Quinze ans de vie bouillonnante pour ce festival, sans doute le plus sympa de la région parisienne (avec Jazz aux Puces) … La chanson y est fêtée chaque année avec un enthousiasme et une créativité exemplaires. Quinze ans, et l’occasion de créer un spectacle collectif Le cabaret des pas perdus dans lequel on a réuni des « anciens », et des moins anciens, qui se sont agréablement mélangés dans des duos, des textes avec un clin d’oeil à Armand Gatti, des presqu’impros, que ces militants du spectacle vivant jouent avec maestria. Patchwork de compositions personnelles, de chansons du répertoire (salut Dimey, Brassens et Genet) moments rares offerts aux spectateurs présents. Car même si des captations vidéo permettront aux amis lointains de faire un replay, ce qu’ils n’auront pas, c’est la synergie et la complicité du public, ce flux mystérieux qui fait d’un moment de spectacle, un moment de grâce privilégiée.
Ce cabaret s’est terminé par une interprétation d’anthologie du Condamné à mort de Jean Genet, une version de 5 ou 6 minutes ou 7, le temps s’était aboli pour un public subjugué, totalement captivé par Camille Hardouin, ex La Demoiselle Inconnue. Pour ma part, après ce choc, je n’étais plus en mesure de voir les autres spectacles avec objectivité.
Et le lendemain, revoici Camille Hardouin, qui présente son album récent, Mille bouches chroniqué ici , (clic sur l’image), avec quelques chansons qui ne sont pas sur l’album, comme La louve, mais l’ami youtube est bien achalandé en vidéos de festivals en concerts de La Demoiselle Inconnue-Camille Hardouin. Et on retrouve tout le charme de l’album, avec ce talent de conteuse, qui excelle dans le chanté-parlé en alternance avec des envolées lyriques exaltant la musicalité des mots et des notes, avec une délicatesse de dentelière… C’est une épicurienne résolue, vivez aujourd’hui, demain il sera trop tard… C’est une amoureuse de tous les amours, éternels ou d’une nuit, le bonheur ne se mesure pas à la longueur des jours, pas forcément.
Ajoutons cet art de faire des chansons « gigognes » ou poupées russes, par exemple, « Effrontément/la nuit je mens » où elle marie ses mots à ceux de Bashung… C’est du spectacle vivant dans tous les sens du terme. Une création toujours renouvelée. Après concert, c’est aussi le bonheur de retrouver quelques amis qui la connaissaient depuis longtemps, n’est-ce pas Karine ? D’autres venus exprès, Romain L. Et tous totalement séduits par cette messagère de tous les bonheurs possibles. Ensuite, même cause même effet, une sorte de petit nuage m’a emporté pour rester dans le charme… Qui va se prolonger demain ici même, par l’entretien avec Camille Hardouin, il y a quelques semaines à Montmartre.
Un détail pour terminer, provisoirement, après son concert sa pile d’albums a été épuisée, au grand dam de quelques spectateurs frustrés…
Et dans la diversité de son répertoire, je vous invite vivement à le découvrir par tous les moyens, je vous propose en conclusion, cette jolie ballade de gentils pirates.
Last but not least, Camille Hardouin est dans le numéro 4 tout frais sorti du très beau mook Hexagone qu’il est impardonnable de ne pas connaître si on tient un tant soit peu à la chanson et ses artistes…
Très important : Le pont des artistes d’Isabelle Dhordain recevait mercredi 15 Juin, Paris Combo, Soan, et Camille Hardouin, et c’est visible sur le site du Triton, ne vous en privez pas, la musique est bonne, et les entretiens savoureux, témoin cette phrase de Soan, suite à une question sur les moteurs de la création « J’écris ce qui déborde.. » Il faut aller voir le tout, c’est 1h 45 de bonheur, et c’est là, clic sur l’image:
Et pour quelques images de plus, au Festival TaParole,
(dans ces photos, il y a 3 Martin, dont une guitare, saurez-vous les identifier ? )

Sélection très partielle, due à un bug de logiciel qui a effacé une série… A moins que ce ne soit une fausse manoeuvre de ma part..
Norbert Gabriel