Archive | septembre, 2017

Musicalarue : entretien avec Matmatah

29 Sep

 

C’est avec une pure joie qu’à l’instar des publics d’autres villes où la tournée de Matmatah fait escale cette année, les festivaliers de Luxey s’apprêtaient à accueillir le groupe reformé, neuf ans après sa séparation. La joie hélas fut de trop courte durée -le temps de 6 chansons pour être exact-, avant que les orages d’une tempête démentielle ne contraignent les organisateurs à interrompre le concert et annuler la fin du festival. Drôle de sort pour des musiciens qui, quelques heures auparavant, en fin de conférence de presse avaient lâché d’une provocation ironique : « Ah bon ? Le concert n’est pas annulé ? ». A en juger par le déluge qui allait s’abattre sur Musicalarue, et qui, soit dit en passant, n’entamait visiblement ni l’obstination des membres du groupe à terminer héroïquement la chanson « Au Conditionnel », trempés jusqu’aux os et menacés par les rafales qui balayaient la scène, ni la persévérance du public à rester sur place sous les éclairs encore une bonne heure, accroché aux mâts de quelques drapeaux « Gwenn Ha Du » dansant au vent, comme à l’espoir de voir les musiciens rallumer les amplis et reprendre les instruments, Matmatah nous avaient amené l’humour breton avec la météo brestoise aussi. Autant ne pas le nier : nombreux sont ceux à souhaiter un retour du groupe à Musicalarue l’an prochain. Car aussi bref fut-il, ce concert scellait le plaisir de retrouver intactes l’énergie et les harmonies de la formation, aguerrie par le vécu humain, grandie par le temps qu’elle s’est laissé pour respirer, et revenue vers nous avec la conviction d’un propos musical et la fraicheur d’une écriture acérée et subtile qui ont d’autres choses à dire. Et des choses à dire, il en est question dans le dernier album du groupe, « Plates Coutures », sorti cette année même, où loin de se répéter, Matmatah emperle 11 chansons animées d’un regard confident, et, bien que poétique et humble, lucide et perspicacement interrogateur sur des thématiques qui interpellent le sens de notre société humaine (« Nous Y Sommes », « Marée Haute », « Overcom »), la conscience civilisée (« Petite Frappe », « Peshmerga ») et la fragilité des relations intimes (« Toboggan », « Entre les Lignes »). Et il en fut question  lors de l’entretien que trois des quatre membres, Eric Digaire (basse), Benoit Fournier (batterie, percussions) et Emmanuel Baroux (guitare), rejoints par le musicien additionnel Julien Carton (claviers, harmonicas) nous accordaient un peu plus tôt.      

 

– Messieurs, bonjour et merci de nous accorder un entretien pour parler de votre dernier album. La chanson « Nous y Sommes » aborde le thème du transhumanisme. Quelle est l’idée que vous souhaitiez y exprimer ?

– Eric : On ne peut pas en parler, parce qu’on a déjà pas compris de quoi ça parle en fait. C’est Stan [Tristan, chanteur et guitariste] qui a amené le sujet.

– Manu : Et comme on n’est pas sûrs que lui-même ait compris ce qu’il a écrit…

– Eric : Je pensais que c’était par rapport aux moutons.

– Manu : Non, ça, c’est la transhumance.

– Eric : Est-ce que vous avez déjà lu un Astérix ? Quand on ouvre la première page d’un Astérix, on voit la carte de France avec une loupe sur un petit village, et ça commence comme ça. On se posait la question, en essayant de prendre le maximum de recul, à l’inverse de cette loupe, de réduire l’Histoire et le temps et de savoir ce qu’on est en train de faire en tant qu’espèce humaine sur une planète. On a tous entendu dire qu’il y avait plein de dinosaures, et qu’après l’ère glaciaire ou les météorites -peu importe-, l’évolution, le darwinisme, la foi… Il s’agit juste, en prenant plus de recul que de regarder uniquement notre société occidentale ces 20 dernières années, de se dire « qu’est-ce que l’homme est en train de faire sur cette planète et vers où va l’évolution ? ». De toute façon, on est dans la merde ; on le sait. Mais va-t-on réussir à résorber ça ? Est-ce qu’il va se passer quelque chose ?

– Manu : Est-ce que c’est vraiment de notre faute ?

– Eric : Est-ce que ce n’est pas juste pour ça qu’on est faits ? Je pense que n’importe quelle espèce, quand elle est en surpopulation, arrive à disparaitre, et c’est fini. Voilà, ce sont juste des questions, comme si on était partis très loin de notre terre  et qu’on était quelqu’un capable de regarder cela comme quand on nous apprend l’Histoire, en nous parlant de l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie qui a entrainé telle et telle chose, et qu’on nous la résume à un enchainement, alors que les gens qui vivaient l’époque ne voyaient pas forcément le lien entre un assassinat et les élection en Allemagne et le reste. Donc on se pose la question de savoir s’il n’y a pas un déterminisme là dedans, si on n’est pas de toute façon là pour foutre la planète en l’air.

– Julien : Ou pour nous foutre nous en l’air !

– Manu : A priori la planète nous enterrera. Donc on va se faire une grande partouse de fin de civilisation !

– Eric : Ça a un cote « danser sur les braises ».

– Julien : Breiz ! Danser sur les Breiz !

– Eric : Mange donc quelque chose, toi.

 

– Le titre « Overcom », quant à lui, parle du problème de la surinformation, de l’abondance incontrôlée d’informations. Mais notre société sort quand même –et n’en est pas encore totalement sortie- de décennies de contrôle des canaux officiels d’information par le pouvoir étatique, puis les potentats économiques qui détiennent les grands médias. Alors de l’absence de contrôle ou du contrôle total, lequel est le pire des maux ?

– Manu : Là, c’est noyé dans la masse, tout simplement. On peut avoir n’importe quelle opinion religieuse, politique ou de ce qu’on veut, on trouvera sur internet un site pour nous, que l’on soit communiste, borgne, unijambiste, intégriste du jambon… C’est un peu pathétique, mais comme le dirait notre manager : « comment is the new content ». C’est-à-dire qu’aujourd’hui, c’est la culture du commentaire permanent. C’est une façon finalement de ne plus avoir de contenu. Quand Tristan a écrit la chanson, il n’y avait pas encore eu l’affaire de Trump avec les « faits alternatifs ». Le fait alternatif, c’est quelque chose qui est arrivé, mais dont on ne sait pas si c’est vraiment arrivé. C’est comme le docu-fiction, un peu étrange.

– Eric : Et comme tu dis, avant, il y avait une information à laquelle tu étais censé croire, et si tu n’étais pas content, tu pouvais en prendre une. Et on a vu cette évolution vers l’immédiateté arriver, avec quelques gros titres comme « 3 morts dans un accident d’avion », et puis quelques instants après, ils ne sont plus morts, et en plus c’était un accident de train, et finalement il n’y a jamais eu d’accident, mais une alerte à la bombe et un retard à la gare SNCF de Poitiers. On travaille forcément avec la presse, et on voit cette espèce de course à l’info, lors de festivals par exemple, avec le journal de presse quotidienne qui va titrer « succès intégral » avant même que le concert soit fini, sans même savoir si le concert est allé jusqu’au bout. On a fait un concert avec un incident, donc une pause de 25mn au milieu, et un journal avait déjà écrit qu’on avait mis le feu toute la soirée et que le concert était trop bien, et n’a pas dit un mot sur l’interruption du concert. Mais il avait titré avant son concurrent. Cette absence de vérification interroge. C’est ça qui est bien avec les thèmes de cet album : pour écrire des chansons, il faut avoir des choses à dire, donc il faut vivre des choses. Et là, par la force des choses, sans l’avoir décidé, on a eu 8 ans pour regarder, pour découvrir une vie normale aussi, parce que forcément à tourner pendant 15 ans, on ne vit pas normalement. Et donc on a pris le temps de s’intéresser et d’observer. Donc en mars 2017, on n’a pas sorti un album qui ne parle que de ce qui s’est passé pendant le temps d’écriture de l’album. Une chanson comme « Overcom » parle de cette dérive qu’on voit arriver depuis plusieurs années au même titre que tout le monde.

 

 

– Mais n’est-elle pas arrivée justement, engendrée par un besoin de démocratisation et un sentiment, légitime ou pas, que l’information semblait manquer de liberté et de neutralité ?

– Eric : Il y a du bon partout. C’est comme dans le métier de la musique : l’immédiateté des réseaux sociaux fait que n’importe quel groupe peut rencontrer un public, et on a vu des gens émerger comme ça, simplement parce qu’ils avaient mis des vidéos sur Youtube qui avaient eu des millions de vues. Donc ça a un intérêt, et pour l’information aussi. J’en discutais avec mes parents qui me disaient qu’avant il n’y avait pas autant de faits divers et de meurtres. En fait si ; il y en avait autant, sauf qu’avant tu ne le savais pas, si ça ne se passait pas dans le village d’à côté. Aujourd’hui tu peux savoir ce qui s’est passé à l’autre bout du monde. Forcément tu prends plus peur ; mais en même temps tu peux accéder à l’information. De notre point de vue, il y en a juste un peu trop. Quand Stan dit « il est temps de retirer la merde sur les ondes », ça ne signifie pas que tout est de la merde, mais qu’il y en a quand même une partie.

– Benoit : Ce que ça révèle, c’est un problème : on a des outils, et on se sent obligés de s’en servir. Alors que des fois on ferait bien de fermer sa gueule. Ce n’est pas parce qu’on a des outils à disposition qu’il faut obligatoirement s’en servir. Il y a des gens qui s’en servent intelligemment, quand ils ont des choses à dire ; et il y en a qui s’en servent tout court et constamment.

– Manu : Et on subit une espèce de culpabilisation : si on n’est pas hyper connectés, on est trop ringard. Et ça marche bien sur les gens âgés : dès qu’ils ont BFM  TV, comme ils ont été élevés au 20h et que c’était quelque chose d’énorme d’avoir l’information, ils sont scotchés dessus et peuvent regarder ça pendant 8h. Hein, maman ?

 

– Lorsque vous vous étiez retrouvés en 2015, après ces 8 années de séparation, pour la sortie de votre compilation « Antaology », vous aviez déclaré que vous ne remonteriez pas sur scène pour jouer des vieilles chansons. Comme nous sommes en festival, le public attend aussi certainement que vous jouiez vos titres les plus populaires. Quelle est votre position vis-à-vis de cela ?

– Eric : Qu’on ne jouerait « pas que » les vieilles chansons. On est toujours montés sur scène pour défendre nos chansons. On dit souvent que les premiers à séduire, c’est nous-mêmes. On doit avoir envie de monter sur scène ; on doit avoir envie de présenter nos chansons à des gens. Donc on fait une tournée, parce qu’on a fait un album.

 

– Vos propos auraient-ils été mal retranscrits par le journaliste et déformés par l’oubli de ces trois lettres qui changent le sens d’une phrase ?

– Benoit : C’était ça ; il manquait juste le « que ».

– Eric : C’est ça qui est plaisant pour nous aujourd’hui : on arrive avec 5 albums, dont on a décidé des chansons qu’on allait jouer pour la tournée de salles et la tournée de festivals. On voit des groupes qui sont sur leur première tournée, et qui du coup font quand même pas mal de reprises, car il n’y a pas assez de morceaux à eux. Il y a des chansons qu’on joue, parce que ça nous fait plaisir de les jouer, des chansons qu’on joue, parce qu’elles se prêtent  dès la création et l’enregistrement à un début de concert, et des chansons qu’on joue, parce que ça devient un spectacle pour nous. Quand on balance « Lambé », on n’apprend plus grand-chose musicalement, parce qu’on sait la jouer. Il n’empêche que dès les premiers accords, on voit tout le monde qui repart en 1998, et on prend un vrai panard. On a eu la chance de discuter avec Thiéfaine, autour de débats au sujet de Noir Désir qui ne jouait plus certains titres, qui nous avait dit : « moi, j’ai « La Fille du Coupeur de Joints » ; vous, vous avez « Lambé » et « L’Apologie ». Vous faites partie des « élus », alors fermez vos gueules et continuez d’avancez ; aujourd’hui la chanson appartient au public et tant que le public la réclame, fermez vos gueules ».

– Manu : Non, il avait dit : « ferme ta gueule ». Il n’a pas dit : « fermez vos gueules ». Il s’adressait à toi !

– Eric : Oui, c’est ça. Enfin il y avait un débat en cours dans les loges d’un festival à ce sujet, avec Louise Attaque aussi qui ne jouait plus « Je t’emmène au vent », et on disait que si un titre a permis que le public rencontre un groupe, de quel droit le groupe retirerait ce titre au public ? C’était notre point de vue ; puis il y avait les autres qui disaient qu’on a le droit d’évoluer et qu’on n’est pas obligés de jouer tout le temps les mêmes titres. Au début de la soirée, tout le monde était dans un rapport assez cordial, et à la fin de la soirée, tout le monde se foutait sur la gueule, et puis c’était marrant.

– Manu : Après il ne faut pas avoir peur de créer des choses. Si on ressert toujours la même soupe, déjà on finit par nous le reprocher, et puis ça devient pathétique. Mais les gens ont quand même pris un billet. Par exemple sur cette tournée là, les places se sont vendues avant même qu’il y ait l’annonce d’un nouvel album. Donc on se doute bien que ce n’était pas pour ça que les gens venaient ; alors il y a quand même un minimum à leur donner.

– Eric : Et puis quand on vient en festival, on vient voir une compilation de groupes, et bien sur découvrir de nouveaux groupes aussi. Lou Reed avait fait une tournée une fois où il avait décidé qu’il ne jouerait aucun titre connu. Nous on a décidé le contraire, au même titre que plein de groupes. On a croisé M récemment avec sa création « Lamomali » : il a compris le métier comme on pense l’avoir compris aussi, c’est-à-dire qu’il a proposé de nouveaux titres et puis il a joué aussi « Machistador », « Je dis Aime », des titres qui ont permis aux gens d’avoir envie de venir le voir et de suivre sa carrière. On est dans cette couleur là. Il y a des titres qui font que les gens ont envie de venir nous voir en concert et de s’intéresser à ce qu’on fait, et on profite, dans le sens noble du terme, d’avoir des gens devant nous pour leur dire ce qu’on fait et où on en est, et les remercier d’être là.

 

– Tu parlais d’Hubert-Félix Thiéfaine à l’instant, et ça m’amène justement à une question, peut-être un peu anecdotique : le titre « Toboggan » sur votre album comporte-t-il une référence à la chanson du même nom qui clôture son dernier album « Stratégie de l’Inespoir » ?

– Eric : Non. Stan est arrivé avec quelques lignes et une petite grille d’accords, et il nous a demandé de dézinguer ça, parce qu’il avait livré ce qu’il avait à livrer. On s’est mis tous les 3 à essayer de trouver une couleur. Cette musique a une jolie histoire. On sentait que l’album allait être très énergique et on avait envie d’une pause. On fonctionne encore comme les anciens, avec des vinyles où il y a une face A et une face B, et on voulait un titre pour créer la transition entre les deux faces. Donc on avait envie de cette parenthèse et de prendre le temps. Et un jour on lui a demandé de quoi il parlait dans la chanson, parce qu’elle était, en tous cas sur les premières lignes, un peu fermée.  Et il nous a dit que ça parlait de l’appréhension des rencontres humaines, qui est la même que quand on monte sur un toboggan, parce qu’on veut vraiment y aller et qu’au moment de se lancer, on n’ose pas. On a trouvé l’allégorie jolie, et c’est devenu le titre de la chanson.   

 

Liens : clic sur le logo –>

 

et pour le FB, c’est là, —>    https://www.facebook.com/Matmatah.official/

 

Miren Funke

photos : Loïc Cousin (2 ; 3 ; 5 ; 6 ; 8 ; 9 ; 10 ; 13 ; 15), Carolyn C (4 ; 12 ; 14), Miren (1 ; 7 ; 11)

Tri Yann, Before Ireland Can Go Free…

28 Sep

Prolégoméne : Il y a quelques années, voire quelques décennies, le negro spiritual m’a saisi comme si j’avais dans les gènes une partie de cette histoire. Quelques années plus tard, même effet avec Tri Yann quand ils chantent Yé jacobites avec un poème de Sean O’Casey en intro, et une transition avec un solo de flûte qui vous emmène d’une ambiance poético nostalgique vers l’histoire d’une tragédie, je me suis senti irlandais asservi par l’Angleterre. Comme le peuple du blues avait été asservi par les colonisateurs européens . Ye Jacobites by Name est une chanson traditionnelle écossaise qui fait référence aux révoltes jacobites qui ont eu lieu en Écosse entre 1688 et 1746. La chanson est à l’origine une attaque contre les Jacobites vue du point de vue whig, mais Robert Burns la réécrit vers 1791 pour en faire une chanson avec une vision antiguerre et humaniste plus générale. Cette version est celle qui est connue au XXIe siècle. Quand Tri Yann compose l’album, c’est avec le souci d’une certaine cohérence dans la succession des chansons, et bien évidemment le poème de Sean O’Casey se situe avant Ye jacobites avec la transition de la flûte. Or dans quelques rééditions en CD, le poème de O’Casey a disparu. Et l’ordre des chansons est assez différent. Quelque employé de la maison de disque a refait à son idée , en supprimant ce poème parlé , quoi ? Dans un album de chansons, pas de musique ? Dans la même logique, un ignare a supprimé des inserts parlés dans Mégalopolis une comédie musicale, ce qui fait que sur la version CD on ne comprend plus ce qui se passe.. Pour revenir à Tri Yann, c’est une séquence de 6’26 qui avait été composée sur l’histoire de l’Irlande, la voilà dans sa version originale, le poème de Sean O’Casey suivi de Ye jacobites..

anti wars songs

AVANT QUE L’IRLANDE NE SOIT LIBRE (traduction de Jean-Louis Jossic)

Au début de la bataille
Plus d’un homme, d’une femme ou d’un enfant
Avaient quitté travail, mari et jeux
Un enfant foudroyé sur le pas de la porte
Un vieillard les bras en croix sur la chaussée
Un jeune homme près d’un réverbère
Qu’il a agrippé quand la balle l’a touché
Il a glissé, toujours cramponné et il est mort
Son visage curieusement blanc
Regardant le ciel
Comme s’il demandait pourquoi
Son bras raidi enlaçant toujours le réverbère
Une jeune femme en vêtements d’été
Peut être rentrant en hâte à la maison
En entendant la fusillade
Mais pas assez vite…
Sur son corsage blanc brillant
Une tâche pourpre de mort
S’étendant en plein milieu du dos

Vous n’aviez signé aucune proclamation
Forcé aucune porte
Pressé aucune gâchette
Oh je sais cela
Mais l’Irlande, l’Irlande avait besoin de vous tout de même
Et d’autres mourront encore
Avant que l’Irlande ne soit libre.

You Jacobites by Name, lend an ear, lend an ear,
You Jacobites by Name, lend an ear;
You Jacobites by Name,
Your thoughts I will proclaim,
Some says you are to blame for this Wear.
  suite ICI.

Version intégrale Tri Yann Cliquez sur l’album, tri======>

 

et en bonus Le texte original de Sean O’Casey

In the battle’s prologue
Many a common man, woman and child had said
Goodbye to work and love and play
A child surprised in the door way
An old man stretched in the street
A young man near a lamp post
Which he had clutched when the bullet struck him
And down which he had clip when he died
His curiously white face containing
Wide eyes staring upwards
As if asking the sky : why this had happened
A stiff arm still half-encircling the lamp standard
A young lacy in holiday attire
Lying on her face maybe hurrying home
When she heard the uproar
But going too slow…
Or on the brilliant white blouse
A purple patch of death
Spreading over the middle of the back

You signed no proclamation
You invaded no building
You pulled no trigger
I know
I know but Ireland needed you all the same
Many will die like that
Before Ireland can go free.

Et quelques liens musicaux,

Moralité, quand vous voyez des rééditions d’albums, essayez de vérifier si c’est bien fidèle à l’album original, conçu et réalisé les par les artistes et non par des gestionnaires de fonds de catalogue qui ne connaissent pas grand chose  des artistes qu’ils « compilent »…

 

Norbert Gabriel

Barbarie et Barbara…

25 Sep
L’automne 2017 voit arriver une déferlante d’hommages à Barbara, dont quelques uns semblent parfois un peu opportunistes. Barbarie  avait créé un spectacle Barbara il y a quelques années, et dans quelques jours, début Octobre, elle présentera un nouveau spectacle. (Dans lequel , la batterie laisse la place à un human beatbox)Le nouvel album «Barbara, le noir couleur lumière » sortira dans les bacs le 20/10)  L’article ci dessous avait disparu dans un orage informatique sur le site chanson où il avait été publié. Mais, il en restait une trace dans un tiroir quasi secret. Le revoici, le fond étant toujours valable pour situer ce que fait Barbarie  dans sa vie d’artiste.

Barbarie une femme qui chante Barbara (2012)

Il y eût cette belle découverte avec « Le chant de la gitane » début 2012, voici un nouvel album, et un nouveau spectacle consacré à Barbara. Dans l’exercice qui consiste à explorer le répertoire d’une étoile de la chanson, on trouve parfois de vrais miracles de finesse et d’intelligence, avec des artistes interprètes qui savent entrer à l’intérieur de leur sujet, le font vivre en re-création, et non pas en compil’ plus ou moins adroite les succès les plus archi-connus.

Parmi ces comédiennes qui réussissent de très beaux albums d’hommage, il y a eu Annick Cisaruk avec un « Barbara » très attachant.

Et le spectacle commence, Barbarie installe d’entrée un climat intimiste avec quelques chansons parmi les moins connues du grand public, pour ouvrir des nouvelles portes sur l’univers de Barbara, on connaissait la grande amoureuse, on redécouvre qu’elle était aussi une conteuse, une magicienne qui nous a quelquefois emmenés sur des chemins de traverse dont on ne comprenait pas tout le contexte, comme « L’aigle noir » cette chanson mystérieuse dont on a eu le décodage 25 ou 30 ans après… Barbarie entre dans la maison de Barbara avec quelques tableaux entr’ouverts sur des paysages moins familiers, «je ne sais pas dire » mais « je serai douce … » et nous allons la suivre dans les traces de Barbara, passionnée, malicieuse, virulente, passionnante dans toutes les facettes de son art.

Ce qu’a réalisé Barbarie rappelle ce que dit Moustaki sur Reggiani: Il est l’auteur de 200 chansons qu’il n’a pas écrites.  Barbarie, dans son approche et son travail d’analyse de l’oeuvre fait aussi un travail d’auteur, par son interprétation, par ses choix et les articulations entre les chansons, un ensemble qui n’a jamais été concrétisé d’une façon aussi aboutie en ce qui concerne Barbara.

Un mélange de respect et de culot, qui sans jamais sonner platement, à la manière de  (…),  justifie à lui seul l’aventure. Une vraie belle émotion, qu’aucune lourdeur ne vient altérer. Jean Théfaine. Rien à ajouter.

Le spectacle présenté à l’Européen représente bien l’album qui vient de sortir, album musicalement très élaboré, harmonisé avec subtilité, avec une belle équipe, complétée par un contrebassiste pour la scène.

L’Européen, lundi 5 Novembre 2012.

(Pourquoi Barbarie ? En clin d’oeil à Mouloudji, « en souvenir de Barbarie » son deuxième roman paru en 1945.)

Les liens utiles ;

Le chant de la gitane, clic sur l’image, —–>

Barbarie, une femme qui chante Barbara. CD digipack 19 chansons voir dans la boutique la plus sympa, avec discographie, caressez le chat et la chatière s’ouvrira…


Norbert Gabriel

Camille Laïly, Poèmes Jazz …

24 Sep

C’est un de ces soirs où la vie a mis sa robe blanche, celle des  dimanches, pour danser avec les belles musiques et les mots qui chantent. Un de ces moments précieux où le sourire s’invite, même dans un métro un peu bondé, cette image s’avère être un bon présage de bonheur pour ce rendez-vous… Juste avant les Poèmes Jazz.

La faute à l’ange, dirait Lily Bulle… *

Ne nous privons pas du passage des anges, ce n’est pas si fréquent.

Le rendez-vous avec les Poèmes Jazz tient ses promesses, il est rare, voire exceptionnel de trouver une harmonie aussi réussie et élégante entre les paroles de la chanson francophone et les tempos du jazz. Ceux d’un jazz mélodique aux couleurs de Chet Baker ou Henri Salvador dans ses jazzeries au swing haute couture de Chambre avec vue. Un jazz remarquablement servi par des musiciens d’une finesse exemplaire.

Lumineux et sensibles ces Poèmes jazz représentent un des chaînons manquants qui vont réunir les amateurs de textes sensibles aux puristes du jazz affiné. Camille Laïly, écrit, compose et chante, elle met en musique d’après un poème de Victor Hugo, elle chante Carlos Jobim, elle crée des tableaux chansons de scènes de rues et de vie, elle attrape dans ses filets arachnéens des ombres de souvenirs, des soleils sur les toits de Paris, des arc-en-ciel de pluie à minuit, et tous ces jolis riens qui font briller le quotidien. Comme une photo de Doisneau racontée par Prévert, et réciproquement. Ne nous privons pas du passage des anges, ce n’est pas si fréquent.

L’homme invisible

Est amoureux

De la femme

Transparente

Tous deux ils dansent

Le pas curieux

Des gens simples

Qui sont heureux.**

La Chapelle des Lombards avait fait le plein pour saluer la présentation  de l’album Poèmes Jazz, avec sa belle équipe de musiciens, Djibril Caratini, Hugo Corbin, François Bernat, Adrien Cao, avec ses belles amies Lydia Lawson et Jeanne Rochette, avec quelques voisins de table dont les irlandais disent, « ce sont des amis qu’on ne connait pas encore » mais dont la présence a magnifié les émotions au cours de cette soirée. Vous pouvez retrouver tout ça, dans le site de Camille Laïly, qui vous dira tout, sa vie son œuvre, ses concerts à venir, et comment se procurer ses albums, les deux sont indispensables « Bulle » et « Poèmes Jazz ».

 

Le site, clic sur l’image —->

Et pour les qualités vocales de Camille Laïly, allez écouter ici :

  • La faute à l’ange est une chanson du premier album de Camille Laïly, une scène de métro devenue chanson.
  • ** ‘Les invisibles‘ dans  » Bulle »

Et quelques mots de plus,

Lily a la grâce. Elle compose de vraies mélodies, ce qui est rare, et ses textes sont sensibles, fins, parfois impertinents, toujours bien écrits. C’est une princesse de charme dans le château parfois chancelant de la chanson. Prêtez-lui un instant votre oreille, elle vous donnera pour longtemps des nouvelles de votre cœur.

Claude Lemesle, parolier, président d’honneur de la Sacem

Et pour quelques photos de plus,

Photos N Gabriel 2017

 

Norbert Gabriel

Django et Manoukian, ou les vérités alternatives dans le jazz..

20 Sep

 

Ça se passe sur une des grandes radios généralistes, dans la première matinale de France, et ça défrise ou ça décoiffe, ou ça effraie et ça énerve. Vers 7h20 un pseudo spécialiste du jazz qui officie à ces heures pour faire de la vulgarisation nous apprend ce mercredi 20 septembre que Django Reinhardt est mort en 56, qu’il a appris le swing en écoutant Bach, et que c’est Ellington qui lui a révélé les accords 6 ème diminués…

Rectifions donc :

  • Django est mort le 16 mai 1953
  • C’est en 1930, après la mutilation de sa main dans un incendie qu’il réinvente le jeu de guitare, avec ses fameux accords diminués,
  • C’est en écoutant des disques de Louis Armstrong (son idole) chez Emile Savitry en 1931, à Toulon, qu’il découvre le vrai jazz.
  • C’est en 1933-34 qu’est fondé le Quintette du Hot Club de France avec Stéphane Grappelli et c’est plus vraisemblablement à cette époque qu’il a découvert Bach par Grappelli..
  • Quant à l’initiation au minor 6 due à Duke Ellington, c’est à pleurer devant ces balourdises.

Attendons-nous à savoir dans la prochaine manoukianerie que Louis Armstrong a appris la trompette dans un tipi cherokee à la New Orleans, et que le blues est né des états d’âmes des indiens.. (ah non, ça c’est déjà fait..) quand ils allaient chanter des cantiques dans les églises blanches et qu’en fait c’est le red spiritual qui a initié le blues et le jazz. Tout est possible.

Dire qu’il y a eu sur cette antenne Julien Delli Fiori, Frantz Priollet, et bien avant eux Sim Copans, et quelques autres qui savaient de quoi ils parlaient, qu’on pouvait écouter en confiance, avec intérêt soutenu, au lieu de piquer une crise quand un hurluberlu ne sait même faire comme le premier imbécile venu qui va voir sur wikipédia quand il ne sait pas, et devient ipso facto moins imbécile.

Bon, il y aurait encore quelques belles manoukonneries à citer, passons, il reste que ce qui est dit sur Les Doigts de l’Homme dans ce contexte est très dévalué par ces vérités alternatives manoukiennes, mais ceux qui connaissent un peu le jazz dit manouche, savent depuis longtemps la qualité de ce groupe..

Pour avoir des infos sérieuses sur ce sujet, rien de mieux que le coffret Django Reinhardt gentleman manouche, avec un DVD interview de Patrick Saussois, qui fait une synthèse claire et précise, en gros, tout ce qu’ignore Manoukian. (et éventuellement les livres de François Billard/Alain Antonietto, et ceux de Patrick Williams documentés avec sérieux, et très complets)

Ci-dessous la chronique en question, sur le site de France Inter. A vous de voir…

Ce matin, André Manoukian nous fait écouter l’un des meilleurs groupes de jazz manouche, tout en nous expliquant que le jazz manouche n’existe pas…

Non Nicolas, (Demorand) le jazz manouche n’existe pas , son inventeur, Django Reinhardt, dans les années 30, était un manouche qui jouait du jazz. Alors ce nom, cette idiotie ghetoïsante, est né bien après la mort de Django qui survint en 56, probablement à la fin des années 80, cette période où l’on retourne partout au communautarisme et où qualifier un être d’après son origine ethnique n’est plus un problème.

Mais si Django ne jouait pas du jazz manouche, qu’est ce qu’il jouait ?

Du jazz tout simplement. Pour faire court Nicolas, disons que le premier théoricien du jazz s’appelle Jean-Sébastien Bach, et qu’il dit tout dans l’art de la fugue.

Django qui jouait du Bach, s’en inspira, ainsi que du swing et d’un de ses maitres, Duke Ellington, à qui il va emprunter un accord très coloré, minor 6, pour faire technique, que Django va mettre un peu partout, à tel point qu’un jour il va se le faire chiper par Henri Salvador, qu’il relèguera au fond de la scène pour qu’il ne lui pique rien d’autre.

C’est ça qui est formidable, la naissance d’un style peut naitre de la qualité d’un accord…

suite ici : https://www.franceinter.fr/emissions/manouk-co/manouk-co-20-septembre-2017

Norbert Gabriel

Musicalarue : Miren et Emma ont rencontré Joke Box…

19 Sep

Un juke-box des années 70 crachant une base rythmique sur laquelle voyagent des riffs et des solos de guitare fidèles au son et à l’esprit de l’époque et un chant rauque et viril interprétant des classiques du Rock anglo-américain, et tout ça en spectacle rue : tel est le concept original et délicieux du groupe Joke Box. Binôme de musiciens, Jack au chant et Hervé à la guitare, complété par un troisième membre faisant office d’ingénieur son en temps réel, Bertrand, Joke Box forme un trio de « faux frères », à l’instar de La Maison Tellier, invité à Musicalarue pour animer les rues de Luxey et faire danser les gens durant plusieurs sets d’une trentaine de minutes pendant les trois jours du festival. Et il y en avait des gens qui dansaient -y compris en fauteuil roulant-, des passants happés par l’ambiance rock’n’roll du spectacle, un auditoire grandissant entre les changements de plateau, et même parfois à l’ombre de grands concerts qu’une partie du public désertait par lassitude, pour venir retrouver le sens et les saveurs de la musique et de la fête avec Joke Box et ses reprises des Doors, Led Zeppelin, Deep Purple, The Who entre autres. Le fait que l’on quitte sans regret un concert de Trust pour venir s’enjouer jusqu’aux dernières notes d’une performance de rue alternative, ne semble-t-il pas suffisamment significatif de ce qui se passait là ? De toute évidence quelque chose qu’il n’y avait pas ailleurs! Lequel du naturel, de l’énergie, de la proximité ou de l’authenticité du groupe touchait le plus les festivaliers ? Sans doute tout cela à la fois.  Carton plein pour Joke Box, qui acceptait de nous accordait un entretien, entre deux concerts.

 

– Bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Comment est né le projet de votre groupe ?

– Hervé : On s’est rencontrés à la Poste de St Gilles Croix de Vie. Jack allait poster un courrier, et je lui ai proposé de chanter des chansons des années 70, du Pink Floyd, Led Zeppelin, Deep Purple, etc… Il a essayé et on a monté ce groupe. Comme il nous fallait un professeur d’Anglais, Bertrand nous a rejoints, qui est devenu notre sonorisateur. Il n’avait jamais fait ça avant.

– Bertrand : En fait je suis potier-céramiste de métier, mais cinglé de musique.

– Hervé : On se connaissait parce qu’on est du même patelin, et puis on exerçait le même métier, mais dans des registres différents, comme guitariste et chanteur. Et on s’est rejoints sur ce projet là. J’avais été chanteur pendant pas mal d’années, au sein de mon groupe Vaguement La Jungle [http://www.vaguementlajungle.com/] ; on a d’ailleurs fait plusieurs éditions de Musicalarue, mais sur les grosses scènes. On avait signé un album avec Sony/BMG ( Hervé Bergerat ), qui nous avait ouvert pas mal de portes. Donc on a fait plusieurs scènes, comme les Francofolies, et un peu le tour du monde, mais on ne s’est jamais pris pour des stars. Il faut rester à sa juste mesure, parce qu’on peut vite péter les « boulards » dans ce métier là. Mais on était proches de la cinquantaine, donc ça aide à relativiser les choses. On a connu Matmatah tout au début d’ailleurs on devait jouer un morceau avec eux, mais nous sommes restés finir nos verres au bar ; dans la vie y’a des priorités. J’ai fait ça pendant 16 ans, et puis j’ai arrêté il y a moins d’un an. Et ce nouveau projet est vraiment un groupe de base, parce qu’on joue dans la rue. On ne joue que des reprises anglo-saxonnes du Rock des années 70, ce qu’on écoutait dans les juke-boxes quand on était petits.

 

– Est-ce de là que vous est venue l’idée de jouer avec un juke-box et prendre un nom qui y fait référence?

– Jack : On est de cette génération qui allait boire des bières dans les bars et découvrait plein de trucs dans les juke-boxes. Donc on se ballade avec un juke-box hérité de nos parents, qui est le seul héritage qu’on a eu. On est devenus trois frères, et on a hérité de ce juke-box qui est notre seul gagne-pain.

– Hervé : C’est un vrai juke-box des années 70. Et le nom du groupe, c’est en référence à « joke » qui signifie « blague » en Anglais, parce que l’idée, c’est de faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux . Tous les gros sons de basse-batterie-claviers sortent du juke-box, ce sont en partie les vrais sons d’origine, et on interprète chant et guitare dessus. On a fait certains sons, mais d’autres ont été récupérés sur internet. On peut capturer ça dans des banques de son, après il suffit de trafiquer un peu, en mettant des intros, en arrangeant à notre sauce. Dans le groupe où j’étais avant, je faisais trompette, chant et banjo, mais c’était simple, car très acoustique. Là, j’utilise un tas de pédales pour le son de ma guitare ; c’est le plus compliqué.

 

– Le juke-box n’a-t-il pas autant un rôle dans la mise en scène qu’une fonction logistique et musicale ?

– Hervé : Au départ on avait prévu des histoires comme mise en scène, mais ça ne sert à rien. D’abord parce qu’on n’a pas le temps, on enchaine les morceaux, et puis parce qu’en fait la mise en scène est déjà là, en effet.

– Bertrand : Le seul truc qui nous lie et qu’on garde, c’est cette histoire de dire qu’on est trois frères, qu’on improvise si nécessaire, si on a un petit trou.

– Hervé : On a même imploré notre maman, qui est au ciel !

– Jack : She’s dead !

– Hervé : L’autre truc de la mise en scène, c’est que Jack a récupéré les accents anglais et américain, et par exemple s’il y a un intermède, il essaye de parler français avec un accent anglais. L’autre jour, il y a même un garçon qui est venu me voir en me demandant s’il était anglais. Moi, je parle en français, et si je casse une corde ou que quelque chose arrive, c’est Bertrand qui intervient, parce qu’il parle couramment anglais.

– Jack : C’est ça qui est quand même marrant : je suis une burne en Anglais et c’est moi qui chante, alors que Bertrand parle complètement Anglais ; d’ailleurs il m’a donné des cours pour avoir les accents.  

 

– Comment êtes-vous venus à la musique ?

– Jack : Le chant et la comédie, c’est vraiment ce qui m’a porté. Je suis comédien et j’ai travaillé avec des clowns. Mais le chant m’a toujours tenté. Quand j’étais gosse, je voulais être comédien ; j’étais collé devant la télé, et en émoi devant les films de Maurice Chevalier. Naturellement mes parents ne voulaient pas. Mon père voulait que je sois chauffeur routier comme lui !

– Hervé : Idem pour moi. J’aurais voulu une guitare dans mon enfance, mais mes parents n’ont jamais voulu. Alors arrivé au lycée, à 16 ans, l’âge où tu te rebiffes, j’ai appris avec un copain qui en avait une. Et puis à 18 ans, je suis parti sur Paris, et j’ai rencontré plein de monde. Et ça a été le bonheur. J’ai donc appris en autodidacte, même si j’ai pris des cours de piano ensuite pour savoir lire la musique,  je faisais tout à l’oreille.         

 

– Jouer dans les rues était-il le concept du départ du groupe ou est-ce quelque chose qui s’est imposé pour des raisons pratiques?

– Hervé : Au départ, on ne savait pas trop ce qu’on allait faire, pas forcément des scènes. Jouer dans la rue a été un choix, pour la proximité. On aime bien le contact. Je ne bouge pas trop, parce que je dois gérer le son avec mes pédales, et il faut équilibrer le son selon les morceaux. L’idée première était de jouer dans des festivals pendant les intermèdes, entre les changements de plateaux des artistes. On joue plusieurs sets d’une demi-heure chacun, comme font les fanfares. La différence est que nous jouons des choses qui ne se jouaient pas dans la rue communément : d’habitude, il faut être nombreux et ça joue en acoustique. On a pris le pari de jouer du Rock, les bases rythmiques dans le juke-box, les chœurs et autres dans mon i-phone et envoyé sur la tablette de Bertrand qui mixe le tout. Le résultat est assez bluffant.

– Jack : C’est une configuration, on a aussi la possibilité de faire un vrai concert de 2h/2h30.

– Hervé : C’est l’idéal, parce qu’on a de quoi faire un concert de 2h30, avec une progression. Là, on joue des sets d’une demi-heure, il faut rentrer tout de suite dans le vif du sujet. On ne peut pas prendre le temps d’imposer une ambiance avec du Pink Floyd par exemple. Mais il y a un côté spontané et proximal que j’adore. En plus, Jack a un micro HF, donc c’est pratique : hier y avait une fille qui se collait à lui !

 

– Comment vous êtes-vous retrouvés à Musicalarue ?

– Hervé : Comme je te l’ai dit, j’ai fait pas mal de fois ce festival, donc j’ai rappelé le président François Garrain, qui m’a renvoyé vers Bastien Perez qui gère la programmation. J’ai insisté un peu en leur demandant s’ils avaient déjà eu un spectacle de rue dans ce genre, qui joue du rock électrique ; et comme c’était nouveau pour eux, on a décidé de tenter le coup. On a 6 clips vidéos qu’ils ont pu visionner et ils nous ont invité. Ils nous ont proposé de jouer lors de l’évènement « Sur un Plateau » avant, et on a fait un carton. Jack était obligé de chasser les gens avec le pied de micro, pour ne pas qu’ils s’approchent trop du matériel et risquent de l’abimer. Merci à Bastien Perez de nous avoir accordé sa confiance

– Jack : Il voulait de la proximité, il en a eu !

– Hervé : J’ai pris peur, avec des gens qui s’approchaient des pédales avec leur verre de bière ; on ne sait jamais. Et puis on a compris que c’était nous qui provoquions ça, cette ambiance rock’n’roll. Donc il faut assumer.

– Jack : Dans l’inconscient collectif, ce sont des morceaux hyper connus, donc qui parlent à tout le monde.   

 

– Comment s’organisent les répétitions pour ce genre de prestation de rue ?

– Jack : La meilleure répétition que tu peux faire, c’est en concert, parce qu’il y a rien de tel que jouer devant un public pour perdre toutes les paroles dans ta tête ! S’il se passe un truc, une fille qui vient te voir, un type qui renverse son verre de bière, etc… il ne faut pas perdre le fil, et c’est compliqué. Donc il faut roder ça dans les bistrots.

 

– Envisagez-vous un enregistrement ou le groupe est-il purement voué à une vie scénique ?

– Jack : C’est sans prétention. Ce sont des reprises de chanson. Donc est-ce que ça vaut le coup de réaliser un enregistrement ? A moins d’aller ensuite vers un répertoire de composition. Mais c’est une autre démarche. On l’a déjà fait chacun de son côté avant. Mais ce n’est pas notre propos.

– Hervé : Et puis ça demande beaucoup plus de travail. Après ça devient une machine, dans la fabrication et dans la réalisation du projet, mais pourquoi pas, en tout cas il ne faut jamais dire jamais … 

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Miren Funke et Emma Pham Van Cang

Photos : Carolyn C (1 ; 2 ; 4 ; 5 ; 6 ; 8 ; 9), Miren (3 ; 7)

 

Musicalarue : rencontre avec Un Air Deux Familles

17 Sep

Entretien réalisé par Miren Funke

 

Des artistes familiers de Musicalarue, les membres des Hurlements d’Léo sont sans doute parmi ceux qui ont le plus étrenné les scènes et arpenté les rues de Luxey. Présents l’an dernier dans le cadre de la tournée de leur album d’hommage « Les Hurlements d’Léo chantent Mano Solo », pour un concert après lequel le contrebassiste Renaud nous avait accordé un entretien [https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/?s=les+hurlements+d%27leo&submit=Recherche], ils étaient de retour, éparpillés ou réunis au sein de divers groupes : Télégram, fondé par le chanteur et guitariste Laurent (Kebous) et le violoniste et multi-instrumentiste Vincent, et Un Air Deux Familles. Cette dernière formation, sous le nom de laquelle fusionnaient il y a quinze ans Les Hurlements d’Léo et Les Orges de Barback, pour la sortie d’un unique album éponyme et l’aventure collective d’une tournée de plusieurs mois sous chapiteau -le « Latcho Drom »- à travers l’Europe de l’Est, et dont l’existence était restée en suspens depuis (à l’exception de quelques dates en 2007), avait laissé à chacun des groupes, ainsi qu’à leurs publics, la richesse d’une expérience exceptionnelle, tant artistique qu’humaine, et sans nul doute des souvenirs intenses. Une décennie et demi plus tard, 2017 sonne l’heure de la reformation, par une courte série de concerts au départ, qui débouche finalement sur un enregistrement, « Latcho Drom live 2017 », et la planification d’une tournée faisant escale au festival dimanche 13 aout, pour un concert jovial et sans économie d’énergie humaine. Quelques heures auparavant Laurent des Hurlements d’Léo et Fred des Orges de Barback répondaient à quelques questions.

Cet entretien fut mené en conférence de presse avec Radio UPM de Pau.

 

– Bonjour et merci de nous recevoir. L’an dernier, chacun de vous était présent ici : Fredo chantait Renaud et Les Hurlements d’Léo chantaient Mano Solo. Cette année vous voilà rassemblés à nouveau au sein de l’aventure commune Un Air Deux Familles qui vous avait liés il y a quinze ans. Comment est venue l’idée de cette reformation ?

– Laurent : R1 a quitté Les Hurlements pour aller s’occuper de son projet personnel, Wallace, en cours de route, et j’avais alors appelé Fred pour lui demander de venir chanter avec nous lors de la tournée de reprises de Mano Solo, parce que j’ai toujours été habitué à partager le chant avec quelqu’un. Comme on partageait une chambre, un soir on a discuté de ce projet commun qu’on avait laissé en plan il y a quinze ans, et décidé qu’on se ferait bien quelques dates, si ça avait encore un écho dans la tête et le cœur des gens. Il en a parlé avec ses frères et sœurs, moi avec les gars. On a mis des places en vente pour 5 concerts, qui se sont vendues très vite. Les gens nous ont envoyé tellement de bienveillance et d’énergie, et étaient tellement à fond, qu’on s’est dit : « on y va ! ». Les Ogres et les Hurlements sont toujours tellement en avance d’une idée, enfin c’est-à-dire que lorsqu’on est sur un projet, on pense déjà à celui d’après, qu’il ne s’agit vraiment pas d’un manque d’inspiration. C’était vraiment une envie de se retrouver.

– Fred : Durant la tournée qu’on a faite avec les Hurlements, on s’est vus pleins de fois. On a passé trois mois en Europe de l’Est ; on a fait des chapiteaux en France. C’était très intense, avec 25 personnes sur la route. On était très contents de la faire. Comme on dit, on n’a pas fait l’armée ; on a fait le Latcho Drom ! Donc on était contents que ça s’arrête aussi. Pas parce qu’on ne voulait plus se voir, mais parce qu’on voulait se revoir dans d’autres conditions. Et on n’en parlait pas trop, car on ne voulait pas que ce soit un sujet nostalgique entre nous : c’était très bien, mais c’était bien de passer à autre chose aussi.

 

– Avez-vous réussi à vous retrouver avec la même envie qu’il y a quinze ans pour travailler ensemble, bien que vos vies respectives aient évolué ?

– Fred : On a pris de la bouteille. Donc, on est arrivé en répétitions, avec les morceaux déjà choisis. C’est une autre aventure. Aujourd’hui, on se concentre plus sur la scène et le plaisir d’y être que sur toute l’organisation qu’on gérait avant. Le premier Un Air Deux Familles était parti avec un chapiteau, et on s’occupait de tout : les entrées, la logistique, la sécurité, je conduisais même le poids lourd… On était multifonction.

 

– Comment s’est passée la sélection des titres ?

– Laurent : Pour les nouvelles chansons, ça s’est passé comme d’habitude. On a chacun amené des choses, et on a tout mis sur la table. On était d’accord sur les sujets de chansons ; il y avait une échéance politique.

 

– Comment avez-vous ressenti cette élection justement ?

– Laurent : Comme tout le monde ! Mais je ne m’en occupe plus trop. Ça me dépasse.

– Fred : Avec les Ogres et les Hurlements, on a quand même un engagement depuis le début de notre carrière, si on veut appeler ça comme ça. Mais c’est un engagement au jour le jour, pas uniquement en période électorale. C’est pour ça que même quand on gueule sur scène « la jeunesse emmerde le Front National », on y croit avec nos tripes. Mais après le concert et les élections, on reste encore engagé dans le milieu associatif et indépendant. Depuis le début dans notre métier, on est à cheval sur pas mal de choses : le prix des places, des disques ; on ne joue pas pour n’importe qui, ni n’importe où. Ça peut paraitre anodin, mais c’est très important pour nous. Parce que du coup quand on monte sur scène, on se sent très bien, parce qu’on n’a pas fait « d’arrangement ou de grimace » comme disent les frangins de Zebda. On n’est pas tous les jours dans la rue comme ceux qui organisent les manifestations ; on n’est pas une association politique. On est plutôt une association humaniste. Quand il arrive un truc comme ça, c’est toujours la même question qui nous tient. Après notre rôle, bien sûr c’est de dire au gens que le Front National n’est pas la solution. Mais s’il arrive à faire 55% dans certaines villes ou régions, c’est qu’un certain fossé s’est creusé, qui reste complètement inexplicable pour nous. Et je ne pense pas qu’on soit dans des sphères lointaines ; on n’est pas des nantis. Souvent la réponse à ça est de dire que les artistes sont des « bobos » et ne vivent pas dans le même milieu que les Français. J’habite à Cergy-Pontoise dans un quartier, et je ne suis pas complètement déconnecté de la réalité. Pour moi, il n’y a même pas de discussion à avoir avec le Front National ; c’est niet.

– Laurent : On est des artisans : on veille à ce que le pain soit bien fabriqué, car on veut le partager avec des gens, pour la joie et la bonne humeur, pour voyager. Il est évident que de moins en moins d’artistes prennent la parole, parce que ce n’est pas bon pour le business : si ton auditoire est composé de gens qui votent En marche, tu ne peux pas leur raconter n’importe quoi, parce que tu veux continuer à avoir du monde dans la salle quand tu joues. Nous ne sommes pas des artistes ; nous sommes des artisans. Il n’y a rien d’exceptionnel à ce qu’on fait. Tout ça est un accident, un accident heureux, mais un accident.

 

– Il y a eu beaucoup de collaborations de part et d’autre dans vos carrières. Qu’est-ce qui a fait que c’est avec Un Air Deux Familles que l’histoire s’est refaite ?

– Laurent : Au départ, on n’a pas fait ça pour gagner de la caillasse. Le premier billet d’avion que j’ai eu dans la main, ce ne sont pas mes parents qui me l’ont payé : c’est la musique qui m’a fait voyager. C’est un passeport de pouvoir être musicien et voyager avec sa musique ; ça transporte. Et ça forge un état d’esprit ; on comprend mieux ce qui se passe à l’extérieur et on voit ce qui se passe ailleurs, donc on est plus armé et on a plus de recul.

– Fred : Les Ogres et les Hurlements, quand on se rencontre, une espèce de fusion se crée. Il n’y a pas eu que nous sous le chapiteau : il y a eu Debout sur le Zinc, La Rue Ketanou. Mais entre nous ça a été particulier. C’est pour ça que le nom Un Air Deux Familles est super bien trouvé. C’est Zébulon [Raphael, ancien violoniste des Hurlements] d’ailleurs qui avait trouvé ça. C’est vraiment ça : quand on s’est croisés, on s’est reconnus. Ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça, mais on aurait pu leur proposer : « tiens, est-ce que demain matin, vous partez avec nous en Europe de l’Est pendant trois mois ? » ; et ils nous auraient répondu : « à quelle heure on part ? ». Tous les autres frangins ont fait partie de l’aventure pour acheter le chapiteau, mais avaient plein de choses prévues. Alors que Les Hurlements ont lourdé l’espoir d’avoir une maison de disque pour partir avec nous.

– Laurent : Si on écoute les albums séparément, la musique des Ogres et celle des Hurlements d’Léo ne se ressemblent pas tant que ça. Ce que les Ogres ont, on ne l’a pas ; et ce qu’on a, ils ne l’ont pas. C’est ce qui a fait qu’on s’est rapprochés ; parce que si on avait été vraiment dans la même instrumentation, on n’aurait pas pu se rencontrer. C’est notre différence aussi qui nous a rapprochés. Et on a chacun fait des choses entre temps, et on s’est retrouvés à des moments clés de l’existence : des mariages, des décès, des anniversaires.

 

– Le Plaisir sur scène est-il intacte quinze ans après ?

– Fred : Ça faisait partie de la condition. Quand on est sur scène -et on se le dit parce que tout le monde n’a pas forcément le même nombre d’années d’expérience-, on monte sur scène jusqu’au dernier souffle. On donne tout ce qu’on a, parce qu’on va faire 15 ou 20 dates cet été, et on n’est pas là pour faire du réchauffé.

– Laurent : La joie est intacte ; on en profite. C’est comme se retrouver à une teuf pour célébrer un gros anniversaire. C’est l’effet que ça me fait. C’est aussi un pied de nez à ceux qui pourraient se demander pourquoi on fait ça : parce qu’on en a envie ! Des fois on a juste envie de faire des choses pour les faire, parce que ça fait plaisir. Et on se rend compte que ça donne aussi du plaisir à des gens, parce que ce qu’ils nous renvoient est énorme. On sort de scène avec une grosse émotion.

– Fred : On est sortis des 5 dates de concert bouleversés, parce qu’on avait l’impression à chaque fois qu’il y avait 1500 personnes qui avaient l’impression de retrouver de vieux potes, et qui chantaient tout par cœur.

 

– Les autres projets sont-ils en stand by ?

– Laurent : Non. Les Hurlements vont mixer un album la semaine prochaine qui sort en 2018. On va fêter nos 20 ans à l’automne. Les Ogres aussi ont plein de choses en préparation. C’est clair que si les Hurlements d’Léo avaient toujours voulu faire la même salade, on n’existerait plus. Chacun allait se nourrir ailleurs, pour retrouver les autres et avoir des choses à se proposer, et qu’on se regarde de nouveau avec un regard tendre et curieux. Et c’est génial de pouvoir faire plein de choses avec d’autres gens.

– Fred : Je joue « Fredo chante Renaud » quand mes sœurs tombent enceinte ; il faut bien que je m’occupe un peu ! Et il y a un disque de reprises de Pierre Perret, avec d’autres artistes, comme Flavia Coelho, Féfé, Loïc Lantoine entre autres, qui va sortir en octobre sous le nom de « La Tribu de Pierre Perret ». Quand on a monté le chapiteau, on avait deux albums auto-produits, mais distribués chez Pias, et lorsqu’on leur a dit que pour le troisième, on voulait sortir un album sans nom, avec juste des lives et des reprises, ils nous ont répondu que c’était impossible, que ça ne se vendrait jamais. Et quand on a dit qu’en plus on partait trois mois sous chapiteau avec Les Hurlements, faire le tour de l’Europe, Pias ne voulait pas nous suivre sur un projet pareil. Donc on a créé le label Irfan pour sortir ça, et on a eu l’idée de sortir Un Air Deux Familles sur ce même label pour payer notre tournée. Depuis Frédéric Fromet nous a fait le cadeau de venir sur notre label, et ça a boosté pas mal, puisqu’il a quand même une belle promo, comme il est sur France Inter tous les jours.   

 

– Lors de l’entretien que Les Hurlements nous avaient accordé l’an passé ici même, Renaud nous disait que la tournée de reprises de Mano Solo drainait vers le groupe une partie du public du chanteur qui n’était pas forcément un public acquis aux Hurlements avant. Sentez-vous que ces gens ont continué à vous suivre ensuite ?

– Laurent : Oui, je pense qu’ils ont continué à nous suivre, en tous cas je le souhaite. La fusion de ces deux publics, celui de Mano Solo et le notre, était vraiment chouette. C’est là que j’ai commencé à comprendre que les gens pouvaient vieillir avec notre musique. Nous, sur scène, avons le même âge que ceux qui sont dans la fosse désormais, et ça amène autre chose dans la façon d’appréhender les choses et de les proposer.

 

– Melissmell qui est venue d’ailleurs interpréter un moment de musique avec vous lors de ce concert, nous a confié qu’elle monterait sur scène demain lors du concert de ton autre groupe, Télégram. Vous ne vos quittez plus ! Comment avez-vous croisé sa route ?

– Laurent : Je ne la connaissais pas spécialement, mais quand j’ai fait le tour des artistes avec qui nous pourrions interpréter des duos sur notre album « Les Hurlement d’Léo chantent Mano Solo », j’ai pensé à elle. Je l’ai contactée, mais elle n’avait pas bien compris la démarche au début. Je lui ai expliqué, et il s’est passé quelque chose ; elle s’est laissé faire. Mélanie, c’est quelqu’un qu’il faut dompter : c’est une lionne. Elle est venue avec ses musiciens, et on a passé un très bon moment. Elle a enregistré une très belle version de « La Rouille ». C’est une interprète exceptionnelle. C’est quelqu’un qui a une très forte émotion dans sa proposition de chant. Et je suis ravi de l’avoir rencontrée grâce à Mano.

 

– Qu’écoutez-vous en ce moment ?

– Fredo : Pas mal de choses. Ce n’est pas le style qui compte pour nous ; c’est la manière dont est faite la chose. On peut avoir un groupe de Trad et qui est rock’n’roll dans la tête.

– Laurent : J’écoute beaucoup Calexico, et de plus en plus de Musiques du Monde, grâce à une application sur le téléphone qui s’appelle « RadiOOOOO», dont le principe consiste à choisir une année et un pays du monde, par exemple l’Algérie en 1962, et tu peux te retrouver à écouter ce qui s’écoutait à l’époque là bas.

 

Lien : Les HDL,  c’est là, clic —>  

Et Les Ogres, c’est ici  ——>

Miren Funke

Photos : Miren (1), Benjamin Pavone (2 ; 3 ; 6 ; 9), Loic Cousin (4 ; 5 ; 7 ; 8)

Sarclo a ses règles, bonus final..

17 Sep

Après la série qui vient de se terminer avec 7 publications quotidiennes du 11 septembre au 17 septembre, terminons par un bonus qui ajoute quelques points de vue complémentaires…

Ce que disait Moustaki, (Questions à la chanson)

Un aphone inculte, par sa seule sensibilité et son lyrisme naturel peut émouvoir. Mieux que la voix ou le cerveau des plus cultivés

 

Suite et fin des discussions FB.

Pierre Delorme : Après les règles et contre-ordre de Sarcloret, puis le point de vue de Guy Béart sur les « grandes chansons », voici celui d’ Alain Souchon:
« Les chansons ne sont pas faites pour être lues, mais écoutées. Distraitement. C’est la musique qui peut accrocher l’oreille et faire entendre les paroles. Les paroles sont derrière, en second plan.
On peut en lisant s’apercevoir que les chansons disent toujours les mêmes choses : que l’amour est difficile, que le temps passe vite, que ce qui est passé est enjolivé, que le monde est mal fait. Tout cela peut être dit de manière provocante, poétique, niaise ou neutre, c’est selon la personnalité de l’auteur
 » (Préface de «C’est déjà tout ça », Ed. Point virgule 1993)

Gilbert Laffaille Bien sûr, écoutées avant tout. Mais pour les jouer il faut bien pouvoir lire les paroles et la musique. Et quand il s’agit d’un auteur qu’on apprécie on a plaisir à voir réunis ses textes dans un livre, au format plus agréable que le livret d’un CD.

Pierre Delorme Ce qui me semble intéressant dans son point de vue est le caractère secondaire qu’il donne aux paroles (qui disent toujours les mêmes choses). C’est une manière de voir.

Marc Servera Aznavour dit que la musique est ce qui fait venir les gens, le texte ce qui les fait rester. Ça relativise un peu le « second plan » de Souchon.
Ce qui est sûr est qu’il est des tubes sans texte, aucun sans mélodie, ce qui tend à démontrer l’importance clé de la musique. Elle est un peu la locomotive sans laquelle les wagons chargés des mots les plus beaux peinent à rejoindre leurs destinataires.

Gilbert Laffaille C’est un peu une coquetterie il me semble. Lapointe, Caussimon, Ferré, Leclerc, Dylan, Annegarn et Desjardins ne disent pas les mêmes choses et pas de la même façon.

Pierre Delorme Oui, une coquetterie, sans doute, mais Brassens aussi expliquait que les gens venaient à ses textes grâce à la musique. C’est un peu la même chose, je crois, que veut dire Souchon. Toute une génération de chanteurs dits « à texte » a d’ailleurs tout misé sur les qualités des paroles, en négligeant trop la musique, ce qui est, à mon avis, une des raisons qui ont fait qu’ils n’ont pas rencontré le grand public et le succès.

Gilbert Laffaille Je suis d’accord. Les paroles, la mélodie mais aussi tout ce qu’il y a autour: l’arrangement, le propos, le style, l’âge, l’allure, l’adéquation à une époque, le son, l’air du temps, les médias etc. Brassens en son temps était bienvenu, Dylan aussi.

Gilbert Laffaille Bienvenus dans le sens où ils ont mis un bon coup de pied dans la fourmilière et fait scandale en leur temps.

Pierre Delorme Il semblerait qu’aujourd’hui le « personnage » soit largement aussi important (voire plus) que les paroles et la musique.

Pierre Delorme J’ai entendu « M » dire qu’il avait commencé par travailler son « look » avant d’avoir écrit ses chansons. 🙂

Gilbert Laffaille Oui l’apparence et le son. Ce qui n’empêche pas M d’être un excellent guitariste !

Pierre Delorme Tout dépend de ce qu’on appelle un excellent guitariste. 🙂

Gilbert Laffaille Dans son genre pop-rock je trouve qu’il est bon.

Sarclo Ret Souchon a une plume splendide, et il la joue modeste. Il veut déléguer le beau rôle à Voulzy… Bien sûr que chacun fait l’un et l’autre le mieux qu’il peut. Chez Souchon, on a l’impression qu’il cache des chansons dans de la variété parce qu’il sait que les médias n’aiment pas la chanson. Pour ma part si j’ai baratiné sur le textes, on aura compris que c’était parce que mes musiques n’ont aucun intérêt…

Pierre Delorme Le problème des musiques en chanson n’est pas forcément l’intérêt mais plutôt la cohérence avec le texte . De toute façon, les auteurs-compositeurs qui peuvent se targuer de composer des choses vraiment intéressantes se comptent, à mon avis, sur les doigts d’une main.

Sarclo Ret Oui.
Des bouts de textes comme ceux de Béart ou Souchon… C’est chouette ! Est-ce qu’il y en a beaucoup d’autre? Ça mériterait d’être rassemblé.

Pierre Delorme Je ne sais pas, ça doit se trouver en cherchant bien… 🙂

Pierre Delorme Il y a aussi cette courte phrase de Brassens, qui à mon avis dit pas mal de choses :  » «Même si on écrit des conneries, il faut poser les trois mots qu’il faut sur les trois notes qu’il faut. C’est un don. Les plus grands poètes ne l’ont pas forcément. »

 

Et pour terminer,   Pierre Barouh (citant Cocteau)

Qui sait écrire ? C’est se battre avec l’encre pour tâcher de se faire entendre.
Ou bien l’on soigne trop sa besogne ou bien on ne la soigne pas assez. Rarement on trouve l’entre-deux qui boite avec grâce.

 

Le Blog du Doigt dans l’Oeil

Sarclo a eu ses règles, voici les trois dernières…

17 Sep

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Sarclo a eu ses règles. Ça va mieux… Bien sur y a pas de recettes pour faire une jolie chanson, ni pour en faire une belle. Y a juste quelques conneries à savoir, à entrevoir pour éviter le ridicule. Je vous fous la paix un moment, je suis au bout de mes sottises. là je compile tout ça, avec les réactions, et on peut avoir toutes les chicaneries d’un coup…

Huitième règle : LA MUSIQUE COMPORTE AUSSI QUELQUES CLICHÉS, ET ÉNORMÉMENT DE PONCIFS. Ils sont à éviter. 

Cette règle est suggérée par Manu Galure qui nous déclare : 
« Personnellement, je ne supporte pas d’écouter une chanson pour la première fois et de retrouver la grille d’accords du premier coup. Pire, il m’arrive pendant la première écoute d’une chanson de chanter la fin d’un couplet, un break, un changement d’accord, juste parce que j’ai vu arriver l’effet gros comme un mammouth dans le cul d’une nonne.
Tout le monde n’est pas Kurt Weill, mais si avant d’écrire une musique, les chiens la sifflent déjà, autant dire que pour moi, ça n’est pas une chanson, c’est une merde
. »

Contre-ordre : the very secret John Lennon chord progression… enfin révélé, le secret de « Workingclass Hero » un la mineur suivi d’un sol suivi d’un la mineur, suivi d’un sol, etc. le battement interminable de ces deux accords suffit à garder la tension de la chanson d’un bout à l’autre. Chef d’œuvre.

Neuvième règle : c’est le bordel. Bonne bourre. Faites ce que vous voulez.

Fred Daubert Merci ! 😉

Valérie Bour Vivement l’ovulation !

Sarclo Ret Aucune chance. L’andropause est intervenue avant que je me fasse baiser. Je t’en aurais gardé un…

Pierre Ganem J’adore, pis on est pas payé pour être cohérent, ca se saurait !

Jean-Pierre Lombard J’ai raté les premières règles…C’est super. Merci.

Gaël Turlan Les règles sont déjà finies ? Décidemment, le temps passe (fallait bien) trop vite…

Sébastien De Lyon https://youtu.be/YVo_xmC_X4E
En conclusion 
😃 et comme on a les mêmes choses sur le coeur.

François Béranger « Manifeste »

Rien n’a vraiment changé …

Nicolas Jaillet L’excellent Thierry Chazelle avait un jeu quand il animait des ateliers d’écriture de chanson. Il donnait trois petits panneaux à chacun de ses stagiaires : « Refrain » , « couplet », « gimmick » et puis je sais plus quoi, enfin, j’ai dit qu’y en avait trois de toutes façons. Et il leur passait « Les sombres héros de la mer » et il fallait qu’ils devinent à l’avance ce qui allait se passer. Et ils se plantaient à chaque fois, évidemment, vu comme la chanson est branlée. À part ça, c’est dommage si ça s’arrête, moi j’aimais bien.

Christophe Pochon Ben j’ai un peu rouspété, mais c’était bien bonnard et j’y pense plusieurs fois par jour 🙂

Jean Dekkers la neuf est la bonne !

Nelly Soubeyran « Une chanson est telle lorsqu’elle marche d’elle même »
A song is anything that can walk by itself
Bob Dylan

Pierre Delorme Dites à Manu Galure que la qualité d’une chanson ne se mesure pas à la »richesse » de la grille et à la vitesse à laquelle on peut la relever, sinon pour les oreilles aussi exercées que pointues toutes les chansons seraient mauvaises. Le contexte harmonique, plus ou moins sophistiqué, est le plus souvent une affaire de style, de couleur.

Sarclo Ret ça n’enlève rien à la nécessité d’éviter les poncifs. voir le la mineur de Jacques Bertin…

Christophe Pochon Pierre Delorme Je ne suis pas d’accord. Quand après 10 secondes je repère les 4 accords magiques, genre Gm Eb Bb F, ça me soûle. Pas besoin d’avoir des oreilles si exercées. Si après 10 secondes tu peux chanter « Femme libérée » par-dessus, c’est mort.
Pour la suite de ton commentaire, c’est vide de sens, beurk.

Schneider Jean-François Tu veux dire « genre Ma France de Ferrat » ???!! Contre exemple total…😇

Sarclo Ret Je suis mal à l’aise pour contredire Delorme sur la musique : il est beaucoup plus « qualifié » que moi qui ne sais pas lire une partition. néanmoins il y a pléthore, en France, de chantistes qui ont appris la guitare avec des partoches de Paul Beuscher qui reprenaient du Renaud qui reprenait du Hugues Aufray qui massacrait du Dylan, et on arrive à la très secrète suite d’accord de Jean Vasca (la mineur mi majeur et retour) et ça casse quand même les burnes. Il faut le dire. c’est rigolo, les frères Cuffi ont pas jugé bon de venir ronchonner sur ce débat…

Dixième règle : elle est très juste et elle est de Pierre Delorme. « S’il devait y avoir une règle, peut-être dirait-elle que pour « créer », faire du neuf, la connaissance de la tradition est indispensable. La seule spontanéité vous condamne à piétiner sur des sentiers mille fois battus. »

Contre-ordre : Dylan qui en a fait 700 dit qu’on a tous une chanson en soi, celle de la chance du débutant, elle peut être formidable même si elle est d’une ignorance indécrottable

Les conversations battent leur plein sur Facebook, sur le « mur » du chanteur Sarcloret qui poste ses « règles » et « contre-ordres » concernant l’écriture de chansons. C’est rigolo et provocateur, bien dans sa nature. comme il est dans la nature du scorpion de piquer la grenouille sur le dos de laquelle il traverse une rivière.* Revenons à nos moutons. Y a-t-il vraiment des règles pour écrire des chansons ? Cet art populaire s’accommode mal des règles et théories diverses, il préfère souvent la spontanéité, « l’inspiration », et il n’est que rarement associé à l’idée de labeur.
Les conseils et trucs divers, il y en a à foison dans les ouvrages, généralement confidentiels, de ceux qui ont fait pour ainsi dire profession d’animer des stages d’écriture de chansons, mais ça se limite souvent à des astuces sympathiques et rigolotes pour déclencher l’inspiration chez ceux qui n’écrivent ou n’osent pas écrire des chansons.
Cependant, ceux qui osent et qui n’ont pas besoin qu’on leur pousse la plume ne manquent pas. Mais leur faut-il des règles pour écrire et composer leurs chansons ? Une vingtaine d’années d’enseignement dans un conservatoire auprès d’auteurs-compositeurs m’a permis de réfléchir à la question, à défaut d’y apporter une réponse. Je suis arrivé à la conclusion que les seules règles possibles dans ce domaine sont celles de la versification et celles de la théorie musicale, du moins concernant les notions de tonalité et d’harmonie. Ce sont là les seuls outils que j’ai fournis à mes ouailles. Pour le reste, c’était du bavardage dont j’ignore s’il leur a été utile, mais j’en doute.
J’ajouterai pour terminer que j’ai été frappé également par leur absence à peu près complète de connaissance des chansons du patrimoine. Pourtant, étudier de près ce qui s’est fait par le passé est instructif et formateur. Les grands peintres, même les plus aventureux et inventifs, n’ont-ils pas commencé en recopiant, au Louvre par exemple, les œuvres des maîtres ?
On peut décortiquer avec intérêt les paroles de Brassens, de Brel, de Vian et Gainsbourg, etc., et leur mélodies aussi, ce qu’on aura pu y observer sera toujours utile par la suite, d’une manière ou d’une autre.
S’il devait y avoir une règle, peut-être dirait-elle que pour « créer », faire du neuf, la connaissance de la tradition est indispensable. La seule spontanéité vous condamne à piétiner sur des sentiers mille fois battus.
Et pour terminer, ces deux vers d’un « maître ancien » en la matière, Georges Brassens :  « Sans technique un don n’est rien / Qu’un’ sal’ manie » (Le mauvais sujet repenti).

Serge Leroux Ah les chansons du patrimoine ! Comme ils disent à l’O.L. il faut travailler les fondamentaux !

Floréal Melgar Il me semble que c’est à L’ASM qu’on dit ça, surtout en début de saison.

Marc Servera Ça me fait songer à Primo Levi à qui un auteur en herbe avait demandé quelques conseils relatifs à l’écriture. Il s’était prêté au jeu en déclinant quelques conseils d’ordre pratique voire technique. Rajoutant in fine : « Ah oui, j’oubliais, pour écrire, il faut avoir quelque chose à dire. » Tout est dans le « quelque chose ».

Pierre Delorme faut-il nécessairement avoir quelque chose à dire pour écrire une chanson ?

Marc Servera Non. Mais pour une bonne chanson, demande à Brassens, ça peut être utile.

Pierre Delorme Bien des bonnes chansons de Brassens ne disent pas grand-chose.

Marc Servera Mmmh… Réécoute-les.

Si ton plombier, ton garagiste, ton dentiste, ne savent pas très bien pourquoi ils veulent faire ce qu’ils s’apprêtent à faire, tu ferais peut-être bien de changer de crèmerie. S’il n’y a pas, derrière leur action, une claire intention, un projet élaboré, une vraie réflexion, une ferme ligne directrice, si a contrario c’est du « on verra bien, j’improvise », je doute de la qualité de la prestation et du résultat.
Cette intention de « faire » ou « dire », ça revient au même, est un gage de sérieux.

Hervé Perdry Dire, ou raconter ?

Marc Servera Hervé Perdry Quelle différence selon toi entre les deux termes ?

Hervé Perdry Quand on a quelque chose à dire, c’est un peu qu’on a un message à délivrer. Quand on n’a rien à dire, on raconte sa vie ou des histoires. Et ça fait parfois de la bonne littérature ou des bonnes chansons.
On peut ne pas être d’accord avec cette nuance entre dire et raconter, mais c’est ainsi que je comprends la question de Pierre « faut-il nécessairement avoir quelque chose à dire ? ».

Pierre Delorme Je voulais simplement dire que si dans certaines chansons Brassens semble vouloir dire quelque chose, exprimer un point de vue, dans d’autres le plaisir de la poésie et celui de faire une chanson semblent être la seule source de son travail.

Hervé Perdry C’est un peu ce que j’essayais de… dire. J’ai trouvé la citation de Primo Levi : « Dimenticavo di dirLe che, per scrivere, bisogna avere qualche cosa da scrivere. »…il faut avoir quelque chose à écrire 

Marc Servera Pierre Delorme Je crois que tu te trompes. Il avait toujours à cœur le sens, un sens en tout cas. Tu trouveras par exemple sur le net ses propos relatifs au « Fossoyeur », où il dit que sa chanson est sortie de l’anecdotique à travers ce vers :  » J’ai beau me dire que rien n’est éternel / Je peux pas trouver ça tout naturel. »

Marc Servera Hervé Perdry Si tu opères un distinguo entre « écrire » et « dire », s’agissant du « parcours » de Primo Levi, je sais pas…

Pierre Delorme Que dit-il dans « Mélanie »? Dans « Dans l’eau de la claire fontaine »? Lèche-cocu? etc.

Marc Servera Sur « Mélanie », puisque c’est ta première citée, ces deux vers, hautement subtils : 
« Aussi, chrétiens, mes très chers frères,
C’est notre devoir, il est temps,« 

Marc Servera « La claire fontaine ». L’ingénue prie Dieu qu’il fit du vent. 
On est plus compliqué et contradictoire qu’il n’y paraît.
La tentation est naturelle de ramener à notre niveau ce qui nous passe au-dessus de la tête. On peut aussi se dire qu’une intention existe qui nous échappe.

Hervé Perdry On peut considérer nombre de chansons de Brassens comme des manifestes pour l’amour libre ou pour la liberté sexuelle ; à l’Eau de la claire fontaine et à Mélanie j’ajouterai par exemple À l’Ombre du cœur de ma mie qui est ma préférée… mais est-ce que Brassens a écrit ces chansons parce qu’il avait à dire « oui à la liberté amoureuse », ou est-ce qu’il le dit en passant, simplement parce que c’est là dans sa façon de vivre, dans les histoires qu’il a envie de raconter ?

Une très belle chanson de Brassens, sur un poème de Théodore de Banville : le Verger du Roi Louis. On peut y voir un plaidoyer contre la peine de mort, si on veut ; si c’en est un, ça n’est pas pour autant ça qui en fait une belle chanson. Si ?

Marc Servera Je crois, Hervé, que tu sous-estimes, avec d’autres, la démarche de Brassens, plus creusée et nuancée qu’un tract : 
« Quoi que l’on raconte,
Y a pas plus de honte
A se refuser,
Ni plus de mérite

D’ailleurs, ma petite,
Qu’à se faire baiser. »

Hervé Perdry Dans celle-ci, l’intention de délivrer un message, de dire quelque chose, est très claire, en effet. Je la trouve beaucoup moins bonne, d’ailleurs.

Marc Servera Hervé Perdry Ce n’est pas que tu la trouves moins bonne, c’est qu’elle rejoint moins tes idées ! 😉

Hervé Perdry Non, c’est juste qu’elle en est presque didactique : je vais vous expliquer la vie, écoutez moi. L’intention de dire est tellement évidente qu’elle prend le pas sur la poésie.
(Bien sûr c’est un avis personnel, basé sur mon ressenti et non sur des paramètres quantifiables).

Hervé Perdry Et comme les autres, elle prône la liberté sexuelle, je ne vois pas en quoi elle serait différente de ce point de vue…

Marc Servera Je suis d’accord sur le côté trop didactique. Qui trop embrasse mal étreint !
Sur la liberté sexuelle, il me semble – c’est une perception personnelle – qu’elle ne prône pas plus qu’elle ne déconseille. Une sorte de retenue.

Hervé Perdry La liberté sexuelle inclut celle de ne pas « le faire », c’est ce que je comprends en tout cas…

Marc Servera Hervé Perdry C’est alors la liberté tout court, qui n’est pas forcément de faire ce que l’on veut, mais aussi de ne pas faire ce que l’on veut ! 😉

Sarclo Ret Pierre Delorme, déjà dit, mais je me répète: Voltaire a écrit « je ne pardonne à un livre que s’il m’apprend quelque chose » et j’aime m’interroger sur la translation à faire de cette pensée sur les livres vers les chansons. Les chansons sont toutes pardonnables! même et peut-être surtout celles qui ne disent rien, qui ne nous apprennent rien. Je n’aime ni les chansons de Sardou ni son public, mais je suis bien content qu’ils soient contents, Et ses chansons disent, hélas, plein de choses. mais avoir quelque chose à dire permet de gaver la chanson qui ne le dit pas d’un tas de sous-texte qui nous lance dans la rêverie. Les chansons à message sont souvent le fait de gens qui n’ont justement rien à dire. quand Brassens chante Saturne, il ne fait pas un plaidoyer pour Brigitte Macron et le statut de première dame, il exprime une tendresse assez désespérée pour Püppchen (corrigé, pardon), un genre de noblesse de sentiment. la chanson est un genre sentimental. « Comme à Ostende » est la chanson d’un gars qui regarde partir sa vie dans les yeux verts de la barmaid, et qui pleure pour un limonaire, et qui veut aller aux putes quand il est bourré. allez chercher le message… Mais les sentiments exprimés ont cette vertu de ne pas être univoques, d’assumer leur complexité. la poésie, c’est le sens imaginaire. On a le droit d’en être dépourvu et de faire des chansons qui en sont dépourvues, mais c’est ça que je cherche : un dérapage du sens. Des questions?

Attention à orthographier « püppchen » (petite poupée) avec deux « p » dans ton truc, püpchen c’est un petit pet, dit-on. Il paraît que l’erreur avait été faite par le marbrier sur la tombe de Brassens et son éternelle fiancée, à Sète. Remarque de Pierre Delorme, merci !

Marc Servera Sarclo Ret « Avoir quelque chose à dire permet de gaver la chanson qui ne le dit pas d’un tas de sous-texte qui nous lance dans la rêverie. les chansons à message sont souvent le fait de gens qui n’ont justement rien à dire.« 
J’aime beaucoup cette approche qui implicitement exprime deux choses :
1. Que dire n’est évidemment pas produire du tract, c’est un peu plus fin.

2. Que ce n’est pas non plus produire de la carte postale, c’est un peu au-delà, ou en-deçà, dans le sous-texte, possiblement même entre les lignes. Ça me semble forcément relever d’une intention. C’est devant le même paysage le regard du photographe qui ne peut pas être exactement le même que celui du touriste.
Autrement dit, dans le cadre d’une démarche artistique dire n’est pas expliquer encore moins asséner, mais suggérer, donner possiblement à regarder un peu plus que la chose vue.

Laurent Guillaume méééééé ! c’est pas Gretschen, c’est Püpchen !!! M’enfin !

Sarclo Ret Laurent Guillaume T’as bon… Quand je ramène ma science on voit bien les lacunes…

Vincent Chanet J’ai pas tout lu mais ça a l’air vachement intéressant..Vive Sarclo Ret sans qui ce débat n’aurait pas lieu…

 

Eh bien voilà, c’est fini… mais on peut ajouter ce que pensait Guy Béart,

Une grande chanson doit contenir quatre points. Si miraculeusement elle les contient, elle possède de grandes chances de toucher. En un la chanson doit enchanter, toucher ce que nous gardons en nous d’enfance, par le jeu des sonorités et celui des mots. En deux elle doit séduire, charmer ce que nous avons de féminin. En trois, après l’enchantement et la séduction, la chanson doit intéresser ce que nous avons de masculin en nous, c’est l’information. En quatre enfin, la chanson doit être mystérieuse, dire les choses entre les lignes, pour nous rendre complices d’un secret. Les grandes chansons de révolte, complètement séditieuses, sont anodines en apparence…
C’est important le mystère, dire les choses au premier degré […] c’est facile et ça m’a toujours profondément ennuyé
.

(Paroles et musique 1985)

 

Le blog du Doigt dans l’Oeil

 

Sarclo a ses règles, sixième et septième jours..

16 Sep

Pour le week end, double dose, en attendant l’apothéose de dimanche…

PhotoNGabriel2013

Sarclo a ses règles. Passée l’andropause, ça n’est pas si douloureux…

Sixième règle : se donner un style et s’y tenir, et CHAIRIR* LA SONORITÉ DE CHAQUE SYLLABE. Certaines chansons peuvent venir en une heure et d’autres demander des mois de chantier, ne pas renoncer, ne rien se pardonner. Les « e » muets qui font un pied dans une strophe et n’en font pas dans l’autre, les consonnes qui s’entrechoquent comme un pot de chambre qui dévale les escaliers, les césures qui se baladent sans rythme ni raison, les voyelles qui se suivent et n’ont pas de sonorité, les verbes qui changent de temps pour arranger un vers, voilà des péchés souvent audibles dans les oeuvrettes de certains de mes aspirants collègues. Si vous lisez ça dans une chanson, ce n’est pas une chanson, c’est une merde.

En contradiction avec mon article concernant les adjectifs j’ai eu le bonheur de lire ces vers. Pensez à la façon si soignée de Thiéfaine de mâcher ses syllabes et jouissez de cette sonorité irréprochable. Les chansons sont trop courtes pour les attifer de phrases mollassonnes…

« On attend l’ange inquisiteur
Dans le calme froid de l’aurore
Quand les chiens vitreux de la peur
Flairent l’odeur sucrée de la mort »

in « Libido moriendi », sur « Scandale mélancolique » de H-F. Thiéfaine.

Contre-ordre : la scansion classique peut parfaitement être considérée comme dépassée. « Des biscuits pis des jokes avec un vieux mur crasse / Rempli d’trous pis d’silences / Y’avait l’tapochage du voisin / La smoke à mon bec m’rappelle l’odeur de ta main / L’aimera? L’aimera pas? La marguerite chante son refrain ».
Le rap, Zebda, Bernard Adamus etc. ont jeté ça aux orties depuis belle lurette. Cette règle n’est à prendre au pied de la lettre que pour ceux qui veulent rimer « à la Brassens » ou assimilé. On peut chercher à la rime une justification, à part celle de faire « comme il faut », et cette justification est la suivante, pour ce que j’en ressens : une belle rime fait sonner les mots comme des proverbes, et annonce de ce fait des vérités indiscutables.
Pour Thiéfaine on pourrait énoncer cette justification comme suit : dire des absurdités sur un ton indiscutable.

* Je dois cette jolie faute à Stéphanie Pahud, que je remercie.

et puis tiens je vous offre une petite chanson très jolie. je sais pas du tout comment elle est foutue. ça n’a aucune importance.

Mathieu Boogaerts – Avant que je m’ennuie [CLIP OFFICIEL]

NOUVEL ALBUM DISPONIBLE! Télécharger sur iTunes: http://bit.ly/boogaerts-itunes || http://www.facebook.com/MathieuBoogaerts || Réalisateur: Didier Richarth P…


Pierre Delorme
 Chercher la rime peut amener à des trouvailles auxquelles l’auteur n’aurait pas penser autrement.

Sarclo Ret Juste. parfait. le dictionnaire de rimes comme gisement d’idées, la sonorité comme piège à associations d’idées. bien dit.

Pierre Delorme La rime (riche ou suffisante) est une sorte d’outil, un matériau, on peut s’en servir et d’autres fois non, selon le type de chanson qu’on veut écrire.

Marc David Gilles Vigneault : « Ce sont parfois les mots qui nous amènent apparemment à la chute, dans la belle cadence d’un vers, mais ce n’est qu’une apparence. La chute, on doit l’avoir en soi, à l’intérieur. »

Marc David Pour Verlaine : « De la musique avant toute chose, 
Et pour cela préfère l’Impair, 
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. 

Il faut aussi que tu n’ailles point 
Choisir tes mots sans quelque méprise : 
Rien de plus cher que la chanson grise 
Où l’Indécis au Précis se joint. 
Que ton vers soit la chose envolée »

Nelly Soubeyran Magnifique !

Eric Maurin La chanson parfaite a 89 ans, elle est plus vieille que Sarclo : https://www.youtube.com/watch?v=BWcTygNI-YE

Dranem  » le trou de mon quai  » 1928

Dranem  » le trou de mon quai  » au piano…

Christophe Pochon Merci pour la chanson de Mathieu Boogaerts. Magnifique, comme souvent.

Eric Maurin Un type adorable. Grand souvenir de sa tournée avec Dick Annegarn il y a au moins 10 ans… Deux cadors.

Alain St-Yves Professeur Sarclo, vous m’étonnez encore! J’apprécie…

Marie-Caroline Burnat-puzin « Chairir » , c’est bien. J’aime bien ce lapsus orthographique.

Sarclo Ret a répondu Stéphanie Pahud, ravissante professeure de français pour étudiants étrangers à l’uni de Lausanne, linguiste, auteur d’un livre qui s’appelle lanormalité, est l’autrice de ces néologismes utiles. elle est sur facebook.

Schneider Jean-François Chairir, c’est faire copieux sans être gras, donc…

Eglantine Phi R Ce ne serait pas un peu minimaliste? (🎶gnagnagnagnanananagna)

Eglantine Phi R https://www.youtube.com/watch?v=vf74z0nJFJk

Delerm et Boogaerts – Na Na Na

 

Sarclo a ses règles... on peut toujours tomber sur un contrôle…

Septième règle : UNE CHANSON EST FAITE POUR ÊTRE CHANTÉE. Ce qui est exigé par la règle précédente est doublé d’une nécessité d’observer les intonations d’une musique et de s’y plier. Les accents de la mélodie doivent dicter la rythmique de l’écriture qui doit s’y adosser. Ça va demander, une fois la musique adaptée à un fragment de la chanson, de faire observer aux autres fragments qui iraient sur la même musique d’avoir une rythmique compatible, y-compris dans ses accents. Si vous entendez une chanson où la mélodie colle mieux à une strophe qu’à une autre, ce n’est pas une chanson, c’est une merde.
Par exemple, si on écoute l’Histoire du Soldat de Ramuz et Stravinsky, la métrique du mot est un casse-tête, sans cesse collé à la rythmique de Stravinsky, alors que tout est en prose, ce qui implique que la sonorité des mots a des exigences qui sont en dehors de le « belle rime » et de toutes ses règles. Peu avant sa mort Ramuz a écrit : « il y a des choses que je n’ai pas pu dire, parce que ça faisait neuf, et je voulais mettre huit ». extrait de l’Histoire du Soldat :
« Il ne faut pas vouloir ajouter à ce qu’on a ce qu’on avait
on ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était
il n’est pas permis de tout avoir, c’est défendu
un bonheur est tout le bonheur, deux, c’est comme s’ils n’existaient plus »

Contre-ordre : « Messieurs dames j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle / La bonne : il ne pleut pas dehors / Et la mauvaise : je ferme » Loic Lantoine écrit comme il veut. Il pose ça comme il veut sur la musique qui se plie à son bazar. Donc une chanson peut très bien ne pas être chantée, ni rimée, et être belle.

Marc David Si une chanson n’est pas chantée, ne serait-ce pas tout simplement un texte accompagné par une musique ? Peut-être me goure-je, mais il me semble que par définition, chanter, c’est interpréter une mélodie avec la voix… Sinon, cela s’appelle dire, déclamer, réciter, parler, slamer, rapper… en ce qui concerne le texte, siffler éventuellement en ce qui concerne la mélodie.

Sarclo Ret Tu mets Loic Lantoine dans quel carton ?

Yoanna Ceresa Plutôt du rouge 😉

Sarclo Ret Yoanna Ceresa Juste. au poil ! On a quand même quelques amis communistes…

Marc David Sarclo Ret Parce qu’il faut absolument ranger un créateur dans un carton ?! Et bien s’il le faut, je le mettrais dans la même catégorie qu’Yvette Guilbert, je le mettrais dans la catégorie « diseur » (moins dix, évidemment) !!

Eric Maurin Le français, ou l’européen, aime bien ranger la musique dans des tiroirs. Quand il ne sait pas ce que c’est ou qu’il ne comprend pas les codes, il appelle ça de la world-music, ça lui permet de tout foutre dans le même bac-poubelle.

Eric Maurin J’ai un pote qui s’emmerde pas, en tant que disquaire, il a créé un bac qu’il a nommé « musique d’alcooliques, de drogués, et de dépressifs », ça lui permet d’accélérer le tri.

Marc David Eric Maurin Ca accélère peut-être, mais surtout il doit y avoir beaucoup de disques !  🤣

Eric Maurin Il vend très peu de disques de Sarclo…

Marc David Eric Maurin Peut-être n’a-il pas su dans quel carton le ranger ?!  😉

Eric Maurin Il hésite encore entre le stoner et le grindcore helvète…

Marc David En référence à Bashung, sur des mots de Boris Bergman, je lui suggèrerais l’ Helvète underground.

Eric Maurin C’est pas déja pris par Jérôme Cahuzac ?

Marc David Eric Maurin Non, lui c’était l’ariégeois chocolat…

Eric Maurin Non, tu confonds avec Cazoul !!! https://www.youtube.com/watch?v=0KxsotMDSFk

Cazoul La nuit je mens

Marc David Tu l’as piqué sur le site dont Sarclo a donné l’adresse il n’y a pas longtemps ?!

Eric Maurin Même pas ! Je connaissais Cazoul avant Sarclo ! Solidarité occitane.

Marc David Eric Maurin Fais gaffe quand même, je vais finir par comprendre que l’on fasse de la solidarité un délit ! 😁

Eric Maurin Que nenni ! Sarclo a fait de très bonnes faces B dans sa jeunesse. Ceci dit sans flagornerie.

Marc David Sarclo, oui, mais Cazoul…?

Eric Maurin Je ne connais pas ses 45 trs… à mon grand dam.

Sarclo Ret Ce Cazoul est un génie absolu !!! sincère, fin, généreux, merci pour cette découverte.

Eric Maurin Très sérieusement, Sarclo, il faut visionner son interviouve lors de sa sélection pour « La France a un incroyable talent ». Les réactions des « parisiens » à sa venue sont croquignolettes… Une vraie tendresse pour ce monsieur.

Eric Maurin https://www.youtube.com/watch?v=4y6FbX3NTUM

Armand Cazeneuve dit CAZOUL reprend Bonnie…

Eric Maurin Sur cette pirouette, bonne nuit à tous !

Norbert Gabriel Dans le genre parlé-chanté, il y a Camille Hardouin qui excelle, dans les parties « parlées » de cette conteuse chanteuse, on entend la musique, elle alterne avec bonheur, il me semble qu’elle est unique en son genre, peut-être avec Lior Shoov selon quelques avis d’amis qui les connaissent toutes les deux…

Hervé Perdry Une parenté avec Léo Ferré, Préface, dans cette règle…

Annik Davister Tu veux dire que c’est fini ? J’ai trouvé ça épatant !

Adriana Gonzalez Une chanson doit donner des frissons, peut importe la rime, la métrique, la melodie .. Si j ai la chair de poule à la première écoute et si je peux l’écouter en boucle sans m en laisser…. Voilà! Une émotion toujours renouvellée… Humble avis de qq qui aime les chansons et qui ne peux que les écouter…. Bravo à vous!

Sarclo Ret Une fois encore, vibrez comme ça vient, je m’en fous. Sardou fait vibrer plus de monde que moi et ça n’a aucune espèce d’importance. Ce jeu de piste que je propose est destiné aux tricoteurs de chansons.

Adriana Gonzalez Sardou??? Fait vibrer?? Pas du tout! En tout cas fait gagner de l’argent à qqn et danser qqn d autre… Je suis Argentine et marre des artistes que tout le monde connait ici et là – bas, marre des radios qui ne passent que de la merde… Et merci toujours aux tricoteurs et tricoteuses de chansons… Vivement Penelope!

Schneider Jean-François « Connemara » : ça fait vibrer même quelques puristes..

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Joël Burkhard Châtillon-sur-Seine et Tous les gamins du monde sont mes chansons préférées du monde ces temps et effectivement elles sont dans la règle 7 🙃

Sébastien De Lyon Fantastique cette chanson de Loïc Lantoine

Pierre Delorme La langue a des accents toniques, la musique une pulsation et des temps forts, ce dont tu causes c’est le rapport entre eux. 🙂

Sarclo Ret tTes incorrigeable mon Delorme, un vrai Raymond La Science, tu me fais rigoler, c’est délicieux.

Pierre Delorme Pourquoi? C »est comme ça que ça s’appelle, enfin si ça te fait marrer c’est déjà ça.

Norbert Gabriel Pierre Delorme Pour une fois qu’il se marre au lieu de sortir le bazooka, faut en profiter, on ne sait jamais ce que réserve la suite… 😉

Sarclo Ret Ce qui est drôle c’est que l’un de nous deux pense qu’en sachant désigner les choses on les éclaire, et il dit ça parce qu’il sait les désigner et qu’il les trouve plus claires comme ça, ce que je respecte complètement, et que l’autre (moi), paresseux, pense que ça les éteint un peu… J’avais un prof d’architecture structuraliste qui me traitait de fasciste parce que je voulais trouver autre chose pour dire « chaîne paradigmatique de signifiants »… Je suis convaincu qu’il y a des choses qu’il faut savoir désigner, mais je n’ai jamais utilisé le mot vagin en baisant par exemple…

Pierre Delorme Comme ces posts sont destinés à être lus par des gens qui écrivent des chansons, du moins j’ai cru comprendre que c’était aussi leur but, il me semblait intéressant que certains puissent éventuellement se documenter et apprendre des trucs, s’ils en ontenvie. Franchement, parler de pulsation et d’accent tonique me semble moins inutilement compliqué que l’exemple que tu donnes. Voilà, tout, mais si ça te semble être inutile ou simplement le fait d’un mec qui veut la ramener avec sa « science » (?) laissons tomber.

Sarclo Ret Mais non c’est parfait, comme chaque règle a son contre-poison. un prof m’a dit (un bon, celui-là) avec un bon accent suisse mais non c’est parfait, comme chaque règle a son contre-poison. Un prof m’a dit (un bon, celui-là) avec un bon accent suisse allemand: « il y a chez vous une contradiction entre le vouloir faire et le savoir faire« . Il avait raison. ce que tu écris montre à tous ceux qui lisent, au delà des notions que tu leur proposes, qu’on peut prendre les choses par un bout ou par l’autre. Tu es plus analytique et je suis plus spontanéiste. Je n’ai pas beaucoup d’amis comme toi, dit la chanson, et je les garde avec gourmandise ! (si possible) Cela dit tu as écrit plus haut qu’en enseignant des années tu n’avais pas l’impression d’avoir fait éclore beaucoup de talents, alors je propose un peu de déconnade complémentaire…

Pierre Delorme Je ne pense pas avoir écrit ça, ce qui serait insultant pour tous les anciens élèves qui tournent un peu partout et qui lisent Facebook!. J’ai écrit que je n’étais pas forcément persuadé de la pertinence de ce que j’ai pu leur raconter, en revanche la seule chose dont je suis à peu près sûr, ce sont les outils (les choses que je nomme et qui t’agacent !) que je leur ai proposés pour travailler. Cela dit, le talent ils l’avaient (ou non), j’ai aidé un peu, c’est tout

Vincent Ruysschaert Du coup, un couplet, ou un refrain, qui respecte les règles précédentes, mais qui ne colle pas à la mélodie, peut très bien être utilisé pour une autre chanson… Ca t’est déjà arrivé, de recycler quelques vers ?
C’est très instructif, en tout cas, de passer les chansons que l’on aime à ces règles…

Michel Xib Pour faire une bonne chanson faut aussi avoir en face des oreilles qui savent écouter et qui sont réceptives.

Michel Xib Je dois dire Sarclo que ta chanson hommage à André Chavanne, je l’ai écoutée en boucle !

Gilbert Laffaille « Quand sur mes doigts la nuit je compte mes pieds » Dansez sur moi Claude Nougaro

Seb Dihl ohhh, mais de quoi me souviens-je instament??? Sarclo, la grande artiste Dorothée a fait la même chose, avec ses règles! mimi (pas la peine de m’engueuler, suis déjà parti)https://www.youtube.com/watch?v=q04rFGR_rbU

Dorothée : Pour faire une chanson (Club Dorothée 1988)

« Pour faire une chanson » est un titre de…

Sarclo Ret Epatant.

Seb Dihl hééé, pas tant!!!

Seb Dihl j’sais pas pourquoi, je pense que je préférerais 1223 régles de Sarclo que réécouter cette chanson.

Sarclo Ret Y a quand-même not’bon corbier…

Seb Dihl c’est vrai 🙂 Tiens, je le vois bientôt, d’ailleurs 🙂

Alain Collard · 15 amis en commun

Ah… s’il suffisait de suivre des règles pour fabriquer une chanson qui fonctionne !

Sarclo a eu ses règles. Ça va mieux… Bien sur y a pas de recettes pour faire une jolie chanson, ni pour en faire une belle. Y a juste quelques conneries à savoir, à entrevoir pour éviter le ridicule. Je vous fous la paix un moment, je suis au bout de mes sottises. là je compile tout ça, avec les réactions, et on peut avoir toutes les chicaneries d’un coup.

 

Et demain dimanche, grand final avec les trois dernières…

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