Archive | mars, 2016

Brassens premières chansons 1942-49

30 Mar

brassens couv AA 31-03-2016 01-25-018Presque dix ans avant son premier enregistrement, Brassens a déposé sa première chanson à la Sacem. Il avait commencé à écrire quatre  ans auparavant, en 1938, et dès 1942, les choses sérieuses commençaient. Durant les dix ans qui vont le mener au premier 78 t, il remplit ses cahiers, soigneusement, mais ces premières chansons vont rester dans ses cahiers,

Elles sont aujourd’hui publiées, 68 textes, dont 4 auront le privilège d’être enregistrées par ses soins, les autres resteront muets. Jusqu’à ce que des bonnes fées explorent les archives Brassens, découvrent ce gisement duquel Yves Uzureau a extrait 6 chansons et les a enregistrées. On trouve le tout, livre et disque ce 31 Mars en librairie, par les soins de Jean-Paul Liégeois, à qui on doit quelques ouvrages de référence, dont

Le journal et autres carnets inédits de Georges Brassens. Présenté ici.

Il est  aussi l’auteur d’un livre indispensable: Toute l’oeuvre de Georges Brassens.

page brassens 30-03-2016 20-28-14 1706x2773Au fil des pages de ces premières chansons, hasard ou coïncidence, on trouve quelques échos familiers,

Parfois je songe avec envie

Au bonheur que j’aurais connu,

ça ne vous rappelle rien ? Voyons,

Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus…*

C’est l’enfance de l’art de Brassens, qui se livre dans cet ouvrage, un complément indispensable pour bien comprendre comment arrivent les chansons, comment elles prennent vie quand elles sont chantées.

Ces chansons qui ... Y Uzureau NB 05-06-2015 21-47-17 05-06-2015 21-47-17. Y Uzureau NB 05-06-2015 21-47-018

 

L’illustration sonore est confiée à Yves Uzureau, qui a beaucoup exploré l’univers de Brassens, et qui interprète six  de ces chansons, inédites avec le son Brassens, guitares swing bien caressées.

Et on se dit au final que tonton Georges avait déjà bien du talent dans son jeune temps.

Dans l’écriture on pourra remarquer la maîtrise dans une versification très agréable à lire, pas d’artifice ou de facilités qui sentent le dictionnaire de rimes mal assimilé. Chansons simples fraîches, romantiques, en grande partie inspirée de sa vie, de ses amours de jeune homme, elles portent les germes de l’oeuvre à venir.

On y trouvera aussi des versions intégrales que Brassens ou Patachou avaient amputées de quelques strophes …

Et cadeau supplémentaire, une belle préface de Gabriel Garcia-Marquez.

Et c’est un livre élégant, très classe, belle typographie, et beau papier. Parce qu’il le vaut bien notre jeune Georges Brassens.

Editions « Le Cherche-Midi » en librairie le 31 Mars.

Norbert Gabriel

*Les passantes

 

4 Avril 2016 la formulation « chansons inédites » porte un peu à confusion, il faut la lire avec la suite: «  inédites, avec le son Brassens » et avec la formation duo guitare et contrebasse, à la façon  Brassens et Pierre Nicolas. Comme le précise le maître d’oeuvre du livre, Jean-Paul Liégeois, Yves Uzureau a complètement revu les arrangements pour cet enregistrement inédit. 

12 Avril 2016. Les chansons de l’album Pensez à moi ont été publiées en supplémentCD  du Télérama 3192 en 2011, lors de l’expo Brassens à La Cité de la Musique, sous l’égide de Clémentine Deroudille. Il semble qu’il n’ait pas été distribué autrement qu’avec ce numéro de Télérama, ou dans des circuits associatifs privés .(Source Jean-Paul Liégeois)

Olivier Neveux, Césaire et Damas…

30 Mar

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Il est exceptionnel de reprendre texto ce qui est envoyé pour annoncer un spectacle, mais ce spectacle est exceptionnel.

 

Lundi 4 avril à 20h00. C’est J – 6.

Olivier Neveux nous emmène découvrir en chansons (folk, jazz, blues, western) et en projection d’images, les poèmes d’Aimé Césaire et de Léon-Gontran Damas. Ces poèmes prennent alors une nouvelle résonance et nous permettent d’entendre « le grand cri nègre » (Damas) d’une révolte fustigeant un monde en proie au racisme. « C’est un monde enchanté, un monde de monstres, que je fais surgir de la grisaille mal différenciée du monde » (Césaire). On plonge alors avec délectation au cœur d’un univers étrange et luxuriant avant d’entrer dans la réalité brutale des démunis, des dominés, des exclus et des sans-voix pour qui le poète Damas « est prêt à écumer toujours de rage ». A l’instar de Césaire : « et si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai. Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont pas de bouche. » Faune, flore, volcans, mémoires de l’esclavage, ségrégations, crevasses des âmes insoumises vont alors résonner au travers de la voix écorchée d’Olivier Neveux et du souffle multi-instrumentiste de ses comparses musiciens Franck Steckar et Christophe Devillers.

Le mot d’Olivier :

Entouré de mes deux excellents complices multi-instrumentistes, Franck Steckar et Christophe Devillers et leur barnum d’instruments, je vous emmène découvrir en musique et en chansons folk, jazz, blues et western, la poésie étrange et luxuriante d’Aimé Césaire et celle, chaude, pulsionnelle et brûlée par l’existence de Léon-Gontran Damas.

césaireAvec eux, je me sens en présence de la force vitale d’inflexibles combattants à l’âme insoumise. « Et si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai. Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ». (Césaire)
A l’instar de Césaire, la parole de Damas porte l’écho des démunis, des dominés, des exclus, des exploités, des sans-voix.

Dans ce monde complexe et conflictuel dans lequel nous vivons aujourd’hui, notre concert qui traverse des sujets forts, parfois inconfortables, est placé sous le signe de la fraternité entre les hommes.

damasIl est temps que l’humanité se mette enfin à construire un monde qui devrait exister depuis longtemps. Le monde entier est en effet anxieux de voir le temps du mépris céder le pas à celui de l’entente, pour que l’amour enfin triomphe de la haine. (Damas)

Ce concert sera notre part minuscule et importante du combat humaniste à jamais recommencé par ces poètes tout au long de leur vie, celui de l’entente entre les peuples.

Un grand merci à ceux qui me suivent depuis quelques années et à ceux qui viendront nous découvrir au Vingtième Théâtre le 4 avril.

Olivier N affOlivier Neveux : chant, musique.
Franck Steckar : piano, clavier, trompette, bugle, caron, accordéon, harmonica, chœurs.
Christophe Devillers : guitare, banjo, contrebasse, trombone, choeurs.
Philippe « Luigi » Olivier : son et lumière.
Audrey Millon : image et vidéo.

Coréalisation : Vingtième Théâtre, Noirs Coquelicots, Amiral Somnambule.

Pour les formalités de réservation,  Suivez ce lien.

Norbert Gabriel

Yanowski, La passe interdite…

29 Mar

 

Chronique publiée le 14 Février, pour la mise en vente de l’album, rendez-vous le 4 Avril au Café de la Danse.

C’est une sorte yand’opéra fantastique, hanté par les ombres de tous les personnages de la tragédie humaine, les rôdeurs de la nuit dans les bouges interlopes de Buenos Aires, des vagabonds des limbes aux portes de nos vies. Toujours flambeurs, hâbleurs, danseurs provocateurs comme ces slaves qui ont le désespoir rieur, brandi comme un lambeau de drapeau insolent. Mais debout.

Yanowski, c’est ce géant de la scène extravertie, duettiste du Cirque des Mirages qui a traversé la passe interdite, et c’est en solo que le chemin continue dans les pénombres et les orages les plus tourmentés. Truculent, lyrique, tonitruant, sarcastique charmeur, il crache les mots comme Van Gogh lançait ses couleurs dans la nuit étoilée, ou le champ de blé aux corbeaux. Il module crooner argentin dans l’ambiance Carlos Gardel voyou, dépeint des personnages qu’on dirait sortis tout droit des bas fonds bariolés de tous les villes qui nourrissent les phantasmes des voyageurs immobiles, Tanger, Tampico, Shangaï, Rio, Ostende, Casa, Sidney, Hong Kong, Macao, là où ça sent le sang écarlate, ou encore c’t espèce de drôlerie qu’on buvait dans une p’tite taule de Biénoa pas très loin de Saïgon. Mais la passe interdite de Yanowski, c’est aussi la rue noire des souvenirs perdus, la vitrine d’une vieille échoppe, où les notes d’une boite à musique font renaître une chanson oubliée qui fait rouler un long filet de larmes à la fois triste et doux… Puis, 

© Victor Quezada Perez.

© Victor Quezada Perez.

Tel un vieil alchimiste emportant son secret,

On reprend le chemin de la rue qui vacille…

C’est aussi un album  de conteur, de tableaux à la Edgar Poe, dont Baudelaire disait:

Quelque chose de profond et de miroitant comme le rêve, de mystérieux et de parfait comme le cristal ! Un vaste génie, profond comme le ciel et l’enfer !

On peut en dire autant de Yanowski.

Sortie de l’album de La Passe Interdite vendredi 19 février (Arties record)

Présentation de l’album au Café de la Danse le lundi 4 avril 2016.

Norbert Gabriel

Bernard Joyet Autodidacte II, en scène, Vingtième…

28 Mar

Bernard Joyet 14 3 2016 14-03-2016 21-25-55 2479x2550Si la vie vous est malencontreusement chafouine, vous avez toujours un recours salutaire, adoptez la Joyet’attitude, la cure est garantie, la médication est souveraine, et si l’addiction est probable, c’est sans danger pour votre libre arbitre, ça vous bouge les idées et aère le cerveau.

Autodidacte II, prend la suite du I, on y retrouve le narquois et l’incisif , c’est son blason, c’est son terrain de chasse, imprécateur sans peur et sans reproche, c’est Don Quichotte, c’est Cyrano, car les grandes ailes des moulins peuvent vous envoyer dans la boue, mais aussi dans les étoiles. Et étant donné ce qu’on voit dans notre monde, la boue, on y patauge, alors autant essayer l’envol dans les étoiles.

Quelle que soit la saison, et les changements d’heures, les promesses et balivernes des prophètes au petit pied, c’est toujours L’heure du leurre, l’amphigouri toujours recommencé des zélés communicants illusionnistes du verbiage menuisier. Faut pas lui la faire à ce Bernard, il serait plutôt disciple sceptique de St Thomas quand il fait une relecture de la Bible, il a le goupillon flingueur et le ciboire bien rempli. De nectar verbal du meilleur cru. Dont il n’est pas avare

Nathalie Miravette 14-03-2016 20-56-08 2358x2263Un jour, un expert de la chose chansonnesque lui expliqua qu’on ne pouvait plus écrire de chansons comme ça, Le « ça » étant un vocabulaire riche et bien ciselé. Le temps étant aux bluettes simplettes pour séduire les ados qui de nos jours, limitent leurs épanchements littéraires à des tweets de 160 signes en langage abrégé, Je kif tro can sa fé dancé en elektro rap cé tro bo … C’est pour ça qu’il s’est acoquiné avec une pianiste qui avait toutes les notes qu’il fallait dans son clavier pour habiller les mots; le mot et la note s’unirent pour faire de belles chansons qui embellissent les scènes qui les accueillent, et ravissent le public. Comme « Le chant de l’échandole » rien que le titre, c’est déjà l’école buissonnière pour échapper au banal du quotidien.

Joyet et Anne Sylvestre AA 14-03-2016 20-46-46 2371x1880 14-03-2016 20-46-047Ce genre de soirée de gala est souvent l’occasion de partager un moment d’amitié, ce  fut le cadeau de la présence d’Anne Sylvestre, en duo puis en solo… Rien à ajouter à cette image tout est là,

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Ces mots de Boileau sont en parfaite adéquation pour ce duo, comme cet extrait, signé Joyet,

Ah ! S’exprimer librement contre l’air du temps, avec dédain mais sans trop d’arrogance. s’amuser coûte que coûte, et avec vous éprouver le plaisir d’une jubilation complice !

Et au final la morale de cette histoire larirette larirette, c’est qu’on s’ra jamais vieux !  Merci Bernard !

recueil-autodidacteSi ce babil de folliculaire plumitif bénévole vous a amusé un instant, sachez lecteurs vénérés, qu’il a essayé de s’inspirer des chansons réunies dans un beau recueil, d’une élégance hyper classieuse, chansons dont une partie est dans l’album Autodidacte II. Et le tout est disponible chez l’auteur. C’est ici ===> chaumiere-de-la-coudraie-ploermel 29-03-2016 00-05-49 550x471

 

 

 

 

Et pour quelques images de plus,

Joyet Montage 29-03-2016 00-23-24 5049x3211

Norbert Gabriel

Parlez Moi d’Amour, l’entretien (et parlons-en encore plus!)

28 Mar

PMAParlez Moi d’Amour, c’est 4 titres arrivés un beau jour de début 2016 dans mes oreilles. Synthétiseurs années 80, basse savoureusement sale revendiquant une filiation directe aux Béruriers Noirs, boites à rythmes programmées et esprit punk assumé : une identité sonore de toute évidence volontairement à contre courant de l’omniprésence numérique. Et des compositions insistantes, élaborées et efficaces. Plus qu’une ode à la nostalgie de l’analogique, peut-être s’agissait-il d’abord de remettre de l’humain dans tout ça. C’était frais, bienfaisant et instinctif, comme quelque chose de nécessaire qu’on avait besoin d’entendre à nouveau depuis un moment. Mais qu’était-ce donc ? Un drôle de tuba aurait pu me mettre sur la piste… Sur la piste d’Eugène Lampion, chanteur, multi-instrumentiste, et plus encore, du groupe Machinchose, qui depuis 17 ans perturbe la morosité musicale avec ses compositions expérimentales décalées et sa poésie de l’absurde comique, Machinchose, dont Parlez Moi d’Amour est en fait un projet parallèle, né dans la tête du musicien, qui aujourd’hui lui donne vie. La curiosité excitée méritait bien quelques éclaircissements…

– Eugène, bonjour et merci d’accepter cet entretien pour parler ce ton projet.  Comment et quand est née l’idée de ce projet ?

– En 2013, je voulais quelque chose de plus direct et frontal que  Machinchose, basique, tant dans les textes que la musique, pour faire du live avant tout. L’idée était de monter le projet sans précipitation -pour jouer, j’avais toujours Machinchose et d’autres formations dans l’Yonne, donc les concerts tombaient toujours , avec pour objectif de faire coïncider un set présentable avec de la vidéo live (tournée en résidence au Silex la SMAC d’Auxerre en septembre 2014), du son clean, un visuel fort… et un nom de « groupe »! Pour ne pas démarrer de manière « bancale ». J’avais aussi envie de quelque chose de plus punk que ce que je faisais précédemment. Je voulais m’entourer de machines rudimentaires des années 80, contre la course au dernier logiciel, à la dernière machine. Le projet devait mûrir tranquillement dans l’écriture et la composition des chansons, mais aussi dans la manière de les présenter sur scène, de les enregistrer.

Mon seul « problème », c’est quand je vais jouer quelque part où on me connaît, et là, il arrive que le nom du « groupe » devienne Eugène Lampion, et le nom du concert Parlez-moi d’Amour. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai viré mon nom dans le document de presse joint aux envois du 45t !

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 – Machinchose a en plus de 17 ans su faire reconnaitre et apprécier tant l’humour absurde et la poésie de ses textes que l’expérimental, parfois minimaliste, mais toujours déjanté de ses choix musicaux. Que souhaites-tu exprimer de différent avec Parlez Moi d’Amour ?

– Je cherche quelque chose de plus brut, de moins subtil. Machinchose, c’est plutôt du 5ème degré ; avec Parlez Moi d’Amour, j’essaie de ne pas aller au delà du second degré. Il s’agit de retrouver ce qui m’a donné envie de jouer, d’écrire, de composer : le punk à la française de mon adolescence,  de groupes comme le Bérus et Ludwig von 88. C’est-à-dire ne pas se soucier de la permanence d’un sujet dans le temps, ne pas hésiter à être anecdotique, voire sale gosse. Mais je ne pense pas avoir mûri ce projet en opposition à Machinchose ou d’autres formations que j’ai montées ; c’est juste un autre projet. Bien sûr, il s’appuie sur les diverses expériences que j’ai eues et que j’ai encore.

Le premier concert en duo de Machinchose a eu lieu en 1999, et le premier album est sorti (repris chez Eastwest en 2000) ; ça fait donc 17 ans… Je suis heureux quand je lis que Machinchose a su faire reconnaître quelque chose, mais en fait, j’ai une impression de ratage avec ce projet : pas vraiment de reconnaissance, pas de réseau identifié, pas de tourneur, pas de manager, pas de spectacle en salle de concert institutionnelle ou festival ; on galère absolument au même niveau qu’il y a 17 ans. Mais je n’ai pas d’aigreur non plus ; pour preuve, on continue à jouer, et il y a un projet de live, en acoustique pur et dur, mais ça, c’est donc une autre histoire !

– D’ailleurs est-ce un projet parallèle ponctuel, voué à une certaine « éphémérité » ou y envisages-tu un avenir « sérieux » ?

– Pas d’éphémère dans Parlez-moi d’Amour, non, non !
A ce sujet, « La Place du mort », qui le titre d’un des morceaux, est un des noms que j’ai mis de côté pour le groupe, qui arrivait dans le « tiercé gagnant » avant que je ne me décide pour Parlez-moi d’Amour. Les deux autres 45 tours, porteront les deux autres noms que je n’ai pas retenus, mais qui arrivaient aussi en tête des « meilleurs » noms possibles… Une trilogie 45t, avec une dominante sur un instrument à chaque fois : cette fois, la basse, l’autre fois, la guitare, et enfin juste l’électronique.

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 – Parlons de l’esthétique sonore, résolument en hommage aux années 80, tant du point de vue des prises et traitements du son que du choix des supports et de l’usage d’instruments et machines d’époques. Quel est le sens de la démarche ?

– Ce n’est pas un hommage ; c’est un retour aux sources. A mes sources. Mes premiers enregistrements multipistes ; c’était sur 4 pistes cassette. Si j’avais à l’époque eu un peu de thune, et eu ces machines, j’aurai sans doute fait des choses proches de ce que je fais maintenant. C’est presque une séance de rattrapage ! Ce fameux « temps perdu » que certains disent vouloir « rattraper »… Je dis ça – je déconne car à mon avis, le temps n’est jamais perdu, et s’il l’était, on peut encore moins le rattraper !
Comme je disais, le projet, c’est avant tout du live. Mais comme l’enregistrement, j’aime ça, je me suis tout naturellement tourné vers ce qui me paraissait logique : enregistrer sur le matériel qu’on avait à l’époque où ces machines sortaient ; donc fi du numérique, de l’ordi et de ses capacités infinies : enregistrer tel quel, mixer sans automation, à la main, le geste compte beaucoup, et ce plaisir est revenu intact !

L’enregistrement,  justement à contre courant, est comme une espèce de retour aux fondamentaux: 4 pistes cassettes (l’appareil correspond à la « date de naissance » des machines utilisées, ils ne peuvent donc que bien s’entendre) pour la prise de son et le mixage, micro sm58 basique (très basique), et mixage avec l’appareil en question. L’ordinateur n’a servi qu’au mastering. La bande comme support des saturations, ça flatte les graves, ça arrondi les distorsions : que du bonheur ! On conserve le geste musical, avec les « accidents » de la prise de son qu’on ne peut pas remonter ; il n’y a pas de tricherie possible. Et si je ne me considère pas du tout comme un virtuose, très loin de là, l’enjeu réside quand même dans l’interprétation, au moment de la prise de son, et au moment du mixage : si le mix est limite sur un aspect, de toutes façons il faut refaire tout le mix. Il faut gérer les intentions en live aussi. L’utilisation du 4 pistes, c’est aussi pour moi un moyen de revenir au point de départ de mes premières maquettes des années 90, revenir à la source, se ressourcer. Et comme je disais plus haut, je ne voulais pas me précipiter, mais prendre le temps de comprendre d’où je venais musicalement, artistiquement, en faisant une résidence sur scène, en captant cette résidence pour conserver des vidéos live en vue du démarchage pour les concerts, en bossant avec un graphiste d’Auxerre pour un visuel cohérent et fort, en prenant le temps de choisir le nom du groupe.

– Tu es originaire de Nantes et a étudié à Bordeaux, d’ailleurs plusieurs disciplines artistiques. Comment es-tu arrivé à Auxerre ?

– Il y a aussi eu un passage de quelques années dans le Poitou. Mais pour Auxerre, c’est l’alimentaire, un boulot alimentaire plutôt agréable et qui nourrit sans doute ma manière d’être sur scène, dans l’impro entre les chansons : je fais de la radio ; je cause dans l’poste à France Bleu Auxerre, et j’ai été recruté entre autres pour m’occuper du magazine musical Zic-zag Café. J’y reçois un groupe ou artiste solo par WE, qui joue 6 titres en live, et on discute ; j’y chronique également des albums (tendance Fédurock/XXX de France)… c’est très enrichissant !

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 – Justement peux-tu parler de tes activités (voire tes activismes) parallèles, dans les domaines radiophonique, culturel (cirque), artistique et de la façon dont ces multiples vies s’enrichissent les unes les autres ?

– Comme je disais plus haut, j’ai toujours été convaincu qu’on ne perd jamais son temps. J’ai un label associatif, La Cervelle, qui végète un peu depuis que je suis à Auxerre, car il est toujours basé à Bordeaux. La Cervelle m’a permis de comprendre de l’intérieur comment marchent les « métiers du disque », aussi de signer dans une major pour2 albums de Machinchose, et d’accompagner un groupe dans sa signature sur un label indé. Ça m’a permis de savoir ce qu’on peut demander à un label selon son niveau,  et puis d’aider un peu quelques groupes qui demandent conseil. En outre ça m’a permis aussi d’avoir une réflexion sur les supports : CD, vinyle, cassette, dématérialisé…
J’ai eu pendant les 3 dernier mois une expérience nouvelle, composer la musique d’un spectacle de cirque : le patron du cirque Fortuna Major Circus, qui est aussi batteur, est venu me voir jouer dans le Morvan, dans un café associatif, le Morwan Café, parce que ce qu’il avait lu, entendu, vu sur Parlez Moi d’Amour lui parlait, et de là sont nées des musiques, ambiances sonores, jouées avec mon set PMA, augmenté de mon tuba basse et ses pédales d’effet. C’est lors de ce concert que j’ai aussi rencontré Mamat’ qui est le premier « tourneur » qui est venu vers moi après le concert en me proposant un coup de main ; ce n’est pas exactement son métier, mais il a déjà pratiqué un peu avec Jagas, et ce qu’il fera, même à petite échelle, c’est toujours ça que je n’aurai pas à faire !
Ces rencontres, c’est exactement ce que j’aime quand je vais jouer dans des lieux associatifs, des caf’conc’ : rencontrer des gens qui font des propositions auxquelles je ne m’attends pas, ou auxquelles je ne m’attendais plus, mais qui vont dans le bon sens.
Tu parles de radio. Alors, oui, je compose des musiques qui « habillent » certaines séries courtes que je produis encore maintenant (j’en ai beaucoup fait avant d’être à Radio France, pour le privé et Radio Campus Bordeaux encore avant !), ces séries, c’est souvent des séries « à sketch », souvent écrites à partir d’impros. On rejoint l’exercice de la scène. Et puis la radio,  la musique, c’est ce qui a nourri d’autres projets : installations sonores au Musée des Beaux Arts d’Agen, interventions en milieu scolaire sur la composition acousmatique, 28 jours en prison à Lyon en 2008, répartis en 4 semaines sur toute l’année, pour capter le son aux côtés de Christophe Goussard, photographe, avant fermeture de ces lieux  d’un autre âge. Il y a eu une expo, donc des musiques composées exclusivement à partir de ces sons samplés, pour « habiller  » 5 modules de 7 à 8 minutes, qu’on peut voir sur ce lien :
http://www.dailymotion.com/video/xka2q3_prisons-de-lyon-perrache-2008-avant-fermeture_webcam (c’est un diaporama qui a été présenté au festival de photos d’Arles).
Coïncidence ? J’ai un éditeur qui a pris ces musiques dans son catalogue il ya quelques mois, rencontré via la radio justement ! J’espère que le public pourra enfin entendre ces sons ; l’argent public investi sur ce projet  doit faire que ce projet soit entendu du public !
Et pour la musique, ben dans l’Yonne, j’ai été identifié très vite, ce qui m’a permis de jouer enfin pour soutenir des actions (anniv’ de la Croix Rouge, soutien aux Philippines…), depuis le temps que je voulais mettre ma musique au service d’autres causes que de la mienne ! Avec le label La Cervelle, on avait pu monter une opération autour de Sésame Autisme Aquitaine, mais depuis, rien…  Alors est-ce grâce à la radio, grâce à ma musique, ou autre chose ? Arrive un moment, où tout se fait, et où il ne faut pas se poser trop de questions !
Une fois arrivé à Auxerre, il a fallu que je trouve un moyen de jouer du tuba basse amplifié en formation ; je quittais Akhan Shukar 
https://soundcloud.com/eugenelampion/el-leil-remachinchosemix-f-v10
  à Bordeaux, un groupe qui m’apportait vraiment beaucoup humainement et musicalement.  Après diverses tentatives (U-Process, Rattenfanger – groupe d’impro à géométrie variable -,  un duo-trio avec le DJ Rom Garneur de LBA), j’ai réussi à monter un groupe qui s’appelle maintenant Al’ de Bond (au début, quand j’ai lancé le projet, c’était Steak Haché, mais maintenant qu’on a une forme stable, nous avons aussi un nom adapté au groupe) et dont voici le lien : http://www.zicmeup.com/groupe/albedodebond/).
Mais ces expériences diverses datent de fort longtemps ; elles existaient à Bordeaux, où j’ai passé 5 ans aux Beaux Arts et 3 ans au conservatoire en classe de composition acousmatique. J’ai travaillé avec Das Syntetiche Mishgewebe [
http://dsmischgewebe.over-blog.com/article-16585455.html ], qui était sur de la musique concrète dans laquelle j’amenais l’accordéon pour le « bricoler », Non-Non [https://www.facebook.com/Non-Non-10-1494436377498614/?fref=ts] dans lequel nous ne chantions que des textes d’Enyd Blyton, tirés de Oui-Oui… et à l’époque de Non-Non, je programmais et accueillais des groupes dans un lieu de concert rural en Gironde. Enfin, que des expériences transversales !
Tout ça sans parler des mix et remix que je fais pour le plaisir ou sur commande dans des genres très différents : Basement [
https://soundcloud.com/eugenelampion/sets/remix-de-basement], Caumon [https://soundcloud.com/eugenelampion/sets/remix-de-caumon], Geoffroy Gobry [https://soundcloud.com/eugenelampion/kal-doscope-geoffroy-gobry-vs], Larrieu-Plantey…

– Y a-t-il une tournée en prévision ?

– Il y a eu quelques dates cet automne 2015 pour accompagner la sortie du disque, mais le vinyle a une forte demande et peu d’usines, et  j’ai donc tourné sans le disque ; et puis en Bourgogne en mai-juin à venir avec quelques festivals, des dates qui tombent sans que je démarche, c’est nouveau, et c’est super ! C’est vrai que pour caler des dates, un solo, c’est simplissime : « vous êtes dispo telle date ? » « Oui. » Pas besoin de se demander si untel ou untel est là ou pas, s’il acceptera de jouer au chapeau, de dormir dans un sac de couchage, dans le bistrot même – c’est arrivé en novembre-. Ca laisse vachement de place à la spontanéité dans les rapports avec les gens le soir même du concert, et j’aime bien !
En prévision de manière un peu plus structurée, oui, je cale en ce moment des dates sur octobre-novembre 2016, à Lyon, Bordeaux, et tout ce qui se situe entre ces villes et Auxerre… ça s’annonce bien, mais là, c’est moi qui démarche, c’est le côté le moins marrant de l’affaire!

Voilà les dates à venir auxquelles s’ajouteront des dates à Lyon, Dijon et Bordeaux en octobre-novembre:

6 mai – apéro-concert de l’asso Pied au Planchez – Planchez (58)

14 mai – Chez M’an Jeanne et Petit Pierre – Villeneuve les genêts (89)

21 mai – Le Carrouège – Vauclaix (58)

26 juin – Catalpa Festival Off – Auxerre (89)

13 août – festival Les Libres Musik’halle – Grandchamp (89)

22 octobre – Le Zéphirin – St Martial (33)

27 octobre – Studio Sablier – Angoulême (16)

29 octobre – Le Bouche à Oreille – Villeneuve s/Yonne (89)
– Comment peut-on se procurer tes disques ?

– La distrib physique se fait via le facebook et sur les concerts. Pour des concerts dans le Sud-Ouest, ça sera à l’automne prochain.

 

PMA2

 

Miren Funke

Liens :

Parlez moi d’Amour. 1

Parlez moi d’Amour.2

Machinchose. (site)

Machinchose. (FB)

 

 

 

Nathalie Miravette, le retour

28 Mar

Au printemps de quoi rêves-tu? D’une autre fin à la romance, Au bout du temps qui se balance, Un chant à peine interrompu D’autres s’élancent, Au printemps de quoi rêves-tu? D’un printemps ininterrompu…*

au Forum

Nath Miravette Cucul 2 accordéon 11-03-2016 21-26-59 2060x2365Le printemps 2016 dans notre joli petit monde de la chanson, c’est Nathalie Miravette avec un spectacle en grande partie nouveau, une suite à son triomphal Cucul mais pas que… et le premier signe visible de ce renouveau est l’évolution de sa Nath Miravette Cucul 2 Jen AAAAA 11-03-2016 22-12-47 2273x2238frangine de scène, Jennifer Quillet,  qui est passée du ronchonchon chronique au sourire charmeur. Elles sont irrésistibles et tout le monde se lève pour Nath et Jen pour une tournée supplémentaire… Dans leur vie d ‘artiste, il y a de quoi se réjouir, en ce printemps tout neuf, notre diva Cucul mais… a trouvé son fiancé. Grâce à l’entremetteur Joyet, elle a maintenant un chéri, un con-compagnon aussi délicieusement décalé que l’heureuse midinette. D’ailleurs on saura grâce à un petit saut dans le futur que l’union fut féconde, coquin de printemps, puisque mémé Nathalie se fait éducatrice des petits enfants qu’un autre printemps a mis dans la ronde, et là, le discours éducatif est assez loin du préchi-précha d’une grand’mère confite dans la guimauve et les pantoufles Jéva. (Pour les jeunes générations qui ne connaissent pas ce standard du confort domestique, c’est l’équivalent de la chemise de nuit en pilou, confort max, sexy zéro, quoi que…) Ordoncques, la leçon de choses de mémé Nathalie, c’est la vie toboggan fin de siècle, plus des pâtisseries euphorisantes aux herbes exotiques propres à faire rire les constipés du sourire.  Et à donner un peu de joie de vivre à nos petits enfants qui en auront bien besoin, vu la marche du monde vers un avenir pas forcément rassurant. (C’est moi qui ajoute.)

Nathalie, elle est diva, mais toujours modeste, chanteuse réaliste, avec chorégraphie, fantaisiste délurée, chanteuse émouvante, elle vous fait passer par toutes les couleurs de l’arc en ciel des émotions en virtuose accomplie. Comme toute star, réaliste mais modeste, des auteurs lui ont brodé des couplets sur mesure, des plumes premier choix, Manu Lods, Bernard Joyet, Pierre Margot, Romain Lemire, Antoine Salher … Nath Miravette Cucul 2 AAA 11-03-2016 22-14-45 3401x2715et elle ne se prive pas d’aller se servir chez François Morel, Allain Leprest, Anne Sylvestre, car tout est bon avec LA Miravette pour faire un show explosif. Avec sa jumelle, son ex-sœur ennemie, les pétillantes et sémillantes donzelles font scintiller toutes les facettes de leurs talents, jongleries musicales et textuelles, jeux de mains et de voix, c’est formidablement drôle, drôlement chic et choc, modulable à volonté, du chant’ appart à l’Olympia, tout est possible.

Pour cette soirée, Bernard Joyet (dont on parlera demain) Romain Lemire, et Manu Lods ont fait les guest-stars invitées

Pour suivre ces filles radieuses,

cliquez sur Cliquez 2 11-03-2016 22-16-34 3295x2105fleche-1 28-03-2016 01-48-28 1411x380

 

 

* Au printemps de quoi rêvais-tu? (Jean Ferrat)

 

(Message personnel: Inutile de faire une greffe pour passer de l’autre côté du miroir. Y a tout ce qu’il faut. )

Et pour quelques images de plus…

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Norbert Gabriel

 

Les Galops du Cheval d’Or par Les Cabarettistes.

23 Mar

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Dans la belle légende des années cabarets, quelques uns ont marqué leur passage par un esprit particulier, celui d’une troupe, plus qu’une juxtaposition d’individualités, et une approche du spectacle en théâtre music hall qui n’hésitait pas à mélanger des genres différents, chanson, monologues, humour, saynètes, marionnettes, contes… Ce fut La Rose Rouge, La Fontaine des Quatre Saisons, et le Cheval d’Or, par ordre d’apparition chronologique. La spécificité du Cheval d’Or est d’avoir été créé par un couple qui n’était pas a priori du sérail artistique pratiquant, mais qui avait une haute idée de ce qu’ils voulaient faire vivre, un vivier d’artistes tous styles confondus, une tribu saltimbanque unie par les mêmes envies. Un lieu qui n’a pas été « à la mode »  attirant le Tout Paris snob, mais une élite d’artistes qui semblaient appartenir à une même famille, Audiberti et Truffaut étaient familiers du lieu... (Geneviève Latour « Le cabaret Théâtre »)

Il était une fois,  le joli temps des cabarets … la suite ici pour la présentation...

Et pour que renaisse le temps d’un spectacle cette fabuleuse aventure, il fallait trouver la belle équipe ayant tous les talents nécessaires pour montrer l’éclectisme du lieu et de ceux qui lui ont donné une âme. Les Cabarettistes, auto-proclamés modestement «  Cabaret littéraire sous-réaliste » ont tenu le pari, sur une idée de Gilles Tcherniak, montrer ce qu’a été ce Les cabarettistes Jeanne Vimal 20-03-2016 18-30-39 3584x2519cabaret unique en son genre. Et ils le font sans imiter en copié collé les personnages, mais en les réinventant dans l’esprit surréaliste réactualisé en folie douce et rieuse totalement jubilatoire. Ici Jeanne Vimal, qui fait revivre… Faut-il le dire, ou laisser la surprise ? (NB les lunettes ne sont peut-être pas un indice)

Sont invités dans ce carrousel mémorial, Suc et Serre, Petit Bobo, Anne Sylvestre, Roger Riffard, Raymond Devos, Daniel Prévost, Ricet Barrier, Avron et Evrard, Pierre Louki, Mireille… Des extraits d’émissions télé, quand la télé s’intéressait aux spectacles vivants autres qu’aux Zénith, un spectacle conçu et réalisé comme une pièce en 3 actes, avec entr’acte nourrissant, avec un bonus final en supplément au programme, Govrache cheval 20-03-2016 19-41-16 2476x1727Govrache, en voie d’adoption par le troupe… Et en effet en 2 textes au punch très desprogien et deux chansons en uppercut, il montre que la musique est une arme, et les mots ses munitions. Il est de la famille, celle des Prévert et Cie,  ceux qui ne mâchaient pas leurs mots quand il s’agissait de mettre les points et parfois les poings dans le débat sociétal.

Les Cabarettistes sont aussi des petits enfants du Groupe Octobre, les guerilleros de la culture qui tiraient les 400 coups pour aller mettre la poésie dans la rue*, et dans les usines. Ils ont plusieurs spectacles sur la route, qui seront suivis avec attention, avec dans quelques jours une rencontre avec cette troupe, tous comédiens-chanteurs tous-terrains, ayant une prédilection pour les chemins de traverse, les réfractaires aux autoroutes et voies balisées, les explorateurs des sentiers buissonniers riches d’originalités… Ces oiseaux de passage assoiffés d’azur et d’horizons infinis, on les retrouve le 16 Avril, au Théâtre de l’Opprimé, dans Le cabaret des plus inconnus des auteurs compositeurs interprètes connus, d’après d’après l’oeuvre d’Allain Leprest, Colette Magny, Jehan Jonas, Henri Tachan, Gribouille, Loïc Lantoine et Pierre Louki, pour le spectacle autour de Jehan Jonas, suivez le calendrier, ça commence dans 2 jours à la Générale…

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PRENEZ PAS LES MORTS POUR DES CONS d’après l’oeuvre de Jehan Jonas

La Générale, c’est là, cliquez et on vous ouvrira

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Le Théâtre de l’Opprimé, c’est là.

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Et pour quelques images de plus,

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C’est Les Cabarettistes, c’est ici.

*les 400 coups pour aller mettre la poésie dans la rue, avec Léo Ferré, bien sûr….

Norbert Gabriel

Point de vue …

22 Mar

Je ne sais pas s’il y a une réponse mais entre ‘Le déserteur’   et « Malbrought s’en va-t-en guerre »  ou « La Marseillaise »  il y a cette chanson qui m’a toujours troublé… Et je ne sais toujours pas quelle est la réponse…

 

La guerre va chanter ses hymnes de colère
Moi je ne chanterai, ni tout haut, ni tout bas
Les mots d’amour, ici, sont de haine là-bas
« J’attendrai ton retour » et même « Il pleut bergère »
Repris par mille voix sont des chants de combat (bis)
La guerre va jeter ses éclairs à la ronde
Vers qui vais-je tirer ?
J’ai perdu le chemin
Où est-il l’ennemi ?
À qui est cette main ?
Le tonnerre a couvert nos voix qui se répondent
Ce soir, je vais tuer mon ami de demain (bis)

Dans cette brume, où es-tu, où es-tu ?
La guerre, elle est toujours perdue
La guerre va brûler toutes ses fleurs de soufre
Mes mains ne savent plus où porter leurs ciseaux
L’araignée a filé son étrange réseau
Quand je frappe en Norvège, en Chine un homme souffre
Quand je tire au matin, au soir tombe l’oiseau (bis)
La guerre va semer nos amours sur les routes
Nos corps au marché noir pour des rations de pain
À travers le black-out des vitres que l’on peint
Je vois briller des feux qui sont tes yeux sans doute…
La mort nous couchera dans son lit de sapin (bis)

Dans cette brume, où es-tu, où es-tu?
La guerre, elle est toujours perdue
La guerre va finir aux nouvelles dernières
Même si la victoire éclate sur mon seuil
En musiques de joie, en drapeaux crève-l’oeil
Elle est toujours perdue, toujours perdue la guerre
Le jour de gloire est là et c’est mon jour de deuil (bis)
Mais quand je vois venir, déguisée en colombe
Ou, la musique en tête, une bande exaltée
Pour ne pas vivre esclave, il faudra bien lutter
J’irai jusqu’à brandir le fusil ou la bombe
En chantant avec vous : « Vive la liberté » (bis)

guy-beart2(Chanson de Guy Béart)

Guy Béart, Il n’y a plus d’après…

21 Mar

couv beart

Demain à l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, vous pourrez toutes affaires cessantes saluer votre libraire préféré(e) et dans la foulée, lui commander ce livre. Pourquoi ?

D’abord, il remet à sa juste place un des auteurs compositeurs les plus importants de la chanson francophone. Guy Béart a eu un début de carrière fulgurant, avec une chanson qui est entrée d’emblée dans la mémoire collective comme un vieil air du folklore de France. Ce qui était déjà un début de malentendu pour une partie du public qui l’a réduit à cette jolie comptine Pourtant Béart est sur la même ligne que Michel Tournier dans la conception de son œuvre : Tournier était passionné par la littérature jeunesse, et ses romans pour adultes étaient en quelque sorte des prototypes avant les versions définitives destinées au jeune public. Et pour Béart, la chanson, art populaire par excellence, doit répondre à l’équation suivante : elle doit d’abord charmer les enfants, puis séduire les femmes, intéresser les hommes ensuite, et retenir, enfin, l’attention de quelques uns en diffusant en contrebande un message caché qui satisfera celles et ceux qui le découvriront.

Et c’est le plus souvent par la mélodie qu’elle attrape l’oreille avant de passer dans le cœur. Et d’y rester quand les mots sont à la hauteur des notes.

guy_beart___1___28_Dès ses débuts, Guy Béart a dans son répertoire des chansons comme  L’eau vive  et des chansons science fiction quasi ésotériques, poèmes de visionnaire, accompagnés de musiques sophistiquées (Les temps étranges) ou visions de cauchemar d’un monde en apocalypse (En marchant le long des routes) Ou  La Chabraque,  une composition très Kurt Weill sur un poème de Marcel Aymé…

Boris Vian lui conseillera de  garder en réserve les chansons trop déroutantes, pour éviter d’être ghettoïsé dans un genre confidentiel. Mais Béart a une inspiration très diversifiée, les histoires de sa vie, ses amours, transparaissent très vite, avec des chansons superbes, comme la plus belle chanson d’amour,  Vous, tout est dit dans l’amour total  qu’on ne peut expliquer ni décrire. Le public sera vite séduit par Qu’on est bien…(dans les bras d’une personne du sexe opposé)  et aussi  Poste Restante, et c’est l’entrée immédiate dans la cour des grands. Ensuite, quand arrive la vague yé-yé, le voilà has been, à 30 ans, comme Moustaki après Milord, c’est la trentaine en quarantaine des gazettes… Ce qui ne durera pas… Ni pour l’un ni pour l’autre.

La suite, vous la trouverez dans le livre de Baptiste Vignol, très agréablement construit, le parcours biographique est complet, avec des extraits de chansons qui éclairent ce qui passionnait Béart dans sa vie et dans son art, ses amours avec des femmes-chats jamais tenues en laisse, son indépendance vis-à-vis des structures financières du showbizz – il a été le premier à créer un label indépendant- son caractère parfois déroutant… Pas d’anecdotes superflues du genre pipolerie pour ados, tout est là pour préciser des points de détails sur l’ art de la chanson.

Il y a aussi des interviews, Denise Glaser, la grande amoureuse des artistes, qui l’a beaucoup soutenu, et le verbatim d’un extrait d’Apostrophes de Bernard Pivot dont la plupart des gens ne retiennent que les éructations de Gainsbourg quand il est question d’arts à initiation. Ce soir là, Béart aurait pu crucifier Gainsbarre avec une honteuse histoire de plagiat, il ne l’a pas fait, ça s’appelle la classe. Celle d’un honnête homme comme on disait au siècle des lumières.

Baptiste Vignol publie une des biographies les plus agréables parmi ce qui a été proposé ces dernières années,  indispensable dans la bibliothèque-discothèque des amateurs de chanson, car c’est aussi un élément de compréhension de la scène contemporaine, ses enjeux et ses dérives, et ses palinodies, quand on voit dans les librairies des biographies de produits de realtv, artistes de 20 ans, qu’on biographie pour une carrière de 2 ans, est-ce bien raisonnable ?

L’auteur a écrit il y a quelques années,  Cette chanson que la télé assassine, (Editions Christian Pirot) et dans ce que dit Béart, on trouve quelques compléments d’infos sur cet assassinat. Pas les réflexions aigries d’un vieux de la vieille qui chouine que c’était mieux avant, mais un point de vue lucide et documenté.

Un des mots qui revenait régulièrement avec Guy Béart, c’est Fraternité. Et au final, on peut lui murmurer,

Un dernier mot
À votre adresse
Regrets, tendresses
Et à bientôt

Chantez, chantez
Que tout le monde
Ferme la ronde
De l’autre côté.

Et pour finir en chanson,

Baptiste Vignol, Guy Béart Il n’y a plus d’après, biographie, sortie de le 22 Mars

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Norbert Gabriel

« Le caillou » : Sigolène Vinson

18 Mar

Chronique du roman Le caillou, de Sigolène Vinson
(par Eric SABA)

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Tout le monde l’aime bien, Sigolène, et je ne déroge pas à la règle : croiser le sourire de Sigolène, c’est sourire soi-même.

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Agenda : «  Salon Lire à Limoges » (1, 2 et 3 avril 2016).

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Sigolène Vinson, ©Sandra Surménian

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Pour autant on ne sera pas étonné : l’auteure ne laisse pas beaucoup de place au bonheur dans ces lignes. Aux journées qui s’écoulent lentement, oui. Innocentes, inoffensives, sous un ciel bienveillant, non. Même la beauté est terrible, les couchers de soleil, comme La Vénus d’Ille, meurtriers. Et pourtant, c’est un livre qui fait du bien.

Lu en une journée, malade comme un chien, à expulser mes sales humeurs, coincé entre les oreillers et la couette, cherchant le meilleur moyen de me sortir – vite – d’une longue période de contrainte. J’avais dit à Sigolène que j’attaquerai l’un de ses deux livres dès que j’aurai conquis la liberté. Je lui ai laissé le soin de le choisir : Courir après les ombres ou Le caillou ?

– Oh, commence par Le caillou !

C’est ce que j’ai fait. J’ai passé la journée avec Le caillou.

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J’ai relu deux fois la première page, non pas pour mieux saisir, mais pour épouser le style de la narratrice ; preuve qu’il y a, là, écriture… Sigolène adopte un style littéraire personnel qui dérobe avec plaisir quelques expressions au quotidien, à l’échange.

Un caillou dans une chaussure comme un nœud au ventre. Ouvrez les fenêtres ! Ça sent le glauque dans c’t’appart ! Mais le glauque est une couleur, Eric… Oui et ça tombe bien, puisque dans ces pages, du début à la fin, ça sent la mer.

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On part de très bas, même si le personnage principal vit à l’étage. Cette jeune personne, qui a déjà vécu et déjà renoncé, rencontre un vieillard, Monsieur Bernard, qui va chambouler son monde. Des carnets, tentatives de portraits, de la terre qu’on façonne, qu’on écrase du poing. L’appartement aurait besoin de travaux d’aération, c’est vrai, alors il s’agira de prendre l’air, d’aller le chercher au loin. De prendre l’avion ou le train, le bateau, je ne sais plus… D’oublier le bar Le Saint-Jean où personne ne m’attend.

Un personnage féminin tout au long du récit qu’on suit et qui va, d’hommes bienveillants en pittoresques mâles accueillants. De l’appartement parisien à la Corse. « L’île de Beauté », dit-on. C’est ce que disent mes ami-e-s, c’est ce qui ressort des descriptions fines de la narratrice. Tellement belle qu’on en meurt, à vrai dire.

La proximité avec la mort est permanente et pourtant un souffle de vie s’élève et l’emporte. Parce qu’on façonne ici, on construit, on touche, on cherche. Inlassablement. On n’oublie pas l’humain. Même en solitaire-s, on est ensemble. Les individus comme des itinéraires, qui se croisent, se soutiennent… Et chacun achève son parcours, comme il peut. Ou là où ça devait finir. Qui sait ?

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Finir ? Ce serait trop simple.
« Bon… et si finalement… tout était différent… hum… on s’offre une relecture… ? »

J’avais un caillou dans ma chaussure et je l’ai gardé, vu ce que je pouvais en faire. Je l’ai ôté. J’avance. Il est dans ma poche. Nous sommes deux. Le lecteur à Sigolène.

Merci Sigolène.

Eric SABA / Hum Toks / E.5131

2013-09-22_sigolene_curiosite_nb

« la curiosité » ©Eric SABA, avec Sigolène Vinson

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