Depuis quelques mois, depuis la sortie de l’album Bruel-Barbara, des éclats de voix en concert tonitruant se sont réunis pour vilipender l’auteur du sacrilège. Folliculaires ou commentateurs fulminants refusant le moindre élément de contradiction forts de leur science autoproclamée de connaisseurs émérites. Certains qui tenaient Mathieu Rosaz pour le meilleur des interprètes de Barbara ont été assez surpris du point de vue de Mathieu Rosaz; le salon de discussion où se tenait le débat ayant été fermé par le tenancier à ceux qui n’allaient pas dans le bon sens , le sien, il n’y a pas eu de réponse, le point de vue de Mathieu Rosaz n’a pas eu l’heur de plaire, et n’a pas été validé. Dans ces histoires passionnées, le regard d’un artiste sur le travail d’un autre artiste me semble plus important que celui d’amateurs, ce que je suis aussi, qui manquent parfois de recul, ou de connaissance. Ou d’objectivité. Pour ce qui est de l’expertise, on a parfois des surprises, comme celle d’une chronique de concert, que j’ai vu, spectacle superbement écrit par un auteur de grand talent, interprété par une chanteuse dont les qualités sont saluées unanimement, avec un musicien ayant composé toutes les musiques, et qui était aussi en scène, un musicien qu’on salue toujours avec des superlatifs bien mérités, eh bien le croirez-vous? Pas un mot sur le musicien, ni la musique… Aurait-on l’idée de parler des « Feuilles mortes » en louant Montand et Prévert, et en oubliant Kosma? Donc, voici le point de vue de Mathieu Rosaz, qui était publié à peu près dans les mêmes termes sur son FB public.
Mathieu Rosaz : J’ai été ravi du projet de Patrick Bruel. Cela faisait un bon moment que j’étais persuadé que l’œuvre de Barbara avait besoin pour continuer à vivre d’être portée par un nom, par une figure populaire. Forcément, avec le temps, le public de Barbara s’étiolait un peu, vieillissait, même si certains continuaient à la découvrir. Il fallait un coup de projecteur médiatique et Patrick Bruel l’a donné en allant en parler partout. Et il en parle bien. Son disque est très bien produit, avec des arrangements raffinés, des harmonies renversées et des directions musicales audacieuses, risquées aussi. Son chant est sobre. Je n’ai absolument rien à lui reprocher. On a le droit de ne pas aimer une voix mais on n’a toujours pas réussi malgré les progrès de la science à greffer de nouvelles cordes vocales sur quelqu’un. J’ai vu proliférer à l’égard de Bruel des insultes inacceptables, avec des relents d’antisémitisme parfois. C’est une honte. Qu’est-ce que ces gens qui insultent en prétendant défendre l’oeuvre de Barbara ont compris à Barbara ? Le public qui vient voir Bruel chantant Barbara sur scène n’est pas le public de Barbara mais son public à lui. Après plus de trente ans de carrière, il s’offre un rêve et son public l’aime assez pour le suivre. Depuis cette mise en lumière de Barbara, des projets se débloquent : films, émissions. C’est formidable. Le but de tout cela est que des gens qui ne connaissaient pas Barbara la découvrent. Et le but est atteint. Tout va bien !
L’intégrale de son interview est dans le lien suivant.
http://parolesdactu.canalblog.com/archives/2016/04/03/33612413.html
Norbert Gabriel
PS: sur plusieurs forums, les réactions des fans de Barbara se recoupent sur un point (au moins) « leur » Barbara ne peut être proposée à la découverte à d’autres publics que par elle-même. Comme s’il était sacrilège qu’un autre artiste amène « son » public à elle. Hervé Vilard, par exemple, a amené « son » public à découvrir Brecht, Neruda, Prévert, Duras, Genet, Léveillée, Fanon, Levesque, Aragon, Dimey, Amade et Ionesco, et pourtant, partant de « Capri c’est fini » c’était pas gagné d’avance.
« Je revendique mon goût pour la variété » dit d’entrée Mathieu Rosaz . Vaste débat entre la chanson de variété à connotation commerciale, et la chanson dite à texte . ; Mais l’une peut aller avec l’autre, Ferré, Brel, Brassens, Bécaud, Barbara sont des chanteurs de variété, avec parfois des textes sublimes .; Certains chanteurs de variété comme Ferré ou Ferrat , Brassens et d’autres, ont mis les poètes à la portée du grand public , et Mathieu Rosaz a raison quand il dit que Bruel fait découvrir Barbara à un public qui ne la connaissait pas forcément . . On peut aimer, ou pas, un chanteur, mais aussi respecter ceux qui l’aiment ou qui ne l’aiment pas, , sans le couvrir d’injures, et en laissant s’exprimer tous les avis , ce qui ne fut pas le cas sur certain site où les avis favorables aux reprises de Bruel ont été censurées .
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