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Léo et le Déjazet…

9 Nov

ferre-dejazt

Les actualités de ce 9 Novembre n’ayant rien de spécialement transcendant, voici donc les nouvelles de demain 10 Novembre 2016 . Attendez vous à savoir (Geneviève T. salut…) que ce jeudi verra l’arrivée en librairie d’un livre – avec un DVD en prime- qui nous raconte l’histoire de Léo Ferré avec le TLP Déjazet, le Théâtre Libertaire de Paris. Le dernier rescapé des théâtres du 19 ème siècle qui ont fait surnommer le boulevard du Temple « Boulevard du Crime ». Non pas qu’on y assassinât des parisiens en goguette, mais au cours de l’année 1823, plus de 150 000 crimes de toutes natures furent perpétrés sur 6 actrices et acteurs qui au demeurant sont en parfaite santé et jouissent de l’estime générale. (Almanach des spectacles) Mais venons aux choses sérieuses,

Après diverses tribulations sur la vie d’une salle de spectacle qui en a vu de toutes les couleurs, on arrive aux années 1986-92, quand cette salle devient ce qu’on connait aujourd’hui, et ce , grâce à une belle équipe de passionnés, qu’on retrouvera dans l’aventure « Thank You Ferré » et ensuite dans la même démarche, le Forum Léo Ferré. On peut résumer leur règle de vie, ni dieu ni maître, on se retrousse les manches et on agit. Et on fait renaître une salle de spectacle, dans une mouvance libertaire. Et en toute logique, Léo Ferré sera un des acteurs de cette odyssée pendant quelques années, les dernières de sa vie d’artiste.

Dans ces 230 pages, beau papier et belle typo, élégante, classique, pour un grand agrément de lecture, Daniel Pantchenko fait d’abord une bio brève de Ferré, brève mais l’essentiel y est, avec quelques touches qui éclairent la personnalité de Ferré, sur les premières parties, sur son rapport avec les médias, juste un exemple : pour le lancement de la salle sous ses nouveaux habits « TLP » on lui fait savoir que la télé le veut au JT. Il fait répondre:  d’accord mais c’est 40 briques,  (de 1986, c’est du lourd) bien sûr le JT répond qu’il n’a pas les moyens, et Léo renvoie la balle:  alors vous venez faire votre truc au Déjazet et c’est gratuit.  Ce qui fut fait.

couv-ferreAu fil des pages, on suit donc ces années Déjazet avec Ferré, avec celles et ceux qui ont été les pionniers de cette scène, Gilbert Laffaille, Michèle Bernard, Xavier Lacouture, Anne Sylvestre et Pauline Julien, Gilles Vigneault, Julos Beaucarne, Marc Robine, Serge Utgé-Royo, Marie-José Vilar, Moustaki, Francis Lemarque, Juliette, Graeme Allwright, François Béranger, Lény Escudéro, Bernard Lavilliers, et Alain Aurenche, chanteur, cheville ouvrière et maçon qui refait la façade avec de l’enduit du Marais, (les spécialistes apprécieront) et cette extraordinaire Paulette Piedbois ( de Créteil) qui tenait la boutique-bar, et qui n’a jamais demandé un sou, ni pour rembourser sa carte Orange (l’ancêtre du Navigo pour les djeuns) ni même pour un taxi quand ça finissait à pas d’heure. Voilà comment se sont passées ces années TLP avec Léo, c’est émouvant, passionnant, tant sur la vie du spectacle et ses aléas, et ce qu’il faut de passion et de générosité pour faire tout ça, sur la vie d’artiste aussi.

Ces années Ferré-Déjazet se terminent en 1992, elles se prolongeront avec Thank You Ferré que Jacky-Joël Julien et Hervé Trinquier,  les initiateurs de cette aventure continueront pendant 10 ans de même passion acharnée, avec Geneviève Métivet, comme le fera ensuite Gilles Tcherniak « La chanson pour tout bagage » qui prend la suite au Forum Léo Ferré, créé par le même Jacky-Joël, puis repris par Floréal Melgar  avec cette belle équipe de bénévoles toujours en action, solitaires et solidaires, et debout.

Entre Thank You Ferré et le Forum, il y a eu aussi les Jours Ferré, du Trianon, à l’Européen, par Edito Musiques qui cherche une salle d’ accueil pour 2017…

Résumons donc, c’est un livre passionnant, y compris pour ceux qui ont 10 kgs de livres sur Ferré et un mètre de CD, et cadeau bonus, vous avez le DVD du film Léo Ferré au Déjazet, le 8 mai 1988, réalisé par Raphaël Caussimon. Si c’est pas un vrai cadeau…

Léo Ferré sur le boulevard du crime de Daniel PANTCHENKO édité par le Cherche Midi,

Norbert Gabriel

NB Deux pages consacrées au photographe Francis Vernhet (Chorus) m’ont tout spécialement plu, voilà ce qu’il dit Francis : « Ne pas l’emmerder, et ne pas emmerder les spectateurs. » Comprend qui veut, mais Anne Sylvestre est d’accord.

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