorité de notre Hell-vessie, lu un jour dans un livre réservé aux officiers en cuisine; la liste des ingrédients nécessaires à la confection de ce sommet de l’art culinaire que constituent les pommes de terre au sel, je cite : « pommes de terre, sel »
D’autres questions ?

Gilbert Laffaille Pas d’eau ?

Jean Dekkers Gilbert Laffaille J’ai bien peur que non…

Gilbert Laffaille Jean Dekkers Même pas un peu d’eau en poudre ?

Sarclo Ret Celle qu’on dissout sous le robinet?

Gilbert Laffaille Sarclo Ret Celle-là même, celle qui est lyophilisée.

Félix Lobo Tu m’aimes-tu est un orgasmique chef d’oeuvre dans lequel Richard Desjardins dompte un florilège de métaphores plus savoureuses et majestueuses les unes que les autres. On y apprend qu’une femme qui vous conduit à l’orgasme vous fixe le squelette, qu’on peut croire qu’une femme trop belle pour nous qui nous accepte est « un cadeau de la mort… j’en crois pas mon corps« … Bref… à disséquer ce monument on n’en goûtera pas le millième de la saveur…
A noter que l’ingénieur du son voulait à tout prix caser sa Start-Finishing Reverb et que quand Richard Desjardins a chanté « Tu m’aimes ? « , un clandestin TU s’est glissé en bout de réplique, ce qui a rendu ce refrain ultramoins court mais tout à fait remarquable.
Dans ce studio, on conserve précieusement quelques pépites enregistrées la même semaine : »Ne me quitte pas ne », « Laisse béton laisse », « Les lacs du Connemara les » ainsi que « Quand Jules est au violon quand » et « Yesterday yesterday ».
Bonne journée à tous bonne !

Schneider Jean-François Le « tu » redondant est typiquement québécois ; rien à voir avec les manipulations de l’ingé son…

Félix Lobo Fadaise. Renseignez-vous.

Schneider Jean-François Ça m’a été présenté comme ça par des québécois… Enquête rapide, sur site relatif au « québéquismes »…) : il serait donc impropre de parler de pronom redondant… Mais la pratique du double « tu » est bien avérée. « Jesoutiens les explications de Nicomon. La particule interrogative -tu du parler québécois est une variante phonétique du vieux français populaire -t’y. 

Félix Lobo Jean-François, vous m’inquiétez.

Schneider Jean-François Pourquoi donc ? On doit aussi, en cherchant un peu, trouver des exemples dans Vigneault… Mais, je n’ai pas le temps de chercher aujourd’hui…

Félix Lobo C’est le fait que vous ayez pris ma guignolade au sérieux. Avez-vous lu les exemples farfelus qui ont illustré ma théorie primesautière avez ?
Vous fûtes un tantinet piégé mais avez néanmoins enrichi ce débat avec courtoisie et intelligence. Merci à vous !

Félix Lobo (Bon… Et Sarclo aurait confirmé ma théorie sur la Reverb s’il ne m’avait pas banni depuis l’épisode Vian)

Félix Lobo (Quel soupe au lait… Helvète de mule)

Schneider Jean-François Bien joué (je dois être fatigué !!) Mais, je pensais en lisant aux exploits « studio » des Beatles, qu’on relatait récemment à la « TSF » : donc, j’ai pensé que c’était crédible, cette histoire de reverb !! C’est comme ça que les rumeurs s’épanouissent : il y a toujours un petit quelque chose de « possible »…😂

Xavier Lacouture Petite remise au marbre concernant le lac majeur , il ne pleut pas , il neige ..Il neige sur le lac Majeur
Les oiseaux-lyre sont en pleurs
Et le pauvre vin italien …

Ah quand même, il y en a un qui suit. Et un bon !

Sarclo Ret  Yen a plein qui suivent. mais pas que les détails. Ça t’épate?

Catherine Laugier · Non, pas un détail, puisque c’est la base d’une démonstration. Tu as extrait deux vers, et en plus erronés. Mais à part ça tes théories sur la chanson sont très intéressantes, pour une fois que tu ne déconnes pas.

Sarclo Ret La démonstration est faite sur une immense chanson, « Tu m’aimes-tu« , je m’ai gourré sur la variétoche en contre-ordre. pardon. et toi tu la ramènes à chaque fois pour couper les cheveux en quatre. je suis moyennement surpris, sauf que tout d’un coup en a un qui serait bon. tu te mouilles un poil? bravo.

Catherine Laugier Quand on démontre on fait attention, mais bon, pas grave. Tu as été plus patient sur la remarque sur un autre détail, contre-ordre plutôt que contre-exemple 🙂
Richard Desjardins est un de mes auteurs préférés, et je ne dis pas j’aime, j’aime pas. J’ai des raisons pour l’apprécier. Cependant la chanson ne touche pas que la raison. J’arrête là. Passe une bonne soirée.

Sarclo Ret Catherine Laugier C’est rigolo, ce mot « cependant »… Depuis quelques mois je remarque que les gens de gauche disent « pour autant » et les gens de droite « cependant ». le risque existe, à l’oral, de se faire choper sur le D qu’on prononce quelque fois comme Giscard quand il dit « édredon ». Les gens normaux disent « mais » qui marche pas mal. Pour autant si tu veux dire cependant…

Catherine Laugier Coupeur de cheveux en quatre, tu disais ? Je n’ai rien de droite, MAIS ceci n’a rien à voir. Bises, chouchou.

Valérie Bour La chanson n’est pas une science exacte, personne ne détient la vérité absolue la concernant…chacun sa came…ou bien ?

Xavier Lacouture  Non mais le texte exact est bien celui d’origine …ou bien :-))

Valérie Bour Je ne remets pas en question ton commentaire sur le lac majeur qui n’est pas de la merde à mon sens mais plutôt l’idée générale de règles dans l’art de l’écriture…Chacun ses goûts et tant mieux pour nous si nous trouvons refuge, émotions, nourriture spirituelle dans des chansons qui ne font pas l’unanimité…

Sarclo Ret Evidemment, les recettes de la réussite chez Claude Astier ne seront pas celles de la réussite chez David Mac Neil, pour prendre des exemples réussis, différents et méritoires. L’objet de mon exercice, à l’aube du quatrième âge, est de dire simplement comment j’aime faire, ou comment j’ai aimé faire. Après, pour la ménagère de moins de cinquante ans, c’est probablement peu utile, et elle est parfaitement légitime de dire son attendrissement pour Michel Berger, Daniel Balavoine, Stromaé ou Dave, pour prendre des exemples qui m’exaspirent. Au delà du j’aime ou j’aime pas, je me pose la question de savoir si la chanson est « aussi » un champ de réflexion, et les multiples réponses et réactions qui se font jour sur cette page me semblent encourageantes. 
P
our le lac majeur, qu’il pleuve ou qu’il neige dessus, il semble qu’il se murmure dans les couloirs de la Sacem que Roda-Gil était un immense créateur doublé d’un penseur érudit et engagé. Je laisse cette assertion à ceux que ça intéresse et qui supportent la voix de Julien Clerc, sur ce coup là c’est moi qui fais la ménagère qui « aime pas ».

Marc David Sarclo Ret  Pour Roda-Gil, tu ne peux pas nier (de la ménagère de moins de cinquante ans, bien sûr), qu’Alexandrie-Alexandra tient du chef-d’œuvre !! 😂😂😂

« J‘ai plus d’appétit
Qu’un Barracuda
Je boirai tout le Nil si tu n’me retiens pas
Je boirai tout le Nil si tu n’me retiens pas »

Pierre Delorme la vérité n’a pas besoin d’être absolue, c’est comme l’oreille du même adjectif, sinon il n’y aurait pas beaucoup de musiciens!

Schneider Jean-François Pour en revenir à la 1ere règle… J’ai fait une vague revue de mon Panthéon personnel : la 1ere demi-règle (sur la ligne) est à peu près universelle ; la 2e en revanche (sur la strophe) est très aléatoire…

Jean-Pierre Lienard C’est fou le nombre de choses intéressantes que j’apprends dans ces commentaires

Jeannick Le Gars Rousseau Il pleut il mouille c’est la fête à la grenouille… j’aime bien la symbolique belle métaphore non?

 Il faudrait citer ce que Queneau donne comme définition de la littérature, ça ferait chic, malheureusement de mémoire j’en suis incapable. 
Bon allez j’essaie : c’est ce que les littérateurs s’entendent pour considérer comme de la bonne camelote. 
J’essaierai de retrouver la citation exacte quand j’aurai le temps…

Schneider Jean-François On dit la même chose pour les peintres. Mais, je trouve ça assez peu convaincant ; le corporatisme est-il vraiment le dernier mot ?? Ou la cooptation, pour être plus précis.

Hervé Perdry Plus que du corporatisme, je crois que c’est un constat d’échec à produire une meilleure définition…

Sarclo Ret moi, la définition de la poésie, je l’ai faite. c’est « le sens imaginaire ». en espérant que vous n’en soyez pas dépourvu.

Julien Lv Ordre : https://www.youtube.com/watch?v=-UovEBjLQ4s et contre ordre : https://www.youtube.com/watch?v=sGEwR1yt5kQ

François Béranger – Natacha

Natacha Ton nom est déjà un voyage A quoi bon dépenser nos sous A partir et pour où…

Sarclo Ret que c’est beau! merci!

Julien Lv Tout ça pour dire, que sur ce coup là, je ne suis pas vraiment d’accord avec toi : les éléments de géographie, selon le mode poétique employé, peuvent être utilisés métaphoriquement ou bien comme effet de réel (et bim, je te colle ce magnifique texte de Barthes que tu connais sûrement, mais qu’il est toujours bon de relire : http://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1968_num_11_1_1158)

L’effet de réel – Persée

Lorsque Flaubert, décrivant la salle où se tient Mme Aubain, la patronne de Félicité, nous dit…

Sarclo Ret Barthes est illisible, du moins cette page. Toute la géographie déclinée par Béranger dans cette chanson est un cri de pudeur. il ose à peine parler de ses cheveux. Il dit dans la même chanson l’émerveillement et la peine que peuvent successivement lui inspirer les mêmes choses selon qu’elle sont accessibles ou non. Il parle collines et on ne voit que fesses et nichons. c’est formidablement distant et c’est justement ce que je demande qu’on prenne soin de faire.

Julien Lv Barthes n’est pas illisible, non, mais l’exemple de tranche de vie ne correspond pas à ce qu’il raconte. Par exemple, Amsterdam, dans la chanson de Brel n’a aucune raison particulière d’être Amsterdam. Cela pourrait être un autre port, ce que raconte la chanson n’est pas dans le choix de la ville. Alors pourquoi répéter plusieurs fois le nom de la ville ? Pourquoi l’inclure dans le titre ? On pourrait y voir ce que Barthes appelle « l’illusion de réel » : le nom de la ville n’est finalement là que pour nous dire ceci est réel (interprétation sujette à discussion mais qui se tient et qui n’est pas pas exclusive d’une autre)

Sarclo Ret Si tu trouves cette page lisible tu es supérieurement intelligent.

Julien Lv Ahah ! J’osais pas te le dire

Pierre Delorme Pourquoi « cosmogonie », tu ne voulais pas plutôt dire « climatologie »?

Hervé Perdry Licence poétique 🙂

Sarclo Ret Non c’est bien ce que je voulais dire, tu peux ajouter la lune et les étoiles, la grande ourse et toute cette merde.

Hervé Perdry Cosmologie alors, ou peut-être cosmographie, mais on s’en branle… Une cosmogonie qui n’est pas petite et portative, c’est bien encombrant, comme disait mon chien

Pierre Delorme Dans « Auprès de mon arbre », Brassens chante « Y a cent sept ans qui dit mieux qu’ j’ai pas vu la lune », c’est de la cosmogonie ? 🙂

Hervé Perdry De l’anatomie plutôt 😀

Christophe Henchoz J’ai décroché à la première règle et demi. Vive la musique instrumentale.

Sarclo Ret Qu’est-ce que tu fais là si t’as décroché ?… J’ai bien indiqué « désabonnement gratuit »

Christophe Henchoz Je suis attiré par les trucs gratuits 😉

Sarclo Ret alors désabonne-toi…

Christophe Henchoz Je ne saurais plus quand et où tu joues. Donc je vais rester un moment si ça te va.

Sarclo Ret C’est gratuit aussi…

Pierre Delorme Attends, Sarcloret va donner les règles musicales de la chanson !

Christophe Henchoz Ok. En langage sms s’il-vous plaît.

Sarclo Ret Je sens la moquerie. ça me plait.

Michel Xib Le souci aussi dans la chanson à part la qualité des paroles, c’est qu’il faut « aimer » la voix du chanteur. Je trouve certains textes très beaux parfois, une fois que j’ai entendu la version reprise par un autre. Et quand je découvre la version originale (celle du créateur du texte) je suis parfois très déçu d’une voix qui ne me parle pas, si j’ose dire. Mais ici je ne donnerai pas d’exemple !

Sarclo Ret C’est Joan Baez et sa voix d’ange qui a fait aimer Dylan, mais au final on est tombé sous le charme de sa voix de canard énucléé… Mais moi qui ai aussi un organe fluet (je parle de ma voix) je propose ici un débat sur l’écriture…

Michel Xib Tu parles de chansons, donc une chanson ça se chante non ? Et puis une voix fluette ou pas, on aime ou on aime pas.

Sarclo Ret Là tu es dans le point de vue de la ménagère, j’aime ou j’aime pas, qui n’offre aucune prise à la réflexion. Sans me moquer de toi je me fiche de ce que tu dis. avec ça en effet je suis incapable d’écouter les paroles d’une chanson de Julien Clerc parce qu’il me va sous les ongles.

Michel Xib Ben la ménagère elle aime bien ta voix Sarclo rassure toi !

Philippe Lubrano Lavadera Moi je crois que la chanson n’est pas affaire de recette générale mais de recette singulière. Et très franchement elle peut-être, pour moi, une grande source d’inspiration et de réfléxion qui m’ aide et me stimule dans la vie, et aussi un vrai objet « intellectuel » dans le sens ou on peut s’amuser à le déconstruire, à le reconstruire, etc. C’est un objet complexe. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai jamais compris ce débat sur « art mineur »  » art majeur ». Et peut-être, au risque de passer pour un flagorneur de bas état, «  »l’aveugle et le chien », ma parle mieux de liberté et de dépendance que beaucoup de texte que j’ai lu. Comme « mourrir pour des idées » me parle mieux de politique, de pouvoir et d’idéologie, que bien des philosophes.

Sarclo Ret Bien sur. merci. J’essaie juste d’expliquer ma façon de faire. Si je dis j’aime Brassens et je n’aime pas Ferré, ça n’éclaire rien. Si je soulève le tapis pour voir où ils ont mis la poussière, ça éclaire peut-être un peu plus.

Pierre Delorme As-tu une règle avec les rimes et la métrique ? D’enfer et implacables chez Brassens, plus cool chez Ferré, très aléatoires chez Brel… Bref, des prosodies très différentes.

Sarclo Ret Personnellement je suis fan de Charles Cros ET de Prévert, ce qui veut dire que si on veut faire chez Parnasse, on peut, et si on veut s’en libérer, pareil. L’avantage de la belle rime, c’est que les choses prennent des airs de proverbe, de vérité indiscutable.

Christiane Daynac les règles ont pour principale fonction d’inciter à les transgresser !!!!

Régis Morse Y a la suite à cette chanson où il se moque de lui même en disant que ca fait agriculture Beranger le géant ignoré

Sarclo Ret Renaud m’a dit en 96 : « on m’a reproché un tas de trucs, sauf d’avoir pompé Béranger, et pourtant… » et il le considérait bien comme le patron à l’époque où il s’y est mis, et où il l’a un peu poussé de côté par son propre succès.

Régis Morse Ah bah ça le Renaud de Melusine est clairement inspiré par Beranger !

Vivian Deux

Vivian Deux Je crois que là ça parle du vent sans métaphore : 


Si, par hasard
Sur l’Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc’, prends garde à ton jupon

Si, par hasard
Sur l’Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau

Les jean-foutre et les gens probes
Médis’nt du vent furibond
Qui rebrouss’ les bois, détrouss’ les toits, retrouss’ les robes
Des jean-foutre et des gens probes
Le vent, je vous en réponds
S’en soucie, et c’est justic’, comm’ de colin-tampon

Si, par hasard
Sur l’Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc’, prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l’Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau

Bien sûr, si l’on ne se fonde
Que sur ce qui saute aux yeux
Le vent semble une brut’ raffolant de nuire à tout l’monde
Mais une attention profonde
Prouv’ que c’est chez les fâcheux

Qu’il préfèr’ choisir les victimes de ses petits jeux

Sarclo Ret Ce vent qui fait voler les jupons et chier les bourgeois, en 1952, n’est pas chiant du tout. Tous les auteurs qui ont un peu de niveau savent utiliser ce bazar. on est pas sur le point le plus ferme de mon règlement. Néanmoins… On est jamais à l’abri d’un contrôle…

JG Felbeuse · Si j’étais un hérisson/ Je t’écrirais des chansons/ où y aurait des crépuscules/ sur des matins majuscules …

Hervé Perdry D’après moi ce qui ne va pas avec cette histoire de neige sur le Lac Majeur, c’est que ça cause fort à celui qui connaît ce lac et sa beauté, mais pour celui qui ne connaît pas c’est un peu comme s’il y avait « il fait drôlement frisquet au Lac du Gros Groin ». 
Contre-exemple (à mon avis au moins), pourtant bâti sur exactement le même principe du « il fait tel temps à tel endroit » : « il pleuvait sans cesse sur Brest, ce jour là » — t’as pas besoin de connaître Brest et la rue de Siam, l’Arsenal, le port, tu les imagines, peut-être de travers, ça pourrait d’ailleurs être un lieu complètement imaginaire — cette chanson a toujours éveillé des images en moi bien avant que je ne mettre les pieds à Brest, un vrai diaporama mental (et j’avoue, la rue de Siam je la voyais moins large, et un tout petit plus en pente je crois bien). Et je crois me souvenir qu’il y a un message dans cette chanson, tiens, en plus.

Christiane Daynac les règles ne sont là que pour qu’on puisse les transgresser !!!!!!

 

Et demain jeudi, la quatrième règle…

3 Réponses to “Sarclo a ses règles. Ou comment fabriquer des chansons… Troisième jour.”

  1. Ode Desfonds septembre 13, 2017 à 9 h 36 min #

    Personnellement (comme Valérie Bour) je ne crois pas qu’il y ait de règles pour écrire une chanson, un roman, ou peindre le Lac Majeur ! Ou alors, on les suit sans le savoir ! La création ne peut pas être téléguidée. C’est un morceau d’âme qui appartient à chacun. Bien sûr, on peut toujours se mettre à dessiner en suivant les règles de la perspective ou des proportions… mais Chagall – qui m’émeut aux larmes – n’était pas toujours scrupuleux sur ces points ! S’asseoir à une table et dire « Tiens, aujourd’hui, je vais faire une chanson car j’en connais les règles », oui, je sais que beaucoup le font (et même en 5 minutes pour certains) mais les bons auteurs ne courent pas les rues, et les très bons ne sont pas toujours ceux qui sont réputés comme tels : je ne suis pas la seule à l’avoir remarqué ! (sourire)

    Aimé par 1 personne

    • delormepierre1951 septembre 13, 2017 à 13 h 12 min #

      il y en a forcément, des règles (plus ou moins rigides) : la rime, la métrique, la carrure, le système tonal pour la mélodie et l’harmonie. Vous les avez intégrées alors il vous semble qu’elles n’existent pas, mais elles sont là. Je ne sais pas si une oeuvre peut être « téléguidée », mais les plus grands artistes du passé étaient guidés par les contraintes qu’imposaient les commandes, ils ont laissé des chefs-d’oeuvre. Quant à ceux qui furent révolutionnaires et apportèrent une autre manière de faire,ils connaissaient par cœur les règles de leur art, c’est pour cette raison qu’ils ont pu les transgresser.

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      • Danièle Sala septembre 13, 2017 à 13 h 54 min #

        Bien sûr qu’il y a des règles, bien sûr qu’elles peuvent être transgressées, bien sûr que ce sont ceux qui connaissent le plus ces règles qui sont le plus à même de les transgresser. Mais j’ai envie de dire qu’il y a des chansons bien cadrées, et d’autres rebelles à toutes les règles. Les unes et les autres peuvent être réussies, ou pas. Et si j’écoute tous les jours des chansons, je ne fais pas tous les jours la poussière, d’ailleurs je n’ai pas de tapis, et j’apprécie Brassens et Ferré aussi.
        Enfin, je trouve toutes ces références littéraires un peu hors sujet !
        Voilà le point de vue de la ménagère…De plus de 50 ans, ouf ! ce n’est pas celle dont fait souvent référence Sarcloret !

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