C’était un temps de cinéma en habits du dimanche que l’on mettait le sam’di soir, pour des soirées de fête hebdomadaire.
Avec une séance au p’tit ciné, pour un grand spectacle de gala, pour quelques sous, on avait les actualités, un documentaire, un dessin animé, un entr’acte, bonbons-esquimaux-chocolats, et le grand film. C’est ainsi que « les enfants du paradis » ont ouvert à Pierrot les portes de l’infini.
Dans le p’tit ciné de Levallois, Prévert comme un phare, Arletty et ses amoureux, Charlot et ses fantaisies humanistes, Gary Cooper et son Colt justicier, Pierrot de Vendée découvrait la magie des images.
Ensuite c’est la vie saravah, ça va ça vient, une histoire belle comme un film de Capra, un film où les anges peuvent avoir l’allure de Clarence Odbody ange de deuxième classe, plus près de Michel Simon que de Gérard Philipe, mais,
T’es grand t’es p’tit, t’es beau t’es moche,
T’as dans la tête c’qui manque dans tes poches...
(…)
J’ai tout l’univers Comme un livre ouvert,
Ma pensée prolifère sur aujourd’hui, demain, hier...
Et dans ce scénario, Clarence était déjà un personnage de La maison accepte l’échec, et il y a toujours pour les Clarence un cabaret de la deuxième chance… Ou la troisième…
Quand l’élastique de la mémoire joue tout seul au yoyo dans le noir… on se fait son p’tit ciné intérieur, on rejoue l’histoire, et sur l’écran noir d’un sommeil rêveur, dansent quelques mots joueurs,
Qu’un matin sur sa palette un doux soleil farceur
Invente une autre couleur…
et on refait le tour de la terre, avec des danses des rires et des chansons…
C’est dans ce p’tit ciné qu’on termine ce saravah du samedi, avec Cab, the old man et Betty, en moins de 7 mn, un de ces moments cultes du cinéma américain quand il réunit, la musique, la fantaisie la plus débridée, des personnages de légende, venez rêver… LA ! Venez flaner… LA ! Venez jouer… LA !
Norbert Gabriel