… de Julie Lagarrigue/Julie et le Vélo qui Pleure.
D’après l’esquisse qu’en avait fait Julie Lagarrigue, auteure-compositrice et interprète du groupe Julie et le Vélo qui Pleure, lors de l’entretien qu’elle nous avait accordé en août ( voir ici ), on imaginait son troisième album à venir beau, très beau. A l’approche de sa sortie officielle, qui sera solennisée le 24 février, à l’occasion d’un concert à Lormont (33), c’est peu dire que « Fragiles, debout », dont l’artiste nous a réservé le privilège de l’écoute, tient et transcende même ses promesses.
Toujours accompagnée des musiciens du Vélo qui Pleure (Anthony Martin, Ziad Ben Youssef, et Frederic Dongey) Julie Lagarrigue, qui, cette fois, sort l’album sous son nom propre, explore plus originalement et consciencieusement encore l’univers d’une chanson française, dont sa voix sobre à l’élégance sans artifice et les instruments traditionnels exilés d’autres cultures des musiciens (oud, bendhir, guitare 7 cordes, cavaquinho et percussions) inventent, au gré des créations, la singularité hétérochrome et lunaire, en se jouant des conformismes.
Issu de prises live réalisées par Luc Uyttersprot au studio La Tour au château de Montenton (47), traitées et mixées avec subtilité par le guitariste Anthony Martin, et masterisées par Alexis Bardinet à Globe Audio, l’enregistrement recentre palpablement la musique sur un son acoustique, élagué de surcharge instrumentale, sans toutefois s’être appauvri de trop de dépouillement, pour laisser plus d’audibilité à la voix de la chanteuse que ne le faisaient les deux précédents albums ; la compréhension des textes n’en est que mieux mise en valeur. En parlant de voix, si l’on trouvera probablement toujours comme un faux-air de Barbara au timbre de l’interprète, y entendre une tentative d’imitation calculée relèverait de l’erreur grossière : sincérité et naturel s’expriment par ses cordes. Et les cordes d’ailleurs, vocales ou instrumentales, nous embarquent à la traversée d’autres cultures, du Brésil au Moyen Orient, en passant par l’Afrique, auxquelles se frotte et s’enrichit la chanson française. Ce sont autant de parfums exotiques que respire, par exemple, l’air de la chanson « Léon qui gronde», hymne poétique et charnel spécialement composée en hommage à la cuvée « Léon qui gronde » du vigneron Norbert Depaire (Château Courtey), ami de l’artiste qui viendra proposer une dégustation de sa dernière cuvée lors du concert de sortie de l’album.
En douze chansons sincères et bouleversantes, « Fragiles, debout » visite et renverse, avec poésie, mixité et harmonie, des thèmes universels (« Sombre » sur le destin des réfugiés, la fuite et l’exil, « Transparence » sur l’amour, « Raccrochez-moi » sur la normalité et la difficulté de comprendre l’autre, « Dans mon tambour » sur l’isolement mental), approchés d’un regard sensible, onirique, et toujours original. C’est d’une même cohérence que les musiques aux accents mêlés et les textes de Julie Lagarrigue expriment l’autre, le sens de la différence (domaine familier à l’artiste qui est également art-thérapeute en milieu hospitalier), l’étranger et l’étrange, l’exil et l’accueil, l’échange et le lien, le drame et l’espoir, la gravité, la force et la beauté de la vie. Ils nous redisent, de manière indispensable et généreuse, l’impérieux besoin de rencontres, d’amours, de révoltes, de résistance et d’ouverture d’esprit.
Nous souhaitons bien des dates à la tournée de cet album qui s’amorce, et rappelons, pour ceux qui ne peuvent se rendre à Bordeaux, qu’il est encore possible de pré-commander l’album jusqu’au 17 février, via la page
http://www.leetchi.com/c/projets-de-julie-lagarrigue
Miren Funke
Dates de tournée : http://leveloquipleure.fr/agenda/
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