Dimanche 22 Novembre à l’Essaïon… Ça commence par un extrait parlé de Benoît Misère, et d’emblée, on entre dans une ambiance de soirée intime, une amie vous a invité à partager, peut-être découvrir, une de ses passions, Léo Ferré. Mais le Ferré de Christiane Courvoisier n’est plus le fulminant qui crache ses mots en rafales rageuses, entre la mer et le spectacle, il y a des nuances, des mots d’amour en filigrane. Ferré a toujours été très bien servi par les femmes qui l’ont chanté, et on constate qu’il y a encore des choses à redécouvrir, avec une approche différente. Celle de Christiane Courvoisier. Cette interprétation plus intime, plus retenue, exalte la qualité des textes et leur donne une intensité sublimée par la sobriété, par une interprétation épurée, intense et épurée. Dans les multiples portraits musicaux qui lui ont été consacrés, dans son œuvre monumentale (1600 pages) il y a de quoi faire briller des facettes multiples, parfois des caricatures avec des exercices convenus, le Ferré tonitruant souvent mis en avant, mais tout n’est pas si simple. On sait que Ferré était un personnage riche de complexités et de contrastes, celui que nous montre Christiane Courvoisier est un vieux sage qui serait revenu de tous les désespoirs, de toutes les désillusions, mais qui envers et contre tout vous invite à la vie. Debout.
Avec quelques unes de ses chansons parmi les moins exploitées, La mort des loups et le formidable Ludwig , un duo voix parlée et un piano symphonique, (musique de Beethoven) Christiane Courvoisier touche en plein coeur.
Christophe Brillaud au piano décore avec beaucoup de finesse, une belle musicalité, un contrepoint lumineux. C’est le mot qui pourrait symboliser ce spectacle, lumineux. La nostalgie ? Et alors ? La vie, et basta !
C’est aussi un album, disponible, avec la contrebasse de Bernard Lanaspée, l’ordre des chansons est un peu différent de celui du spectacle. C’est une invitation à voir le spectacle, à écouter l’album, et comparer. Risque d’addiction possible, tant on redécouvre un Ferré rajeuni. Romantique exalté, passionnément vivant.
Voir ici, les dates de concert, et autres renseignements utiles.
Extrait de l’album
https://www.youtube.com/watch?v=2yrRxvMP2-o
Norbert Gabriel
NB: après le spectacle , j’ai écouté et réécouté l’album plusieurs fois, quand on aime, etc. D’où une petite confusion à rectifier.
« Juste une petite précision, et ce n’est pas bien grave, le texte d’entrée Ludwig, n’est pas un extrait de Benoît Misère, c’est « je suis né près de la mer… » dit avant FLB qui l’est. Ludwig est un texte à part entière, au départ projet de préface pour une réédition des Carnets intimes de Beethoven et que Léo a dit un jour sur cette Ouverture d’Egmont de Beethoven, souvenir de ce moment de son enfance « et tu pensais qu’Egmont, c’était la mer… » et qui est donc devenu Ludwig; Léo l’a dit en dirigeant l’orchestre symphonique de Montréal, en 1986 (peut-être aussi ailleurs, mais ce n’est pas sûr…) Enregistrement du triple album Ludwig-L’imaginaire-Le Bateau ivre en 1981
Christiane Courvoisier