Ce dimanche 6 décembre à l’heure du thé, Django a installé un moëlleux canapé de nuages au dessus de Paris, très exactement à la verticale de la Contrescarpe. Et là, il a réuni quelques collègues Chet, Marcel, Francis, Joseph, Enrico dit ‘Mille pattes’, Rory,* et à 16h30 tapantes, silence, on écoute. C’est Michel Haumont qui ouvre la fête, puis Antoine Boyer, puis Jacques Stotzem, puis Peter Finger. D’abord chacun en solo pour 3 morceaux, puis duos, trios et final somptueux en quatuor.
C’est Paris guitare 2015, avec quatre de ces musiciens qui font chanter les notes dans toutes les nuances, tous les sons, guitare cathédrale , symphonique ou doucement charmeuse de spectateurs auditeurs.
Ils sont de ces amants qui savent faire l’amour à leurs guitares, elles exultent sous leurs doigts, et on imagine Django dans un moment d’exubérance vocale: « Ouais les gars, c’est bien... » (Selon Emmanuel Soudieux**, ce commentaire de Django c’était comme le Nobel de la musique)
C’est un mini festival acoustique, seul Antoine Boyer dans son mini-set de trois morceaux jouera sur une jazz électrique pour une composition personnelle. Michel Haumont et Jacques Stotzem ont des Martin « signature » et Peter Finger a sa « signature » faite de ses mains. Les présentations sont faites. Chacune a sa voix, son timbre, et chaque musicien excelle dans son registre
Michel Haumont, est l’égal des plus grands en folk/picking, tout le monde le sait, l’éloge n’est plus à faire depuis longtemps. Et c’est aussi un découvreur, comme on le voit plus loin.
Antoine Boyer, 19 ans, a concrétisé les promesses du jeune prodige qu’il était à 13/14 ans. Il virevolte dans tous les styles avec un égal bonheur, guitare jazz pour une composition personnelle, une classique pour un hommage émouvant à Francis-Alfred Moerman, et une manouche (Castelluccia?)
Les deux autres invités sont des découvertes, Jacques Stotzem s’est consacré à revisiter Rory Gallagher, les Beatles, en guitare rock acoustique , et plutôt qu’un long discours, écoutez, ça peut rappeler un certain Marcel,
Pour Peter Finger, quelqu’un a écrit « Parfaitement équilibrée entre intellect et émotion, sa musique est toujours un évènement sensuel, élégant, plein d’imagination qui inspire ceux qui l’écoutent. » Pas mieux, et écoutez, c’est magnifique
Pour finir un extrait didactique dans lequel Michel Haumont montre comment une guitare baryton ouvre de nouvelles perspectives au musicien (avec visite de l’atelier LÂG, en Occitanie, où vous verrez naître une guitare dans un atelier des années 2000, tradition dans l’approche et une part de technologie contemporaine, mais au final, une guitare c’est toujours des bois sélectionnés pour être élaborés avec le main de l’homme de l’art. )
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- *Vous aurez reconnu sur le canapé de nuages, Chet Atkins, Marcel Dadi, Francis-Alfred Moerman, Joseph Reinhardt, Henri Crolla, Rory Gallagher.
- **Emmanuel Soudieux a été le bassiste préféré de Django, le premier contrebassiste européen jouant la walking-bass (La « walking bass », la « basse qui marche » est une ligne de basse qui consiste à jouer tous les temps en créant une mélodie. Plus concrètement, le bassiste qui fait « une walk » joue des mélodies en noires. )
Norbert Gabriel