De la part de Richard Daumas (La cave aux artistes), rien de mieux à dire..
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ASTIER nous a quittés. Mais pour qu’il ne disparaisse jamais de la mémoire collective, je dirai ceci :
Il est parti comme un contrebandier de sépultures, un pilleur de troncs, un retrousseur de soutane, un coupeur de bite en quatre ! Ça ne m’étonne pas de lui, toujours à faire des trucs débiles et irrespectueux. Je suis sûr qu’il l’a fait exprès pour nous faire chier et nous montrer qu’il n’avait rien à foutre de notre vie de merde terrienne.
Claude est parti avec son secret. Mais nous le pleurerons longtemps, surtout nous ses créanciers. L’argent qu’il nous devait restera dans nos mémoires d’enculés. Cet argent, il nous l’empruntait pour spéculer sur des coups foireux comme les cabanes à fripes du Nicaragua ou le coup du siècle de l’élixir catégorique côté à la bourse zimbabwéenne. Il nous aura eu jusqu’au trognon cet enfoiré ! Et pourtant on le pleure avec ostentation et hypocrisie. On le pleure parce qu’on l’aimait. On aurait aimé être comme lui, pourri jusqu’à la moelle, écrivain d’une débilité géniale, compositeur véreux vendu à la mafia du disque dur, chanteur populaire et précurseur de l’expressionnisme débile, amant des plus grasses concierges de Paris. C’était le meilleur d’entre nous, le plus vicieux, le plus véreux, le plus insupportable des clairvoyants de la crapulerie. Un personnage hors du commun des mortels. Ah ! Alain Delon et François Villon pourront se féliciter de le voir disparaître car il faisait de l’ombre à leur notoriété. Jean d’Ormeson fera son panégyrique, BHL crachera sur sa mémoire et le Président offrira les caves du Panthéon pour accueillir sa dépouille, mais nous, pauvres vivants envieux de son destin, que nous reste-t-il ? Une mèche de cheveux, un bout de son gilet à fleurs, une corde de son violon, un poil de son pubis ? Astier, salaud, même mort tu continues à nous emmerder et à nous faire regretter d’être vivant. Pax volubis nostrum pététum gracia !
Quelques mots, de Gilbert Laffaille:
Astier c’est beaucoup plus drôle que… dix fois mieux écrit que… et beaucoup plus dérangeant que… C’est déchirant, tendre, percutant, incisif. Astier c’est impeccable, imparable, tranchant, net et précis. J’arrête parce que je n’aime pas les adjectifs. Astier, c’est bien.
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Norbert Gabriel
