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Entretien avec la Coordination des Intermittents et Précaires de Gironde

28 Fév

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Née dans le sillon du grand mouvement des intermittents du spectacle de 2003, la Coordination des Intermittents et Précaires (C.I.P), a depuis, tout en tentant de pérenniser la mobilisation, entamé un vaste chantier de réflexion et de conscientisation sur les injustices relatives au monde du travail. Cependant, même si l’organisation s’est souvent impliquée dans les luttes sociales à l’initiative des travailleurs des secteurs artistiques et culturels, elle s’est pourvue d’une structure ouverte à tous, dans le souci d’un engagement qui transcende les préoccupations d’une corporation unique, pour prendre la défense de tous ceux qui se retrouvent touchés par la précarité. S’appuyant sur un fonctionnement en rupture avec les schémas classiques des organisations politiques ou syndicales traditionnelles, la C.I.P se veut mouvement citoyen, qui œuvre aussi d’un point de vue philosophique à repenser le modèle économique et sociétal dans lequel nous vivons. Militantisme, art et festivité au programme : trois des militants de la C.I.P de Gironde (C.I.P.G), dont la sympathique particularité locale est d’être dotée d’une chorale vocale, acceptaient fin juin 2015 de nous recevoir, pour parler des investissements et de la vision de leur mouvement, qui appelle à la grève générale et au rassemblement citoyen le 09 mars 2016 et signe la lettre ouverte à la ministre Myriam El Khomri

 

-Bonjour et merci de nous recevoir. Comment est née la C.I.P et pour répondre à quel besoin ?

-Vincent : Pour être exact, le mouvement dans son essence est né en 2003, à l’initiative de salariés et de travailleurs du milieu du spectacle, des artistes, techniciens et personnels d’administration. Parmi ces salariés, certains sont bénéficiaires du statut d’intermittent du spectacle et du régime spécifique d’indemnisation qui lui est propre, d’autres non. Il y a une grande précarité parmi ces professions. Ceci explique que les intermittents n’étaient pas les seuls impliqués dans cette lutte ; la mobilisation était bien plus large. Depuis 2003, année de la grande grève à Avignon , la coordination d’Ile de France, qui a eu à cœur dès lors de maintenir un travail de fond continu, et non de se mobiliser uniquement à l’occasion de chaque grande réforme du statut d’intermittent, a répandu l’idée qu’il fallait ouvrir l’engagement dans la lutte à tous les autres secteurs du travail, et tous les autres travailleurs, qu’ils soient intérimaires, précaires, en chômage de longue durée, vacataires. Le mouvement travaille dans l’idée d’élargissement de la mobilisation et de convergence des luttes. C’est un travail à long terme, nourri de rencontres qui se font, de luttes qui se rejoignent : par exemple ici en Gironde, nous avons soutenu les cheminots, les enseignants ou encore les travailleurs du secteur hospitalier, ainsi que les ZADistes. On vit des moments d’évidente convergence, et des retrouvailles, suite auxquels les luttes se séparent, mais les liens restent. Tout cela se vit dans la perspective de créer un corpus citoyen sur la base d’une remise à plat de tout. Il s’agit pour nous de dénoncer ce qui est en train d’être mis en place et d’émettre des propositions. Ceci dit il est vrai que les artistes et les techniciens du spectacle forment un noyau solide qui donne l’impulsion et se trouve souvent au départ de chaque grand mouvement, même s’il arrive dans nos réunions que deux tiers des membres présents n’aient rien à voir avec le milieu du spectacle. C’est pour cela que notre nom « Intermittents et précaires » est juste.

-Bernie : D’ailleurs la lutte de fond avait été initiée par une association nommée « Intermittents 33 ». La C.I.P en tant que telle a vu le jour en 2014, notamment investie par des membres de cette association, mais aussi d’autres travailleurs.

-Emma : La première grande manifestation de Bordeaux a eu lieu le 27 février 2014, place Pey Berland.

 

-Cette volonté de former une organisation ouverte à tous a-t-elle reçu un écho favorable parmi les travailleurs n’appartenant pas aux secteurs culturels et artistiques ?

-Bernie : Oui. La C.I.P ne milite pas que pour les intermittents du spectacle, mais pour les précaires en général ; nous nous considérons avant tout comme des intermittents du travail.

-Emma : Bien entendu nous avons une charte en adéquation avec nos valeurs, à savoir que nous ne tolérons pas le racisme, les propos sexistes ou homophobes. Une personne d’extrême-droite ne sera évidemment pas la bien venue, à moins qu’elle ait décidé d’accomplir un revirement idéologique. Mais tous peuvent s’impliquer dans notre organisation.

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-Comment êtes vous organisés ?

-Bernie : La C.I.P appartient à tout le monde, à tous ceux qui se sentent intermittents du travail et précaires. Bien sur il y a en son sein un noyau de personnes qui organisent les réunions et le travail au sein des commissions. On dénombre une cinquantaine d’individus, dont 16 référents (deux par commissions), qui sont un peu plus actifs que les autres adhérents. En Gironde, nous fonctionnons en commission de travail. Il y a par exemple la commission action, la commission rédaction, la commission décryptage qui étudie les textes de la nouvelle convention. Deux référents sont nommés par commission, qui se chargent de rendre compte à l’ensemble des membres lors d’assemblées générales de ce qui s’est dit ou fait. Précisons que c’est un fonctionnement local particulier, et que les différentes coordinations et collectifs de France se gèrent de manière autonome et variable. Certaines C.I.P ailleurs dans l’hexagone prennent la forme de collectifs au sein desquels on trouve des syndicats. Ce n’est pas notre cas : il y a bien sur des individus qui sont par ailleurs syndiqués (notamment à la C.N .T, la C.G.T et SUD), mais aucun syndicat n’est présent en tant que tel dans notre C.I.P. Le Collectif Unitaire de Lyon (C.U 69) compte des syndicats, essentiellement SUD, mais aussi Recours Radiation, qui est l’un des requérants auprès du Conseil d’Etat. Nous voulons être un mouvement citoyen ; de ce fait les membres de la C.I.P de Gironde qui sont syndiqués ne participent pas à notre organisation avec leur casquette syndicale ou politique.

 

-En quoi votre mouvement diffère-t-il des associations traditionnelles de travailleurs ?

-Emma : Ce qu’on essaye de mettre en avant, c’est une autre forme de militantisme, différente de celle que propose depuis des décennies les syndicats et organisations politiques classiques, qui découlent souvent de schémas de hiérarchie très organisée, avec des réunions interminables, où les gens ont du mal à s’emparer de la lutte. Nous travaillons selon des formes complètement différentes, de co-construction et d’émancipation. Se rapproprier sa vie, c’est déjà connaitre les textes de lois, se réapproprier des outils pour savoir se défendre ; donc une commission spécifique à l’étude des textes de loi pratique une étude de fond pour diffuser ensuite cela au plus grand nombre. L’individu a toute sa place au sein de notre mouvement pour qu’un maximum de personnes puisse venir lutter avec nous. C’est en cela que la C.I.P diffère des organisations de lutte traditionnelles, qui certes nous ont appris des choses, ont obtenu des acquis sociaux importants et nous lèguent un historique riche, mais dont nous ne souhaitons pas calquer le fonctionnement. Nous tentons de revoir les formes de lutte comme en Espagne ou en Grèce, pour ne citer que ces deux pays, pour que les gens puissent se rapproprier les sujets de société, dont ils ont été complètement dépossédés.

 

-Pouvez-vous parler du principal chantier de réflexion et des principales luttes où s’implique la C.I.P ?

-Vincent : La C.I.P a travaillé depuis 2003 sur une contre-proposition au modèle existant de l’UNEDIC pour élaborer un modèle plus équitable et solidaire : il s’agit d’ouvrir plus largement le statut d’intermittence à tous les travailleurs intermittents, en C.D.D ou autre et de supprimer les annexes 8 et 10 qui réservent ce statut spécifique aux travailleurs du spectacle. Actuellement l’UNEDIC distingue 11 annexes spécifiques, dont les intermittents, les marins, les travailleurs expatriés, en autres. Le fond de notre modèle repense les choses avec une seule et même annexe pour les gens se retrouvant au chômage, suite à la rupture d’un C.D.I et les travailleurs précaires. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, nous militons pour la suppression des annexes 8 et 10 qui concernent spécifiquement les travailleurs du spectacle, afin que tous les travailleurs en C.D.D –contrat qui représente 82% des contrats de travails- soient englobés dans une même « spécificité » : à type d’emploi égal, il faut un traitement des droits au chômage égal. C’est la façon dont nous investissons les champs des revendications, en vertu de notre spécificité pour l’élargir.

-Emma : On s’investit sur la question de l’assurance chômage [NDLR : dont la renégociation a eu lieu le 22 février 2016] et les dangers que représentent les nouveaux cadres légaux qui vont la modifier, la loi Macron, la loi Rebsamen [NDLR : et aujourd’hui le projet de loi El Khomri ; la C.I.P appelle à la grève et la manifestation nationales le 09 mars et à signer la pétition en ligne.  et tout ce qui touche aux droits des travailleurs et des chômeurs. Nonobstant chacun de nous est aussi sensibilisé à d’autres thèmes, comme l’économie ou les projets utiles, mais le cœur de notre combat concerne l’assurance chômage. Nous travaillons également à combattre les représentations faussées que se font les gens de la situation : par exemple une étude sérieuse indique qu’actuellement en France 62% des gens pensent que les chômeurs se retrouvent sans emploi par leur faute. Pire, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, ce pourcentage a explosé ! Nous menons donc un travail de sensibilisation pour faire basculer cette tendance, liée à une idéologie très anglo-saxonne et libérale induisant l’idée que le chômage relève de la seule responsabilité du chômeur. Et ce stéréotype est intégré par plus de 60% de la population française.

-Vincent : C’est clairement un enjeu idéologique. Pour être grossier, le modèle mis en place découle de l’idéologie de Madame Thatcher qui disait qu’il faut faire payer les pauvres, car ils sont plus nombreux. En clair, pour parodier De Funes dans « La folie des grandeurs » : « Les riches, c’est fait pour être très riche, et les pauvres pour être très pauvres ». Pour nous, l’enjeu est de savoir comment on souhaite répartir les richesses, et la caisse solidaire que constitue l’assurance chômage. On parle de « charge sociale » à tour de bras dans les media, et ce sont désormais des glissements de langages qui ont été intégrés par les gens. Mais il ne s’agit pas de charges, mais des cotisations solidaires et consenties. Et cette caisse, il faut la répartir mieux.

-Emma : Nous avons également tenu des tables de presse par le passé à la Fête de l’Huma et à Lormont en Fête.

-Bernie : Ensuite il y a d’autres genres de manifestations, où nous sommes présents, comme la marche contre Monsanto qui a eu lieu il y a peu, auxquelles nous participons à titre individuel, sans forcément revendiquer notre appartenance à la C.I.P. Lorsqu’il s’agit de participer à des mouvement que nos revendications concernent directement, comme celui des personnels hospitaliers ou des retraités, ou encore les manifestations des Z.A.D contre les violences policières, que nous subissons aussi parfois, nous y allons en tant que C.I.P.

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-Votre mouvement a-t-il eu parfois du mal à fédérer autour de lui, du fait d’a priori communément répandus sur le régime des intermittents, que beaucoup croient privilégié ?

-Vincent : C’est un a priori trop répandu et erroné. On peut démonter le préjugé en deux secondes : pour bénéficier de l’intermittence, il faut cumuler 507 heures de travail sur 10 mois et demi, alors que pour être allocataire au régime général, il faut 620 heures sur 24 mois. Si on établit un rapport temps de travail/ droits cumulés, on se demande où se situe le privilège. Bien sûr, nos droits sont un peu mieux préservés, mais les conditions d’accès à notre statut sont plus difficiles à remplir.

-Emma : Nous réclamons déjà que les 507 heures de travail requises puissent être effectuées sur 12 mois, comme c’était le cas avant, et non sur 10, et que ce modèle soit identique pour tous les corps de travailleurs. Et le calcul que nous avons établi du coût de la mise en application de ce modèle a été étudié par l’UNEDIC, qui a déclaré en décembre 2014 que cela serait plus équitable et pas plus coûteux que le modèle actuellement existant. L’idée est de parvenir à un partage du travail et de la protection sociale. Mais l’UNEDIC refuse d’en discuter.

 

-Pourquoi l’UNEDIC méprise-t-il vos propositions si elles sont sérieuses ?

-Bernie : Nous avons condensé en une dizaine de lignes le rapport de six pages qui présente le modèle que nous proposons disponible en ligne. L’UNEDIC reconnait la valeur du modèle proposé par la C.I.P, mais n’en veut pas, simplement parce que la C.I.P n’est pas un syndicat. De ce fait à ses yeux, elle ne fait pas partie des partenaires sociaux traditionnels, parmi lesquels, soit dit en passant, on retrouve des syndicats qui ont ratifié la nouvelle convention et le MEDEF, qui est un syndicat d’employeurs. Nous ne tolérons pas que ce syndicat soit présent parmi les partenaires sociaux, parce que l’UNEDIC a été crée sans lui pour gérer nos cotisations, et que le MEDEF s’est immiscé dans les débats comme un partenaire social sans légitimité.

Donc l’UNEDIC refuse notre modèle, même s’il en reconnait la validité. Pourtant nos délégations ont régulièrement des rendez-vous au sénat ou à l’assemblée nationale avec des commissions de députés, et ont rencontré en janvier 2014 la Ministre de la Culture.

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-Selon vous la logique suivie par l’économie actuelle risque-t-elle de dégrader encore plus les conditions de vie des Français ?

-Vincent : Le nouveau protocole signé par Rebsamen et son corolaire sur les droits rechargeables va avoir des conséquences assez catastrophiques et précariser encore plus les gens en situation déjà précaire, comme nous le craignions. Chaque coordination régionale a crée des permanences d’accompagnement afin de venir en aide à chaque personne en difficulté et en litige avec Pole Emploi. Ce sont des actions concrètes de terrain auprès des travailleurs qui se retrouvent basculés en régime général ou à qui on refuse des droits, tout en leur demandant de se soumettre à de plus en plus de contrôles. Pour exemple certains se retrouvent avec 0,87 euro d’allocation journalière, soit même pas 30 euros pour vivre par mois, et ne peuvent même pas demander le R.S.A, au motif qu’ils bénéficient d’une allocation chômage, aussi dérisoire soit-elle.

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-Qu’est-ce que la CIP peut entreprendre pour eux dans l’immédiat ?

-Vincent : Ces gens s’adressent à nous, et nos membres les plus compétents en la matière essayent de remonter leur dossier et d’amorcer des recours auprès des médiateurs.

-Bernie : Ils peuvent nous contacter par mail à l’adresse cipgironde@gmail.com . Nous leur demandons de nous envoyer leurs documents et dossiers, qui sont analysés par des légistes de la C.I.P pour voir ce qu’il est possible de faire, soit en les traitant sur place, soit en les faisant remonter au niveau national. Au mois d’octobre, plusieurs dossiers ont été ainsi portés au conseil d’état [NDLR : le 15 octobre 2015 le Conseil d’État a rendu la décision d’annulation de la convention d’Assurance Chômage].

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-Votre mouvement est né dans le sillon de celui amorcé par les intermittents du spectacle en 2003 qui avait attiré la sympathie et le soutien de nombreux artistes et professionnels de la culture. La C.I.P a-t-elle conservé un lien privilégié avec les artistes ou professionnels du spectacle?

-Bernie : Tous les artistes que nous avons contactés, jusqu’ici, et même les directeurs de festival nous ont ouvert les portes et ont accepté des prises de paroles avant les spectacles. Évidemment nous avons déjà des liens particuliers avec des artistes impliqués auprès de notre cause ; ceci dit il est relativement facile de se faire octroyer un temps de parole sur un festival. Je me souviens d’un festival, à Langon en 2015, qui nous avait accueillis une première fois, et n’avait pas souhaité nous redonner une tribune la fois suivante. L’artiste qui se produisait ce soir là a insisté pour que nous puissions prendre la parole avant son tour de chant. C’était une artiste brésilienne, qui a continué à parler de notre cause après nous, en expliquant qu’au Brésil, la France était un exemple, et que ses compatriotes se battaient pour essayer d’avoir un minimum de statut, et que si nous, français, laissions mourir notre système, eux en seraient totalement découragés. Notre lutte motive les gens des autres pays ; d’ailleurs les C.I.P existent également au niveau européen, où des journées de rencontre et discussion se tiennent environ tous les 4 mois, et au niveau international. Ces luttes là se développent aussi sur le thème de la contre-austérité, ce qui explique qu’elles rencontrent un écho favorable en Allemagne, Italie, Grèce et Belgique. Ici plusieurs artistes sont impliqués directement auprès de nous, et les autres en règle générale nous regardent avec sympathie. Effectivement certains intermittents du spectacle gagnent très bien leur vie, mais ils ne représentent que 4,5% des intermittents, et ça ne signifie pas qu’ils ne militent pas et ne sont pas solidaires des autres. La C.I.P souhaite appartenir à tous, on l’a déjà dit : il n’est donc pas nécessaire d’être intermittent ni précaire pour y rentrer.

 

-Et puis à la C.I.P de Bordeaux, il est aussi question de musique… Pouvez-vous dire quelques mots de votre chorale vocale?

-Bernie : C’est un peu notre « fantaisie » ! Nous avions l’habitude de nous réunir tous les lundis soirs place Pey Berland à Bordeaux pour une photo du collectif et un rassemblement avec notre chorale, rendez-vous remplacé par des « causeries nomades » qui ont lieu tous les 2ème mardis du mois. Il faut préciser que c’est une particularité unique en France : la C.I.P girondine possède une chorale qui chante des chants révolutionnaires, sous la direction d’Agnès.  NDRL : Voir ICI.

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-Emma : Le principe est de reprendre un chant révolutionnaire de chaque pays de l’union européenne, évidemment dans sa langue d’origine. La chorale est ouverte à tous ceux qui souhaitent y participer. Agnès dirige l’ensemble, forte de son expérience, et aide à orienter les uns et les autres par rapport à leur timbre de voix. Il y a actuellement une bonne dizaine de chanteurs, qui avait l’habitude de se réunir tous les lundi soir, avant la photo place Pey Berland. Il y a même une commission « chorale » au sein de la C.I.P qui organise les répétitions. Pour la petite histoire, la première fois que la chorale s’est réunie pour chanter, c’était devant la librairie Mollat, dont le patron est le trésorier du MEDEF de Gironde, et également l’ambassadeur du Mexique. Un jour où il revenait du Mexique, des comédiens ont été faire un tour dans la librairie, pendant que la chorale chantait pour l’accueillir.

 

-La période estivale des festivals va débuter. La C.I.P va-t-elle pouvoir y prendre la parole ?

-Bernie : Bien sur nous allons aussi être cet été présents sur certains festivals. Des rendez-vous importants nous attendent, avec des forums pour l’emploi en septembre.

La C.I.P appelle à la grève générale et aux rassemblements citoyens qui auront lieu partout en France le 09 mars

Miren Funke

Remerciements à Bernie, Vincent et Emma

 

Liens : mail : cipgironde@gmail.com

Site : http://cipgironde.wix.com/cip-aquitaine

Facebook : https://www.facebook.com/cipgirondeaquitaine/?fref=ts

Pétition : https://www.change.org/p/loi-travail-non-merci-myriamelkhomri-loitravailnonmerci?source_location=discover_feed

 

 

 

 

Fête de la musique 2016

28 Fév

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Peut-être vous souvenez-vous de cette histoire que racontait Desproges et qui est en situation avec cette soirée de Fête de la musique.. Voici donc de quoi il est question, en prolégomène.

Pierre Desproges avait accompagné femme et enfants en vacances, et il était rentré à Paris un dimanche soir assez tard. Arrivé at home sweet home, le frigo est vide, et horreur malheur, les clés du garde manger et de la cave sont restées avec la famille. Adieu le foie gras, et un cru millésimé dont il se faisait la promesse d’un régal. Avanie ultime, l’arabe du coin est fermé le dimanche soir. Dans cet abîme de désespoir,  il croise son voisin de palier, avec qui les affinités sont microscopiques, à qui toutefois il dit deux mots sur son désarroi gastronomique, et le voisin compatissant lui donne, je cite de mémoire, un litre de vinasse 11°5, une demi baguette à la fois rassie et ramollie, et une boite de corned beef, cet infâme paté rosâtre, qu’il mange à même la boîte, sur une serviette en papier, et vous savez quoi ? J’ai trouvé ça super, dit Pierre Desproges.

Revenons à nos chansons en fête, je suis arrivé dans l’émission vers 22h et des broquilles, dans le réflexe de l’âne qui se gratte, je jette un œil à la télé, et là, j’entends un trio de drôlesses « Les coquettes »  chantant quelques vers de la chanson des frères Jacques, « Les fesses » puis un large extrait « Des nuits d’une demoiselle.. » Vous avez bien entendu, la chanson extrêmement érotico-coquine immortalisée par Colette Renard, et ça,  sur une chaine de télé publique à une heure presque décente.

De telles surprises ont de quoi déstabiliser le plus blasé des déçus de la télé quand elle prétend s’intéresser à la chanson… Du coup, j’ai regardé jusqu’à la fin, et vous savez quoi ? Avec un plaisir serein… ça m’a rappelé le bon vieux temps, le temps des Carpentier, Guy Lux, tout ça. Dans ce que j’ai entendu, rien qui ne suscite l’irrépressible envie de courir chez le disquaire toutes affaires cessantes, mais c’est comme Johnny ou Clo-Clo, ou même Delpech, dont je connais pas mal de chansons sans avoir acheté un de leurs disques. C’est un divertissement musical qui me permet de voir et d’entendre des gens que je n’aurais jamais eu l’occasion de croiser ni par la radio ni par mes fréquentations de spectacles. J’ai échappé à Lambert Wilson, qui était invité, j’ai eu la confirmation que Jul, Amir, et les Gipsy Kings me laissaient comme la Vénus de Milo, les bras tombés, et de marbre. Etonné que Pascal Obispo raconte qu’il n’avait jamais entendu parler de Marceline Desbordes-Valmore alors qu’il y a quelques années Julien Clerc a popularisé une de ses poésies dans une belle chanson… (Les séparés en chanson, N’écris pas en poème) et puis,  Bruel, toujours sympa, Thomas Dutronc très bien entouré, avec Rocky Gresset à la guitare « manouche » à qui je dédicace néanmoins ce que disait Sarane Ferret en 1945, sur les néo-Django boostés du médiator:   C’est bien toutes ces notes, mais on n’a pas le temps de voir le paysage

BRIGITTE (c)Dimitri Coste (sdp)

BRIGITTE  (C)Dimitri Coste

Thomas, si tu me lis…  et la belle surprise, le duo Brigitte, pour qui on peut utiliser le pluriel, les belles Brigitte… Mais c’est surtout le ramage qui m’incitera à acheter leur album… Après ça, n’ayant pas eu l’imprévoyance de Desproges, j’ai arrosé la fête avec quelques gorgeons d’un Côtes du Rhône qui a bien tenu ses promesses, Il vino rallegra il cuore dell’uomo, comme disait Caruso à Paolo Conte…

Et tout ça finit par des chansons, comme celle-là, en clin d’oeil à un lecteur qui se reconnaîtra, une ballade à bicyclette, avec une chansonnette pour tout bagage..

A l’an prochain, si tout va bien…

Norbert Gabriel

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