
Photos©NGabriel 2016
Ils le méritent bien, ces gens du Québec, avoir une interprète qui nous les montre dans toutes les facettes de leurs destins fabuleux et ordinaires, héros du quotidien qui deviennent des légendes de la vie de la belle province.
Oubliez les traits outrés jusqu’à la caricature qui réduisent à un aimable folklore pittoresque les gens de ce pays de neige et de forêts, Céline Faucher met au service de ces chroniqueurs chansonniers* une voix exceptionnelle, comme un instrument raffiné pour servir au mieux les textes de Pauline Julien, Clémence DesRochers, Vigneault, Leclerc, Ferland, Léveillée, Tremblay, Ducharme Sylvain Lelièvre, Marc Chabot…
Le Québec a su mettre son histoire en chansons, grandes ou petites histoires, qui font un romancero canadien français, un almanach musical de la mémoire collective dans lequel on trouve quelques perles du folklore et une belle ribambelle de chansons sensibles et colorées de musiques modernes. Des textes percutants et toujours actuels, comme L’étranger de Pauline Julien, des ritournelles souvenirs, album de famille qui chante … Avec ces chansons qui racontent, c’est une forme d’opéra populaire avec la règle des trois unités égales, paroles, musiques et la voix pour les mettre en majesté… A noter que le piano de Patrick Vasori est en parfaite adéquation dans ce spectacle pour faire entendre les musiques des divers compositeurs… Ce tour de l’île Québec, enclavée en pays anglo-saxon, en 19 chansons, plus une, est le plus bel hommage aux Gens du Québec, sobre et généreux, intime comme une veillée où des grands pères conteurs font revivre les épopées de nos cousins, ceux qu’on découvrait dans les récits de Jack London ou les contes de Charles Quinel. Et le rêve va…
Les gens de mon pays Céline Faucher accompagnée par Marc-André Cuierrier au piano et Jean-François Goyette à la basse. Novembre 2009
Pour en savoir plus sur Céline F. clic sur Montreal,
Et pour quelques images de plus,
- Chansonnier: qui fait des chansons.
Gilbert Laffaille, les 3 jours du Forum.
C’était fin Octobre.
Le troisième jour fut un enchantement, comme les précédents selon les témoins. Un de ces moments de spectacle qui vous laissent heureux, prêts à croire à tout le bonheur du monde… Parce que Gilbert Laffaille, quoi qu’il arrive, nuance toujours les vilénies de la vie par un sourire mi figue mi raisin, mais un sourire. Témoin cette historiette offerte au public lors de la soirée lecture en soutien au Limonaire
Un homme marchait dans la rue, souriant et tranquille, un pied chaussé et l’autre nu…
- Monsieur, vous avez perdu une chaussure, s’inquiéta un passant..
- Non monsieur, j’en ai trouvé une, répondit l’homme dans un grand rire heureux..
Lors des soirées au Forum Léo Ferré, Gilbert Laffaille a alterné les chansons, les saynètes-sketches en comédien conteur accompli, gentiment caustique, naïvement cruel, toujours lucide, en tableaux doux-amers, comme la vie depuis toujours… Soyons heureux si possible dans les interstices que laisse le malheur quand il fait une pause… Faites la pause bonheur avec Gilbert Laffaille, c’est toujours ça de gagné sur les boiteries de la marche du monde.
Aujourd’hui, c’est cette chanson qui sera la BO de ce spectacle, vu un dimanche au Forum Léo Ferré
Norbert Gabriel
Bonjour
Le Québec a aussi une nouvelle venue, la trépidante Geneviève Morissette qui fait carrière en France.
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Certes , trépidante est le mot juste.. très… Mais c’est un autre registre, celà dit, elle est en France depuis 2 ans environ, c’est peut-être prématuré de parler de carrière..
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Geneviève Morissette a fait une arrivée fracassante, elle est une des grandes artistes du Québec, un talent comme il y en a peu … Je crois que ça annonce une grande carrière.
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C’est un point de vue … Qu’on peut ne pas partager. En ce qui me concerne, dans les grands artistes du Québec, parmi les ACI, il y a (par ordre d’apparition en France) Leclerc, Ferland, Léveillée, Pauline Julien, Charlebois, (période Mouffe) puis Richard Desjardins, Dan Bigras, Marie-Jo Thério, Lynda Lemay qui ont chacun apporté quelque chose de nouveau. Ce qui ne me semble pas être le cas de Geneviève Morissette… Et dans les interprètes actuelles, vues récemment, Paule-Andrée Cassidy et Céline Faucher.
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C’est avec Céline Faucher et sa voix « exceptionnelle» , c’est avec les gens de ce pays, dont Céline est la passeuse, que l’on se sent le mieux chez nous, que l’on retrouve le goût de ces veillées , de nos aïeuls conteurs, que l’on est au plus près de cette langue belle, si bien chantée par Yves Duteil : «Et du Mont-Saint-Michel jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant parler les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il en a gardé toutes les harmonies .» .
J’ai eu le bonheur d’entendre Gilles Vigneault chanter « Les gens de mon pays» sur scène , et écouter Céline chanter cette même chanson est un bonheur renouvelé .
Quant à Gilbert Lafaille, j’ai presque honte de le dire, et en tout cas, je le regrette, je ne l’ai jamais vu sur scène, bien que le suivant depuis des décennies, je suis passée à côté de cette « pause bonheur …Dans les boiteries de la marche du monde. » . Mais il nous reste encore un bon bout de chemin à faire, et j’espère croiser le sien un jour prochain .
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Et je ne résiste pas à offrir ce poème aux gens du Québec, poème de Bernard Dimey , du recueil « Le milieu de la nuit . » « Le français .» ,
«Moi qui vis à Paris depuis plus de vingt ans,
Qui suis né quelque part au coeur de la Champagne,
Jusqu’à ces temps derniers je m’estimais content,
Mais tout est bien fini, la panique me gagne.
Quand je lève mes yeux sur les murs de ma ville,
Moi qui n’ai jamais su plus de trois mots d’anglais,
Je dois parler par gestes… et c’est bien difficile…
Alors je viens chez vous retrouver le français.
Mes amis pour un rien se font faire des check-up,
Moi je me porte bien, j’en rigole de confiance,
J’écoute des longs playings le soir sur mon pick-up ;
Des rockmen, des crooners, y en a pas mal en France.
Et j’bouffe des mixed-up grills, des pommes chips à gogo,
Alors que j’aim’rais tant manger des pommes de terre
Avec des p’tits bouts d’foie et des p’tits bouts d’gigot,
Mais pour ça c’est fini, il faudra bien s’y faire.
On boit des lemon dry dans les snack-bars du coin,
En plein coeur de Paris ça me fait mal au ventre,
Et l’odeur des hot-dogs j’la sens v’nir de si loin
Que mon coeur se soulève aussitôt que j’y rentre.
Et l’on fait du footing, du shopping, des plannings,
De quoi décourager mêm’ la reine d’Angleterre.
Ma femme la s’main’ dernière s’est fait faire un lifting,
J’ai fait du happening pour passer ma colère.
Mais ça peut plus durer, j’peux plus vivre comm’ ça,
J’aime le vieux langage que parlaient mes ancêtres.
Je vous jure que chez nous il s’en va pas à pas
Tant pis pour nos enfants, ils s’y feront peut-être,
Mais moi je n’m’y fais pas, alors j’ai pris l’avion,
J’ai salué Paris du haut de ma nacelle,
Je suis venu chez vous chercher avec passion
Au bord du Saint-Laurent ma langue maternelle.»
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