Le Rexy est plein à craquer, complet, les riomois sont venus au rendez-vous, un public de connaisseurs qui n’est pas venu par hasard. Quand les lumières s’éteignent, le silence se fait, on entend des pas feutrés sur la scène, et il apparaît sous les applaudissements . Svelte, cheveux longs qui ont blanchi avec le temps, tout de noir vêtu, écharpe rouge , il a troqué le sempiternel pantalon pattes d’éléphant contre un jean fendu au genou droit, il a la dégaine d’un éternel adolescent !
Et c’est un bonsoir en toute simplicité, suivi d’un long préambule qui fait suite à l’annonce d’unesoirée cinéma Esto es to que hay, en présence de la réalisatrice Léa Rinaldi . Il explique comment le groupe Los Aldeanos , groupe contestataire de Cuba s’est fait récupérer par les anti-castristes, alors qu’ils ne veulent pas nourrir la polémique. Il s’excuse d’être long sur le sujet : Ne vous inquiétez pas, je vais chanter !
Et il attaque seul, en guitare voix, avec On t’a appris :
On t’a appris à te taire
Au milieu d’une forêt de gens
Qui portent des muselières
Que portaient leurs parents .
Après plusieurs chansons d’un registre intimiste, romantique à la poésie mélancolique, il est rejoint par sa nouvelle équipe de jeunes musiciens, Ze Gang, et les guitares s’allument, la batterie s’affole, l’accordéon s’époumone, entre vague à l’âme et rock’n’roll . En effet, ses nouvelles chansons sont plutôt folk-rock, ou carrément rock, et il enchaîne, mêlant les chansons plus anciennes aux nouvelles, faisant naître les clameurs du public quand il entonne Madrid Madrid ou Nos Fiançailles .
Quelques messages engagés se glissent dans ses chansons, sans être moralistes, la pollution, les manipulations, la condition féminine. Tendre troubadour ou écorché vif, il est toujours authentique, généreux. Chanteur voyageur qui a pris racine et inspiration partout où il est passé, du Québec à New-York, de l’Afrique en Russie, de la Havane à Santiago, Entre Lyon et Barcelone, ou à Venise où il nous invite:
Faut que je t’invite à Venise avant que l’eau l’ait noyée
Tu peux laisser tes valises, on fera tout dans la journée
Je voudrais pas qu’un long séjour nous épuise
Faut que je t’invite à Venise avant que l’eau l’ait noyée
Avant que l’eau des banquises vienne couvrir le monde entier
On ira sur les jetées qui s’enlisent …
Il balaye les frontières, toujours ouvert à de nouvelles aventures musicales et humaines. Nilda Fernandez chante en français, en espagnol, sa langue maternelle, ou en anglais, il porte son chant nomade sur tous les chemins, préférant les salles à dimensions humaines aux violents projecteurs .
Après deux heures de chansons, et plusieurs rappels, c’est avec La Gitana , que le public enthousiaste chante avec lui, mucho, mucho, mucho mas , qu’il nous quitte … Nous le retrouverons un moment plus tard, au bar, assailli de bises féminines . Pour conclure, je laisse la parole à Nilda qui a enchanté et réveillé le public auvergnat ce vendredi soir :
L’artiste n’est pas là pour faire rêver mais pour réveiller .
Parce que rêver, c’est dormir.
Et pour quelques images de plus… Merci à André Hébrard.
Et pour les dates, oeuvres et toutes ces choses,
Danièle Sala
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