Logique de restriction budgétaire -dont la culture et l’art sont toujours les premières victimes- oblige, ces dernières années ont vu chuter le taux des subventions publiques octroyées aux associations culturelles. Ces subventions sont pourtant le garant de leur indépendance, voire de leur survie. C’est l’existence de ces fonds publics, qui, avec les cotisations personnelles des adhérents, permettent aux associations de ne pas avoir à courtiser des mécènes privés -et pour ce faire incliner leur politique en ce sens- et de garder indépendance spirituelle et liberté de ton intactes. Tel est le cas de la radio associative girondine La Clé des Ondes, qui depuis sa création s’est toujours refusée à avoir recours à la publicité comme moyen de financement, pour ne pas céder à l’omnipotence du mercantilisme.
Fondée en 1981, dans le sillage de la libéralisation des ondes, La Clé des Ondes, au départ aventure entre quatre amateurs passionnés et animés de convictions, est, au fil des ans devenue, pour des générations d’auditeurs et pour les plus de 90 bénévoles qui aujourd’hui s’emploient à la faire vivre, le seul média local alternatif aux radios commerciales. Source d’éclectisme culturel, lieu d’expression libre et de débats sociétaux, force de soutien tant aux artistes semi-professionnels ou encore anonymes qu’aux causes défendues par des associations ou des mouvements politiques et syndicaux progressistes, La Clé des Ondes partage son temps d’antenne entre tribunes réservées aux associations (Secours Populaire, Planning Familial, Association de Soutien avec les Travailleurs Immigrés, Occitan , …), émissions d’actualités, programmes bilingues (Portugais, Espagnol, Arabe) à destination des immigrés, libre antenne pour les détenus et programmations musicales originales.
Ayant résisté, alors que tant d’autres radios associatives disparaissaient les unes après les autres, elle demeure la seule fréquence dans une périphérie de 30km autour de Bordeaux sur laquelle on peut écouter de la chanson engagée, du Jazz, du Ska, du Reggae et des musiques métisses, ainsi que des artistes auxquels les autres médias ne s’intéressent jamais. C’est également la seule fréquence qui laisse volontiers la parole aux militants associatifs et politiques de gauche, sans toutefois privilégier de parti, dans un souci de pluralisme et de respect des diversités.
Alors certes, continuer d’assurer le bon fonctionnement d’un tel média radiophonique et la diffusion d’émissions de qualité a un coût. Certes la culture a un coût. Mais les temps actuels ne nous font-ils pas, parfois atrocement, prendre conscience du prix de l’ignorance ? Préserver l’existence des rares médias qui œuvrent encore à la propagation des connaissances, à l’enrichissement culturel et à l’ouverture d’esprit n’est pas un choix anodin.
Aussi, c’est par le biais d’un site de financement participatif (en paiement sécurisé) que La Clé des Ondes appelle à la contribution, même modeste, de toutes celles et de tous ceux prêts à un geste solidaire pour que continue de vivre un de nos derniers médias populaires indépendants.
Miren Funke
remerciements à Aline Schick-Rodriguez
Lien : le site de la radio.