Imaginez une silhouette qui apparaît dans sa plus simple expression naturelle, et qui s’enroule progressivement dans des voiles et des dentelles arachnéennes, des soieries brodées de fils d’or et d’argent pour se faire une parure somptueuse, d’une élégance raffinée, de transparences de brumes légères un matin de printemps.
C’est la voix, les voix, qui se frôlent et se caressent avec les cordes sensibles des violons, violoncelles, altos, polyphonies de voix et d’instruments dans une parade amoureuse, mystique, sensuelle et chaste.
Un moment hors du temps, quelque chose de pur comme le diamant, une grâce quasi surnaturelle, et il me vient une histoire que me racontait mon grand père vénitien. Lors d’une audition devant les sommités d’une grande académie de musique, tous les musiciens les plus réputés sont venus, ils rivalisent de brio avec leurs morceaux de bravoure, et à la fin, arrive une sorte de vagabond dépenaillé qui demande à jouer. On lui accorde cette faveur -pour rire un peu- il commence, casse une corde, joue, casse une deuxième puis une troisième corde, dans les ricanement, et sur la dernière, il éblouit l’assistance médusée.. Et dans le silence stupéfait qui suit, déclare avec une certaine morgue hautaine,
Così giocano gli angeli nel cielo e dopo Paganini.
Ainsi jouent les anges dans le ciel et après Paganini. Si non è vero, è bene trovato… ajoutait mon grand père… L’émerveillement de cette histoire est resté intact depuis mes 10 ans, et je le retrouve aujourd’hui avec « Les passagers » de Catherine May Atlani.
Et si vous êtes trop loin du Zèbre, voyez ici pour acquérir l’album.
Et on peut écouter des extraits…C’est ICI
Norbert Gabriel