
Une chorale de quartier, c’est bien souvent de l’amateurisme parti de presque rien avec sa bonne volonté pour tendre vers le beau. C’est une place publique, hier sinistre et jonchée de déchets, aujourd’hui transformée en scène improvisée qui ranime la vie de cité. C’est l’émerveillement de passants intrigués qui s’arrêtent, les sourires sur les visages des habitués qui ont pris goût à ce rendez-vous musical à la régularité aléatoire. C’est la grisaille du ciel que sublime soudain l’écho d’une harmonie. C’est l’art qui descend dans la rue, l’art qui en monte ; et, pour certains, quelques moments de bonheur volés à la cadence infernale d’une vie qui ne laisse plus le temps de prendre son temps. Dérisoires, mais tellement vitaux en réalité.
Jean Ferrat chantait que « les plus belles fleurs poussent sur le fumier ». Comme une lutte personnelle contre les tristesses et les tourments internes, comme une résistance à une société qui a érigé en valeurs la recherche du profit individuel et le matérialisme et ringardisé l’acte gratuit, l’être humain chante. Et réinvestit la vie collective en partageant sa musique comme le font à Bordeaux les membres de la chorale de quartier « Yakachanter », dirigée par l’artiste Agnès Doherty, à qui il tient à cœur d’affirmer combien le chant est le seul instrument à la portée de tous. D’ailleurs, à écouter l’harmonie musicale des chorales de quartier, souvent constituées principalement de personnes sans instruction musicale préalable, qui douterait encore que la beauté peut s’asseoir sur tous les genoux ?
Une rencontre avec deux d’entre elles nous fournit l’occasion de nous intéresser au sens qu’on peut donner à ce loisir devenu engagement, à travers quelques échanges avec des membres de la chorale « Yakachanter », sa directrice Agnès Doherty, Anne, co-présidente de l’association de quartier « Yakafaucon », et Marie Reveillaud, directrice de la chorale « Le Chœur de l’Exil » venue de La Roche sur Yon il y a quelques mois pour partager un spectacle en plein air.
-Bonjour et merci d’accepter de répondre à quelques questions. Pouvez-vous nous dire quelques mots de l’association de quartier grâce à laquelle la chorale a vu le jour?
– Anne : La chorale est née en mars 2012, après la fondation de l’association Yakafaucon. A l’origine, il y a eu plein de petites rencontres informelles et non régulières entre différentes personnes du quartier, et très vite, nous avons eu l’idée de nous réunir au sein d’un groupe. Pour cela, il nous fallait un lieu et nous avons trouvé le local du « Petit Grain » qui est devenu notre café associatif, après des mois de rénovation durant lesquels tout le monde venait bénévolement donner un coup de main, selon ses disponibilités. L’association n’est pas née d’une démarche politicienne ; il s’agissait d’une trentaine de personnes qui avait le souhait de faire quelque chose pour la vie du quartier, monter des projets, animer la place et faire en sorte qu’il s’y passe autre chose que des cannettes et bouteilles vides à ramasser au matin. Ici avant, c’était relativement glauque ; et on ne s’aventurait pas à s’y promener tard le soir. On avait envie que les citoyens soient porteurs de projets, et n’attendent pas de la mairie qu’elle initie tout. C’était une démarche participative, sociale et culturelle. Suite à un tractage, on s’est retrouvés autour de cent personnes à la première assemblée générale, puis organisés en plusieurs commissions, chacune ayant une tâche précise, que ce soit de chercher un lieu, visiter les autres cafés pour apprendre de leur fonctionnement, s’occuper de rassembler les idées des gens, etc… Une fois le lieu trouvé, tous les bénévoles ont participé à l’organisation des chantiers, des repas, au prêt d’outils, à la rénovation du local.

Le café a été inauguré en juin 2012, au départ en tant que café associatif, ce qu’il est toujours, au sens où il faut être membre de l’association pour y consommer. Mais aujourd’hui, il a créé des emplois et rémunère des salariés, tant le phénomène a pris de l’ampleur. Le lieu est très fréquenté : il propose donc des repas, et c’est tout une organisation à temps plein qui ne peut plus être uniquement assumée par des bénévoles. Pour nous, ce n’est pas du travail au sens contraignant du terme, puisque le but du café est de créer une animation dans le quartier et des liens entre les voisins. Mais il y a du travail à fournir, et nous avons dû faire former des gens aux règles d’hygiène, à la cuisine, à la gestion des stocks, etc… La municipalité subventionne en partie le lieu, parce qu’il profite à la vie de cité par les projets dans lesquels il s’engage ; ça a permis de salarier des gens qui se sont professionnalisés. On organise aussi un groupement d’achats réguliers dans le cadre de vente directe de producteurs locaux aux consommateurs. Et puis beaucoup de projets fusent, parce que chaque bénévole peut proposer ses idées aux autres : des cours d’écriture, des pièces de théâtre, du soutien scolaire, des débats sur des questions sociétales ou environnementales, des échanges de livre.

– Comment est donc née l’idée de doter l’association d’une chorale ?
– Anne : Agnès, qui habite dans le quartier avec son mari Joe Doherty, n’avait hélas pas trop de temps à consacrer aux travaux matériels, mais désirait participer à quelque chose. Nous avons toutes les deux eu l’idée de créer cette chorale, qu’elle était à même de diriger, de par ses compétences et son expérience musicales. Elle est parfaite dans ce rôle de direction de chorale : elle a la souplesse qu’il faut pour gérer cela humainement, mais avec la rigueur professionnelle nécessaire à un travail sérieux. Le café n’étant alors pas encore inauguré, puisque les travaux avaient à peine débuté en décembre, les premières répétitions eurent lieu chez Joe et Agnès Doherty. Au bout de quelques temps, elle a décidé de suivre des cours de direction de chœur au Conservatoire pour se perfectionner.
La première représentation de la chorale fut pour la fête du quartier en 2012, dans la rue Monfaucon. Pendant un an à peu près, la chorale a tenu de façon régulière, avec des répétitions hebdomadaires, et puis il y a eu un peu moins de monde présent, l’engouement des débuts étant quelque peu passé. Nous avons continué à 5 ou 6 personnes, en groupe restreint, avant que de nouveaux arrivants intègrent la chorale. Actuellement, sur la vingtaine de personnes, il doit rester 4 membres qui étaient présents au tout début.
– La chorale répète souvent en plein air, au milieu de la place publique. Qu’est-ce que cela crée dans le quartier en termes de réactions?
– Anne : Maintenant les gens sont habitués ; les répétitions de la chorale sont comme des rendez-vous du dimanche matin sur la place. Mais au début des gens s’arrêtaient, étonnés, ou sortaient aux fenêtres ; certains sont venus rejoindre la chorale, y compris des gens qui ne résident pas dans le quartier et passent par là en rentrant du marché. Et puis quelques musiciens sont venus parfois pour nous accompagner avec leurs instruments. Le fait que les répétitions se fassent en public anime la vie du quartier et invite les passants à venir écouter, puis discuter ensuite, voire pour certains, intégrer le groupe et enrichir leurs rapports sociaux et affectifs, puisqu’en général les répétitions sont suivies d’un petit apéro-goûter collectif.

– Et sur un plan plus personnel, qu’est-ce que la participation à cette chorale vous apporte ?
– Anne : La musique en groupe a des vertus thérapeutiques que j’ai éprouvées moi même : pour l’anecdote, lorsque nous avons fondé la chorale, je traversais une période très dure dans ma vie et je peux dire que la chorale m’a sauvée. Il faut comprendre que la plupart des activités proposées dans l’association se pratiquent individuellement et dans une optique de recherche personnelle, comme les cours de Yoga ou d’écriture. L’existence de la chorale incarne la réussite d’une activité collective. Le gens qui viennent y chanter, passent déjà un bon moment, s’épanouissent personnellement, mais surtout prennent plaisir à participer à une aventure collective où chacun écoute les autres, et où tous recherchent une harmonie commune. En outre on a tissé des liens humains et sociaux à travers cela.
– Stéphanie : Sans vouloir jouer du côté féministe, je pense que le fait qu’il y ait une majorité de femmes dans la chorale, même si ce n’est pas volontaire -car elle n’est pas exclusivement réservée aux femmes- nous fait du bien : avoir un petit espace où on se retrouve entre nous est hautement bénéfique. Il y a parmi nous des caractères assez forts et on s’aperçoit que même les personnalités qui n’ont a priori pas l’air fortes, se révèlent à un moment donné et se lâchent.
– Christine : Ce que la chorale apporte d’essentiel aussi, c’est d’apprendre à s’écouter et écouter les autres, d’abord musicalement pour prendre part à une harmonie collective, et ensuite humainement. Sur le plan personnel, ça change la façon dont on est attentif et à l’écoute des autres. En outre ça libère une énergie et la canalise : parfois on arrive tout énervée et le fait de chanter nous permet de nous débarrasser de nos ressentis et nous apaise. Et ce que j’apprécie également, c’est que j’ai appris à aimer certaines chansons qui ne me plaisaient pas avant, en les chantant. Et puis comme nous chantons dans plusieurs langues, ça crée une communication avec les gens d’origines étrangères : si nous allons au Portugal, ou que des lusitanophones d’ici nous entendent chanter « Grândola Vila Morena » qui est un chant de la révolution des œillets, ça leur parle ; si des Basques nous entendent chanter « Hegoak » (« Txoria Txori »), qui est une chanson de Mikel Laboa passée dans le patrimoine national, c’est pareil. Nous travaillons aussi des chansons espagnoles, corses, anglaises. Ça crée un lien avec des gens d’autres cultures. A notre manière, on communique avec des locuteurs d’autres langues.

– Participer à la chorale est-il accessible à tous ?
– Christine : C’est ce qui est bien : ça reste populaire et ouvert à tous.
– Agnès : Évidemment le fonctionnement pourrait ne pas convenir à certaines personnes très calées en musique, qui s’ennuieraient vite. On est là pour se faire plaisir, pour créer du lien, et offrir aussi un certain cadre à ceux qui en ont besoin. Je voulais trouver un moyen mnémotechnique simple et efficace de transcrire les chansons phonétiquement justement pour que ceux qui n’ont pas de formation musicale puissent chanter. Le chant est un instrument gratuit, que tout le monde possède. J’ai tendance à dire que tout le monde peut chanter ; il suffit pour ça de confiance en soi. Ce que m’a enseigné l’étude du chant lyrique, c’est qu’il faut être détendu et confiant, libérer la colonne d’air pour utiliser au mieux sa voix. Plus on est crispé, moins ça fonctionne. Bien sûr, certains ont peut-être un don au départ et du fait de ce don, prennent plus facilement confiance en eux. Ils sont donc plus à même d’acquérir de l’aisance et de se montrer de plus en plus doués : c’est un cercle vertueux. Mais pour moi, chanter est à la portée de tous. Il y a peu d’activité qu’on est libre d’exercer comme celle là, où on veut, quand on veut et ensemble. Samuel Beckett disait que quand il ne nous reste plus rien, on peut encore chanter.
– Auregan : Il y a une espèce de magie ou d’alchimie qui se crée car, pour la plupart d’entre nous, nous ne sommes pas musiciennes, et à chaque fois qu’on s’attaque à un morceau, on pense ne pas y arriver, mais on y arrive quand même. Agnès nous écrit une transcription phonétique des chansons étrangères pour les non-locuteurs, avec des signes indiquant les moments où on doit monter dans les aigus ou descendre dans les graves, pour toutes les voix. C’est un boulot de malade ! Mais ça nous permet de chanter des chansons dans diverses langues.
– Stéphanie : Moi qui suis musicienne [NDLR : Stéphanie est la batteuse du groupe d’Agnès et Joe Doherty, Itzablast], c’est une méthode qui me sert beaucoup. Je ne sais pas comment cette idée est venue à Agnès, mais je n’ai vu ça nulle part ailleurs et c’est une méthode de travail très efficace, utile aux non-musiciens autant qu’aux musiciens. Pour avoir dirigé la chorale en intérim pendant la grossesse d’Agnès, je pense qu’Agnès insuffle vraiment un esprit particulier. Elle allie rigueur musicale et cool attitude. Certains autres chefs de chœur auraient tendance à se montrer dirigistes, voire castrateurs, et d’autres à vouloir être trop cool, au détriment d’une approche professionnelle. Avec Agnès, on a les deux en une. Quand cela a été mon tour de diriger la chorale, avec mon côté extrémiste du rythme, je me suis rendu compte des qualités que cela requiert et de l’ampleur du travail qu’accomplit Agnès. Avec elle, la sauce prend.

– Quelles difficultés particulières rencontrez-vous pour intégrer de nouveaux participants ?
– Agnès : L’arrivée de nouveaux membres est un phénomène qui se produit souvent en début d’année. Mais sur dix nouveaux participants, au final, il va peut-être n’en rester que deux, parce que les autres n’ont pas le temps de s’investir, ou que ça ne leur convient pas. L’intégration de nouveaux peut ralentir le travail, car quand un groupe est déjà constitué en ayant rodé les chansons, on va bien plus vite ; avec des nouveaux, il faut tout reprendre à la base. Néanmoins dans des périodes comme celle-ci, où nous apprenons beaucoup de nouvelles chansons, il est plus facile d’incorporer de nouveaux membres. Il y a dans la chorale un noyau dur d’une quinzaine de personnes, presque une vingtaine même, sur qui je peux compter. Notre force est que nous disposons d’un groupe solide qui intègre vite les nouveaux arrivants, qui sont en quelque sorte influencés par la solidité du groupe. Et comme l’essentiel est de se faire plaisir et de passer un bon moment tout en créant du lien entre les gens, je ne suis pas trop exigeante, au point de rebuter les nouveaux. Quand en plus ça sonne, c’est un peu la cerise sur le gâteau.
De toute façon, la justesse des notes est une notion subjective et perfectible. Même un piano peut être considéré comme faux car l’accordage est toujours un compromis, c’est physique. En même temps si on chante juste comme un piano, on sera content !
J’ai appris qu’à l’époque de Bach, et de son clavier bien tempéré, on a accordé les instruments pour qu’ils puissent sonner dans toutes les tonalités. Avant, les orgues avaient certains accords plus lumineux car plus justes et d’autres interdits car ils écorchaient les oreilles, on ne pouvait jouer que dans certaines tonalités. Pour l’oreille commune, un piano accordé sonne juste ; mais en réalité certains intervalles entre deux notes ne tombent pas tout à fait juste, ça peut donc être plus lumineux à la voix qu’au piano. Je pense que c’est pour cela que les chants polyphoniques corses par exemple sonnent de manière incroyablement belle, parce que les notes des voix sont plus précises que celles d’un clavier. Plus on parvient à une note juste, plus on réveille toutes les harmoniques présentes dans la note. Et pour ce qui concerne le chant collectif, plus on le pratique, plus on s’écoute et plus on affine sa propre voix. Il suffit d’être déconcentré ou fatigué pour chanter pas tout à fait juste et cela déstabilise les autres, car tout le monde se met à douter, jusqu’à parfois finir par créer une réelle cacophonie. Cela nous arrive quand on chante en plein air et que les gens ne s’entendent pas très bien les uns les autres, ou quand un instrument nous accompagne et qu’on ne l’entend que par moment. C’est dans ces moments là qu’on apprécie la solidité d’un groupe. La chorale est une entité donc l’essentiel est qu’on reste tous ensemble ; c’est pourquoi ce qui m’intéresse est le son de groupe, le fonctionnement des gens ensemble et l’évolution du travail collectif.
– En tant que musicienne professionnelle, comment abordes-tu ce travail ?
– Agnès : Pour perfectionner ma tâche, j’ai pris des cours de direction de chœur au Conservatoire de Bordeaux durant 3 ans. J’ai appris l’importance de la façon dont le groupe doit se sentir humainement pour que les gens puissent chanter juste : la moitié du travail réside dans la mise en place d’une confiance de chacun en soi, mais également des uns envers les autres. Les gens doivent se sentir à l’aise et en empathie et ne pas craindre d’être jugés par les autres. Une fois par an, la classe de direction de chœur du Conservatoire vient faire une séance de transmission orale, ça lui donne une expérience de terrain. La chorale « Yakachanter » a servi de cobaye déjà par deux fois et c’est plutôt agréable, parce que ça nous permet de nous rendre compte à quel point nous avons un chœur dynamique et intelligent, dont les membres s’écoutent les uns les autres. Je pense que ces qualités sont liées à notre façon pas très conventionnelle de travailler. Chacun se débrouille avec ce que j’apporte, car je n’ai pas toujours le temps de tout diriger : le sens de l’autonomie fait que les gens n’attendent pas que je leur mâche le travail en détail.
Nos répétitions ont lieu deux fois par mois, sauf lorsque nous avons un concert prévu et qu’il faut se caler deux répétitions dans la semaine qui précède. L’idéal serait bien sûr de pouvoir se tenir à une certaine régularité ; mais par principe nous souhaitons que cette chorale ne soit pas trop contraignante pour chacun.

– Sur quels critères se fait le choix des chansons et qui en décide ?
– Agnès : Il arrive aux membres de me proposer des chansons, mais au final c’est toujours moi qui décide quelle chanson on va travailler puisque que, comme c’est moi qui me charge des arrangements, il faut vraiment que j’aie un coup de cœur et que je « sente » la chanson. Certaines chansons peuvent être très intéressantes, mais si je n’arrive pas à me les approprier et à les personnaliser, on laisse tomber. En ce moment, nous travaillons pas mal de morceaux du registre de pop britannique –un peu trop à mon goût-, mais surtout parce que c’est foisonnant au niveau du travail harmonique des chœurs. Personnellement j’ai un faible pour les chansons dont le message est à caractère politique ou du moins humaniste. Le chant véhicule beaucoup de choses aussi par les paroles. Nous privilégions les chansons à texte, et engagées si possible. Lorsque nous chantons « Grândola Vila Morena », qui est un chant emblématique de la révolution des œillets, il y a un sens très fort qui se communique. Ceci dit je n’ai pas envie de me priver d’une chanson intéressante d’un point de vue mélodique, même si elle raconte trois fois rien. J’aime bien que le répertoire soit varié, pour qu’il y en ait pour tous les goûts. 
Pour la prononciation des chansons en langue étrangère, j’écoute précisément et essaye de faire une transcription phonétique pour tous. Certaines langues comme l’Arabe sont très dures à chanter pour nous parfois, mais il réside aussi un plaisir dans l’apprentissage de la prononciation. Et puis même si c’est un peu embêtant de savoir que certains mots sont mal prononcés, après tout l’histoire des chants populaires est une histoire de transmission orale. C’est toujours du bénévolat pour moi, mais les membres ont instauré une tradition très sympathique qui consiste à me ramener des petits cadeaux, qui symboliquement parlent d’eux : un disque, une tarte qu’un a cuisinée, un dessin qu’un autre a fait, un petit vin de production familiale.
– A quels spectacles participez-vous ?
- Anne : L’ensemble a déjà assuré plusieurs spectacles, bien sûr, lors de la fête annuelle de l’association « Yakafaucon », mais aussi pour des marchés de Noël et pour un concert exceptionnellement donné au marché des Capucins. Il y a aussi eu des échanges de chorales, notamment avec un groupe voisin de l’Impasse d’Agen, « Les Impatients », et « Le Chœur de l’Exil » de La Roche Sur Yon.
– Agnès : La fête du quartier ramène aujourd’hui plus de 200 personnes, mais au début elle a été initiée par un petit noyau d’amis qui désiraient chanter et m’ont demandé de les diriger. J’ajoute, à ce sujet, que le groupe théâtre qui fait des Flashmob nous accompagne pour quelques morceaux avec des chorégraphies originales. Lors de soirées de restauration au café « Le Petit Grain », il y a toujours des gens de la chorale qui interprètent quelques chansons. Au début du mois, nous avons accueilli « Le Chœur de l’Exil », qui est une chorale de La Roche sur Yon pour un échange. La chef de chœur de cette chorale sollicite des gens d’origines étrangères pour apporter des chansons de leurs pays d’origine qui parlent de l’exil. Il y a donc toujours au moins une personne dans la chorale qui maîtrise la langue dans laquelle est écrite la chanson et cette personne est invitée à interpréter un petit solo.

Notre originalité nous permet de participer à des projets un peu décalés aussi. Lors de l’exposition au marché des Capucins organisée pour la sortie du livre de Mélanie Gribinsky, « La double vie des Capus » [NDLR voir article ], Joe avait créé des compositions que nous avons chantées, s’inspirant de ce qui aurait pu être écrit sur le mur du monastère qui a donné naissance au marché des Capucins et d’un texte qu’il avait trouvé en Italie. Nous avions obtenu l’autorisation de chanter dans le marché couvert, c’était une expérience amusante et excitante !

– Parlons du Chœur de l’Exil : vous qui êtes venus partager un spectacle musical public à Bordeaux avec la chorale Yakachanter , pouvez-vous nous parler de votre propre groupe ?
– Marie : Nous ne sommes pas une chorale de quartier mais une chorale qui accueille (entre autres) les personnes qui sont (ou qui se sentent) exilées, habitants de notre ville la Roche sur Yon et villages proches. Le noyau dur de la chorale a été constitué en février 2006 par des professionnels de l’Hôpital psychiatrique pour accompagner musicalement une exposition de peinture en octobre 2008 à la Rochelle sur le thème de l’exil, à la demande des artistes-peintres exposants. Nous avons alors créé un morceau pour cette occasion appelé « L’Exil » composé de 8 parties, chaque partie elle-même composée d’un poème ou d’une phrase parlée par des étrangers immigrés ou des français d’origine étrangère, chacun dans sa langue (Thétchène, Arabe, Gourmandché, Chinois, Basque, Polonais, Mapuche, Espagnol, etc…) suivi par la même phrase traduite en français et chantée par le chœur.
Nous avons alors trouvé des choristes exilés de longue date, polonais, algériens, basques, burkinabes, et de plus fraîche date, tchétchènes, géorgiens, ingouches pour grossir notre choeur. La tradition d’accueil s’est maintenue depuis lors.
En fait le succès de notre prestation d’octobre 2008 nous a donné l’idée de poursuivre en intégrant dans notre chorale composée de 8 personnes, d’autres choristes, tant français qu’étrangers ; ayant appris des chants de leur pays ou d’autres pays, nous avons aujourd’hui un répertoire d’une soixantaine de chants en langue étrangère, ce qui nécessite un effort important d’apprentissage de la prononciation. Certains chants sont appris en commun avec la chorale « Auberbabel » d’Aubervilliers
que nous rencontrons chaque année : chant en Russe, Hébreu, Yiddish, en plus de ceux de nos choristes. Cette rencontre a lieu le premier weekend de juillet chaque année, alternativement en Vendée ou à Aubervilliers.
Tous ceux qui le souhaitent, peuvent intégrer la chorale, même s’ils ne savent pas chanter. Ils progressent parfois lentement, ce qui requiert beaucoup de patience, tant de la part des choristes qui maîtrisent le chant que du chef de chœur. Aujourd’hui, nous sommes 20 choristes, et nous manquons de ténors et d’alti.

– Et à quels spectacles participez-vous ?
– Marie : Nous proposons d’intervenir dans des manifestations concernant les relations internationales ou le thème de la migration comme Le Cercle du Silence ou des fêtes particulières comme la fête de « La Clopinière », un village écologiste de Vendée. Nous chantons régulièrement pour le vernissage de nos amis peintres de la région. En mai 2014, nous avons fait un concert avec une autre chorale de Vendée « La Clé des Champs », à la cathédrale de Luçon. Nous aimons nous associer à d’autres chorales qui ont des points communs avec la nôtre.
Une de mes filles, Fleur, habite à Bordeaux et, comme elle, j’ai adhéré à l’association « Yakafaucon » ; c’est ainsi que j’ai rencontré la chorale d’Agnès dont le répertoire comprenait certains chants communs avec nous. Nous avons souhaité organiser un concert ensemble et chanté sous la pluie en octobre.

Miren Funke
Remerciements à Aline Schick-Rodriguez pour son aide.
Liens : Site de l’association Yakafaucon : http://www.yakafaucon.com/
Facebook : https://www.facebook.com/Yakafaucon-Asso-643527635793513/
Site de la Chorale Auberbabel : http://auberbabel.org/
Site et facebook d’Agnès Doherty : http://www.agnesdoherty.com/
https://www.facebook.com/agnesdohertyofficiel/?fref=ts
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