Le groupe Deluxe revenait cette année à Musicalarue, festival qui fut parmi les premiers à leur avoir confié une scène pour exprimer leur Electro-pop mâtinée de Funk et de Soul, à l’époque où la formation quittait les rues d’Aix avec une renommée encore modeste, quoi que légitime. Leurs costumes excentriques inspirés du monde circassien endossés, la chanteuse Liliboy et les cinq musiciens survoltés embrasaient la grande scène des Sarmouneys, imprimant au concert un rythme frénétiquement joyeux d’un bout à l’autre. Explosion de bonne humeur, de folie douce et de loufoquerie facétieuse qui ferait presque oublier que ces comiques là sont aussi et surtout des musiciens de talent au jeu imparablement dynamique. Devant un large public conquis par l’esprit festif et déjanté, Deluxe enchainait les chansons de son dernier album « Stachelight », tout en laissant respirer le concert un peu, pas trop, juste ce qu’il faut, pour garder le cœur accroché dans
une cadence soutenue. Quelques heures auparavant, les six artistes nous recevaient, et ce n’est pas de nous abstenir de porter plus d’intérêt à leurs moustaches et leurs apparats qu’à leur musique qui nous a permis d’éviter que l’entretien parte en délires pour un moment savoureusement drôle.
– Bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Vous avez commencé à jouer dans la rue. Est-ce ce qui vous a donné le gout de capter l’attention du public ?
– Kilo : Complètement. Quand tu joues dans la rue, tu te rends comptes très vite qu’il faut sortir un peu du lot, ou capter l’attention du public pour qu’il reste. Donc on a assez rapidement compris ce qu’il fallait faire : faut qu’il y ait des interactions, qu’il n’y ait pas un moment où il y a un temps mort. C’est ce qu’on a gardé sur scène : c’est tout le temps rythmé.
– Pietre : Sauf au moment du temps mort !
– Lequel du désir d’exprimer quelques chose ou du plaisir d’avoir ce rapport avec le public motive le plus votre envie de faire de la musique ?
– Kilo : Les deux.
– Pépé : On adore interagir avec le public, être proche des gens.
– Pietre : On fait d’abord la musique qu’on aime pour nous, mais une fois sur scène, on la fait pour les autres.
– Par exemple, vous souvenez-vous de vos premières émotions musicales ?
– Kilo : Pour ma part, c’était les DVD de M. C’est la seule chose que je demandais à mes parents comme cadeau.
– Pepe : Mais toujours le même DVD… C’est ça qui est chiant.
– Kilo : Et Joe Dassin aussi. Et Paolo Conte.
– Liliboy : Lauryn Hill dans « Sister Act 2 ».
– Pietre : Ma première émotion, je pense que c’était un album de Rythm’n’Blues qu’avaient mes parents, avec Otis Redding et Ray Charles.
– Soubri : William Sheller aussi.
– Pépé : Moi, les disques de Michael Jackson qu’écoutait ma sœur.
– Vous aimez les collaborations musicales ; on en trouve de prestigieuses sur votre album. Pour vous, participer à un festival, est-ce aussi l’occasion de rencontrer d’autres artistes en vue de nouveaux échanges ?
– Kilo : Carrément !
– Liliboy : C’est comme ça qu’on a rencontré Matthieu Chedid, IAM, et Nneka.
– Pépé : Tous les gens avec qui ont a fait des featurings, on les a rencontrés en festival.
– A Luxey, vous êtes déjà venus plusieurs fois. Est-ce un plaisir de revenir ici ?
– Kilo : Trois fois. Et là on avait envie de rencontrer Véronique Sanson, et on est allés dans ses loges ; on voulait lui faire une surprise. Elle ne nous connait pas ; elle ne nous a jamais vus. Mais nous, on adore. On était dans sa loge et on s’est dit que quand elle rentrerait, on lui crierait « 1,2,3 ! ça va Véronique ? ». Et elle est rentrée et elle est tombée sur le dos, net. Lili a pris une bouteille d’eau pour la ranimer ; on a essayé de la tirer dans la loge. On était enfermés avec elle ; il ne fallait pas que son régisseur nous voit. Après on a mis le ventilateur, mais ses cheveux se sont pris dedans… Elle est revenue à elle finalement. Mais avec un œil gonflé…
– Pépé : Heureusement j’ai un brevet de secourisme.
– Kilo : Elle est hyper cool, parce qu’elle nous a dit qu’elle ne nous en veut pas. Mais elle a un oeil gros comme ça !
– Pépé : Non, mais avec le maquillage, ça ne se verra pas.
– Kilo : Donc à mon avis, pour l’album, c’est mort ; Il n’y aura pas de featuring avec Véronique.
– Donc si elle ne joue pas ce soir, on saura qui est responsable ! Après avoir été repérés et soutenus par Chinese Man via son label, vous avez fondé le votre. Que vous apporte le fait d’avoir votre propre label ? Est-ce pour vous une garantie d’indépendance ?
– Pietre : Ça nous permet de dire des conneries !
– Kilo : Oui, c’est l’indépendance. Il n’y a pas un mec qui peut venir nous dire « arrêtez de dire de la merde ! ».
– Pietre : En plus on peut se faire notre propre goûter. Tous les mois on organise un gouter. En plus c’est la boite qui paye. Faut faire des labels, comme ça on peut faire des goûters.
– Pépé : On va dans un parc à enfant ; on fait du toboggan.
– Kilo : Et le pire, c’est qu’on demande des subventions pour ça, et c’est l’état qui paye.
– Nous sommes contents de payer des impôts pour ça !
– Kilo : Mais il faudrait que tu viennes à un de nos goûters, mais tu viens toute seule.
– Pietre : Par contre, faut que tu nous dises ce que tu aimes comme céréales. Nous, c’est Frosties, mais si tu veux autre chose, on peut te prendre autre chose.
– Des Chocapics, c’est possible ?
– Pépé : Ouais. Si tu avais dit Miel Pops, ça n’aurait peut-être pas collé.
– Kilo : Si tu aimes bien les Chocapics, tu vas aimer les Coco Pops.
Et pour un bol de Frosties ou de Chocapics de plus, voyez Facebook : titillez la moustache et Deluxe vous ouvrira,
Miren Funke
Photos : Carolyn C (1 ; 2 ; 6 ; 7 ; 8 ; 9 ; 10), Miren (3 ; 4 ; 5 ; 11)