En fermant les yeux, à l’écoute des chansons du groupe Buscavida, ce sont des images dépaysantes et pourtant étrangement familières qui me sont venues sous les paupières. Des récits évasifs de marins d’ici et du bout du monde, des errances de voyageur, des vérités intimes de cœur abîmé par le roulement de la vie et les écorchures des relations : de l’abstraction et du concret, un monde si loin et en même temps si proche. J’imaginais le comptoir du « Jean Louis » d’Yves Jamait transposé dans quelque ville portuaire d’Amérique latine, un extrait du carnet de voyage d’un François Hadji-Lazaro en exil non loin de la « Rua Madureira » de Nino Ferrer. Buscavida, c’est le son et la mélancolie que Ludo, chanteur de la formation Laréplik, qui, après 20 années d’existence, continue de se produire dans les festivals et d’enjouer le public avec ses chansons java-punk aux textes engagés, drôles et poétiques, a ramenés d’un périple en roue libre à travers plusieurs pays d’Amérique du Sud. La chanson alternative française s’y incarne dans la peau de musiques folkloriques ibériques et latines pour façonner un métissage acoustique ne manquant pas d’esprit punk et populaire. Fidèle à sa philosophie, le chanteur fait fonctionner son groupe dans une logique d’autonomie économique, via l’autoproduction et la distribution par circuits courts et directs. C’est donc en allant écouter Buscavida en concert dans les petits bars à taille humaine que vous aurez le plus de chance de vous procurer son disque, disponible également via le facebook. Quelques heures avant un concert au Bar de l’Etoile à Bordeaux, Ludo acceptait de nous raconter cette nouvelle aventure.
– Bonjour Ludo, et merci de nous recevoir. On t’a connu pendant 20 ans à la tête du groupe Laréplik, et on te retrouve dans un registre plus calme et folklorique aujourd’hui avec Buscavida. Comment a démarré cette aventure et comment sont arrivées les influences musicales latines dans ta musique ?
– J’avais mis Laréplik en pause durant trois années, et je suis parti en Amérique Latine, où j’ai écrit des chansons. Lorsque je suis revenu de mon périple, j’ai rappelé des vieux potes du Crashmoon Project, avec qui je jouais avant Laréplik, c’est-à-dire il y a une vingtaine d’année. Musicalement Buscavida est moins nerveux que mes précédentes aventures, mais en même temps j’ai 50 ans ! C’est très bizarre d’ailleurs, d’avoir parfois le sentiment en écoutant les chansons de l’époque où j’ai commencé à jouer qu’elles ont été écrites par une autre personne que moi, ou plutôt que j’étais une autre personne il y a 20 ans.
Comme j’ai voyagé, en Argentine et Uruguay principalement, les influences musicales latines sont venues naturellement. J’ai repiqué quelques mélodies, une dans un stade, une autre dans une manifestation… Et j’ai joué là bas, avec beaucoup de musiciens, dans des bars, des auberges de jeunesse, matin, midi et soir, tout le temps. J’ai rencontré des tas de gens, des Français parfois même. Un jour à Buenos Aires, dans un petit bar, un couple est venu me parler et m’a demandé si je n’étais pas le chanteur de Laréplik ! J’en étais étonné, mais après tout, comme le groupe a dû faire 1000 concerts en 20 ans, à force, il y a des tas de gens qui nous ont vus et nous reconnaissent. Et puis quelques artistes de groupes français issus du milieu alternatif avaient d’ailleurs déjà entrepris la démarche de partir en Amérique latine, parmi lesquels et pour ne citer qu’eux les Garçons Bouchers, Noir Désir et Mano Negra.
– Pour autant, on sent plus l’influence du Fado que celle du Tango dans ta musique. Est-ce un genre qui te séduit plus ?
– Le Tango a été popularisé par Carlos Gardel, qui était un Français, toulousain, de naissance, même s’il a adopté les nationalités uruguayenne, puis argentine. Bien sur il ne l’a pas inventé, mais c’est après qu’il s’en soit emparé que la Tango est redevenu populaire en Argentine. C’est une musique qui au départ se jouait dans les bordels, où les marins dansaient entre eux ; c’est de la chanson de marlous et de prostituées à la base, d’homosexuels aussi. L’Argentine est d’ailleurs le pays le moins homophobe d’Amérique latine ; le mariage entre personnes de même sexe y est autorisé et il n’est pas rare de croiser des couples homos dans la rue, sans que personne ne les harcèle. L’Uruguay aussi a légalisé le mariage pour tous. Alors qu’en France, des gens continuent de s’insurger contre cette mesure sociétale qui ne fait de tort à personne. Je n’ai jamais compris en quoi ça peut gêner des gens que des couples qui s’aiment puissent se marier et vivre leur amour au grand jour.
En ce qui concerne le Fado, c’est une musique qui m’éclate. En plus, comme je vais souvent au Portugal, j’ai pu repérer déjà plusieurs endroits où le Fado est joué par des non-professionnels, et c’est ce qui m’intéresse. Les professionnels du Fado jouent dans les bars à touristes. En revanche dans les petits troquets, il y a beaucoup d’occasions de se poser avec sa guitare et de jouer avec les gens. C’est très différent de la France, où dès que tu arrives quelque part avec ta guitare, les gens craignent que tu fasses du bruit et les dérangent ou leur quémande une pièce. C’est une démarche que je vais entreprendre également à Barcelone et Hambourg. Mais pour l’instant, mon petit paradis, c’est Lisbonne, et d’une manière générale toutes les villes portuaires de l’Atlantique où on peut jouer dans les bars. Un jour j’ai joué dans un bar d’un port argentin une chanson bretonne, qui est typiquement une chanson de marin, et les locaux avaient l’impression d’entendre une chanson argentine : les marins ont toujours échangé leurs musiques et du coup, on ne peut jamais dire d’un morceau d’où il vient précisément à l’origine. Je n’ai pas de plan de carrière ; en revanche, j’ai besoin de voir le monde, si je veux pouvoir raconter des choses. Alors, pour le moment, c’est sur Lisbonne que je veux mettre le cap. C’est ville petite ville, très chouette, qui d’ailleurs me fait par moment penser à Bordeaux.
– Mais Bordeaux n’a-t-elle pas été au trois quart construite par des ouvriers portugais ?
– Si ; ça, il ne fut pas l’oublier ! Cependant à Bordeaux, ce qu’on connait particulièrement du Portugal, ce sont les ouvriers qui viennent du nord du pays, de la région de Porto. Lisbonne, c’est encore une autre mentalité. C’est très proche de l’Andalousie et de la musique gitane, bien sur, et aussi de l’Orient en termes de musicalité. Et puis évidemment il y a le Fado ; néanmoins Buscavida gardera malgré tout toujours une énergie venant du Rock alternatif des années 80, parce que c’est ce qui nous a formés à la musique, et qu’on travaille encore beaucoup avec des structures qui perdurent de cette époque, comme Les Tanneries à Dijon ou l’Athénée Libertaire ici.
– Tu as également tiré un livre de ton périple sud-américain. Qu’est-ce qui a inspiré ton écriture?
– Je prenais des notes tous les jours, pour mes chansons et aussi pour le bouquin que je préparais. Mais la rédaction du livre s’est faite plus vite que l’écriture des chansons. C’est une sorte de carnet de voyage, rédigé sur le ton de la dérision, à propos de choses insolites vues dans ces pays qui peuvent nous sembler incompréhensibles. Par exemple en Argentine, ils ont privatisé les bus, c’est-à-dire pas les lignes, mais chaque bus, dont le chauffeur est propriétaire : il faut imaginer que dans une ville comme Buenos Aires, les bus se font la course et se doublent par la gauche et par la droite pour arriver les premiers à l’arrêt et ramasser les passagers. Sur le plan de l’architecture, ce pays est européen, et si tu regardes dans les rues en bas, tu voies des clochards morts, des chiens à deux pattes, une pauvreté entretenue, parce que le pays n’a jamais eu de président progressiste, à la différence de l’Uruguay. C’est un mélange qui frappe, quand tu arrives là bas avec des images d’Epinal en tête, du genre tout le monde est chic et danse le Tango. Ce que j’ai mis dans mes chansons, c’est ce que je peux raconter sans être ridicule, dans l’optique de récits de voyages. Le livre relate plus mon état d’esprit, dépassé, un peu déjanté, à essayer de draguer les douanières, du grand n’importe quoi ! Je me suis rendu compte, lors de ce voyage, que j’avais jusqu’alors l’habitude de sillonner les routes toujours accompagné de mon groupe, à 8 dans un camion. Et puis je n’ai pas vraiment voyagé durant cette période : on jouait tous les weekends, on enregistrait des albums, on partait en tournée… C’est un peu comme si ton plat préféré était la choucroute et que tu en mangeais tous les jours. Là, j’étais enfin livré à moi-même. Mais les gens là bas sont très accueillants et adorent la musique, en particulier quand ce n’est pas du Tango. Ils en entendent tellement tout le temps ! C’est un peu l’équivalent de la Musette à Paris. Ceci dit, beaucoup d’artistes se sont approprié cette musique et font du Tango alternatif, et des choses vraiment intéressantes, des chansons de contestation sociale ou politique. Et ce sont aussi des thématiques qui me tiennent à cœur. Ce sont des pays où les gens sont souvent dans la rue ; je pense avoir vécu là bas les plus grosses manifestations auxquelles j’ai participé de toute ma vie. Et puis les manifestations populaires sont assez virulentes, parce que ces peuples ont connu des dictatures, des démocraties plus que corrompues, et qu’ils ne sont toujours pas sortis des ronces. Il y a une disparité impressionnante entre la misère des bidonvilles et l’énorme richesse détenue par une classe très aisée.
– D’où vient le nom du groupe ?
– Buscavida est le nom qu’on donne aux immigrés d’origine européenne arrivés en Argentine avec des rêves de gloire et de fortune. C’était un peu mon cas, puisque je suis parti avec l’idée que peut-être je resterais là bas, si la vie y était moins pourrie qu’ici. Et puis finalement la vie y est encore plus dure ; l’Uruguay connait moins de conflits et est un peu plus tranquille. J’envisage peut-être de finir au Portugal, où je vais très régulièrement.
– Pour revenir à l’Argentine, c’est un pays polyethnique qui a accueilli beaucoup de vagues d’immigration successives en provenance de la vieille Europe : des Russes, des Juifs d’Europe centrale, des nazis fuyant après 1945 aussi. As-tu senti là bas les influences des musiques Klezmer, Slave ou Tzigane ou encore indigènes par exemple ?
– Klezmer, oui. Et puis aussi de musiques allemandes, puisqu’énormément d’Allemands ont émigré en Argentine, des opposants au fascisme d’abord avant la guerre, et d’autres ensuite. Beaucoup d’Argentins avec des noms à consonance germanique se retrouvent dans les milieux gauchistes. Quant aux nazis ou à leurs descendants, ils se font plus discrets, mais tout est biaisé là bas. J’ai vu une manifestation, qui devait rassembler 500 000 personnes pour réclamer qu’on rende le corps d’un étudiant syndicaliste qui avait été kidnappé par la C.G.T. Il faut savoir qu’en Argentine, la C.G.T, bien qu’étant sensée être de gauche, était affiliée au pouvoir péroniste. Sur le plan ethnique, l’argentine n’est pas un pays en lien avec ses populations autochtones. On a coutume de dire que les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas, et les Argentins descendent du bateau. Il n’y a quasiment que des blancs. Les Indigènes –Mapuche au sud et Guarani au nord- ont été exterminés par les Européens ; ils doivent représenter 0,4% de la population et ceux qu’il en reste sont encore très méfiants à l’égard des blancs et ne les fréquentent pas. Quant aux descendants d’esclaves africains, il n’en reste plus, car ils ont tous été tués durant la guerre de la Triple-Alliance, qui a opposé entre 1865 et 1870 une union du Brésil, de l’Uruguay et de l’Argentine au Paraguay, qui à l’époque était d’une richesse insolente, trop pour ses trois voisins. A la fin de la guerre, il ne restait plus que 10 000 Paraguayens en vie, soit un tiers de la population ! C’est-à-dire qu’on a quasiment tué une population. Sans parler des assassinats perpétrés sous ce qu’on a nommé « Opération Condor » ; ce sont des anciens de l’O.A.S qui ont formé les dirigeants et tortionnaires des dictatures de ces pays. Je renvois à ce sujet aux livres de Caryl Férey, Mapuche et Condor qui décrivent cela très bien. Les différences culturelles qu’on peut ressentir en tant qu’Européen constituent une thématique qui revient assez souvent dans mes chansons, qui parlent aussi d’exil, de désillusion, des dégâts de l’ultra-capitalisme.
– Votre Cd est un 4 titres. Est-ce un début timide ou un choix stratégique ?
– Le prochain disque va être également un 4 titres, des titres écrits lors de mon voyage, que je n’ai pas enregistrés sur celui-ci, et peut-être une ou deux chansons composées ici, mais qui ne correspondaient pas à l’identité sonore de La Réplique et ont donc été gardées de côté. J’aurais bien aimé que Laréplik ait d’autres couleurs sonores que ce côté java-punk nerveux enrichi de musiques de l’Est, mais ça ne s’est pas fait ; et pour ce qui concerne les musiques latines, c’est l’essence de Buscavida. L’idée d’un Cd 4 titres est un fonctionnement simple et efficace : on répète à la maison en acoustique, et on enregistre chez nous, puis on fait presser par une petite boite. Nous n’avons pas de distributeur, et n’en voulons pas. Pas de maison de disque non plus. On finance avec l’argent des disques précédemment vendus, le plus souvent à nos concerts, ou alors dans quelques lieux où les disques sont en dépôt-vente. L’année suivante, on refera un 4 titres, et au bout d’un moment, pourquoi pas un album qui sera la compilation de 3 ou 4 Cds. L’important est de diffuser notre musique ; c’est pourquoi elle est aussi disponible gratuitement sur internet. Ce n’est plus la peine de sortir des albums onéreux avec de belles pochettes ; il vaut bien mieux réaliser des Cds accessibles en termes financiers et pouvoir diffuser sa musique le plus largement possible. C’est une économie de crise, mais puisque les gens sont dans une logique de survie et qu’on s’adresse surtout à des pauvres, l’idée est de leur rendre notre musique accessible.
– Parvenez-vous à exister dans cette démarche alternative et artisanale ?
– Il faut dire que les musiciens et moi avons tous une activité alimentaire en dehors, ce qui nous permet de ne pas être dépendants des revenus du groupe pour vivre. A titre personnel, j’encadre des groupes pour les enregistrements, et j’anime des ateliers d’écriture. Le régime d’intermittent du spectacle n’est pas spécifiquement enviable, loin de là. Depuis que ça existe, dans la musique, on a toujours vu des artistes obligés de déclarer des faux cachets et de se payer eux-mêmes, en étant ensuite imposés sur des cachets qu’ils n’ont pas touchés, et passer parfois plus de temps à pousser des caisses ou exécuter des tâches ingrates qui n’ont rien d’artistique juste pour pouvoir maintenir leur statut. Mais au final, malgré un statut de professionnel de la musique, tu n’as pas le temps de jouer ta propre musique, et ça revient au même que si tu avais un job alimentaire et faisais de la musique comme loisir. Moi, ça ne m’intéresse pas du tout. Buscavida fonctionne totalement en autarcie, en s’appuyant sur les réseaux sociaux. On est revenus à l’alternatif des années 80, mais en plus radical encore. Cela évite de revivre tout ce que j’ai pu connaitre de nocif au moment où Laréplik a commencé à être un « petit » groupe dans la cour des grands, et qui ne correspondait pas à l’existence qu’on avait souhaiter, Vigie et moi, en formant le groupe : nous avions voulu revendiquer des choses, vivre selon des valeurs et on s’était retrouvé malgré nous dans le business musical. Vigie et moi étions le noyau dur du groupe, et à peu près 50 autres personnes ont du s’y succéder, autour de nous. Donc au bout d’un moment, nous avions le sentiment de tenir une entreprise et d’employer des gens à jouer avec nous. Buscavida ne jouera que dans des bars ou pour des concerts de soutien. Je pense avoir rien que dans le Sud-ouest une centaine de potes qui tiennent des bars à concerts ; donc on a largement de quoi tourner : il suffit pour ça d’un kangoo avec des congas, la contrebasse et deux guitares dedans.
– Des concerts de soutien ? L’engagement avec la musique fait toujours donc partie de ta vie…
-Bien sur ! En plus, comme souvent les concerts de soutien se font avec des groupes de punk, de grindcore ou autres musiques bruyantes, notre originalité est de pouvoir conjuguer notre démarche politique avec une musique différente que ce qui s’y entend traditionnellement. Et puis, j’ai aussi un troisième groupe, un duo de reprises de chansons, Yves Remord, avec lequel je joue entre les groupes ou sur des scènes parallèles ; nous faisons un concert ce weekend justement, contre la « californisation » du sud des Landes, c’est-à-dire le projet de créer sur le littoral landais des piscines à vague pour les surfeurs, des parcours géants de golf, et de « marchandiser » en somme le coin ; c’est une lutte écologique qui se joue là bas. Les combats sociaux universalistes ne sont pas évidents à mener, même si bien sur je soutiens de tout mon cœur les intermittents et les luttes actuelles contre la privatisation accrue de tout ce qui était intéressant en France. Pour être allé dans des pays où l’expérience a été déjà tentée, je me suis rendu compte que le tout libéral n’est pas la bonne solution, et que ça ne fonctionne pas. Mais lutter pour défendre les circuits courts et la vie locale me tient vraiment à cœur ; c’est pour moi la base de la contestation. En outre mes rapports avec les gens ont changé ; j’ai arrondi les angles et j’arrive à tolérer ceux qui ont des opinions différentes de moi. Enfin légèrement… Je ne vais pas non plus me retrouver bras dessus, bras dessous avec un élu de droite ! Mais je peux concevoir que certaines personnes n’ont jamais eu accès à la culture ou la chance de s’intéresser aux autres, et qu’on ne peut même pas leur en vouloir de voter Front National, parce que c’est plus un acte dû à la bêtise et au manque d’instruction ou à l’abrutissement qu’à une adhésion pleine à des idées d’extrême-droite. Il n’y a pas très longtemps, on a organisé un concert pour les réfugiés dans les Landes et rempli deux camions de biens pour eux : la démarche se pratique déjà à Bordeaux, donc on a choisi de le faire dans un endroit où ça ne se fait pas, et on a été très agréablement surpris de la mobilisation des gens qui apportaient tous quelque chose. Le nord des Landes est un terroir où il reste de la population ouvrière qui a travaillé dans les briqueteries ou les usines un fond de pensée progressiste, communiste même, encore très vivace.
– Qu’en est-il de Laréplik ?
– Le groupe dure depuis 20 ans, puisque nous faisons cette année la tournée des festivals pour le 20ème anniversaire. Mais justement, ça faisait 20 ans que j’avais la même vie avec ce groupe, que je racontais les mêmes choses, avec l’impression de ne plus avoir grand-chose de neuf à exprimer. Mon départ pour l’Amérique du sud était donc l’occasion de changer de fenêtre et de me ressourcer. Et puis avec Laréplik, à 6 plus un technicien, c’est hyper compliqué d’organiser une tournée, suivant la disponibilité des locaux, le montant des cachets, le calcul des frais de déplacement. On le fait, parce que ça nous fait plaisir, et puis que cette année, contrairement à d’habitude, les portes se sont ouvertes et on a obtenu tout ce qu’on demandait, y compris sur de gros festivals. Donc exceptionnellement cette année Laréplik -c’est-à-dire moi, Vigie et ceux que l’on nomme « la garde réplikaine »-, va tourner dans des festivals, et puis jouer, comme de tradition pour la St Roger [NDLR : Laréplik a pour coutume de jouer un concert pour célébrer la St Roger au 30 décembre, une façon de revendiquer un décalage avec la tradition de fêter la St Sylvestre].
– Tu parles d’avoir eu le sentiment que certaines de tes chansons n’étaient pas pour Laréplik. Comment procèdes-tu dans ton travail de composition et comment sens-tu lorsqu’une chanson nait à quelle identité de groupe elle correspond le mieux?
– Souvent le texte et la musique me viennent en même temps, enfin parlons d’une bribe de texte ou de musique autour de laquelle la chanson progresse selon une sorte d’évidence. De toute façon, je n’écris plus pour Laréplik. Quand les gens viennent nous voir, ils attendent qu’on leur joue nos anciens titres. Nous en sommes très contents, car ça nous permet de jouer devant des publics qui connaissent déjà les chansons, parfois par cœur. Avec Buscavida, nous jouons souvent pour la première fois devant les gens. J’aime cela, mais ça fait aussi plaisir de jouer sur de grosses scènes devant un public venu exprès pour nous.
Miren Funke
crédits photos : Benjamin Pavone (2 et 5), Erwan Raphalen (6)
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Vidéos :
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Pour Laréplik : https://myspace.com/lareplikbx
https://www.facebook.com/la.replik.pirates/
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