Archive | mars, 2017

La vie en vrac, le film ?

26 Mar

Sa vie étant un roman mis en chanson par Yanowski, et en musique par David Venitucci, Annick Cisaruk poursuit ses aventures avec ce spectacle qui sera très bientôt disponible en vidéo…  Quelques images, empruntées à la soirée du 25 Mars 2017 au Pan Piper, avec un public séduit.

Si vous voulez voir les images en grand écran « cinémascope »  clic sur la bande film…

 

 

Et parfois il y a du bleu dans cette vie en vrac,

Quelques détails qui peuvent être utiles, la chronique de « La vie en vrac »  en 2016 à la Contrescarpe, les liens pour tout savoir les vies d’artistes  d’Annick Cisaruk, David Venitucci, les projets en cours pour lesquels vous pouvez être un spectateur actif du  spectacle vivant, et un mécène, elle est pas belle cette vie ?

3 Mars 2016 au Théâtre de la Contrescarpe.

Annick Cisaruk a trouvé son Mac Orlan, c’est Yanowski. Yanowski a trouvé le Stradivarius qui lui permet d’élargir sa palette à cette vie de femme-flamme qui mord la vie à pleine bouche, et la chante à pleine voix, c’est Annick Cisaruk. Et ils ont trouvé le musicien pour composer cette rhapsodie baroque et sauvage, David Venitucci, tiercé gagnant.

La vie en vrac AC AAAA 02-03-2016 20-26-034C’est une Carmen des steppes qui a décidé, jeune fille, de suivre la route bohémienne, le chemin des saltimbanques, des oiseaux de passage, les migrateurs éternels avides d’autres horizons. Au risque de se brûler les ailes, au risque de cramer sa vie dans des voyages imprudents. Mais flamboyants. (Suite ICI)

Et dans cette suite, il y  a tous les liens dont il était question pour suivre Annick Cisaruk et David Venitucci.

 

Norbert Gabriel

 

 

 

 

 

Du gauchisme à la mode…

24 Mar

liberté aléatoire

On dit que la chanson « à texte » c’est un truc pour les vieux qu’ont de l’âge et qui mâchouillent entre leurs dents branlantes que c’était mieux avant, que les radios ne vont pas déprimer les jeunes avec ces litanies de vieux débris qui ne voient pas avancer le monde… C’est vrai qu’il faut avancer, ne pas rester accroché à ses vieilles lunes comme une moule à son bouchot, néanmoins, quand on est devant le gouffre, est-il raisonnable de faire bond en avant ? Je vous laisse réfléchir à ça, et je vous propose une vieillerie de chanson qui pourrait faire écho aux actualités. Le genre de chanson qu’on aurait pu entendre le samedi sur le coup de midi, mais ce temps est révolu.  Mieux vaut chanter le chat de la voisine, ou la danse des canards, c’est plus positif…  Ou danser David Guetta…

Jean-Roger Caussimon est parti dans les étoiles en 1985, et pourtant, ce qu’il chante résonne avec une une pertinence cruelle…

On arrive au printemps des élections, avec tous les discours emphatiques de nos chers élus qui vont chanter Allons enfants de la patrie... et je rêve que le peuple réponde sur un tempo de 49-3…. Et comme la culture ne semble pas intéresser nos postulants, donnons à la voix d’un saltimbanque un espace d’expression, aussi restreint soit-il…

Je fais du gauchisme à la mode
Oui, j’ai lu ça dans un journal
C’est offensant quoique banal
Pourtant quelle à-droite méthode
Si vous chantez la Liberté
La Justice, l’Égalité
On vous traite de « démagogue »
Et dès que l’on vous catalogue
« Auteur dont il faut se méfier »
De vous, l’on écrit, c’est commode
Avec dédain, avec pitié
« Ce monsieur connait son métier
Il fait du gauchisme à la mo-o-de ! »

Je fais du gauchisme à la mode ?
Mais que fait ce pouvoir d’argent
Qui prend souci des pauvres gens
Mais juste en certaines périodes ?
Quand pensionnés et retraités
De quelques francs sont augmentés
Ce sont leurs voix que l’on racole
Ils vont voter dans les écoles
Huit jours plus tard, l’immobilier
Brandissant les foudres du code
Les expulse de leur quartier
« Dressez constat, monsieur l’huissier »
Je fais du gauchisme à la mo-o-de !

Je fais du gauchisme à la mode
Si, quand je pense aux objecteurs
Traités comme des malfaiteurs
Mon cœur point ne s’en accommode
Et que dire des étudiants
Que l’on fait chômeurs et mendiants
Bien avant qu’ils n’aient leurs diplômes
Quand au Prince de ce royaume
À l’intérieur bien intégré
Vais-je lui consacrer une ode
Quand il traque les immigrés ?
« Non, mon Prince, mille regrets
Je fais du gauchisme à la mo-o-de ! »

Je fais du gauchisme à la mode
Et l’on me dit manipulé
Et l’on croit pouvoir révéler
À quel parti je m’inféode
Allons, messieurs, soyons sérieux
Tout simplement j’ouvre les yeux
Je suis témoin de mon époque
Le succès présent, je m’en moque
L’Histoire d’hier à nos jours
Fut écrite par des rhapsodes
Des rimeurs et des troubadours
« Le temps des cerises » est bien court
(C’était du gauchisme à la mo-o-de ?)
C’était du gauchisme à la mo-o-de !

Mais il n’y a pas que les vieux chanteurs du siècle du siècle dernier qui regardent le monde tel qu’il est, tel qu’on peut le déplorer, et pleurer. Marche, camarade, marche …

Norbert Gabriel

Les albums de Jean-Roger Caussimon, c’est là, chez Saravah.

logo-saravah

PS: ce babillage a été publié il y a quelques mois, mais ça va ça vient avec toujours autant de pertinence.  Et en bonus, une autre,  une autre, en rappel,  qui résonne souvent quand vient un écho des palinodies électorales…

Et on peut aussi retrouver, sur le même thème  « Le carnaval des pinocchios » ou « Le bal des tartuffes », ça marche aussi…

Clic sur le nez de Pinocchio… pinocchio-et-jiminy

 

Mathieu Rosaz ex fan des 80’s….

23 Mar

Ne nous laissons pas abuser par le titre qui pourrait suggérer que ce spectacle est un best-off vaguement nostalgo-passéïste  surfant sur les hits de ces années… C’est beaucoup plus que ça. Certes, c’est une période riche en tubes qu’on a tous plus ou moins en mémoire, et qui renvoient à des moments de vie, à des histoires personnelles, mais il y a plusieurs approches, ou lectures de ces chansons.

  • Vous les avez « vues à la télé » et dans ce cas, la chanson peut être parasitée par l’image,
  • Vous les avez entendues à la radio, et la chanson peut être (dés)orientée par la musique,
  • Vous les avez découvertes en spectacle, et les deux critères précédents peuvent se cumuler pour qu’on entende mal ce que dit le texte… Deux exemples,  Le p’tit train des Rita Mitsouko, on n’entre pas d’emblée dans le sous-texte. Comme avec Trenet  et Je chante  qu’on entonne avec enthousiasme et entrain, en oubliant que le poète vagabond se pend à la fin. Dans le spectacle de Mathieu Rosaz, une des chansons est emblématique de la première proposition, vue à la télé, il m’en était resté le look extravagant de la chanteuse, la musique, mais rien du contenu. Et dans son interprétation , Mathieu Rosaz fait découvrir un texte bien plus profond que ne le laissait percevoir la vision de la chanson.

On peut développer ces réflexions, à plusieurs niveaux, pour tout le spectacle de Mathieu Rosaz, c’est étonnant, avec aussi des découvertes pour des spectateurs dans mon genre qui écoutaient plus volontiers Hélène Martin, Anne Sylvestre, Pauline Julien, Francesca Solleville, Moustaki, Léonard Cohen, Brassens, Jacques Yvart, Herbert Pagani, Ferrat, Higelin, Guidoni,  etc,  que Sabine Paturel dont je connais quand même  Les bêtises  presque par cœur… Néanmoins, par les radios et les télés variétés, nombre de ces tubes se glissent dans la mémoire. Quand on les redécouvre avec le duo Rosaz-Glasko, c’est souvent la surprise, finalement, c’est pas mal du tout, et on se retrouve assez bien dans le texte que Mathieu Rosaz lit en préambule,

Eloge de la mauvaise musique
Détestez la mauvaise musique, ne la méprisez pas. Comme on la joue, la chante bien plus, bien plus passionnément que la bonne, bien plus qu’elle s’est peu à peu remplie du rêve et des larmes des hommes. Qu’elle vous soit par là vénérable. Sa place, nulle dans l’histoire de l’Art, est immense dans l’histoire sentimentale des sociétés. Le respect, je ne dis pas l’amour, de la mauvaise musique, n’est pas seulement une forme de ce qu’on pourrait appeler la charité du bon goût ou son scepticisme, c’est encore la conscience de l’importance du rôle social de la musique. Combien de mélodies, du nul prix aux yeux d’un artiste, sont au nombre des confidents élus par la foule des jeunes gens romanesques et des amoureuses. Que de « bagues d’or », de « Ah! Reste longtemps endormie », dont les feuillets sont tournés chaque soir en tremblant par des mains justement célèbres, trempés par les plus beaux yeux du monde de larmes dont le maître le plus pur envierait le mélancolique et voluptueux tribut – confidentes ingénieuses et inspirées qui ennoblissent le chagrin et exaltent le rêve, et en échange du secret ardent qu’on leur confie donnent l’enivrante illusion de la beauté. Le peuple, la bourgeoisie, l’armée, la noblesse, comme ils ont les mêmes facteurs porteurs du deuil qui les frappe ou du bonheur qui les comble, ont les mêmes invisibles messagers d’amour, les mêmes confesseurs bien-aimés. Ce sont les mauvais musiciens. Telle fâcheuse ritournelle que toute oreille bien née et bien élevée refuse à l’instant d’écouter, a reçu le trésor de milliers d’âmes, garde le secret de milliers de vies, dont elle fut l’inspiration vivante, la consolation toujours prête, toujours entrouverte sur le pupitre du piano, la grâce rêveuse et l’idéal. tels arpèges, telle « rentrée » ont fait résonner dans l’âme de plus d’un amoureux ou d’un rêveur les harmonies du paradis ou la voix même de la bien-aimée. Un cahier de mauvaises romances, usé pour avoir trop servi, doit nous toucher, comme un cimetière ou comme un village. Qu’importe que les maisons n’aient pas de style, que les tombes disparaissent sous les inscriptions et les ornements de mauvais goût. De cette poussière peut s’envoler, devant une imagination assez sympathique et respectueuse pour taire un moment ses dédains esthétiques, la nuée des âmes tenant au bec le rêve encore vert qui leur faisait pressentir l’autre monde, et jouir ou pleurer dans celui-ci. « 

Marcel Proust, extrait de « Les plaisirs et les jours », Chapitre XIII

Il reste une date dimanche 26 à l’Essaïon, probablement « sold out » mais tentez votre chance quand même. Et suivez la piste de la route balladine de Mathieu Rosaz, c’est là —-> clic sur l’équipage,

 

 

 

Et pour quelques images de plus,

Photos©NGabriel2017

Norbert Gabriel

Lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=3wU42ZHGcFc

Chansons, partage, et amitié, et Paule-Andrée Cassidy…

20 Mar

Tout d’abord, c’est l’histoire de quatre passionnés de chansons, FormAt Quatre, trois gars et une fille, qui se sont rencontrés dans un atelier d’écriture et ne se sont plus quittés. Tous quatre guitaristes, ils composent, écrivent et interprètent, leurs chansons, et aussi celles de Leprest, Brassens, Brel, Moustaki, ou Bobin , un répertoire de choix qu’ils colportent aux quatre coins de l’Auvergne. Monique Monier, Michel Pavy, Jean-Claude Pagès, Michel Lagarde . Je les ai découverts avec bonheur ce vendredi soir à la Muscade de Blanzat, où ils assuraient la première partie de Paule-Andrée Cassidy. Ils chantent La vie qui va, sur tous les tons, tendres souvenirs d’adolescence, avec Cousin, cousine: Ce fut nos dernières vacances, dans la maison de Normandie, en laissant notre adolescence, dans un petit coin de pays … Chanté en duo complice par Monique Monier et Michel Pavy .

La vie qui va et qui invite : Je t’invite le temps d’une chanson, j’ai remis côte à côte les deux chaises au salon, en quête d’un saint graal, à mes heures oubliées, je tisse un peu la trame de nos tissus croisés … (Michel Lagarde sur une musique d’Emile Sanchis). La vie qui va parfois à cloche-pieds, à petits pas, toujours là où on ne l’attend pas . La vie qui fait naufrage parfois, Lampedusa : Dans l’embarcation, sur la mer moirée, hommes entassés, femmes et enfants, et tous épuisés, sans eau, ballottés, portés par leurs ailes jusqu’à l’occident, sans savoir tout ce qui les attend, l’adresse, le nom du cousin lointain, le toit pour dormir au moins pour un temps, trouver du travail, changer le destin

Ce quatuor qui a en commun la passion de la chanson, qui chante sur tous les tons, poésie, gravité,humour et une belle complicité ont pour devise Un peu de douceur dans ce monde de brutes .

Et après un rappel mérité et désiré, c’est avec la version de l’Estaca de Marc Robine, Le pieu, qu’ils ont clos cette première partie.

Photos Martine Fargeix2017

Et la diva arriva !

Je ne sais pas si diva lui convient bien, tellement simple et naturelle dans sa légère robe noire pailletée, fine silhouette, sans aucun maquillage, accompagnée de sa fille Lou-Adriane et de son pianiste Gabriel Desjardins.

Mais quand elle commence à chanter, bras déployés comme des ailes de mouette, elle survole le public, le soumet à son charme irrésistible :

Je chante pour ne pas courir, je chante pour ne pas mourir, pour oublier que mon chemin, ne va pas plus loin que ma main, pour oublier que l’escalier, n’est pas plus haut que mon soulier

Elle chante , Paule-Andrée Cassidy, elle promène ses valises et ses chansons dans le monde depuis 20 ans, et comme elle dit 20 ans, ça toffe ! Grand prix de l’Académie Charles Cros en 2002, pour son album Lever du jour, prix Jacques Douai en 2015 avec Marie-Thérèse Orain, entre autres , et neuf albums . En plus des nombreux paroliers (lières) et musiciens qui collaborent avec elle, elle interprète Anne Sylvestre, Boby Lapointe (Méli-mélodies, album 1999) , dont elle revendique l’influence, Gilles Vigneault, Prévert, Pierre Perret, Cohen, Barbara… Et même Gaston Couté !

Son interprétation de Perlimpinpin ce vendredi soir fut époustouflante ! Chaque chanson lui colle à la peau, faite sur mesure, pour elle, elle est inclassable, tantôt tendre ou sauvage, charmeuse ou diabolique, influence tango glanée durant son séjour en Argentine, séjour qui, dit elle, a marqué un tournant dans sa carrière, c’est sur la plage de Puerto Piramides qu’est née l’idée de la chanson Les étoiles du sud , parce qu’ici, quand on regarde le ciel, on a des repères. Là, même le ciel parle une langue étrangère … Et cet endroit lui fait penser à Tadoussac .

Tout son album Libre échange s’inscrit entre tango et chansons. Elle est rockeuse avec Je chante : Je chante, le monde s’écroule autour de nous, ceux qui chantent, ça passe pour des fous, je chante, ma musique est juste assez forte, pour étouffer le bruit des bottes

Et elle devient ensorceleuse pour chanter La Malédiction de l’Ascension, un étrange frisson parcourt la salle, elle est tellement envoûtante que la métamorphose s’impose, elle est Loretta, la blondinette aux yeux verts qui trucide un à un les habitants d’un village, elle est tellement dans la peau de Loretta, qu’on finit par l’aimer cette Loretta !

Et pour chaque chanson, elle s’investit totalement, elle chante de sa voix chaude et grave, du murmure caressant au cri, elle chante avec ses bras déployés , avec toutes les nuances d’émotions à lire sur son visage, elle chante à fleur de peau , elle se donne corps et âme dans chaque chanson , et c’est un enchantement. Elle est phénoménale !

Accompagnée avec brio par le pianiste Gabriel Desjardins, elle chante plusieurs duos avec sa fille, Lou-Adrianne, qui est en bonne voie, et voix, sur les traces de sa mère .

Cette belle soirée dans la salle de La Muscade, sous l’égide de On connaît la chanson, s’est prolongée par un repas , et encore des chansons, et des poèmes dits par Fabrice Peronnaud, dans le partage , l’amitié , et la bonne humeur.

Nul doute que les excellents échos de cette soirée promettent un retour très suivi quand elle reviendra en Auvergne, l’an prochain ? Et qu’on se le dise sans modération.

Danièle Sala

Martine Fargeix a assuré le reportage photo de cette soirée, voici quelques unes de ses images.

Et pour suivre les artistes, pour FormAt Quatre, c’est là: clic sur le Puy de Dôme, 

Et Paule-Andrée Cassidy, c’est ici, clic sur Loretta, 

Last but not least, comme on dit à London, Paule-Andrée Cassidy a été à l’honneur ici même pour le Prix Jacques Douai,

https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/2015/07/27/prix-jacques-douai-2015/https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/2015/07/27/prix-jacques-douai-2015/

Eric, Margaux, Guilleton et compagnie…

18 Mar

Photo©NGabriel2017, il manque Camille Guilleton, (caché par Clémence) et il y a deux invitées en plus, à vous de deviner qui est qui.

C’était comme la Saint Guilleton au Forum Léo Ferré, haut lieu bien connu pour faire pélerinage en chansons, et entonner cantiques avec une assemblée de fidèles dont la dévotion sans faille se vérifie régulièrement à l’appel du révérend Tcherniak, pour y communier et plus si affinités… Le petit vin du lieu est conforme à l’hymne de Laffaille, sans modération. Ce qui explique peut-être un lyrisme débridé, quoi que justifié . Justifions donc.

En mode objectif, le constat est net : le jeune patriarche Eric s’est entouré d’accortes vestales et acolytes, mis en scène par Margaux Guilleton, maîtresse de cérémonie qui a conduit le bal avec une maestria épatante. En plus de ses talents de chanteuse, elle s’impose naturellement par une présence en scène de chef d’orchestre menant sa troupe avec souplesse et efficacité. Nous avons été plusieurs à la fin du spectacle à trouver que c’était très court, temps passé comme dans un rêve enchanté. Soirée revival des chansons d’Eric Guilleton, l’une avait 25 ans, et elle est revenue rajeunie avec Margaux en piano voix, mais avant, il y avait eu des duos-trios, avec ces artistes-amis choisis, Lise Martin, Inès Désorages, Camille Guilleton, Mathieu Barbances, Clémence Chevreau, Clémentine Lamothe, Valentin Vander, Anne-Claire Marin, Garance Bauhain, Matthias Vincenot. Chacun apportant au répertoire d’Eric une couleur de printemps tout neuf par ces voix nouvelles.

Nous avons été quelques uns à découvrir (ou redécouvrir) ce répertoire, et cette éblouissante Margaux; du côté d’Etampes, il doit y avoir des potions familiales qui valent bien celles de Panoramix pour faire saltimbanque tout-terrain et de haut vol.

Emotion, grâce et sens du partage, les invités étaient de vrais amis, et ça se voyait. Comme dit le révérend Tcherniak, les lendemains de la chanson ont peut-être une vraie chance avec ce genre de soirée. Séchez vos pleurs, amis lointains et absents, il y avait une captation vidéo, et peut-être que ce sera visible un de ces jours. Dans le fond de l’air, il y  avait comme un souffle de Saravah et de Pierre Barouh…  C’était bien.

Norbert Gabriel.

En mode subjectif, genre bla-bla-blog ébaubi : c’est à peu près la même chose que précédemment, en ajoutant peut-être que selon l’âge et le temps, on a tous envie que Margaux soit notre petite fille idéale, notre fille, ou notre fiancée, voyez dans quelle situation vous vous imaginez crédible.

Grand’pa Norbert

Si vous pensez que le vin, ou Margaux m’ont tourné la tête, terminons avec ces lignes, tout est bien résumé.

Autre écho…

Ce fut un moment magique. Tout à l’heure, j’irai dire quelques poèmes pour les promeneurs vers La Butte aux cailles de mon enfance et j’aurai encore en tête et au cœur ce bouquet luxueux de musique et chansons offert par la tribu Guilleton.

André Clavelle

et pour quelques images de plus…

Ayant failli dans la prise de vue concernant le duo Garance et Eric Guilleton, je reprends une photo d’archives de Garance 2016 pour l’associer au Guilleton 2017… dont la couleur de cheveux n’est pas une coloration Clo-Clo, mais un reflet de lumière…  c’est joli quand même…  (NG)

Sylvain Reverte en concert à Agen

14 Mar

S’il est des concerts que l’on se prive volontiers de chroniquer à chaud, tant on sent préférable de se revivre le moment intérieurement et de laisser au temps toute latitude pour faire germer les semences émotionnelles répandues, celui que Sylvain Reverte offrit à l’Adem Florida d’Agen le 11 février dernier (en première partie de Romain Humeau) est de ceux-là.

Nous avions rencontré l’artiste quelques mois auparavant à Bordeaux , clic ICI , alors qu’il s’engageait dans une voie plus personnelle, s’écartant des ses expériences de groupe (La Manège Grimaçant et Duo Grim), et de co-écriture, après la sortie d’un premier album solo « Un homme dans l’ombre », réalisé en collaboration avec des auteurs. Le nombre des créations destinés au prochain album à venir courant 2017 s’étoffant, Sylvain Reverte entamait donc une série de dates intimistes, accompagné de son pianiste et complice Christophe Briz.

C’est en formule de duo acoustique (électro-acoustique pour certains titres) qu’il déplia dans l’espace de l’Adem Florida ses nouvelles compositions, parmi lesquelles s’étaient glissées deux reprises du précédent album, distillées en version épurée et pourtant tellement riche, dépouillement sonore rimant avec fertilité intentionnelle et générosité mélodique. Nous avions déjà gouté, lors de son passage à Bordeaux, à la magnificence du sublime « Soleil Rouge » ; la découverte des autres chansons ne fut pas moins accompagnée d’intensité, et même frappée de stupéfaction au cours du titre « Pauvre d’elle », qui hisse le chanteur dans la stratosphère des plumes poétiques savantes, ciblant le mot, l’expression juste, intuitivement, comme on peut en croiser chez Thiéfaine ou Bashung. Si les chansons se sèment sur le chemin comme des pierres précieuses, celle là est une géode qui invite à croire aux miracles de la lithothérapie. J’aurais eu presque l’impression d’un artiste sortant de son costume pour endosser une armure plus grande que lui-même, s’il ne s’y était pas incarné et révélé avec autant de pertinence, de justesse et d’évidence.

Sylvain Reverte assura une première partie généreuse et bouleversante, preuve qu’il n’est nul besoin d’aligner des guitares saturées, des sons électriques et un déluge de décibels à n’en plus finir pour remplir l’espace d’une présence. Aussi si l’on peut regretter ou plaindre quelque chose de ce concert, c’est qu’il ait échappé à une partie du public, ayant préféré rester au bar en attendant Romain Humeau… Un manque de curiosité et de respect d’autant plus incompréhensible de la part de gens sensibles à la poésie et à l’ailleurs. Tant pis pour eux. Pas pour nous.

Miren

Liens : https://www.sylvainreverte.com/concert

https://www.facebook.com/revertesylvain/

Nous remercions amicalement Véro

La vie en vrac… Un album, et un spectacle…

13 Mar

Il y a presque un an, c’était la découverte de cette formidable épopée musicale, portée par un trio incandescent, Annick Cisaruk, David Venitucci et Yanowski.  Spectacle qui va devenir un album, et vous en serez un des producteurs. C’est une offre qu’on ne peut refuser… 

Et chance pour les heureux citoyens de l’Île de France, « La vie en vrac »  sera en scène au Pan-Piper, le 25 mars 2017, c’est là: https://www.facebook.com/PanPiperParis/

Réservez vite, et RDV au bar…

La vie en vrac AC AAA 02-03-2016 20-29-06 2525x1665

3 Mars 2016 au Théâtre de la Contrescarpe.

Annick Cisaruk a trouvé son Mac Orlan, c’est Yanowski. Yanowski a trouvé le Stradivarius qui lui permet d’élargir sa palette à cette vie de femme-flamme qui mord la vie à pleine bouche, et la chante à pleine voix, c’est Annick Cisaruk.

La vie en vrac AC AAAA 02-03-2016 20-26-034C’est une Carmen des steppes qui a décidé, jeune fille, de suivre la route bohémienne, le chemin des saltimbanques, des oiseaux de passage, les migrateurs éternels avides d’autres horizons. Au risque de se brûler les ailes, au risque de cramer sa vie dans des voyages imprudents. Mais flamboyants.

Pour le livret, Annick a raconté à Yanowski sa vie réelle, ses vies rêvées, mises en spectacle en tableaux foisonnants. On frôle des mondes maléfiques, saura-t-on ce qu’il y avait dans le grenier de cette Thénardier inquiétante ? On y trouve des personnages très colorés qu’on dirait échappés d’un cirque des mirages, et Annick Cisaruk, excellente comédienne, incarne la La vie en vrac AC bleue fou 02-03-2016 20-52-55 2779x1923jeune fille partie voir de l’autre côté du miroir, en rupture de ban familial sédentaire incurable et aussi bien, elle devient une paumée mi sorcière, mi pocharde, et on y croit.

En belle Carmen des plaines d’Ukraine, elle va s’amouracher d’un Antonio Ruiz interlope, et la vie balafrée devient rouge cicatrice  et noir chagrin entre bars louches et bas fonds.

La vie en vrac David Vershuren AAA 02-03-2016 20-57-29 2123x2539C’est peut-être dans un de ces bars à marins échoués qu’elle rencontre une sorte de Vershuren digne de figurer dans le plus ringard des folklores balloches pour touristes en goguette. Toute ressemblance avec David Versh… Venitucci n’est pas du tout fortuite – le temps d’une chanson- il est ce Vershuren parfait. Et on y croit, le temps d’une chanson.

La vie en vrac DV AA NB 02-03-2016 20-33-07 2499x2583Le reste du temps, ce génie de l’accordéon donne des décors musicaux somptueux à cette vie en vrac, avec de vrais morceaux de biographie dedans. Comment ça se termine ? En chanson.  A noter que le public du théâtre de la Contrescarpe été totalement subjugué pendant plus de 20 mn, le spectacle s’est enchainé comme au théâtre, en tableaux qui se suivent sans interruption. Ensuite, pour les 50 dernières minutes applaudissements enthousiastes, et salut à l’auteur Yanowski qui passe rapidement sur scène. C’était bien mérité.

Aujourd’hui, Février 2017, c’est un album qui s’esquisse, en totale autonomie d’autoproducteurs, et avec vous, publics exigeants et concernés.

Devenez Producteurs-mécènes de ce prochain album 

« La Vie en Vrac » ! enregistrement avril 2017

Cliquez sur la bourse, pour verser les dollars, les ducats, les lingots, les billets de 375 €, ou toute autre monnaie à votre idée.bourse-cuir-annapurna

Dates à venir, et tout sur Annick et sa vie ( en vrac)  On visite ICI. Clic sur l’accordéon, ou ailleurs…

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Un aperçu?  Voilà:

Norbert Gabriel

Rencontre avec le groupe Emidji

12 Mar

Si le Rock indépendant et la chanson alternative ont plus précisément porté à Bordeaux un esprit rebelle et des valeurs solidaires, et continuent de le faire ou le font à nouveau, l’aventure de la scène reggae locale n’est pas en reste, et prend désormais un nouveau souffle, après s’être quelque peu époumonée. A l’instar de formations créatives comme The Dawn Project, le groupe Emidji se fait, de concerts en concerts, une renommée croissante qui le conduit à partager des affiches prestigieuses, et notamment assurer la première partie de Clinton Fearon, ex-membre du mythique groupe The Gladiators. Né sous le signe de l’amitié, et dans un esprit à l’origine plutôt amateur et festif, Emidji a su, au fil du temps, catalyser les synergies par une osmose un peu magique pour se dessiner une identité propre, qui, loin d’isoler son public dans une bulle musicale hermétique, parle à tout le monde, et inventer un Reggae ouvert à diverses influences, mais qui ne perd pas pour autant ses repères, un peu à l’image de ce Blues qui n’a pas besoin de se dénaturer pour être accessible aux non-spécialistes du genre. Quelques heures avant un concert donné au bar-restaurant « Quartier Libre » à Bordeaux, le chanteur, qui a parallèlement à son actif un disque solo de chansons acoustiques explorant divers héritages musicaux, dont celui de ses origines touareg, et quelques membres du groupe nous accordaient un entretien.

 

– Emidji, bonjour et merci d’accepter cet entretien. Pouvez-vous nous présenter le groupe ?

– Marcel : Emidji s’est créé en juillet 2009, au départ avec des potes que je connaissais depuis le collège pour certains. C’était un délire d’ado, au sens où à 14-15 ans, on s’était dit qu’un jour on ferait un groupe ensemble pour jouer la musique qui nous rassemblait, c’est-à-dire le Reggae. Et finalement, 25 ans plus tard, le groupe est là, même si c’était un peu de l’amateurisme au début, et encore aujourd’hui, mais de moins en moins : plus ça va, plus notre répertoire s’étoffe et notre identité musicale se dégage. Mais nous avons gardé l’amitié comme lien. Emidji signifie « les vieux amis », en Tamacheq, langue des Touaregs du Niger d’où je suis originaire. Et le principe est de faire jouer dans le groupe des amis ou des amis d’amis. Nous avons intégré de nouveaux musiciens à partir de 2011, dont Cécile et Agnès qui sont choristes, Thomas et notre batteur. Du groupe initial, il reste Mathéo aux claviers, Roman à la guitare et moi. Nous sommes donc actuellement 8 : une batterie, un clavier, une basse, deux guitares et trois personnes au chant, dont les deux choristes.

– Es-tu le seul au chant principal ?

– Marcel : Oui, il n’y a que moi qui chante en lead. Mais les choristes ont pris de plus en plus de place.

– Marcel, tu possèdes une formation de chanteur lyrique, qui probablement contribue à donner à votre Reggae une couleur particulière. Comment est-ce que les acquis et l’expérience du chant classique influencent ta manière d’interpréter une musique à la base plutôt intuitive et folklorique ?

– Marcel : Effectivement j’ai suivi une formation de chant lyrique au Conservatoire de Bordeaux, et également de chant en chorale. Ce que ça m’a apporté principalement, c’est une technique et un travail dans la recherche de justesse des notes. Et puis ça a aussi beaucoup développé la tessiture de ma voix et l’étendue des gammes avec lesquelles je joue, ce qui donne une couleur un peu soul à notre Reggae. La Soul est souvent chantée très aigue ou très bas, avec beaucoup de variations, et c’est ce que ma formation lyrique amène. D’autant que ce genre musical fait aussi partie de nos influences.

– Quels artistes vous influencent principalement ?

– Marcel : Desmond Decker, bien sûr. Toots and The Maytals est une grande influence aussi. Personnellement j’affectionne Groundation, pour la voix et l’énergie, et Peter Tosh pour son côté lyrique et soul ; pour moi, vocalement, il était meilleur que Marley, et possédait une gamme largement plus développée.

– Cécile : Personnellement, mon idéal, question coup de cœur, c’est The Abyssinians.

– Marcel : Le label Daptone Records produit des groupes assez récent, mais de gros niveau, et avec un son qui te renvoies direct à l’époque du Rock Steady. Après localement, le milieu reggae bordelais est un microcosme. Il y a encore quelques anciens comme Moon Hop, Souleyman de Niominka Bi, que j’ai vu au reggae Sun Ska festival cet été. 

– Thomas : Il y a encore 15 ans, le Reggae à Bordeaux était très vivace avec des groupes comme Small Axe, et puis ça s’est un peu cassé la gueule, à part quelques rares qui ont continué. Et puis aujourd’hui, ça revient un peu. Tout comme le Rock, qui après avoir vécu les heures de gloire du « Bordeaux Rock » avait disparu et renait. Mais tout ça a été beaucoup causé par la fermeture progressive et la disparition des bars et petits lieux de concerts où on pouvait s’exprimer. Les gens ont besoin de ça.

– Cécile : On le sent dans nos concerts : les gens se laissent facilement emporter par le rythme et la danse ; ils sont réceptifs à la musique et à la joie de vivre.

– Composer à 8 ne doit pas être une mince affaire. Comment parvenez-vous à tirer profit de vos divergences ?

– Marcel : Au départ, j’écrivais seul dans mon coin, et d’ailleurs ça ne laissait pas beaucoup de place aux chœurs. Mais désormais la composition est de plus en plus une oeuvre collective. Donc on intègre de plus en plus dans l’écriture le fait qu’il y ait des passages sans chant.

– Roman : La place des chants a évolué. Auparavant on rajoutait des chœurs à des morceaux existants. Désormais ils sont pensés pendant la composition, au même titre que les jeux des autres instruments. Pour ce qui concerne la composition musicale, on a toujours fonctionné en jouant ensemble, et puis, selon l’humeur du moment, on garde des choses qui fonctionnent ou nous plaisent et on travaille dessus. Ce n’est pas très prémédité ; on fonctionne beaucoup au feeling et en improvisant. On essaye des choses ; on enregistre un peu à chaque répétition, et on voit.

– Marcel : C’est assez magique cette affaire là d’ailleurs, parce qu’on doit avoir une vingtaine de morceaux, alors qu’au départ, on fait des bœufs ensemble en début de répétition, on se lâche, y en a un qui met des accords, et puis ça part sans vraiment qu’on y réfléchisse. Et beaucoup de nos morceaux sont nés comme ça, et c’est assez bizarre, comme si une espèce d’alchimie opérait. Il y a des groupes qui réfléchissent à leurs compositions. Nous, non. On se lâche, et parfois, ça créé des petites pépites qu’on retravaille après.

– Thomas : C’est vraiment trippant ; il y a un côté un peu surnaturel. On ne sait pas d’où ça vient, mais ça vient. Il y a des choses qui sortent d’un coup, alors qu’on aurait pu passer deux jours à les chercher et y réfléchir sans les trouver.

– Roman : Je ne sais pas si c’est si bizarre que ça. C’est une sorte d’émulation ; et puis on se connait tous, de mieux en mieux et ça joue.

– Marcel : Il y en a toujours un en début de répétition qui balance une énergie, et les autres se greffent dessus, et s’agrègent. Et puis les fois d’après, on retravaille et on essaye de structurer. C’est ce qu’on est en train de faire avec un morceau repêché d’il y a quelques mois. On ne bosse plus pareil. Il y a eu une évolution. Et puis on prend des reflexes, en ce qui concerne les choix artistiques. Par exemple sur le dernier morceau, qu’on ne va pas jouer ce soir, car il est encore en préparation. On sait qu’on fait du Reggae roots ; on ne fait pas du Reggae-Dance Hall, du Reggae-Hip Hop ni du Reggae je ne sais pas quoi. Et ce choix s’affirme de plus en plus, avec l’idée d’aller vers des choses assez simples. On épure de plus en plus, et de plus en plus facilement. Remplir des blancs, c’est facile. Mais les lâcher pour laisser respirer le morceau, et dégager une ambiance et une sensation, c’est le plus dur en réalité. Savoir se taire un peu pour laisser le public s’approprier le morceau, avoir le temps de le sentir. Et ça, on le fait de mieux en mieux. C’est un groupe un peu atypique, au sens où tout se décide à tous. Alors parfois c’est compliqué, mais après plusieurs années d’existence, on est encore là, donc ça roule ! Il n’y a pas un leader qui dicte les choix. Ce serait sans doute plus facile, mais beaucoup moins riche. C’est la richesse de la co-construction : dans chaque chanson, il y a un bout de toi, mais aussi un bout des autres, et c’est ça, la vie. Alors même si c’est parfois un peu frustrant, c’est tellement bon de se dire que tout le monde a un peu contribué. Ca implique énormément d’écoute, de recherche de consensus, de négociations aussi en tenant compte des caractères. C’est cette construction collective qui nous porte.

– Roman : C’est vrai que la vie à 8 est compliquée, ne serait-ce que pour caler les répétitions ou organiser les tournées. Et parfois, on doit s’adapter avec 8 avis divergents sur un morceau. Mais ça apprend à ne pas s’accaparer la chose, et à savoir laisser filer les choses parfois, même si on entend un morceau d’une autre façon que les autres.

– Cécile : On s’oriente aussi vers des choix plus déterminés ; on cherche certains styles, tout en suivant les impulsions qui ont été au départ complètement improvisées, mais qu’on essaye d’approfondir dans un certain sens.

 

– Marcel, tu as également produit un album solo, plus acoustique, dans lequel tu chantes dans ta langue maternelle, le Tamasheq et en Français, entre autres. Mais les textes d’Emidji sont principalement anglophones. Qui les écrit et n’envisagez-vous pas l’utilisation d’autres langues ?

– Marcel : Au début, c’était principalement moi qui écrivais les textes. Et puis, vu que mon Anglais n’est pas de très haut niveau, de plus en plus Cécile et Fabrice participent à l’écriture.  

– Cécile : Ce n’est pas qu’une question de niveau de langue. Fabrice écrit beaucoup ; j’écris pour ma part quelques textes aussi. C’est souvent Marcel qui écrit, mais sur l’impulsion du moment on a des idées qui viennent aussi et on participe.

– Marcel : Et pour répondre à ta question sur l’utilisation d’autres langues, pas encore. Mais je pense qu’un jour, ça se fera en Tamasheq. Ce soir, on va jouer une chanson en Wolof, qui a été interprétée par 3-4 membres d’Emidji, mais au sein d’un autre groupe ; elle porte une instrumentalisation qui se rapproche plus du Reggae à l’africaine que du Reggae jamaïcain. Un jour j’avais fait venir un de mes cousins touaregs pendant une répétition, et on avait créé un morceau qui est assez sympa, et que Roman a bien travaillé. Je pense qu’on va essayer de se métisser d’avantage.  Par contre je ne me sens pas d’écrire du Reggae en Français. Il faudrait vraiment être bon pour que ça sonne.

– Cécile : Le Français est bien moins musical comme langue. C’est pour ça qu’on a de très bons paroliers en Français, mais des chanteurs, moins. Les voyelles anglaises se chantent beaucoup mieux.

 

– Revenons aux genres musicaux dont la pluralité est présente dans les influences de chacun ; irriguent-ils, même inconsciemment, sans calcul, vos compositions ?

– Thomas : Oui, mais ça n’est pas conceptualisé. On a une base Reggae roots, mais on ne copie pas le Reggae des années 60. On le fait roots, mais avec plein d’influences, très diverses, modernes même, des sonorités Trip Hop par exemple.

Marcel : En fait dans le groupe, bien sur nous avons tous un métier alimentaire et nous nous considérons musiciens amateurs, mais certains viennent du Rock, même du Hardrock, d’autres aux influences de Pop britannique (Beattles), d’autres encore qui jouent dans des groupes de musiques latino-américaines comme Thomas, d’autres encore écoutent de la Soul… Et tous ces horizons enrichissent notre musique.

– Roman : Ce qu’on a composé jusqu’à maintenant a été pensé un peu comme des morceaux pop, au sens où nous travaillons des airs qui restent en tête. C’est pour ça que ça parle aussi à un public qui n’est pas forcément spécialiste de Reggae. Les gens à qui le Reggae parait être un genre hermétique, défini avec ses codes stricts, qui leur semble sonner tout le temps pareil, aiment venir nous entendre, parce que c’est simple et accessible ; ils peuvent facilement repartir avec un refrain en tête.

– Thomas : En même temps ça reste du Reggae roots, au sens où on n’y intègre pas non plus trop de choses à la mode par envie de séduire. C’est comme le Blues : ça parle à tout le monde, mais ça reste brut.

– Roman : Quand on est ensemble, on peut écouter les Beattles… Et ça se ressent forcément à un moment dans la musique ou dans les chœurs. On n’est pas scotchés au Reggae.

– Thomas : Mais on aime tous ça, donc c’est ce qui nous lie.

– Marcel : En parlant de lien, ce qui est important, c’est qu’on n’est pas un groupe qui se voit que pour les répétitions et les concerts. On voit souvent en dehors ; on part en vacance ensemble, y compris quand on tourne ; ça a un côté vacance familiale, avec les gosses… C’est un peu un clan, une famille en fait. Notre relation va plus loin, sur le plan humain, que le seul fait de participer à un groupe musical. Roman parlait d’émulation tout à l’heure ; elle n’existe pas seulement quand on joue. Il y a tous les à côté de la vie qui font qu’on se connait bien et qu’on s’élève ensemble.

 

– Tu parles de l’amitié comme d’une valeur qui vous est chère. Mais elle n’est pas la seule. Pouvez-vous parler de vos engagements ?

– Marcel : On n’est pas un groupe qui court après les cachets. Il nous arrive de jouer pour pas grand-chose, mais à condition que le projet ou la structure qui nous accueille ait des valeurs cohérentes avec les nôtres, par exemple qu’elle soit dans une démarche écologiste, ou participative et solidaire. Ce créneau là nous plait. C’est un peu Cécile, Mathieu, Fab et Agnès qui ont amené ça dans le groupe. Si l’esprit et l’accueil du lieu nous conviennent, on peut jouer pour presque rien.

– Roman : Il y a le concert d’une part, mais il y a aussi la rencontre avec les gens qui est importante pour nous.

– Cécile : Dans cet esprit là, on a déjà fait des concerts chez l’habitant. Alors, pas dans des appartements, parce qu’à huit musiciens, c’est un peu compliqué, mais dans un jardin par exemple.

– Marcel : Et puis aussi pour des C.A.T, par exemple pour des personnes handicapées. On aime pouvoir amener la musique là, devant des publics dits plus « fragiles » -je dis ça sans jugement- . J’ai en tête un concert notamment avec une personne atteinte d’une trisomie 21 qui nous a marqués par son sourire énorme et une sensibilité terrible au son ; j’ai pris un pied pas possible à ce concert.

– Cécile : Il s’agit de créer des moments. Dans les 8, il n’y a que Thomas qui est intermittent ; nous avons tous nos sources de revenus par le travail. Donc la musique, c’est surtout pour créer des moments, que ce soit entre nous, ou avec les gens qu’elle nous permet de rencontrer.

– Où peut-on se procurer les productions discographiques du groupe ?

– Marcel : Pour le moment nous avons enregistré un EP de 4 titres, et nous sommes en train d’enregistrer un 8 titres, qui aurait du sortir déjà, mais a un peu de retard, pour les raisons de coordination des plannings que nous évoquions, qui rallongent parfois les délais. Mais on arrive toujours à se bloquer une semaine ou plus pour être tous ensemble. Tous les soirs, on a des dates. On a donc cet EP 8 titres à achever, une tournée prévue pour l’été, et puis une tournée en bus, puisque la ville de Bègles nous a fourni un bus gratuit. Notre idée, c’est de faire un disco-bus itinérant pour tourner et rentrer un peu d’argent pour pouvoir partir en Afrique jouer notre Reggae et s’arrêter dans des écoles et des dispensaires où porter des fournitures scolaires par exemple, de la musique et être dans l’échange avec les populations. C’est un projet qui nous tient à cœur.

 

Miren Funke

Liens : site : https://emidji.jimdo.com/

Facebook : https://www.facebook.com/Emidjireggae/?fref=ts

 

Impostures et photos…

10 Mar

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Amis artistes, ou pas amis, ça vous concerne aussi, il arrive de plus en plus souvent que vos chéris spectateurs passent une partie du spectacle à brandir ces machins modernes, superphones ou tablettes au lieu de se consacrer à ce qui se passe sur scène… Jusqu’à hier soir 20 h 30, je gronchonnais volontiers contre ces mal poli(e)s qui … mais depuis hier, je révise mon point de vue, voilà pourquoi: j’étais joyeusement parti au Divan du Monde pour le spectacle de Nilda Fernandez et Ze Gang, et arrivé assez tôt pour être assez bien placé, si possible au balcon. Pari gagné sur ce point. Dès la première partie, l’inquiétude pointe, cette pénombre qui ne montre que l’ombre de la personne en scène, ça présage du souci pour la suite… Le genre d’avanie qui est la marque de fabrique de quelques salles, dont l’éclairagiste éclaire presque tout, à part celle ou celui qui est devant le micro. Ce fut le cas… Autant dire que j’aurais pu passer une assez mauvaise soirée, mais…

Mais la bonne nouvelle, c’est que ma voisine de hasard était équipée d’une tablette, dont l’écran lumineux m’a d’abord agacé, pas longtemps, parce que sur sa tablette je voyais très bien les expressions du chanteur, que je ne pouvais voir « en vision directe » en raison de l’indigence de l’éclairage.

Et là, on revient au titre sur l’imposture des photos -parfois- pourquoi ?

  • les performances du matériel actuel permettent de réaliser des prises de vue dans des conditions qu’on n’aurait jamais imaginées au temps de l’argentique. L’oeil artificiel est comme un chat, il « voit » clairement ce que l’oeil humain distingue à peine en faible lumière. Exemple vécu hier avec la tablette.
  • Le photographe professionnel équipé d’un matériel adapté, performant, peut donc publier des photos impeccables des artistes en scène, même si les spectateurs présents n’ont pas vu grand chose des expressions des chanteuses et chanteurs… Et dans ce cas de figure, si l’on se fie aux images, on risque la désillusion le soir où on ira essayer de voir en salle…
  • Au final, que devrait montrer une photo de spectacle? Ce que le spectateur va voir si possible, et pas une image « artificielle ».. Enfin il me semble.

Pour ce qui est de cette soirée au Divan du Monde, il n’y avait pas que la tablette 18×24 qui montrait bien le visage de Nilda Fernandez, quelques superphones voisins, même sur leurs petits écrans étaient plus lumineux que ce que je voyais de mes yeux normaux, si je puis dire.. Mes yeux normaux ont vu très confortablement Al Jarreau à l’Olympia,  j’étais au fond de la salle, environ 40 m de la scène, alors qu’à 10/12 mètres hier je ne voyais presque rien. Avec le même boitier quasi antique qui ferait sourire tout photographe sérieux, j’ai de bonnes images d’Al Jarreau, mais pas grand chose de Nilda Fernandez hier… C’est dommage, parce qu’il est photogénique, témoin cette photo de 2010 à TaParole Montreuil, faite avec un machin dont je n’avouerai jamais la marque, et pas non plus les quelques billets (de 20) qu’il m’avait coûté.

Et Al Jarreau , vu de loin…mais très bien vu… (avec un boitier bridge assez bien noté … en 2006)

La morale de cette histoire, larirette larirette, c’est que, au bilan, autant rester chez soi pour voir les spectacles en vidéo, en général la lumière est bonne, on n’est pas dérangé par les agitations smartphonniennes des voisins, et il n’y a pas les tournicotis vers le bar, car en plus, dans ces salles sans lumière il y a souvent un bar… pour se consoler sans doute…

Mais tout n’est pas si noir, il y a pas mal de salles qui ont le respect du public et des artistes, L’Européen, le Forum Léo Ferré, l’ex-Vingtième Théâtre , l’Alhambra, les salles où se produit  Chanson Plus BiFluorée (toujours bien éclairés) pour la région parisienne, liste non exhaustive*, et s’il faut un palmarès inversé, je crains que parmi les champions de la dernière place, il n’y ait les 3B, dont l’art en matière de non-éclairage est un sommet. Ou plutôt un abysse…

Et un salut particulier à Stéphane Dutoict, capable d’improviser des éclairages complexes « à la volée » selon le principe « Bien éclairer les chanteurs pour qu’on entende bien les paroles. »

Ce que tout éclairagiste de théâtre pratique au quotidien pour que la parole passe bien.

Last but not least, si j’apprécie les voix, quand je vais en salle, j’aime bien voir aussi les yeux des artistes, imaginer qu’ils chantent pour quelqu’un, ici et maintenant, apercevoir ce qu’ils regardent, moi, peut-être ? Alors voilà…

Photo NGabriel au Divan du Monde le 9 Mars 2017

Norbert Gabriel

*Pour ce palmarès, les bons points, les moins bons, les calamiteux, chacun peut donner son avis, et ses recommandations sur ce qui se passe dans les départements, ça peut pas faire de mal. On a déjà un message d’Auvergne.

Lili&Thierry, Prolongations au Ciné 13…

9 Mar

Un soir au Ciné 13. PhotoNGabriel2017

Il y a bien quelques années que les plumitifs de quelques médias virtuels et volatiles chantent à l’envi les louanges de ce duo unique en son genre, qu’on pourrait définir par la quintessence du rayonnement heureux par la chanson et le spectacle. Ils pratiquent le bonheur de vivre et prolongent en scène selon l’adage italien,  un bonheur partagé n’est pas un demi bonheur, mais un bonheur multiplié*.

On vient d’en avoir la preuve par les triomphes au Ciné 13, et par l’enthousiasme unanime de la presse. La vraie, la grande, la sérieuse, celle des vrais pros, c’est le Canard Enchainé qui a tiré le premier si on peut dire… Un salut du Canard, c’est la Légion d’Honneur, le Grââl retrouvé, les 3 étoiles du Michelin, après ça, les collègues ont poursuivi, Télérama , Le Monde, Direct Matin, Le Parisien, Le Figaro, Politique Magazine, l’Echo Républicain, les ténors des kiosques et maisons de presse, ils sont venus, ils sont tous là à faire chorus dans l’éloge.

Donc, n’allons pas répéter ce que tout le monde dit, mais allons voir dans les coulisses virtuelles… Des artistes talentueux, sympathiques, il y en a beaucoup, qu’y a-t-il de plus avec Lili&Thierry? Peut-être un art qu’on peut comparer à celui d’une danseuse étoile, cette grâce et cette légèreté quasi  surnaturelles, résultantes d’un travail en amont que le public ne perçoit pas toujours, surtout quand tout paraît si facile.

Durant une heure trente environ, vous avez vu Lili et Thierry virevolter sur scène, en changeant assez souvent d’instrument, et jamais un temps mort, jamais un micro qui foire, un fil de guitare qui se débranche, tout simplement parce qu’il n’y a aucun fil. Détail technique superflu ? Non, sens aigü de la mise en scène, rien ne vient gêner cette touche aérienne du funambule qui danse sans fil, même l’indispensable réaccordage de la mandoline un peu capricieuse est un jeu… presque un sketch, tout est dynamique sans être agité, la légèreté n’empêche jamais un peu de gravité, il faut toujours un peu d’ombre pour que les lumières soient belles… On retrouve souvent le qualificatif « champagne » dans les échos qui se recoupent, ces bulles fines qui donnent aussi une ivresse guérisseuse de toute couleur mélancolique. Et on repart léger et doucement euphorique, drôle et émouvant, dit Télérama, Pépite musicale ajoute Le Monde, Un duo anti dépresseur selon Politique magazine, un tandem champagne renchérit Direct matin, « Un petit bijou de spectacle, sans esbroufe ni artifice, concocté avec cœur, générosité et (vraiment) beaucoup de talent. (Coup2théâtre)

Et la palme, la voilà.

Si j’étais un poil chafouin, j’ajouterais volontiers que depuis quelques années, pas loin de 10, je rabâche la même chose, et je ne suis pas le seul, mais 10 ans, c’est ce qu’il faut pour être connu du jour au lendemain, selon un expert du show biz, et c’est pas faux…

Si j’étais un poil paonnesque, je dirais dans les diners en ville, que j’ai des relations mondaines dans le showbiz, et ça peut pas faire de mal.

Donc ce parcours (Peau Neuve, c’est les 7 ans du duo) ponctué par cette série prodigieuse au Ciné 13, se poursuit urbi et orbi, et il y a quelques dates en prolongations au Ciné 13 pour les retardataires, les accros, et tous les amoureux… Comprend qui veut.

Ce sera mardi 14 mars à 21 h mardi 21 mars à 19 h, pour les deux dernières printanières à Paris sur la Butte, et pour les routes de France, suivez la piste,

Norbert Gabriel

  • Il vero provierbo ialiano é: «  Un plaisir partagé n’est pas un demi plaisir, mais un plaisir double. » Grazzie mille..
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