Archive | mai, 2016

PIAF en rose et noir…

20 Mai

 

Piaf en rose et noir photos©NGabriel2016

Piaf en rose et noir photos©NGabriel2016

Peut-être que la ressemblance ne vous apparaît pas évidente ? C’est normal… Caroline est une rockeuse, n’empêche qu’elle a dans le cœur et le corps pas mal de chansons de l’idole de sa mère, et de son grand père,  Edith Piaf la môme éternelle, et quand elle envoie Jézebel, Caroline, ça vous met d’entrée dans le tempo. La Piaf, c’est pas de la guimauve, ça déchire sa race…

Voilà comment on pourrait pitcher l’affaire pour faire djeun en phase avec  son époque. Toutefois quelques développements ne sont pas superflus pour bien situer ce qu’il en est

Piaf en rose et noir pessis en pleurs 19-05-2016 20-03-02 2293x2307.JPGCaroline a la chance d’avoir une sorte d’ange gardien conteur qui remet en perspective les chansons, dans la vie d’artiste et la vie de femme d’Edith. Ce qui donne à ce spectacle-biographie un intérêt qui va bien au delà de la reprise de chansons, connues ou moins connues. Disons que les temps forts et les temps faibles sont évoqués sans complaisance, avec le souci de bien recadrer quelques légendes plus ou moins caricaturales. Des fausses histoires, des clichés parfois outranciers que l’on retrouve encore trop souvent dans les diners en ville. Jacques Pessis (qui a conçu ce spectacle) est cet ange conteur qui veille à ce que la mémoire de la môme ne soit pas écornée par des affabulations de folliculaires approximatifs.

Piaf en rose et noir rock 19-05-2016 19-27-10 2656x2246Donc, c’est une biographie musicale améliorée de précisions bienvenues qui donne un nouvel éclat aux chansons de Piaf, en effet le choix de les faire chanter par Caroline Rose (ou Karoline Rose) gomme toute impression passéiste, le musicien Aurélien Noël est un accordéoniste moderne, sans effets folkloriques façon Balajo, et on constate que pas mal de chansons très connues de Piaf dans des versions classiques « airs de Paris » sont teintées de blues en filigrane.. Et pour « L’homme à la moto », Karoline est la femme de la situation…

A quelques rares exceptions près, la vie d’artiste de la chanson est plus une tragi-comédie qu’un conte de fée rose bonbon. Edith Piaf a souvent été au bord du gouffre, et heureusement il y a toujours eu une fée bienveillante pour la rattraper à temps. Elle a très bien résumé sa vie dans le titre de son auto biographie, « Au bal de la chance ». Une vie comme un bal où on croise le destin, une sorte de marlou qui ne donne rien sans rien … Et il a pris beaucoup pour que la môme soit en haut de l’affiche. Mais parfois passe la chance…

Je n’ai plus qu’un seul cri du cœur
J’aime pas le malheur j’aime pas le malheur
et le malheur me le rend bien
mais je l’ connais il m’ fait plus peur…*

Si le public ne s’attache qu’à la vitrine et les clichés racoleurs, il va rester sur l’image de cette femme détruite qui chante « Non rien de rien » Heureusement il y a ce spectacle qui met du rose dans le portrait en bleu noir.

 

Piaf en rose et noir choeur salle 2 19-05-2016 19-56-25 2140x1661

Présentation.

Pour les réservations, c’est là, prochaine date le 26 Mai, dernière de la saison,

Rideau rouge réservation 06-11-2015 00-48-40 635x516

  • Cri du coeur (Prévert-Crolla)

Norbert Gabriel

Un mardi au Limonaire…

18 Mai
Anne, Jennifer,Nathalie,Lili&Thierry. Photos ©NGabriel 17Mai 2016

Anne, Jennifer,Nathalie,Lili&Thierry. Photos ©NGabriel 17Mai 2016

Le mardi, c’est Miravette et compagnie. Nathalie et Jennifer sont des filles toutes simples, quand elles reçoivent, elles se contentent du meilleur à partager avec les amis, car dans ce genre de soirée, il y a les amis qu’on retrouve, et ceux qu’on découvre, ceux dont les irlandais disent « L’étranger est un ami qu’on ne connait pas encore. »

Et en effet, à l’issue de la soirée qu’on a gaillardement prolongée un peu après minuit, toute la compagnie était sous le charme de ce plateau premier choix. De gauche à droite la diva déjantée Anne Baquet, la grande Jennifer Quillet, la diva maîtresse de maison cucul mais pas que…. Nathalie Miravette, et le duo pétillant Lili&Thierry. (Elle est grande surtout en talent, miss Jen..)

Comment dire le plaisir de ce genre de soirée bonheur ? Le plus simple est de vous inviter à aller vérifier vous même, il y aura d’autre mardis, avec le duo de base Miravette&Quillet, et des acolytes renouvelés, car le carnet de bal de ces dames est bien garni… Des indices ? Des indiscrétions ? Soutirées par le truchement de l’ami qui délie les langues, le vin du Limonaire, bistrot à vins et à chansons, qu’il est conseillé d’honorer dans toutes ses propositions, dans les mardis à venir, peut-être Albert Meslay, le désopilant Albertmondialiste, peut-être Manu Lods, ou Marie Leurent.. Peut-être même le fulgurant misanthrope Pierre Margot ?? Que de gourmandises…  Je vous propose donc de vérifier par vous-mêmes qu’il y a des gens qui tiennent leurs promesses, envers et contre tout.

Pour ce qui est de ce mardi 17, chacune et chacun a fait briller quelques unes de ses facettes, chacune et chacun (au singulier, notez la discrétion élégante de Thierry qui laisse ces dames prendre toute la lumière.. ) virevolte du drôle au poétique, du burlesque au truculent, du sensible au fantaisiste, en mettant au programme une chanson de Prévert, une extravagance de Juliette, une pochade de Manu Lods, une tirade de Joyet, une réflexion sur la culture… depuis la disparition de l’Erotika au profit des Trois Baudets, le constat de Thierry Chazelle est d’une lucidité cruelle , la culture envahit tout !

On le voit bien tous les jours, elle est tellement hégémonique que le gouvernement a dû prendre des mesures, réduire les budgets, et traquer l’intermittent, ce turlupin qui prétend donner du plaisir à ses semblables, c’est dangereux. Et d’ailleurs ces lieux de résistance comme Le Limonaire ne sont jamais à l’abri d’une manœuvre à risque de disparition. Mais en attendant, la meilleure façon de résister, c’est d’aller applaudir ces artistes généreux, talentueux, la sémillante Miravette, la hiératique Quillet, et notre Florence Jenkins (le temps d’une chanson) Anne Baquet, extra lyrique qui aurait pu faire un duo opéra chic et choc avec Lili en pause couture, comprend qui peut.. Si vous pensez que je suis toujours sous les effets secondaires euphoriques de la soirée, c’est vrai. Et le mieux dans ces cas-là, c’est d’aller voir vous-même ce qu’il en sera… Les mardis de Nathalie au Limonaire, l’Essaïon à Paris et Avignon pour Anne Baquet, les Lucioles à Avignon pour Lili&Thierry, il y en aura pour tout le monde. Vous savez où les trouver?  Sinon, clic sur la photo, et demandez l’programme…

Miravette Limonaire Anne Baquet A 17-05-2016 22-50-24 3648x2736

Anne Baquet

Miravette Limonaire Jen Trompette 17-05-2016 23-33-47 2071x2002

Miravette, c’est là!

 

P1820134

Lili&Thierry

Et pour quelques photos de plus,

miravette  limonaire 1 sel  montage 18-05-2016 23-04-44 3414x5120.jpg

Norbert Gabriel

Montand, Edith, Marylin et Simone

18 Mai
Théâtre du Marais le 15 Mai Photo©NGabriel2016

Théâtre du Marais le 15 Mai Photo©NGabriel2016

… et Lydia qui nous confie ses secrets de famille… Lydia-Hélène, Hélène Arden qui a pris la voix de Lydia, la sœur ainée de la famille Livi pour écrire ce spectacle et raconter son petit frère chéri, le raconter avec tendresse, mais avec lucidité et sans complaisance partisane.

Elle est totalement bluffante Hélène Arden, excellente chanteuse, danseuse, comédienne, elle fait vivre tous les personnages avec un réalisme confondant. Mais comment ça a commencé ?

D’abord, dans l’écriture de cette biographie scénique de Montand, Hélène Arden a bien travaillé son sujet en profondeur, pas de caricature taillée à la hache ou de survol superficiel à effets tapageurs. Chaque trait a son éclat de lumière et s’il le faut sa part d’ombre. (Il est vraisemblable que ce spectacle a été construit sur la base de la biographie de Montand par Hamon et Rotman, un modèle du genre) Rien n’a été oublié, sachant que le sujet est centré sur les 3 femmes qui ont ‘construit’ Montand, si on peut dire.

Montand et Marylin AAA 15-05-2016 17-53-49 2556x2989Hélène Arden réussit à incarner avec autant de crédibilité, la brune Edith, la blonde Marylin, et si Lydia était là, elle se reconnaîtrait. Comme tout italien retrouve en elle les scènes de famille autour des  spaghetti alla bolognese  et des traditions incontournables, entre bel canto et débat politique..

Lydia, c’est le point d’appui de la famille Livi, elle a connu tout le monde,  est devenue l’amie autant d’Edith, qui l’a toujours vue bien après sa séparation avec Montand, que de Simone, l’ouvrière  et la bourgeoise se sont bien complétées en toute amitié pour découvrir leurs cultures respectives.

C’est un spectacle totalement réussi, pour retrouver Montand, ses chansons emblématiques, sa vie romanesque, et pour la formidable présence protéïforme d’Hélène Arden.

Ce qu’ont dit les premiers spectateurs concernés est totalement justifié. Dont, témoignage Amiel 18-05-2016 16-54-06 3634x1150

Au Théâtre du Marais le dimanche à 17 H, et le mercredi à 20h30, jusqu’au 5 juin,( puis Festival d’Avignon),

 

On réserve ICI—->Rideau rouge réservation 06-11-2015 00-48-40 635x516

 

 

Et pour quelques images de plus,

Montand Hélène Arden sel Montage 18-05-2016 17-57-13 5120x3499

 

 

Norbert Gabriel

Error vision?

16 Mai
crim-e-tatars2

Le 18 mai 2004 à Simféropol. Des Tatars de Crimée lors d’une cérémonie de célébration du souvenir de la déportation de leur communauté par Staline en 1944. © AFP – Files – Sergei Supinsky

Depuis samedi, ça barjaque à qui mieux mieux sur la chanson gagnante de l’Eurovision que nos amis russes considèrent comme une agression à leur endroit, à cause du caractère politique de cette chanson, ce qui est en principe interdit dans ce concours. Bon. N’ayant pas vu la retransmission, et ça ne me manque pas, j’ai écouté la chanson, qui m’a touché par son côté déchiré façon negro spiritual ou blues des origines. Sachant de plus que Jamala est aussi l’auteur de cette chanson, j’y ai vu un signe encourageant, comme une possibilité d’entendre autre chose que des guimauves industrielles, genre la chanson d’Amir. De plus, Jamala a alterné les couplets-refrains en tatar et en anglais, c’est dans l’air du temps, et convenons-en, c’est pas tous les jours qu’on entend la langue Tatare à la télé. Politique, dit Poutine, voyons ce qu’elle dit cette chanson.

«1944»

When strangers are coming
Quand des étrangers arrivent
They come to your house
Ils viennent dans votre maison
They kill you all
Ils vous tuent tous
And say
Et disent
We’re not guilty
Nous ne sommes pas coupables
Not guilty
Pas coupables

Where is your mind?
Où avez-vous la tête?
Humanity cries
L’humanité pleure
You think you are gods
Vous pensez être des dieux
But everyone dies
Mais tout le monde meurt
Don’t swallow my soul
N’engloutissez pas mon âme
Our souls
Nos âmes

Yasligima toyalmadim (bis)
Je ne pourrais pas passer ma jeunesse là-bas*
Men bu yerde yasalmadim
Parce que vous m’avez enlevé la paix
Yasligima toyalmadim
Je ne pourrais pas passer ma jeunesse là-bas
Men bu yerde yasalmadim
Parce que vous m’avez enlevé la paix

We could build a future
Nous pourrions construire un futur
Where people are free
Où les peuples sont libres
To live and love
Pour vivre et aimer
The happiest time
Le plus heureux des temps

Where is your heart?
Où est votre cœur?
Humanity rise
Plus d’humanité
You think you are gods
Vous pensez être des dieux
But everyone dies
Mais tout le monde meurt
Don’t swallow my soul
N’engloutissez pas mon âme
Our souls
Nos âmes

Yasligima toyalmadim
Je ne pourrais pas passer ma jeunesse là-bas*
Men bu yerde yasalmadim
Parce que vous m’avez enlevé la paix
Yasligima toyalmadim
Je ne pourrais pas passer ma jeunesse là-bas
Men bu yerde yasalmadim
Parce que vous m’avez enlevé la paix

Selon un meilleur tatarophone que moi, le sens serait plutôt

 Je n’ai pas pu profiter de ma vieillesse

Je n’ai pas pu vieillir là bas car je n’en ai pas eu le droit.

Last but not least, the lyrics of the chorus — “Yasligima toyalmadim, men bu yerde yasalmadim” — is strikingly similar to the text in the traditional Crimean Tatar song “Ey, güzel Kirim”. 

 

Et voici comment Jamala la chante,

 

On peut en effet considérer qu’une évocation d’un drame humain de 1944 est un acte politique… Ou un devoir de mémoire. Choisis ton camp camarade, et chante…  Le chat de la voisine?  Tiens demain étant un autre jour, ce sera Montand qui sera à l’honneur, grâce à Hélène Arden….

Norbert Gabriel

Jehan Jonas par Les cabarettistes

15 Mai
Au Théâtre de l'Opprimé le 11 Mai 2016 photoNGabriel

Au Théâtre de l’Opprimé, le 11 mai 2016, photo NGabriel

Jehan Jonas est une de ces étoiles noires de la chanson, un passage éblouissant et un exil dans une sorte de monde secret connu de quelques afficionados. Mais, la belle équipe des Cabarettistes œuvre avec talent pour le faire revivre dans tout son éclat. Dans leur spectacle patchwork « Ne prenez pas les morts pour des cons » ils ont mis en scène Jehan Jonas sur la trame de ce soir… on récalcitre,  un spectacle voyage onirique, entre la poésie lunaire de Pierre Etaix et les contes fantastiques d’Edgar Poe.

Je suis l’esprit qui danse au fond des bals éteints
La valse qui s’endort doucement sur la piste
Tandis que traîne ici l’âme des musiciens
Je suis là suffocant dans une peau d’artiste…

C’est peut-être sur le quai 9 ¾, de la gare de Lyon (celui où on embarque pour Poudlard) qu’on se retrouve pour monter dans un train de nuit, chaque voyageur a son compartiment, y compris Dieu, qui n’est peut-être pas celui qu’on croyait, mais celle qu’on peut imaginer… Et si Dieu était blonde?

Le train des Cabarettistes s’est accroché à celui de Jehan Jonas qui passe de temps sur cette voie. En rupture de voie lactée, le temps d’un spectacle (Vérifiez bien l’indicateur Chaix* pour ne pas le rater) Rien à voir avec les TGV, ce train a le temps de s’attarder sur les paysages , de flâner dans la poésie ou se griser des coups de rage (et de rouge) d’un auteur qui n’a fait aucune concession à tous les tartuffes de la société.

Il fallait bien une troupe comme les Cabarettistes pour montrer toutes les facettes de ce sarcastique, humaniste, indigné, fraternel, insurgé, poète, humoriste, rebelle, impertinent, rêveur, libertaire, insolent, une synthèse de Gavroche, de Figaro, de Cyrano, Triboulet, de Sganarelle, « celui qui dessille » celui qui montre ce qu’on essaie de ne pas voir, on pourrait dire en 2016 un lanceur d’alerte.

D’ailleurs, en 2016, on est confondu par la modernité et l’actualité des textes de Jonas. Avec cette bande de jeunes Cabarettistes, leur tonique et saine impertinence, ce spectacle « ce soir on récalcitre » c’est ici et maintenant. Tout change dit-on mais malgré le tél portable rien de change vraiment dans les grands problèmes du monde .

Le passage consacré « aux immigrés » dans sa logique imparable est d’une lucidité gentiment vitriolée moitié Devos moitié Bedos, et quand on s’intéresse au cas du Dr Jeckyll et Mr Hyde, faudrait voir à être logique, d’emblée on se méfie de ce monstrueux Hyde, qui a la tête de l’emploi, mais dans quelle tête est né ce Mr Hyde ? Celle du bon Jeckyll… Ah.. je vous laisse réfléchir à ça… et à la façon de regarder le monde qui vous entoure…

Avec un coup de rouge, c’est plus fun.

serviceIMPORTANT: Pour que le voyage soit le plus agréable possible, le train vous accueille aussi au waggon restaurant, comme dans tous les spectacles des Cabarettistes, il y a des pauses avec restauration buvette.

Mode d’emploi : vous avez payé votre billet (de transport) au juste prix, et vous allez vous régaler pendant les pauses de gourmandises servies par la troupe, MAIS, pour que le maître queux puisse faire son marché de produits frais et bios qu’il préparera avec amour, vous devez RESERVER. Pas de stock de sandwiches SNCF, tout est frais, il faut donc savoir qui sera dans le train, et dans le waggon restaurant. Ensuite, c’est au prix de votre plaisir que vous mettez un billet dans le chapeau-restaurant. Quand vous aurez assisté à un spectacle des Cabarettistes, vous comprendrez vite que l’option pause restauration est un partage avec un public responsable qui connait le prix des choses. Cette option est valable pour TOUS les spectacles des Cabarettistes.

A travers ce spectacle, on découvre, si on ne connait pas -c'était mon cas, et je ne comprends pas comment je suis passé à côté de ce formidable auteur à l'époque, quand j'avais dans mon Panthéon musical Debronckart, et quelqu'autres frères de combat de la scène vivante. Mais toit n'est pas perdu, les œuvres de Jehan Jonas sont regroupées dans des coffrets disponibles voir Second Souffle, le seul épuisé étant l'album « ce soir on récalcitre » qu'il faut chercher chez les brocanteurs et collectionneurs, par un coup de chance, j'en ai trouvé un rue Amelot, dans une librairie bien connue des libertaires, où les rayons sont bien garnis de presque tout ce qu'on ne trouve pas aillleurs en matière de luttes ouvrières, par exemple.  Dans cet album spectacle, avec Jehan Jonas, on retrouve le formidable (vraiment) Eddy Shaff, un géant à tous points de vue, un musicien multiinstrumentiste à dominante piano et accordéon, un virtuose qui fai chanter son piano bastringue avec des grâces jazzy d'une finesse inouïe. Et on peut signaler que la pianiste des Cabarettistes a bien saisi le feeling dans ses décors musicaux. Le grand intérêt de cet album, ce soir on récalcitre, est de faire revivre ce spectacle enregistré en 1975 à la Pizza du Marais, sans qu'il ait pris une ride. Un collector précieux.
A travers ce spectacle, on découvre Jehan Jonas, si on ne connait pas ou peu -c’était mon cas, et je ne comprends pas comment je suis passé à côté de ce formidable auteur à l’époque, quand j’avais dans mon Panthéon musical Debronckart, et quelqu’autres frères de combat de la scène vivante. Mais tout n’est pas perdu, les œuvres de Jehan Jonas sont regroupées dans des coffrets disponibles voir Second Souffle, le seul épuisé étant l’album  ce soir on récalcitre, qu’il faut chercher chez les brocanteurs et collectionneurs, par un coup de chance, j’en ai trouvé un rue Amelot, dans une librairie bien connue des libertaires, où les rayons sont bien garnis de presque tout ce qu’on ne trouve pas ailleurs en matière de luttes ouvrières, par exemple.
Dans cet album spectacle, avec Jehan Jonas, on retrouve le formidable (vraiment) Eddy Shaff, un géant à tous points de vue, un musicien multi-instrumentiste à dominante piano et accordéon, un virtuose qui fait chanter son piano bastringue avec des grâces jazzy d’une finesse inouïe. Et on peut signaler que la pianiste des Cabarettistes a bien saisi le feeling dans ses décors musicaux. Le grand intérêt de cet album, ce soir on récalcitre, est de faire revivre ce spectacle enregistré en 1975 à la Pizza du Marais, sans qu’il ait pris une ride. Un collector précieux.

Jaquette-Coffret

 

Les coffrets, livres disponibles sont ici : Association Jehan Jonas Second Souffle, clic sur l’image et l’adresse se verra.

 

chaix Pour suivre les Cabarettistes, clic  sur l’indicateur tout est là pour savoir leur vie, leur oeuvre et les dates à venir.

Pour en savoir plus sur Jehan Jonas, voir, l’article de Michel  Trihoreau,

Dans sa longue existence« , écrivit Guy Hocquenghem,  l’humanité n’a cessé qu’une seule fois d’avoir peur: entre les années 60 et 80 du dernier siècle ». C’est dans cette « parenthèse enchantée » que chanta Jehan Jonas, un libertaire talentueux, disparu à 35 ans. Un site lui est aujourd’hui consacré...

Suite de l’article ICI.

 

Norbert Gabriel

Et pour quelques images de plus

cabaretistes Jehan Jonas  sel  montage 15-05-2016 14-38-29 3414x5120.jpg

Monsieur le Président…

12 Mai

Je vous fais cette lettre, que vous lirez certainement, en président conscient des enjeux culturels qui sont partie prenante dans les débats de société qui agitent la France depuis quelques mois.

Cabarettistes Jehan Jonas texte lettre 12-05-2016 00-51-35 3648x2736 12-05-2016 00-51-35 3648x2736

 

Cette lettre est distribuée aux spectateurs qui ont vu un spectacle en salle, et à qui on suggère d’envoyer un courrier, avec le billet du spectacle, comme ça:

lettre 2 A 12-05-2016 10-05-54 1897x2746.JPG

 

avec l’adresse du destinataire, voilà:

Cabarettistes Jehan Jonas enveleoppe 12-05-2016 00-51-23 3398x1843

 

Et l’envoi est gratuit.

Très important: l’idée force de cette action, c’est le billet réel joint au courrier, ce n’est pas une de ces nombreuses pétitions dont certains signataires ont signé par réflexe. Là, vous êtes allé en salle, voir du spectacle vivant, vous avez payé votre place, vous êtes un acteur » responsable » de la vie culturelle. Le billet que j’ai joint à mon courrier ce 12 Mai est celui du spectacle « Prenez pas les morts pour des cons »  que les Cabarettistes ont donné au Théâtre de l’Opprimé le 11 Mai à 20H. Spectacle autour de Jehan Jonas, qui sera chroniqué demain.

Cabarettistes Jehan Jonas 11-05-2016 22-08-40 3076x1552

 

En Mai, fais ce qu’il te plait, et il nous plairait que le spectacle vivant puisse vivre à peu près normalement. L’utopie est un chemin inexploré, mais pas inexplorable.

Norbert Gabriel

Chantons le joli Mai,

10 Mai

oui, mais tempo Rocky Gavroche…

Révolution-Française

En préambule:  Si vous ne voulez pas subir la révolution, faites-là.  (Machiavel, conseil au Prince)

Il est revenu le temps du muguet et de faire ce qu’il nous plait… Plaira-t-il au peuple de mettre dans la rue ses indignations devant la marche boiteuse du monde ?

Entre les fantaisies graveleuses de certains élus, les tentations libérales qui ouvrent en grand les poulaillers aux renards de tout poil, les barbares de Daesh, l’actu manque de nouvelles sinon joyeuses, au moins sereines. Encore que du côté de Tchernobyl, on peut se réjouir de certaines mutations, mais ceci est une autre histoire . Quoi que…

hors-serie-monde-1936Le Monde vient de publier un hors série spécial 1936, et il est très troublant de retrouver dans ce qui a amené les grands chambardements de 36, beaucoup de correspondances avec ce qui se passe aujourd’hui. Dans le panorama de ces années agitées, on croise une bonne partie des héros qui ont fondé la mythologie des années où le terme culture populaire avait un sens, que nos chers élus ont de plus en plus tendance à oublier. Ou alors, ils sont peut-être plus dans la position de Goebbels que de celle de Jean Zay quand il est question de culture. Jean Zay, à qui ce Hors Série consacre un chapitre.

On y voit aussi la force des images de Capa, Ronis, Doisneau, Kertész, France Demay (c’est un monsieur) Gaston Paris, David Seymour, Fred Stein, Marcel Cerf… dans un dossier sur les photographes du Front Populaire. Avec aussi Pierre Jamet, photographe, compagnon de Prévert, et qui fut aussi chanteur . Et bien sûr Cartier-Bresson.

1936-2016, les temps changent ? Non pas vraiment… Ce Hors Série met en perspective, et en miroir ce qui est commun, ce qui est différent, mais le bilan est le même, ça peut pas continuer comme ça… Quand on est devant le précipice, le bond en avant n’est pas forcément le bon choix.

Et comme on est en Mai, salut à Moustaki, né et mort en Mai, allez chante Jo… C’est de saison.

C’est elle que l’on matraque,
Que l’on poursuit que l’on traque.
C’est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C’est elle qu’on emprisonne,
Qu’on trahit qu’on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout.

Je voudrais, sans la nommer,
Lui rendre hommage,
Jolie fleur du mois de mai
Ou fruit sauvage,
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui traine en liberté
Ou bon lui semble.

Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d’elle.
Bien-aimée ou mal aimée,
Elle est fidèle
Et si vous voulez
Que je vous la présente,
On l’appelle
Révolution Permanente !

C’est un bon refrain pour les Nuits Debout, et plus éventuellement.

Norbert Gabriel

39e CONCOURS NATIONAL DE JAZZ DE LA DEFENSE

8 Mai

elephant1113.png

Jazz def.png

Important : la date limite de restitution des dossiers de candidature est exceptionnellement prolongée jusqu’au 17 mai.

Le Concours National de Jazz de la Défense est un dispositif de repérage de jeunes artistes ou groupes de la scène jazz organisé par le Conseil départemental des Hauts-de-Seine depuis 6 ans.
Les lauréats du Prix de groupe et du Prix d’instrumentiste recevront respectivement 5 000 € et 1 500 € en aides professionnelles.

snoopy jazzDepuis 39 ans, le jury a déjà récompensé un grand nombre de leaders de la scène jazz française :
YOUN SUN NAH / ERIK TRUFFAZ / BOJAN Z / JULIEN LOURAU / MAGIC MALIK / MEDERIC COLLIGNON / THOMAS DE POURQUERY / ANNE QUILLIER / DENIS BADAULT / LAURENT CUGNY / JEAN-MARIE MACHADO / PIERRE DE BETHMANN / BAPTISTE TROTIGNON / VINCENT PEIRANI / LE SACRE DU TYMPAN / NGUYEN LE / ANTOINE HERVE / ANDY EMLER / FRANCK TORTILLER / AIRELLE BESSON / YARON HERMAN / YANN JOUSSEIN ont fait partie du palmarès depuis 1977.

Inscrivez-vous en ligne jusqu’au 17 mai 2016, clic sur la trompe, et la boite à courriel s’ouvrira…

elephant1113

« Marguerite n’aime pas ses fesses », Larher (3)

8 Mai

 

Les fesses de qui…? Les siennes, les miennes, les siennes…?
(Chronique du 5ème roman d’Erwan Larher, par Eric SABA)

///

N°5 de Larher !
Son titre : Marguerite n’aime pas ses fesses.
.

erwan2

.
Je sais que je ne vais peut-être pas lui faire plaisir en disant cela…
Toujours est-il que lorsqu’on ouvre un roman d’Erwan Larher, on a une petite idée de ce que l’on va y trouver. C’est peut-être ça, la signature…

Première page, Marguerite observe son derrière et après les quelques hésitations-interrogations du narrateur, c’est sans appel : Marguerite n’aime pas ses fesses, ses propres fesses (« propres…? »). Elle ne se contentera pas d’observer ses propres fesses (« propres…? », insista Jonas, son compagnon), le petit lapin lui dira qu’il est grand temps de cavaler et de rencontrer rois et reines et chapeliers (c’est fou…!), et d’ouvrir un œil neuf sur le monde…

Marguerite n’aime pas ses fesses

C’est l’histoire d’une jeune femme qui semble déjà toute vieille, qui n’a pourtant pas encore ouvert les yeux et qui s’apprête à éclore, face au miroir et n’aimant pas ses fesses : le lecteur sera témoin de ce moment. Face à la psyché (choix des mots, pas de hasard…), elle observe ses fesses, en oublie d’interroger le monde, les autres, de porter son regard de l’autre côté du miroir. Elle croit ce que les médias (dont 95% sont détenus par des milliardaires qui font la pluie, le beau temps et l’opinion) lui racontent, elle croit que son compagnon ne la touche pas parce qu’il n’aime pas ou n’est pas intéressé par le sexe, tout comme elle… Elle croit, elle croit et parfois, elle ne sait pas, croit même qu’elle s’en fiche un peu, passionnément, totalement. Face à la psyché, elle va finir par ouvrir les yeux, son esprit et au contact des autres s’ouvrir elle-même…

.
Quand on a lu les 4 romans précédents, on a donc une petite idée de ce qui nous attend sitôt le livre ouvert, une petite idée du style, du déroulé forcément alambiqué, des coq-à-l’âne maîtrisés et signifiants, des dialogues ou commentaires croustillants, de l’humour sous-jacent, du rire camouflé-étouffé-respect-hum…, de la pointe caustique, des miroirs plus ou moins déformants croisés au détour d’une phrase, d’un paragraphe, d’un personnage…

On a une petite idée du genre d’histoire racontée, du petit jeu qui s’installe entre le narrateur et le lecteur :

tu vas voir je vais te perdre, te balader, te donner de bons indices ou t’amener sur des voies qui se révéleront culs de sac, mais ça t’amuse et c’est pas désagréable t’aimes bien ça et c’est juste un jeu tout rentrera vite à peu près dans l’ordre… à peu près… leur ordre… toutes et tous à leurs ordres, ou presque… et toi…?

.
Une petite idée du labyrinthe dans lequel, avec bienveillance, Erwan veut nous entraîner.

On en a un petite idée parce que, 4 fois déjà, on a accepté le rôle de victime consentante… On sait aussi que sous une forme parfois légère, les sujets traités sont le plus souvent essentiels.

marguerite-n-aime-pas-ses-fesses-de-erwan-larher

Le narrateur s’amuse et berne le lecteur ; il lui permet, aussi, d’aller jeter un coup d’œil derrière le rideau des apparences, derrière l’image lissée et simpliste des hommes de pouvoir (politiques, médiatiques, industriels, financiers…), derrière les informations livrées par les JT (en tous genres, mais de même facture) concernant telle ou telle affaire de suicide, ou d’assassinat. Je me souviens d’un devoir de grammaire à la fac de Poitiers et du commentaire sur la copie : « Vous employez la tournure « suicider quelqu’un », je ne sais pas si je peux grammaticalement vous suivre… ».

Erwan, tout comme les créateurs de Groland, fait partie de ces insupportables « parano-e-s clairvoyants » qui n’ont pas besoin de théories loufoques pour saisir les rapports de force à l’œuvre…! La tournure existe donc bel et bien : « suicider quelqu’un ». C’est même une expression courante, une conclusion très officielle. Car s’il raconte des histoires, il s’agit aussi pour Erwan, dans chacun de ses romans, de mettre à jour la mise en scène concoctée par les puissants qui jouissent d’une situation qu’ils ont créée et dont ils comptent profiter encore longtemps, même si c’est aux dépens de tous les autres. Et s’il use de la nuance, c’est pour convaincre mieux… (Jonas accuse l’oligarchie…).
.

erwan1

.
L’auteur a le sourire parce que le titre est parti à la réimpression, parce qu’il sera encore en librairie, qu’il pourra être lu et que les lecteurs seront contents (de le trouver et de le lire, espère-t-il)… Erwan remercie la maison d’édition (Quidam), ses lecteurs, les blogueurs qui ont chroniqué « les fesses de Marguerite ».

L’auteur propose donc d’aller voir dans l’arrière-boutique. Et pas seulement sur le terrain politique ou sociétal. Il s’intéresse aussi à l’humain à son esprit torturé, malade, confiant, ou résolu. Il pose un œil sans complaisance, mais amusé, et de manière crue parfois, sur les corps, la chair, les fesses, ses besoins, sur le linge sale jeté dans le panier, culotte comprise, sur les heures passées face à l’écran d’ordinateur. C’est fait sans vulgarité, c’est fait avec naturel, avec un clin d’œil complice : « je t’ai bien eu-e, hein, insensé-e qui crois que je ne te connais pas…! ».

Lecture achevée, on attend n°6.

Des histoires de fesses, encore… ?
De l’humour en guise de ponctuation…?
Avec une pincée de conscience politique…?
Et la résignation…? Non.

.
Hum Toks / E.5131 / Eric SABA
Le 8 mai 2016.

///

erwan3

.
Quelques clics :

***Présentation de Marguerite chez Quidam Éditeur…

***Blog d’Erwan Larher…

***Le fabuleux projet d’Erwan : Le logis du Musicien…

ou sur FB : Le logis du Musicien…

***La chronique des romans 1 et 3 d’Erwan, sur Leblogdudoigtdansloeil

***La chronique des romans 2 et 4 d’Erwan, sur Leblogdudoigtdansloeil…

///

LAISSEZ NOUS JOUER !

7 Mai
©Catherine Cour

©Catherine Cour

Cette lettre ouverte à Madame la Ministre de la Culture éclaire quelques aspects de la vie d’artiste, qu’il n’est pas mauvais de connaître, surtout quand on dit n’importe quoi sur les intermittents.  A toutes fins utiles, vous pouvez faire suivre et partager.

 

Je suis artiste de théâtre. Mon métier c’est de créer des spectacles et de les jouer.

De partager ma vision du monde, poétisée, « drôlisée », avec mes contemporains. Cet art, et cette fonction, est indispensable à notre société, le théâtre étant l’un des derniers endroits de liberté autorisée où se réunissent des humains pour s’émouvoir, réfléchir, rire ensemble. C’est vrai qu’il y a un autre endroit libre où se réunissent des gens, c’est la caisse des supermarchés ; mais enfin l’émotion n’est pas la même, et le réveil de l’intelligence et de la sensibilité s’y pratique moins, n’est ce pas ?

Cela fait deux, trois ans, qu’il devient plus difficile pour nous artistes de théâtres d’exercer notre métier. Baisse des subventions, intervention des élus dans la programmation…

Et voilà que cette année je décide d’aller jouer à Avignon, au Festival Off. Location du théâtre, location de logements, location de matériel technique, voyages, salaires, défraiements repas, assurance… C’est un budget. Un gros budget, que j’espère pouvoir récupérer en partie sur les entrées, et en tournée, plus tard en 2017-2018.

Le Festival Off est prévu dans le théâtre où je vais jouer, du 6 au 27 juillet. Je jouerai 22 jours, je ferai mon métier moins de 4 heures par jour (je compte la préparation), soit 28 heures par semaine. Avec cette densité horaire, je ne me sens pas surexploitée par ma tâche…

Or on nous impose cette année de faire trois jours de relâche, à raison d’une journée off tous les 6 jours. Car c’est dans le code du travail. Mais à quel travail ce code se réfère-t-il ? L’amende serait de 1500 euros par personne, si je n’applique pas ce devoir (le droit se transforme en devoir). Mais si je ne joue pas trois jours, je perds trois jours de recette !

Alors qu’il devient de plus en plus difficile de pouvoir exercer notre métier dans l’année, que nous avons de moins en moins de spectacles programmés, on nous demande de renoncer à travailler trois jours dans un festival qui coûte à ma compagnie plus de 50 000 euros.

Personne ne m’oblige à jouer, je ne me sens pas contrainte, ni exploitée de faire mon métier. J’y vais volontairement.

La France est un pays qui s’honore de sa culture, et de sa liberté, mais quand on applique des lois générales à des situations particulières, quand on ne peut pas affiner une règle en fonction de la spécificité des objets de son application, cela rend les choses désagréables, douloureuses, angoissantes…

Que dois je faire ?

Braver l’interdit et avoir peur de l’amende, ou bien me contraindre à appliquer une règle inique et être en colère ?

La peur ou la colère ?

Madame la Ministre, y a t-il une autre alternative à la peur et à la colère ?

Le sentiment d’être respectée en serait une.

Meriem Menant / Emma la clown

%d blogueurs aiment cette page :