Suite du retour des chroniques disparues, avec Richard Desjardins. C’était en 2013 à Aubercail, mais c’est toujours valable en 2016, et n’importe où.
Richard Desjardins, la musique est une arme,
et les mots ses munitions

Photos©NGabriel2013
Pour un festival des Mots dits, il fallait bien ce conteur imprécateur charmeur qui s’est installé dans le monde de la chanson comme un arbre de haute futaie. Un arbre, quand on voit l’arborescence au dessus du sol, on ne soupçonne pas toujours que ses racines sont plus importantes que ses branches. Un frêle acacia solitaire dans le Ténéré a résisté des siècles, puisant l’eau essentielle en plongeant ses racines à des dizaines de mètres sous terre, Richard Desjardins est comme ces arbres, il est la mémoire des peuples, de leur histoire, parfois oubliée ou niée, celle des indiens intimement mêlés à une nature qu’on assassine comme ont été assassinés méthodiquement les peuples indigènes partout dans le monde. Quand il chante Les yankees, seul avec sa guitare qui sonne comme un tocsin, il suffit de quelques mots et quelques notes pour voir et vivre l’inexorable rouleau compresseur des civilisateurs qui tuent avec la bonne conscience de ceux qui ont Dieu à leur côté, le Colt dans la main droite et la Bible dans la main gauche .
Mais les pages d’histoire sont accompagnées de pages culturelles avec l’exploration linguistique des langages exotiques en joual quand y a plus d’lac , que le public complice d’Aubervilliers accompagne avec jubilation. Et c’est entrecoupé de quelques petites anecdotes comico-politico- narquoises, constat quasi universel de tous ces politiques élus en mettant le clignotant à gauche pour virer à droite. Il nous a aussi donné des nouvelles de notre Depardiov national …
S’il y a eu des humoristes pour moquer nos cousins du Québec, il sait renvoyer l’ascenseur. Et sa chanson à la Renaud est un pur moment de liesse collective… Et on a tous couché dans not’char… Tatatsin..
Richard Desjardins, c’est une de ces voix de cuivre et de bronze qui magnifie sa belle écriture, et seul en scène, pas besoin d’artifices pour donner du son et du sens à ses paraboles, sûr que si Jésus avait l’idée de revenir, il viendrait chanter avec une guitare pour dézinguer tous les bons apôtres qui nous promettent le bonheur une fois qu’on est mort.
On retrouve les grands moments de la légende Desjardins, la femme de ménage qui veut changer d’personnage, dans le langage savoureux et poétique qui touche droit au coeur, tu m’aimes-tu ? Quand on l’a entendu un fois, Richard Desjardins, c’est pour toujours… comme dit la chanson.
Chez Richard, c’est ici, clic sur le caribou..
Norbert Gabriel