C’était le 24 Décembre 2016, avec un flash back sur les chansons et les artistes qui laissent une trace tatouée à vie dans la mémoire… Bien sûr avant il y avait eu Tino Rossi et Petit papa Noêl, Luis Mariano et Mexico-ooo, et surtout Stéphane Golmann et ses Actualités, chantées par Montand, accompagné par la guitare de Crolla… C’était l’enfance… Avec Hélène Martin, j’avais grandi… Et aujourd’hui, c’est l’occasion de retrouver quelques unes des très belles pages de chansons dont j’ai parfois du mal à retrouver l’équivalent aujourd’hui… Hélène Martin est chez EPM.. Et Puis Martin, c’est bien ça ?
Ce bonheur à chanter
Ce bonheur à me taire
A garder le secret
les jalons pour l’hiver
Et le don de raison
Et la science des nombres
Et le goût des maisons
Et le refus de l’ombre…
Ce bonheur à chanter
Ce bonheur à me taire
Le feu à tisonner
la patience à le faire
le jeu d’aimer les hommes
Errance et recouvrance
La liberté de l’homme
le feu et sa distance…
(Prométhée, Prométhée… Hélène Martin)
C’est comme les légendes que l’on garde au plus intime, souvenirs d’enfances, ou souvenirs d’émotions intenses, partagées en privé, et il peut paraitre impudique de les livrer presque en public Et puis, au final, entre impudeur et l’égoïsme de garder pour soi, laissons l’égoïsme de côté, et ouvrons les pages du journal intime des chansons de notre vie. Pour ma part, , il y a quelques décennies , c’est avec Ainsi Prague que je suis tombé raide dingue amoureux d’Hélène Martin et de ses chansons. C’était un temps où il pouvait nous arriver impromptu par les grandes ondes de la radio quelques merveilles qui vous précipitaient illico chez le disquaire, lequel répondait à la question en vous donnant le disque en question sans qu’on ait à épeler… Hélène Martin ? Comme Martin… J’ai eu l’équivalent avec Michel Bernard, comme Bernard ? Ah oui Michè-le... Non là, il suffisait de dire Ainsi Prague, et tel Lucky Luke dans ses œuvres, l’homme de l’art vous tendait le 45 T 4 titres, et en route pour faire chauffer le Teppaz, ou la chaine « Rolls Royce « Garrard, Denon ou Thorens.. mais dans tous les cas ça tournait, et d’Ainsi Prague au Condamné à Mort, en passant par La ballade de Bessie Smith et La Nativité selon Hélène Martin, ce fut un panorama très élargi de la chanson dans toute sa noblesse, poésie, blues, chronique sociale, témoignage, fable, conte, un art complet d’auteur-compositeur-interprète, et d’interprète de Jean Genet, Aragon, Pablo Neruda, Lucienne Desnoues, Jules Supervielle, Louise Labé, Philippe Soupault… Une femme debout, qui a assumé tous les rôles, créatrice et productrice avec le label Cavalier, dans un contexte pas toujours facile, c’était le temps des yé-yés, Itsi Bitsi l’école est finie, belles belles belles et la plus belle pour aller danser… Dans cette déferlante twisteuse, c’était comme une oasis préservée de faire étape chez Hélène Martin …
Je suis de ce pays frontalier entre les mots et la musique. Mais où la musique – qui a sa place unique – donne priorité au verbe et à l’amour du verbe. En poésie, explique-t-on ses choix ? Il s’agit de rencontres, d’amour, d’affinités parfois. Il s’agit de noces entre la voix et les mots qui ont leur sens, leur magie, leur résonance propre. Il s’agit aussi de préserver le chant premier existant dans le poème et de respecter la liberté unique du poète.
Respecter ne veut pas dire pour moi, ne pas toucher à l’œuvre, ni refuser de s’y « introduire ». J’essaie simplement de violenter courtoisement, allègrement et de maîtriser tout à la fois l’émotion, l’écho, le chant ajoutés. (Hélène Martin, dans Esprits Nomades)
Rien à ajouter, il faut écouter Hélène Martin, c’est un cadeau précieux.
Il paraît que nos chansonnistes français reviennent à la langue de chez eux, celle dans laquelle ils rêvent, après avoir, pour pas mal d’entre eux, chantonné dans un anglais post assimil, parce que ça fait sonner les mots, et que, lorsqu’on a pas grand chose à dire, vaut mieux le dire en anglais. Why not ? N’est pas Leonard Cohen ou Dylan qui veut, et dans le trésor de l’intégrale d’Hélène Martin, cet extrait du CD N°10 Nativité… faites sonner les mots et les guitares, pour Noël, Bonjour du blues en français. (Et après le blues laissez tourner, Mes amis mes amours..)
En plus de l’intégrale (Hélène Martin chante les poètes) une nouveauté est annoncée, pour le 27 janvier, disponible chez EPM, père Noël, comme tu n’existes pas, repasse quand même le 27 janvier, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.
Voir ici pour Virage à 80, quelques extraits ici, clic sur l’image,
et ici pour le reste, clic sur la boutique la plus sympa du web,
Et Joyeux Noël, malgré tout… Norbert Gabriel