Chanter, chanter des fois ça m´fout l´cafard … disait Leprest.
Chanteur ? Il y a pire, faire le plumitif chansonnesque… Si on est un peu lucide, c’est la déprime assurée. A moins de faire le thuriféraire de Kendji Girac, de M. Pokora, des fesses de Rihana, ou du dernier produit du showbiznesse, si on a l’idée farfelue de s’intéresser à la « jeune chanson francophone » par les temps qui courent, on va tout droit dans les tréfonds de l’underground, où gîtent quelques chapelles se confortant souvent dans un entre-soi limite sectaire. Ensuite, il y a les supports éventuels de nos prurits de plumiteux en quête de tribune. Etant donné la situation de la presse en général, et celle sinistrée de la presse chanson, il reste l’illusion des blogs, ça mange pas de pain, c’est gratuit, et c’est lu par personne, à part quelques utopistes qui croient encore à une quelconque utilité de ces BOCM, (Bulletins Officiels de la Chanson en Marge*…) Soyons lucide, ça sert à faire reluire l’ego des artistes si la chronique est bonne, ça remplit les dossiers des attachés de presse, ça fait gonfler le jabot des chroniqueurs qui ont poussé leur cri, c’est bien ! Mais un grand cri enthousiaste dans un grand désert silencieux, ça ne génère au mieux qu’un ou deux échos, ceux de l’heureux louangé et de sa famille, c’est déjà ça, mais c’est quand même très facultatif en terme de communication utile, et faire connaître l’artiste en question.
Récemment, je lisais une litanie de regrets suite à un site disparu depuis le décès de son créateur… Bien qu’utile par ses infos, ce site affichait un nombre de visites ridicule par rapport au travail et aux contenus… Un exemple ? Vous vous réconfortez d’avoir un million de visites sur votre site que vous alimentez depuis 10 ans… OK ! Si vous avez l’imprudence de faire un simple calcul arithmétique, vous constatez que ça fait dans 275 visiteurs par jour, donc moins de 3 (abonnés?) par département. Et là, ça vous défrise illico l’autosatisfaction. Et encore, dans les 275, il doit bien y avoir un pourcentage non négligeable de robots qui indexent, et qui passent un dixième de seconde sur l’article de 1500 signes que vous avez mis un après midi à peaufiner, à relire, et faire relire. Et là, ça ne donne qu’une envie, faire de la tapisserie, ou mieux de la pâtisserie, vous aurez peut-être une chance d’avoir des « clients » dont la gourmandise vous rassurera… Le temps de finir la tarte. Ou la bouteille, car ça peut conduire aussi aux consolations vineuses. Quand j’ai lu, je bois double? (Merci Allain..)
Bonne route quand même à tous ces funambules de la ritournelle qui continuent à flotter dans les remous sans couler dans les grands fonds. Moi, j’arrête.
Chanter ? À perdre la raison, peut-être… Heureusement que ce n’est pas raisonnable, si une certaine chanson continuera à courir les rues en fille libre, elle risque d’y croiser souvent celles qui sont encartées par les proxos du show, et les marchands qui la bradent aux petits écrans. Et dans ces foires commerciales, le folliculaire est réduit à bricoler quelques libelles qui s’envolent au premier courant d’air, mais tout n’est pas si noir, tous ces supports virtuels si peu utiles qu’on lit virtuellement, ou pas, ont une qualité, ils ne concourent pas à la déforestation de nos sous-bois ou de l’Amazonie. On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.
D’ailleurs, dans ce marasme universel, il y a parfois des apparitions quasi miraculeuses, comme la revue dite « Hexagone le Mook » une vraie belle revue riche et luxueuse, qui fera date, et qui, espérons-le, vivra plus longtemps que le temps d’une chanson. Pour ça, lecteurs résistants de tous les pays, soyez cohérents, abonnez-vous… Que ce ne soit pas un rêve éphémère.
Et pour finir, en chanson, en voilà une qui s’impose…
Norbert Gabriel
*BOCM: marque déposée par un célèbre activiste de la CFQ qui se reconnaîtra peut-être..
Comme bande-son, j’avais aussi celle là dans les oreilles… https://www.youtube.com/watch?v=WTIRKXRDWAo
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Cher Norbert,je comprends la fin de partie mais je tiens à vous écrire pour vous dire que l’article que vous avez écrit après le concert que j’avais donné au Zèbre en mai dernier n ‘a pas seulement rempli les dossiers de presse mais il m ‘a beaucoup touché et m’a encouragé à continuer ma route….IL est vrai que ce n’est pas de la chanson…. et chance depuis que je vous lis j’ai fait un dossier à votre nom qui est comme un gros livre que je peux lire quand j’ai un moment.Et bien sur, je serais heureuse de vous avoir dans le public pour les nouvelles créations, piano, violoncelle et voix que je joue vendredi à 20H30 au REGARD du CYGNE 210 rue de belleville.Bien à vous,catherine MAY ATLANI
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Je n’étais qu’une lectrice anonyme, et je lisais ce blog avec plaisir, même quand je n’étais pas d’accord ou ne connaissais pas le sujet abordé. C’est comme une petite lumière qui s’éteint dans le monde de cette chanson déjà bien malmenée. Pourtant des bonnes volontés pour continuer à la faire vivre existent ici et là ; peut-être sont-elles trop dispersées et faudrait-il trouver un moyen de les fédérer en leur gardant leur liberté et leur originalité.
Christiane Delacourte
membre actif de Di Dou Da Arras ( http://www.didouda-arras.fr)
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Pour la dispersion, c’est hélas le constat que j’ai fait il y a 4 ou 5 ans, en essayant de « fédérer » quelques blogs spécialisés, pas les fusionner, mais les fédérer, et là, j’ai vite déchanté, l’harmonie n’était pas à l’ordre du jour, ce que je ne soupçonnais pas dans ma grande naïveté. C’était plutôt la famille des Atrides que la petite maison dans la prairie.. C’est assez désolant, mais bon… la vie continue, d’autres prendront peut-être la suite..
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On peut comprendre ton découragement de prêcher dans le désert, quand tu t’es donné tant de mal , je sais les combats et les déceptions, et je sais depuis peu la somme travail et d’amour de la chanson qu’il faut donner pour faire un article, mais les commentaires ci-dessus prouvent quand même que tu n’as pas fait ça pour rien . Bonne année Saravah, et à bientôt j’espère …Pour une nouvelle partie . . . Et la cuisine et la pâtisserie sont aussi des arts majeurs !
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Salut Norbert,
Te voilà parti du coté du blues maintenant? Allons un grand garçon comme toi!
C’est vrai que coté disparition de nos amours ces derniers temps………ça donne pas forcément le moral, mais il en reste tellement et tellement plus encore à faire découvrir, à voir (avec les oreilles) ou à revoir. La tâche est énorme, il faut bien en convenir.
Faut pas rendre ta plume! A qui d’abord?
Nous t’invitons à aller, en urgence, voir un spectacle de chanson vivante.
Dixit Allain:
Il paraît qu’à un certain âge
Plus ou moins l’esprit déménage
Et qu’on a la raison qui tangue
Et des cheveux blancs sur la langue
Nous t’embrassons
Souviens-toi, l’hérésie n’est qu’une question de date. Pas facile de marcher contre le vent.
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Salut Norbert, je te comprends. Nous ne sommes tenus à rien, il faut faire les choses avec enthousiasme et conviction, et ne jamais hésiter à prendre du recul. Merci de ce dévouement à la chanson durant toutes ces années et que cela ne t’empêche pas d’écrire sur ce que bon te semble, y compris de temps en temps sur la chanson! Il faut aller voir ailleurs pour apprécier sa maison. Toutes mes amitiés et belles découvertes! Gilbert
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Fatigué, fatigué é… Je comprends, très très bien…
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Cher Norbert, te voir dans nos salles de spectacle, te lire ensuite, une plume jamais facile, jamais complaisante, jamais gratuite, jamais méchante… Ça se fait rare, comment te le dire mieux : tu vas nous manquer. Vraiment. Prends soin de toi, compagnon, la vie est belle…
Cristine (& Sergio)
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Merci Norbert!
Quand c’est juste, c’est juste…
Bonne continuation.
Andoni
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Merci de cet article, je partage…. Je sais pas pourquoi les gens manquent de curiosité, J’ai eu en décembre, nos journées pédagogiques et triste de constater que les formateurs conseillaient ces » artistes » que vous citez au début….J’ ai conseillé pour ma part ceux qui je considère Artistes, parmi mes collègues inconnus aussi, je suis fière que mes élèves les connaissent et les aiment, je profite de Mokaiesh pour leur parler de Allain Leprest ou Dimey, par ex, de Malaquet pour leur faire connaître Lény… Et comme ça…. On va et on vient du présent au passé, du passé au présent mais en qualité…. Rien n est perdu ( je rêve, peut-être cette année je pourrais commencer à accomplir quelque rêve)
Adriana Gonzalez Buenos Aires
2 février, 21:41
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( sur facebook) :
Fred Hidalgo
·
« Triste à pleurer, cher Norbert Gabriel, votre constat n’en reflète pas moins l’air du temps. Moche, désespérant… Il faut pourtant rester debout et, au-delà de notre génération qui tourne la page, tenter de transmettre le flambeau aux plus jeunes pour qu’à leur tour ils puissent entretenir la flamme ; qu’ils soient ces veilleuses « qui tremblent », peut-être, mais nous permettent encore et toujours de croire à « ce vieux rêve têtu qui nous tenait debout », comme disait le poète enfui fin décembre (un départ de trop, en ce qui me concerne…). C’est encore lui que je convoque ici en ces temps de déprime : « Un jour la vie sera comme une main ouverte / Et le soir tombera très doux sur une épaule… » Merci, Norbert, pour avoir contribué avec talent, constance, exigence et passion à « tendre les mains dans l’axe du soleil ».
http://www.deezer.com/track/300111
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Dans la série, je me sens moins seul, ce que dit Michel Trihoreau dans la conversation sur « Si ça vous chante.. »
Michel Trihoreau
3 février, 09:34
Je comprends la décision de Norbert. Son analyse est aussi la mienne (la nôtre ?), mais je crois que le problème dépasse de loin la chanson. Le monde change. Nous recevons en un jour, avec les nouvelles technologies, autant d’information que nous recevions en un mois il y a vingt ans. On ne va plus chercher l’information, elle vient à nous avec les gros chars d’assaut de la puissance médiatique et quelques piétons convaincus. Il faut être préparé, éduqué, pour savoir discerner parmi les choix qu’on nous impose, ceux qui sont pertinents. Il faut une certaine curiosité, un certain sens critique pour prendre l’information chez les piétons égarés. Mais n’est-ce pas ainsi qu’on résiste à la barbarie ? Norbert est l’un de ces piétons égarés, comme beaucoup d’entre nous, comme Fred, comme Michel, comme Albert, Guy, Jean-Luc et tant d’autres qui bloguent et émissionnent ! Il a bien le droit de s’arrêter après avoir tant donné. Mais tant que nous pouvons continuer à marcher, c’est autant de préservé pour un futur… où « Nous nous serons morts, mon frère ! »
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Bonsoir,
Il ne faut pas regretter d’arrêter, parce que, si on arrête, c’est qu’on l’a fait ! Le pire serait de ne pas l’avoir commencé et là il faudrait regretter…
Et la chanson, sous d’autres formes peut-être, continue. Il y aura toujours des gens qui, avec quelques notes et quelques lignes, monteront sur scène pour les faire entendre à d’autres…
Leurs notes et leurs lignes sont importantes, peut-être, pas les lignes de ceux qui les racontent, c’est juste un petit plus.
Et ceux qui les racontent doivent prendre du plaisir à les raconter, pas forcément à être lus… Car les gens qui lisent ne souhaitent lire que ce qui les rassure, pas ce qui les surprend ou qu’ils ignorent. Et s’ils n’y trouvent pas ce qu’ils attendent, ils ne lisent pas.
Si on lisait tout ce qui se raconte, on n’aurait pas le temps d’écouter les notes et les mots de ceux qui les chantent !
Je n’en pense pas un mot, ni une note… mais l’essentiel, c’est d’y prendre du plaisir, sans rien attendre…
Amicalement
Christian Lassalle
ex-Reims Oreille
http://reimsoreille.free.fr
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