Orwell avait écrit en 1948 un roman qui décrivait le monde de 1984, assez terrifiant, mais qui s’est vu concrétiser dans pas mal de ses visions calamiteuses. Au tout début des années 70, Herbert Pagani décrit dans Mégalopolis ce qui arrivera dans la grande panne de New York en 1977,
(New York a été touchée par une panne d’électricité qui a déclenché des pillages et des émeutes entraînant l’arrestation de 4 000 personnes,) panne que nos experts nationaux ont analysée avec pertinence: pas de ça chez nous… Mais, en 1987, par une journée particulièrement froide, trois groupes de production de la centrale thermique de Cordemais disjonctent en moins d’une heure pour des raisons indépendantes. Le dernier groupe de la centrale finit par décrocher également. Il s’ensuit une brusque dégradation du plan de tension régional, qui par répercussion provoque de nouveaux décrochages dans plusieurs centrales de l’ouest de la France. Bilan : « Cela avait entraîné des coupures massives pendant plus de huit heures, avec un effet ressenti sur presque la moitié du territoire français« . (Sud Ouest)
Il convient donc de remercier qui de droit comme il se doit … Chanson du début des années 70, ça résonne bien… A quelques détails près, on y est.
Pour les petits ruisseaux couverts de mousse blanche,
Pour les petits poissons qui naissent déjà cuits,
Pour les forêts que nos journaux débitent en tranches,
Pour le petit oiseau qui cherche en vain son nid…
Et pour nos téléphones, toujours trois sur la ligne,
Nous deux et puis un flic, avec ses écouteurs,
Et notre vie privée qui est mise à la consigne
Dans les boyaux d’acier de vos ordinateurs…
Et pour ces croix gammées, surgies des années trente,
Qu’on voit sur nos affiches, aux kiosques et aux stations…
Est-ce la mode rétro, ou certains groupes qui tentent
De faire bander à droite les jeunes générations ?
Pour ces petits paumés qui lancent des grenades,
Pour ceux qui ont financé leurs camps d’entraînement,
Avant qu’on nous envoie faire du footing au stade,
Nous vous disons bravo, Messieurs les Présidents…
Bravo pour ces jolies centrales nucléaires
Que je n’ai pas voulues, et cependant je paye
Et que vous cernerez de mille militaires
En attendant de mettre un compteur au soleil…
Bravo pour cette paix qui marche comme les crabes,
Pour notre liberté à l’ombre des képis,
Pour nos moteurs qui parlent couramment l’arabe,
Nos vies originales comme des photocopies…
Bravo pour ces colombes forcées de jouer les aigles
Crevant avec vos armes sur nos petits écrans ;
La Terre est une femme, les guerres sont ses règles,
Comme disait Staline aux gars du Klu Klux Klan…
Si ma musique est belle et mes paroles coriaces,
N’en soyez pas surpris, Messieurs les Présidents,
Le monde est beau, et vous l’avez fait dégueulasse,
Le temps d’une chanson, moi, j’en ai fait autant…
Le poète a toujours raison… et le futur est son royaume.
Norbert Gabriel
PS Le constat que dresse le WWF dans son rapport Planète Vivante 2014 est alarmant. Ce rapport publié tous les deux ans montre l’accélération de la disparition des espèces vivantes. 52% des insectes, des mammifères ou des amphibiens que l’ONG international suit ont disparu. (Sans oublier les petits paumés de partout qui se font exploser dans la foule, mais ceci est une autre histoire. Quoi que…)