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Jacques Higelin…

14 Oct

higelin couv AAAOn pourrait sous titrer « le voyage du funambule dans les sentiers de la mémoire », une visite intime à laquelle on invite des amis, dont l’ambassadrice est Valérie Lehoux.

C’est l’histoire d’un enfant rêveur, parfois très sauvage, parfois très joyeux, un enfant solitaire, on ne guérit jamais vraiment de son enfance. Mais on la sublime.

L’enfance n’est pas folle. Elle est intransigeante. Elle est une force.

Dans cette enfance, tout le monde chantait, tout était prétexte à chansons. Et à spectacle.

Chanteur, comédien, musicien, voltigeur, tout est possible à l’enfant qui rêve. C’est cette faculté à réinventer le monde chaque matin, à se réinventer, c’est aussi celui qui ne triche pas, quand le roi est nu, il le dit. Quand le monde bafouille les droits élémentaires, il le dit : « C’est pas juste ! »

Avec cette intransigeance irréductible.

Ce livre n’est n’est pas un monologue, pas non plus un vrai dialogue question-réponse, Jacques ouvre des fenêtres sur sa vie, Valérie regarde le paysage, éclaire une ombre, comme des didascalies à l’attention des lecteurs.

Si vous connaissez un peu Jacques Higelin vous savez qui sont ses amis, ses amours, ses balises, si vous ne le connaissez pas bien, vous découvrirez que « des chanteurs y en a plein, Higelin y en a qu’un. »

Vous verrez aussi que le hasard a de drôles d’idées parfois, c’est la veille du 18 Octobre que meurt Henri Crolla, son ami, son maître, comme si la vie et la naissance de Jacques un 18 octobre était un pied de nez à la mort d’Henri le 17…

La vie continue, le rêve aussi, il paraît que Jacques Higelin va avoir 75 ans, c’est possible… Pour continuer la route avec lui, ces mots de Valérie Lehoux : « … il nous emmène en voyage On ne sait jamais à l’avance où l’on va. Il a le talent du surgissement. »

Et pour boucler la boucle:

Etre artiste, c’est aussi cela, savoir s’ouvrir vers la jeunesse, savoir comprendre les enfants… 

dit Jacques Higelin suite à une rencontre dans un spectacle, et pour savoir ce qu’il en est, il y a ce livre qui est en librairie, à vous offrir pour son anniversaire, le 18 Octobre .

Chez Fayard.

Norbert Gabriel

PS: bien évidemment, il n’est pas question que de l’enfance, mais tout commence par là en général…

MUSICALARUE, un festival pas comme les autres : entretiens avec THE HYENES, GERARD BASTE et ses complices XANAX et Dr VINCE, FLAVIA COELHO, PIERRE LAPOINTE, BILLY ZE KICK ET DÄTCHA MANDALA

14 Oct

Affiche Musicalarue

 

Les 14 et 15 aout derniers avait lieu à Luxey (Landes) l’édition 2015 du festival Musicalarue. Certes les événements musicaux ne sont pas exception en saison estivale, quoi que la diminution des budgets consacrés à l’art et à la culture mette en péril la survie de bon nombre d’entre eux. Mais la philosophie et l’organisation même de celui-ci ont fait, depuis plus de 25 années, de Musicalarue un festival pas comme les autres : durant tout un week-end, c’est le village entier de Luxey qui se transforme en une petite planète dédiée à l’expression musicale et artistique. Une multitude d’animations et de spectacles de rue, assurés par des artistes et compagnies plus ou moins anonymes, y jouxtent plusieurs scènes accueillant chanteurs, chanteuses et groupes un peu ou beaucoup plus renommés. Sans oublier que nous sommes dans les Landes : la fête est aussi dans les estomacs ! Buvettes et lieux de restauration établis pour l’occasion offrent aux visiteurs des produits artisanaux de gastronomies régionales et internationales. Tous les habitants s’impliquent dans l’accueil des festivaliers et l’hébergement d’artistes ; les bénévoles viennent parfois de plusieurs centaines de kilomètres de là pour participer et aider. L’investissement de chacun, l’esprit de convivialité, la grande diversité culturelle invitée à s’exprimer, et aussi la proximité avec les artistes expliquent sans doute le succès de fréquentation continue que connait Musicalarue depuis 1990. Ici nous sommes loin des gros événements industriels à budget dantesque où un attroupement public sous haute surveillance vient applaudir des stars de loin. Musicalarue véhicule d’autres valeurs : simplicité, partage, respect du public, accessibilité et humanité.

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Pas moins 60 artistes présents sur 4 scènes parallèles, plus des places et cours improvisés en lieu de spectacles, pour des publics multi-générationnels et polymorphes transcendant les clichés et les catégories : ici, il y en a pour tous les âges et tous les goûts, de l’ambiance familiale et bon enfant d’un public constitué de trois, parfois quatre générations, venues écouter et reprendre en cœur les chansons d’Hugues Aufray au concert de Rock échevelé ou de Rap militant, en passant par la scène électro et déjantée pour « teufeur » et le récital plus confidentiel de Chanson francophone. Mais si on aurait pu s’attendre à ce que l’éclectisme proposé induise que chaque genre musical, voire chaque artiste, draine son public propre, et lui seul, il n’en est rien. Les gens circulent, se mélangent, se découvrent. Pas de diversité sans brassage, ni échange.

luxey rue pascal batsCette année, à l’affiche du festival, nous comptions notamment pour n’en citer que quelques uns Cali, H.F. Thiéfaine, Pierre Lapointe, Mademoiselle K, Ez3kiel, Collectif 13, Big Flo et Oli, The Hyènes, Flavia Coelho, Zoufris Maracas, Punish Youself, Luce, Karimouche, Gérard Baste feat. Xanax and Dr Vince, Dätcha Mandala, Billy Ze Kick, Opsa Dehëli, Babylon Circus, Frero Delavega, Fréderic Fromet, Sofian Mustang, et tant d’autres.

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Nul doute qu’une revue entière ne suffirait pas à exposer la classe charismatique de Thiéfaine, la gouaille malicieuse de Karimouche, le Rock investi et percutant des The Hyènes, la grâce chaloupante de Flavia Coelho, la féérie de Pierre Lapointe, l’hallucinant débit verbal de Big Flo et Oli, le son puissant et introspectif des Dätcha Mandala, ou encore les petits embruns de folie et la grande vague d’amour de Billy Ze Kick. Et puisque quelques uns et quelques unes de ces artistes ont bien voulu en parler eux-mêmes, laissons-leur la parole.

 

 

Formé en 2005 à l’occasion de la création d’une musique de film par les deux anciens membres de Noir Désir, Denis Barthe (batterie) et Jean-Paul Roy (guitare) avec deux complices Olivier Mathios (basse) et Vincent Bosler (chant et guitare), The Hyènes, groupe que l’on croyait à ses début voué à une existence éphémère, trace sa route depuis maintenant dix ans et s’impose finalement sur la scène rock française comme une de ses formations les plus singulières, solides et même temps jubilatoires.

thehyenes/richard_aujard

 

– Bonjour messieurs et merci d’accepter cet entretien. Le groupe qui semblait au début s’être formé ponctuellement à l’occasion de la création d’une musique pour le film d’Albert Dupontel « Enfermé dehors » et sans y envisager de suite, existe depuis maintenant plusieurs années. The Hyènes, est-ce de l’éphémère qui dure ?

 

– Denis : On s’est un petit peu pris au jeu, c’est à dire qu’au fur et à mesure, suite au film d’Albert, on a fait un concert, puis deux, puis trois, avec quelques belles rencontres et des collaborations passionnantes, et on s’est finalement dit « pourquoi est-ce qu’on ne continuerait pas ? On va voir où tout ça nous mène ». S’il n’y avait pas eu de répondant chez le public, on aurait peut-être laissé tomber. Mais ça se passe plutôt bien jusqu’à maintenant. Après, on ne connait jamais la suite…

 

– D’où vient le nom du groupe ?

 

– Denis : D’un film de Dupontel, « Bernie », qui comporte une longue tirade sur l’hyène, dont la conclusion est qu’il est plus important d’être ami avec une hyène qu’avec des vrais amis. Quand nous avons eu terminé la musique de son film, et qu’il fallait signer, on trouvait ça stupide de signer avec nos quatre noms en file indienne, puisque nous avions fait cela ensemble. On cherchait un nom de groupe qui ne soit pas déjà pris, et on s’est souvenu de la fameuse tirade, et on s’est dit que ça ferait rire Albert qu’on choisisse ce nom. C’est un animal très sympathique, n’est-ce pas ? Le seul animal qui ose venir faucher sa nourriture au lion, la mâchoire la plus puissante du règne animal, bref un animal qu’on rêve d’avoir chez soi.

 

– Vous avez donné, peut-être à tort, l’image d’un groupe de potes qui jouent pour s’amuser, sans trop se prendre au sérieux. Quel est votre ressenti par rapport à cela ?

 

– Denis : Au départ, c’était vraiment à la déconnade. La musique du film de Dupontel que nous avons composée a connu un certain écho, et on s’est demandé pourquoi nous ne la jouerions pas en concert. Il y avait deux-trois demandes. En outre il y a eu aussi une dimension hygiénique : ça faisait longtemps qu’on n’était pas remontés sur scène ; c’était presque comme faire un footing. Alors, on vous rassure : on ne fait jamais de footing ! Et puis un des éléments déclencheur fut le split de Noir Désir: c’était terminé et moi et Jean-Paul avions une page blanche devant nous. Alors deux solutions : soit on se lançait chacun dans des expériences un peu fumeuses, soit on s’investissait dans ce projet qui était au départ une réunion de copains et était en train de devenir un vrai groupe. Au bilan de l’opération, à la création du deuxième album, nous avions déjà la volonté de trouver un label, un tourneur et un producteur. On a fait ça sérieusement, même si le mot « sérieusement » ne nous convient pas terriblement ; on avait déjà une autre ambition qu’au début, à savoir devenir un vrai groupe. Alors sans doute le démarrage de la formation nous a un peu desservis, au sens où beaucoup de gens prenaient encore cette aventure à la déconnade. Mais le fait est que par le dernier album, et puis le prochain qui va suivre, on a montré qu’on avait autre chose à dire. Et tant que nous nous faisons plaisir avec ce projet là, tant que les gens y sont réceptifs, et tant qu’on peut jouer en concert, il n’y a pas de raison qu’on range les armes.

 

 

– Vous avez joué récemment au Bootleg pour la soirée de solidarité organisée en soutien à l’ingénieur du son Jean Marc André, dit « Chinoi », qui lutte contre une grave maladie. Pouvez-vous nous en parler ?

 

– Denis : Chinoi est un très vieux pote ; on se connait depuis 1981. C’est dramatique, et c’est évident que Chinoi fait partie de la famille. Et là, on a un membre de la famille qui a de très gros soucis, et je trouve ça super que tous ces gens se soient déplacés et mobilisés pour le soutenir. Beaucoup de gens l’ont connu, et sur plusieurs générations, les derniers en date étant Dätcha Mandala. J’étais allé les voir en studio avec Chinoi, et j’ai retrouvé le Chinoi qui se comporte aujourd’hui comme quand on avait bossé avec lui à l’époque, c’est-à-dire avec son côté paternaliste et bienveillant : il rentre dans la musique, il essaye des trucs, il n’a jamais fini !

 

 

– On l’a vu à l’œuvre comme ingénieur du son, et comme enseignant à l’IREM de Bordeaux, et c’est quelqu’un qui semble très généreux, et qui a à cœur de transmettre sa passion, son savoir et son expérience. Il a travaillé avec des groupes qui ont très bien marché, d’autres moins, mais il est toujours resté identique.

 

-Vincent : C’est parce qu’il n’est pas sur des considérations showbiz ; son truc, c’est la passion de la musique.

– Denis : C’est quelqu’un qui a un bel ego, un ego à géométrie variable. Il s’adapte. Quand il tournait avec la Mano Negra, c’était génial et quand il travaille avec Dätcha Mandala, c’est pareil. Il s’investit sur le moment et n’a jamais été intéressé par la gloire, l’argent et les paillettes. Ce qui l’intéresse, c’est qu’un groupe sonne. Et puis il a son franc parlé et ses codes. Beaucoup de « profs » devraient être comme lui, et écarter un peu le côté académique.

 

 

– Revenons à vous. Où en êtes-vous justement au niveau de la préparation de votre album

 

– Denis : On est en train de travailler le prochain album, et petit à petit, on introduit des nouveaux morceaux dans le set des concerts. Actuellement on doit avoir quatre nouveaux morceaux.

 

 

– Le but est-il de tester les chansons devant le public avant de les enregistrer?

 

-Denis : Oui ; on les teste sur scène. Ce qui est difficile à faire, mais qu’on aimerait réaliser, c’est roder les nouveaux morceaux en concert, pour rentrer en studio en les ayant déjà expérimentés sur scène auparavant. Parce qu’on a toujours le syndrome de fin de tournée, quand on voit ce que les chansons d’un nouvel album sont devenues après avoir eu une existence scénique, de se dire que si elles étaient enregistrées après ce vécu, elles seraient encore mieux. A la fin, on sait les jouer ! Et puis des modifications se font au fil des concerts.

– Olivier : Elles sont parfois involontaires d’ailleurs, et puis deviennent volontaires par la suite.

– Denis : Tu te rappelles de la plante d’hier ? C’était génial !

 

 

– Êtes-vous en tournée actuellement ?

 

– Denis : Non. On fait des concerts pour essayer des nouveaux morceaux, mais ce n’est pas à proprement parler une tournée de présentation d’album. On a encore deux dates, dont une en Suisse, et après on va rentrer dans une phase de répétitions en studio pour travailler l’album.

– Vincent : On va rentrer en processus de création.Denis : Voilà : c’est ce que t’aurait dit un mec académique ! Il ne faut pas oublier qu’entre « artiste » et « autiste », il n’y a qu’une voyelle qui change.

 

 

– Quelles sont les thématiques que vous souhaitez mettre en avant désormais ?

 

– Denis : Là, nous avons quelques morceaux de montés, mais pour ce qui concerne les thématiques, Vincent vous en parlerait mieux que moi, car c’est lui essentiellement qui écrit les textes ; mais c’est imprégné de la vie, du quotidien, de ce qu’on ressent.

-Vincent : Il est un peu tôt pour en parler, parce que cet album est vraiment au stade d’embryon. Nous avons quatre morceaux. Le deuxième album était assez engagé, avec des textes abrasifs, et la musique qui va avec. Entre temps on a fait des compositions instrumentales en concert, et ça amène d’autres couleurs, qui appellent elles mêmes d’autres textes. L’ensemble va peut-être être un peu moins tendu.

 

 

– As-tu un processus ou un ordre de création entre la musique et le texte ?

 

-Vincent : Il n’y a pas de règle. Il y a des textes à part que j’essaye de mettre en musique et aussi des musiques qui appellent des textes. Il y a un million de façons différentes de créer ; je n’ai pas de règles. Parce que de toute façon à chaque fois qu’on essaye d’en appliquer une dans un domaine artistique, ça ne marche pas. Sinon on saurait comment on fait un tube, comment on gagne de l’argent ! On sait comment ça ne marche pas, mais comment ça marche, on le sait pas encore.

 

 

– Des collaborations sont-elles prévues?

 

 

– Denis : On est ouverts à tout ce qui se présente ; c’est comme ça que le BD concert « Au vent mauvais » a vu le jour. On terminait la tournée des Hyènes et quand Thierry Murat nous a proposé ça, on est partis sur ce projet là. Au départ nous pensions que ce serait un projet un peu confidentiel, et il se trouve que ça tourne finalement depuis un an et demi. On ne recherche pas les collaborations pour faire des collaborations, mais si demain un projet se présente à nous, nous y serons, pourquoi pas, sensibles.

 

– Vous qui avez participé à de nombreux festivals, et même été à l’initiative de l’un d’entre eux aux Terres Neuves de Bègles, que pensez-vous de Luxey ?

 

– Denis : On a déjà fait ce festival plusieurs fois ; on vient même en voisins, puisque nous habitons tous plus ou moins dans le secteur. Le concept même de ce festival est unique : fermer le village et en faire payer l’entrée, pour que les gens puissent y voir le théâtre de rue, les animations, y manger, y vivre pendant tout un weekend. Ce qui me plait aussi, et qui n’arrive plus très souvent, c’est qu’il existe encore la possibilité que le public croise les artistes the_hyenes-dominique clère-ruedans les rues, ait quelques échanges, parfois boive un coup avec. En outre les scènes ne sont pas des scènes gigantesques avec un public à cinq mètre de distance : il existe une vraie proximité avec tout ce qui se passe.

– Olivier : Et surtout ce n’est pas une grosse machine de guerre. Et ce qui est fabuleux c’est que le festival s’est monté et perdure dans un lieu où, à la base, on n’aurait jamais pensé pouvoir créer un événement pareil.

– Denis : Et vingt-cinq ans après, c’est toujours debout. Avec des bénévoles qui reviennent chaque année pour prêter main forte à l’organisation.

– Olivier : Il y a des bénévoles qui font cent bornes pour venir travailler ici ! J’ai vu plein de musiciens que je connais qui viennent ici faire du bénévolat. Les gens adhèrent vraiment à l’esprit de ce festival.

 

– Pensez-vous que la baisse de fréquentation que connaissent certains festivals comme le Reggae Sun Ska à Talence (Gironde) est due justement à un certain manque d’humanité ?

 

– Denis : Peut-être. Il doit y avoir sept ou huit ans que je n’y ai pas mis un pied. A l’époque où j’y allais, ce n’était pas encore organisé à Talence ; c’était dans le Médoc.

-Vincent : C’était à l’époque où Denis avait des dread locks…

– Denis : Ah oui ! Moi, je suis rasta à l’intérieur ! Ceci dit puisqu’on en est à parler des festival rock d’été, il faut dire qu’on coupe les budgets des manifestations culturelles, pendant qu’on rembourse des milliards sur des bateaux de guerre et qu’on trouve trente briques pour aller faire la guerre au Mali. Et pourtant la culture en France rapporte plus que l’industrie automobile. Comme d’habitude, qu’on soit gouvernés par la droite ou la gauche, on a une bonne bande de crétins en place. On a ravalé les colonnes des Girondins à Bordeaux ; je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire. Mais pour ça, on n’a pas eu de problème de budget. En revanche pour ce qui concerne l’éducation et la culture, on ne tient pas le même langage.

 

 

-Le festival des Terres Neuves à Bègles, à l’origine duquel vous étiez, Denis et Jean-Paul, a cessé d’avoir lieu, au grand regret des Bordelais. Renaitra-t-il ?

 

– Denis : Avec Jean-Paul, nous avions initié ce festival, le postulat de base étant qu’une association travaille avec nous, et qu’au fur et à mesure on laisse les rennes du festival à cette association, pour rester en périphérie et n’être là que pour entretenir les bonnes relations entre tous les gens, parce que nous avons tous les deux une voix qui porte un peu plus, de par notre notoriété. Nous avons donc progressivement lâché les commandes du festival, et deux ans après, il a disparu. De plus, ce qui a été très élégant, c’est que nous avons appris la disparition du festival par la newsletter, comme tout le monde. On pensait pourtant être aux premières loges pour savoir ce qu’il en était. Ce qui est triste c’est que ce festival a disparu au moment où il commençait à être bien identifié par les professionnels et par le public aussi, et au moment où il commençait à bénéficier de subventions qui lui aurait permis d’avoir un peu plus d’ambition. Je suis vraiment désolé que ce se soit terminé ainsi.

TheHyenes philippe gassies

 

 

Changement d’esthétique sonore pour une rencontre avec l’ancien micro du groupe Hip Hop alternatif Svinkels, Gérard Baste, et ses complices Dr Vince et Xanax.

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– Les garçons, bonjour et merci de nous recevoir. Vous avez mené une vie scénique très intense à l’époque des Svinkels. Quel a été votre parcours depuis la dissolution du groupe ?

 

– Dr Vince : Après les dernières représentations des Svinkels où j’ai officié comme DJ, on est partis au Japon ; bien sur on a joué devant un petit noyau de connaisseurs, mais ils avaient tous les disques des Svinkels. Et puis on est revenus faire des dates à Paris, et on n’a pas chômé. Les mixtapes ont bien marché ; « Dans mon slip » est restée classée n°2 sur I-Tunes pendant plusieurs semaines. Pour l’instant, on s’amuse, et les vrais projets, non pas plus professionnels, car tout ce qu’on fait, on le fait en professionnels, mais disons avec plus de moyens vont arriver.

– Gérard : Je viens de sortir un album, fin juin, en mixtape avec 5 inédits. J’avais sorti un autre album il y a 4 ans avec Dr Vince, ce qui fait que depuis le dernier album des Svinkels, j’ai quand même sorti deux projets, en plus du Club des 7. Et puis il y a un album solo à venir « Le prince de la vigne ». On n’a pas vraiment arrêté ; mais on fait les choses différemment que dans l’univers showbiz des tournées à grande vitesse. Depuis la fin des Svinkels, on a fait peut-être 200 concerts ; on a quasiment 2-3 plans par mois pour jouer. On est en tournée permanente. Puisque vous êtes de Bordeaux, on est passés au « BT59 » y a quelques mois. Y a qu’à Brest qu’on n’est pas encore passés, mais ça ne va pas tarder. Pour l’instant les vrais projets ne sont pas encore sortis ; on a des morceaux qui sortent à droite, à gauche, des petits featurings, Dr Vince qui sort des singles comme « Bababam », disponibles sur toutes les plateformes de téléchargement légal et en 45 tours. On joue un peu sur nos acquis, et on prolonge en quelque sorte l’aventure des Svinkels en ajoutant des morceaux à nous.

 

– En parlant des Svinkels, que devient Nikus?

 

– Gérard : On se croise de temps en temps. Arrêter le groupe a été un gros pas pour tout le monde ; quelles que soient les dissensions qu’il y a pu avoir, ça reste une belle aventure. Ceci dit nous ne souhaitions plus travailler ensemble. Aujourd’hui, moi j’aime faire de la musique, même si je n’ai pas beaucoup de temps pour en faire. Je planche sur mon album, Xavier sur le sien, et j’imagine que Nikus compose des morceaux à lui. En plus je ne suis plus sur Paris, donc on se croise rarement, mais de temps en temps quand même, dont une fois récemment pour la bonne cause, puisque c’était pour un concert d’hommage à Schultz [NDLR chanteur de Parabellum] qui nous a quittés il y a quelques mois ; hélas c’était une très belle soirée, mais pour une triste raison. Néanmoins ça nous a tous fait plaisir de nous retrouver dans un contexte comme celui là, plutôt que pour de mauvaises raisons.

 

– Fais-tu encore de la télé ?

 

– Gérard : Exact ! J’anime une émission musicale le matin sur MTV, qui s’appelle « Sachez-le ». J’y raconte des anecdotes qui ont trait à la musique, parfois croustillantes comme la fois où Eric Clapton a surpris Mick Jagger et David Bowie dans une chambre. En fait les petites histoires qui font tout le sel de l’Histoire du Rock’n’Roll. J’adore MTV, pace que c’est une chaine américaine marrante quand même, même si ce n’est plus exactement ce que c’était avant.

 

 

– Quelles sont les collaborations qui vous entourent actuellement?

 

– Gérard : Les amis sont toujours présents. Xavier sera évidemment sur l’album. Et puis j’aimerais faire des collaborations avec certaines personnes, mais je n’ai pas encore pu les contacter. A mon avis il y aura quand même une petite collaboration avec Stupeflip. Parce qu’il faut savoir que Dr Vince, qui est DJ de Gérard Baste et avait été recruté à l’époque des Svinkels est aussi le DJ de Stupeflip.

– Dr Vince : Je ne travaille qu’avec les meilleurs !

 

 

– Que pensez-vous de ce festival ?

 

– Dr Vince : Les gens nous ont prévenus que c’était génial. Et nous, on était chauds pour venir, car on joue souvent devant des publics de 300 personnes, dans des salles moyennes, comme récemment au « Velvet » à Clermont Ferrand, qui est devenu le « One O One ». On y était déjà passé, après avoir fait la Coopérative de Mai, et quand on est revenu, c’était blindé : tous les gens étaient au rendez-vous. L’autre fois, on a joué à Toulouse : les gars étaient en string sur scène pour slamer… Nos concerts sont souvent dingues.

– Xanax : Enfin, ça peut être dingue, mais il ne faut pas non plus croire que c’est du n’importe quoi. On a fait énormément de dates. Ce qu’on aime, c’est l’énergie. Et on pense qu’ici, ça va tuer !

– Gérard : Il faut préciser qu’ici, nous avons une scène particulière. Imagine un genre de salle de danse Country, qui a l’aspect d’une grange avec du bois à l’intérieur et une belle scène. Je pense que c’est la première fois qu’on voit un festival organisé de cette manière là, c’est-à-dire dans un village entier, dans toutes les rues du village avec plusieurs lieux qui servent de scène, un peu comme une kermesse géante ; c’est assez rare.

– Xanax : Et où tous les habitants participent. Les gens qui nous hébergent sont tout sourire, et l’accueil est vraiment sympathique et chaleureux. Tu vois, quand on entend toujours critiquer la France, ça fait plaisir de vivre ça : on est bien en France ; il y a des gens chaleureux et humains. Demain on va en Vendée, et on sera bien reçus aussi. Il y a encore des personnes partout qui savent vivre et recevoir des gens comme nous, qui ne sont pas forcément en haut de l’affiche, des personnes qui suivent et participent à la vie artistique. Y a plein d’artistes ici, petits ou grands, Cali et d’autres. Big Flo…

– Gérard : Big Flo et Cali ! C’est un nouveau groupe ! Big Flo qui rape et Cali qui chante, c’est génial. A voir absolument ! Si vous êtes de droite, n’y allez pas. Trêve de plaisanterie. Aujourd’hui, nous, on a fait un choix qui est de faire de la musique sans le stress qu’on a connu avant, en s’imposant d’être performants, de faire des grosses tournée. Aujourd’hui on veut faire de la qualité pour se faire plaisir et faire plaisir aux gens. Par exemple hier, au lieu de se faire le trajet d’un trait en 7 ou 8 heures de voiture, on y est allé tranquilles, on s’est arrêtés dans un petit gite tenu par des Anglais, des gens adorables, on s’est posés, on a bu des coups et profité. Les Svinkels, c’était un peu une grosse machine de guerre. Maintenant on a plus de 40 ans, enfin pour deux d’entre nous, et on essaye de faire vraiment les choses à la cool, sans la boule au ventre qu’on peut avoir quand on joue dans des gros machins industriels, avec des relations de groupe difficiles à gérer.

– Xanax : On fait les choses entre amis, sans se prendre la tête, juste pour prendre le plaisir là où il est. Et puis pour ce qui me concerne, je finalise mon album personnel pour la rentrée.

 

 

– Peux-tu nous en parler ?

 

– Gérard : Qui sera orienté soul, funk et hip hop, essentiellement en Anglais.

– Dr Vince : Si tu aimes Prince, Bruno Mars, n’écoute pas ! Je rappelle que Xanax était sur de nombreux projets avec Sébastien Tellier et DJ Mehdi, qu’il a participé à beaucoup de morceaux et chanté, et que c’est là où il excelle. Xanax, ce n’est pas qu’un rappeur.

– Gérard : D’ailleurs on avait essayé sur le dernier album des Svinkels « Dirty Centre » de mettre en avant le chant en Anglais justement.

– Xanax : Ce qui est bien, c’est que j’ai deux attachés de presse là ; je n’ai pas besoin de me vendre moi-même !

 

– Qu’as-tu envie de transmettre dans ce projet personnel?

 

– Xanax : C’est-à-dire que comme disait Gérard, on n’a plus 20 ans et à un moment donné il faut savoir qui on est, ce qu’on veut faire et ce qui va être capable de nous démarquer des autres. Je pense qu’on a passé beaucoup de temps à subventionner tout et n’importe quoi, et maintenant on sait que la relève est là, que d’autres sont capables de la faire. J’ai d’autres aspirations, me coller quelque part où y a un truc sur lequel je peux m’allonger, fumer des joints et jouer aux jeux vidéos par exemple.

– Gérard : C’est hyper différent d’y a 15 ans en effet !

– Xanax : Mais avant, je n’aurais pas tenu en place. A 25 ans, tu as envie de rester jusqu’à 6h du matin faire la fête et bouger comme un fou. Plus à 43.

– Gérard : Je me rappelle d’un concert qu’on avait fait à Auch, où Xanax était fatigué, et y avait tellement pas de monde qu’il s’est couché et nous a fait un concert génial dans un duvet allongé sur la scène ! C’était très drôle.

GeRARDBASTE

 

 

La première soirée s’achève dans une excellente humeur après 5h du matin pour les plus tardifs des festivaliers. Courte nuit avant de retrouver Flavia Coelho, tout juste arrivée à Luxey, dont le sourire rayonnant et la joie communicative trahissent à peine l’état de fatigue d’une artiste sur les routes, peu économe de sa personne et donnant de son cœur à chaque représentation. Cet entretien fut mené en collaboration avec une équipe de TV Landes [http://www.tvlandes.fr/].

Musicalarue 2015 - Crédit photo : Benjamin Pavone // Photographie

 

– Flavia, bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Tu es en tournée de présentation de ton deuxième album. Comment cela se passe-t-il ?

 

 

– La tournée se passe très bien ; nous l’avions commencée avant même la sortie de l’album, au Printemps de Bourges en avril. Avec un peu d’appréhension tout de même, car mon premier album avait été, à ma surprise, très bien accueilli par le public, et cela induisait une petite pression vis-à-vis de l’accueil réservé au second. Mon délire est de faire de la musique librement, d’essayer de toucher tout le monde avec ma musique, sans que forcément on me cloitre dans une case, et ça a été plutôt bien accepté, avec beaucoup de joie. Les concerts sont pleins, les gens sont contents et ne se posent pas la question de savoir quel genre de musique je fais. Ils sont contents de venir et passer un beau moment. On a fait beaucoup de dates et pas mal voyagé, entre l’Afrique, l’Australie, la Nouvelle Zélande et l’Europe. On n’est pas encore allé jouer au Brésil, mais c’est dans nos plans pour très bientôt.

 

 

– Tu avais un début de carrière prometteur au Brésil. Pourquoi avoir décidé de changer de pays pour démarrer une nouvelle expérience ?

 

– Je suis arrivée en France en 2006, avec l’envie de faire mon premier album. Dans mon pays, je chantais depuis l’âge de 14 ans, mais je n’étais pas auteur-compositeur. Je chantais les chansons des autres, et cela m’a fait passer par beaucoup de musiques différentes. Alors je m’étais toujours dit que si un jour je faisais mon propre album, je viendrais à Paris. J’y ai passé deux semaines, à profiter de beaucoup de musiques, notamment avec des musiciens africains, brésiliens, serbes, croates, russes, orientaux, qui se mélangeaient entre eux, et jouaient parfois de la Bossa Nova, du Jazz, de la musique africaine, entre autres. J’ai rencontré le chanteur d’origine camerounaise Pierre Bika Bika qui m’a vraiment appris une façon de faire la musique et qui m’a permis de développer mon identité musicale. Victor Vagh, un producteur français a relevé le défit d’accepter une chanteuse brésilienne qui ne voulait pas faire que de la Bossa. Bien sur cette musique fait partie de ma vie ; mais je ne voulais pas faire que de la musique traditionnelle. Et puis je ne suis pas seule dans l’aventure : nous sommes 6 sur la route et il y a plein d’autres personnes qui nous aident à développer ce projet, répondent au téléphone, posent les affiches, nous soutiennent. J’aime bien mettre en avant le fait que nous sommes plusieurs à travailler ensemble. On n’est jamais tout seul, et c’est le message que j’essaye de faire passer avec ma musique. C’est important de partager.

 

 

– Quelles sont les collaborations qui ont participé à ton deuxième disque ?

 

Pour le deuxième album, j’ai fait appel à mes copains : Tony Allen, Fixi, Patrice, Speech d’Arrested Development, des gens que j’aime bien. Je n’avais pas pu le faire pour le premier, car il y avait beaucoup de chansons, et la maison de disque a jugé qu’il y en avait même un peu trop, et qu’il faudrait en placer sur un deuxième. Donc de façon assez naturelle, j’ai pu profiter de ce disque pour faire des collaborations avec les artistes que j’aime.

 

 

– Quelles sont les thématiques que tu souhaitais aborder ?

 

– Je ne m’impose pas de thématiques, en me disant par exemple qu’un jour je vais m’assoir et écrire sur tel ou tel sujet. Il y a des gens qui le font très bien ; ce n’est pas encore mon cas. De façon assez inconsciente, j’ai pensé parler du Brésil, de la situation de la femme dans mon pays, des situations économiques et sociales. J’ai 35 ans et j’ai passé ma vie au Brésil ; je connais bien ce pays et les changements qu’il a vécu : la chute des dictatures, l’avènement de la démocratie, le boum économique. J’ai donc commencé à en parler dans mes chansons, mais de façon naturelle, sans le planifier. J’essaye de trouver une légèreté et de la pureté, même si je parle de sujets assez durs, parce que ce n’est pas tout le temps facile : ce n’est pas parce qu’on sourit que tout va très bien. Et j’essaye de trouver des solutions, sans donner de leçon, dans ma musique comme dans ma vie quotidienne.
Bien sur quand j’ai présenté mes morceaux aux maisons de disque, on me demandait où était ma guitare, ma grande jupe avec les fleurs et ce genre d’éléments qui constituent le cliché de la Brésilienne. Les clichés ne me dérangent pas au sens où ils permettent de voyager. Mais moi, je ne suis pas née dans les années 40 ; je n’ai pas vécu cette culture là. Je l’ai connue plus tard, d’une autre façon. Je suis d’une génération qui écoutait Dr Dre, Salif Keïta, Youssou N’Dour, Rokia Traore, Eminem, la musique arrivée des Etats Unis qui balançait les codes du ghetto, le Reggae de Jamaïque. C’était ma réalité. Je ne pouvais pas mentir en faisant un album de Bossa Nova pour vendre peut-être 20 000 exemplaires et avoir de jolis papiers sur moi. Je voulais m’amuser et dire des choses qui sont en accord avec mon âge et mon époque, ma conscience aussi.

 

 

– Comment appréhendes-tu le fait de venir jouer à Luxey ?

 

– Je n’ai pas encore eu le temps de faire un tour, parce que je viens juste d’arriver. Mais je suis contente d’être là, car c’est un grand festival. Beaucoup d’ami l’ont fait et m’en ont parlé. Ma copine Karimouche a joué hier soir, et il y a de très beaux artistes présents. Déjà rien que le fait d’être dans un festival, n’importe lequel, avec mes camarades qui m’accompagnent pour jouer ma musique, c’est bouleversant. Ce soir nous serons trois sur scène avec Victor qui a produit mes albums et joue du clavier, de la basse au clavier et de la percussion, le batteur, et moi à la guitare et au chant. On va présenter mes deux albums, en un festival de sons d’Afrique, de Caraïbes, Hip-Hop, Reggae et Raggamuffin…en Portugais !

 

 

– Est-ce que tu chantes aussi en Français ?

 

 

– Cela arrive. J’ai un morceau qui s’appelle « De Paris à Rio » ; mais pour ce qui concerne les chansons du deuxième album, l’écriture en Français ne m’est pas venue. Ceci dit j’essaye d’expliquer aux gens ce que mes chansons racontent, afin qu’ils en connaissent le sujet. Mais on est là pour faire de la musique, pas pour parler trop.

 

 

– Peux-tu nous dire quelques mots du duo auquel tu as participé sur l’album d’HK et Les Saltimbanks, « Les temps modernes », et, puisque que Karimouche qui a joué hier était également présente sur ce même album du groupe pour un autre duo dans la chanson « Sous les pavés, la Bohême », si elle risque de peut-être chanter dans ton concert ce soir?

 

– Je ne sais pas ! Non, normalement aujourd’hui, Karimouche est en repos, et j’aime bien respecter le repos des artistes. HK et Les Saltimbanks sont des amis. Je les aime beaucoup. Ils ont une réelle démarche d’engagement, dans leurs vies, leurs paroles, leur musique. J’ai eu la chance d’être invitée sur leur album pour cette chanson qui évidemment me parle, « L’étranger », puisque je connais très bien la situation d’immigré et d’étranger. Au Brésil, ce n’est pas encore comme en Europe : nous commençons juste à accueillir et recevoir des immigrés venus d’ailleurs, et en même temps c’est quelque chose qui existe depuis toujours dans notre héritage culturel, puisque nous sommes tous venus d’ailleurs. Le peuple brésilien est un peuple qui a réussit d’une certaine manière à mettre les affaires d’immigration de côté : nous sommes tous immigrés de quelque part à l’origine. Donc ce n’est pas si important que ça pour nous d’en parler. Mais je pense que c’est important d’avoir des groupes comme HK et Les Saltimbanks qui parlent de ce sujet là ici. J’ai donc répondu à leur appel avec plaisir.

 

 

– Tu as collaboré avec beaucoup d’artistes déjà. Quel est celui ou celle qui n’est pas encore entré dans ton monde et que tu aimerais y inviter ?

 

– Il y a toute une file de gens que j’aimerais faire entrer dans ma tante ! Je fais ce métier parce que j’adore les artistes. Je suis fan. Dès que je finis mon concert, je me change et je vais voir d’autres concerts. Je vois beaucoup d’artistes connus et d’autres aussi moins connus du grand public. Je considère beaucoup ces gens, car moi non plus je ne suis pas très connue du grand public. Mais j’adore tous les artistes. Et il y en a beaucoup avec qui je voudrais collaborer. Rien que dans la chanson par exemple, il y a Mathieu Boogaerts, Alexis HK, Zaza Fournier, Karimouche, Fixi du groupe Java. Et puis beaucoup d’artistes d’Orient, d’Afrique… Je ne peux pas livrer de nom, parce que si je commence à en citer, je ne pourrais plus m’arrêter.

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C’est à peine quelques minutes plus tard que nous avions rendez-vous avec un «chanteur populaire extraordinaire», comme il se défini lui-même, non sens humour, dans un élan d’autodérision bien sentie, et de manière sans doute aussi un peu revendicative, tant Pierre Lapointe porte la conscience d’un art non-élitiste et pourtant soucieux de qualité et de beauté. L’artiste québécois se livrait à nous juste avant d’offrir au public un récital magnétisant, seul au piano, délicieux et authentique. Pierre Lapointe, seul artiste dont le public entier s’assit au début du spectacle pour ne pas le quitter des yeux et des oreilles, sans qu’aucune personne ne se lève avant la fin. Et à la fin, debout, nous l’étions tous pour un rappel qui devait amener le chanteur à revenir interpréter « C’est extra » de Léo Ferré.

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– Pierre, bonjour et merci de nous recevoir. Tu as très tôt rencontré le public français et su capter son attention. Est-ce que cela a fait naitre un lien privilégié avec la France ?

 

Quand on est à l’intérieur de ce métier et qu’on a la position que j’occupe, on ne saisi jamais vraiment l’image que les gens ont de nous ; c’est dur de savoir jusqu’à quel point les gens nous suivent. Ce que je peux dire du public français, c’est que je l’ai toujours approché exactement comme j’avais abordé le public québécois, c’est-à-dire que je n’ai jamais changé mes spectacles pour les adapter spécialement. Ceci dit une chose particulière se passe ici : au Québec, comme je suis très connu, il y a toujours beaucoup de monde à mes shows, un public très large, parce que je suscite une curiosité ou un intérêt, alors qu’en France les gens qui viennent me voir sont vraiment fans et on réellement le désir de participer à quelque chose. Je me donne beaucoup en France et je viens souvent. Donc d’une certaine façon, c’est une relation privilégiée, et en même temps étrange.

 

– Es-tu en tournée ou venu spécialement pour Musicalarue ?

 

J’ai fait deux dates cette semaine, mais le gros de la tournée s’est déroulé entre novembre et avril l’an dernier. Et puis normalement en novembre prochain, j’entame une quinzaine de dates encore, notamment au Théâtre du Rond Point à Paris, suite à quoi, je prendrais probablement une pause jusqu’au prochain disque. Malheureusement je suis arrivé il y a à peine 40mn, et je pense que pour saisir l’essence d’un festival, il faut s’y balader, voir plusieurs spectacles. Donc je ne peux pas réellement parler de mon ressenti. Mais l’équipe est hyper sympathique ; je suis très bien reçu. J’ai fait par le passé peut-être trois ou quatre fois le tour de la France, en jouant dans des villes que sans doute la majorité des Français n’a jamais vu de sa vie, mais hélas je ne me souviens pas de grand-chose, à part des loges, parce qu’une tournée c’est souvent ça.

 

 

– As-tu ressenti une ambiance différente quand même selon les régions ou les villes ?

 

– Il y a des salles ou on passe, des villes dont on se rend compte qu’elles sont très dynamiques artistiquement parlant, ne serait-ce qu’en marchant dans les rues et en regardant l’architecture des salles de spectacle, comme Nantes et Lille. On sent que ces villes ont beaucoup misé sur l’art, et que le public est très réceptif. Je ne savais pas cela avant d’y aller, mais je l’ai ressenti, et en ayant eu connaissance par la suite des événements artistiques qui y ont eu lieu, et de la volonté de l’administration municipale de Nantes de s’investir auprès des artistes, je comprends le dynamisme du public et sa sensibilité à l’importance de l’art, qu’il n’y a nulle part ailleurs dans le monde. On n’a pas vraiment cela chez nous, parce que la force démographique n’est pas la même : les grosses villes ne sont pas si grosses que ça. C’est cool pour un Nord-Américain de venir ici et de voir l’importance de l’art dans votre pays, et que ce n’est pas juste une histoire de mécénat privé.

 

 

– Tu as développé un univers très onirique, voire féérique, en utilisant paradoxalement parfois des images et un vocabulaire crus, notamment à propos du sexe, avec une poésie qui peut évoquer parfois l’écriture d’Isaac Babel. Qu’est-ce qui a influencé la création de cet univers ?

 

C’est passé pour moi par les arts visuels, qui ont été le moteur de tout. J’ai vu beaucoup de théâtre et de cinéma, étant adolescent, écouté beaucoup de musiques aussi, en étant assoiffé d’être un peu déstabilisé. C’est ce sentiment qui m’attirait. J’ai toujours été ému par des choses qui étaient dérangeantes, mais qui me donnaient du beau. Je reste dans cette volonté là, de provoquer une émotion qui nous fait toucher quelque chose de plus grand. Et quelque chose m’a toujours mis mal à l’aise avec la chanson, c’est-à-dire qu’on dirait qu’elle s’est aseptisée avec les années, sans doute parce que c’est un medium qui a généré beaucoup d’argent. Une industrie s’est créée autour de la chanson, et cette industrie là a voulu faire quelque chose de pas trop dérangeant pour s’assurer un minimum de public. Ce phénomène ne s’est pas produit en littérature, au théâtre ou en danse contemporaine, en tout cas pas autant. Je suis constamment en lien avec les gens qui travaillent dans ces milieux, avec les plasticiens aussi, et j’ai toujours trouvé ça dommage que la seule fois où on entend parler du thème de la sexualité en chanson, où on décrit vraiment une situation ou une émotions sexuée, c’est dans le Hip Hop où les filles sont traitées de salopes et les mecs disent « ben mets toi à genoux, que je te baise, ma grosse conne ». Je trouve ça assez horrible que personne ne parle de sexualité ouvertement de façon saine et belle. Et ça ne veut pas dire en n’utilisant pas des mots choquants, car j’ai remarqué que quand on utilise de tels mots dans un contexte de chanson un peu léchée, très bien présentée et de belle manière, ça déstabilisait beaucoup les gens. Donc ça m’a donné envie de travailler encore plus dans ce sens. C’est pour moi une façon de dire que la chanson a le même pouvoir de recherche intellectuelle que le théâtre, la danse ou l’art contemporain, sauf que c’est sous-exploité. J’essaye de travailler, sans prétendre réinventer la chanson, parce que les codes en sont très solides et beaux, et que je fais vraiment une la chanson classique. « Paris Tristesse » n’est pas un bon exemple parce que je l’ai fait en collaboration avec des artistes d’autres disciplines. Mais j’essaye, tout en gardant cette forme très précise, d’amener la chanson ailleurs et de l’utiliser comme moteur de recherche et de réflexion. Et ça passe par une volonté de ne m’imposer aucune censure.

 

– Est-ce ce qui te motive par-dessus tout ?

 

– Un créateur intéressant, ce n’est jamais un créateur mièvre. Le plus dur est de trouver qui on est vraiment, et ensuite il faut faire des choix radicaux pour rester en phase avec soi même. A partir du moment où on s’est trouvé et on est solide sur nos deux pattes, il faut faire tout sans aucune retenue, parce qu’on est là pour ça. Il y a des gens qui travaillent dans des bureaux, des politiciens… Tous on des codes et il faut respecter ces codes. Chez les artistes, il y a des gens qui ont plus de visibilité que d’autres, des gens qui sont plus dans la provoc’ , mais il ne faut jamais être mièvre. Sinon, ça ne donne rien.

 

 

– Les arts plastiques et graphiques participent beaucoup justement à ton univers. Es-tu un artiste pluridisciplinaire ?

 

Oui. J’ai étudié les arts plastiques et le théâtre, mais je n’ai jamais fini mes études, parce que la chanson est venue me chercher. Néanmoins j’ai toujours été proche de l’univers des plasticiens, parce que, comme la musique d’ailleurs, quand j’étais adolescent, ça m’a sauvé. On a tous eu une adolescence compliquée ; la mienne n’était pas pire que d’autres, mais j’ai toujours été branché sur ce que je ressentais. Et une des choses qui m’a sauvé a été d’avoir un piano, d’être en contact avec le travail de certains artistes dans l’art visuel, d’aller voir du théâtre. Cela me réconciliait avec l’humain ; et c’est toujours le cas. Dans ma tête, il n’y a pas de frontière entre les différents media artistiques : pour moi, on fait tous la même chose ; on veut tous créé une émotion chez l’autre. On fait tous de la recherche pour décrire l’émotion humaine qui nous habite depuis notre arrivée sur terre, parce que je pense que l’humain n’a pas changé émotionnellement et ne changera pas, même si nos connaissances évoluent. Je compare la recherche artistique à celle de scientifiques dans un laboratoire qui essayent de trouver des médicaments pour soigner les maladies : on fait exactement la même chose, sauf qu’on cherche des nouveaux langages pour que l’humain puisse s’exprimer et évacuer l’émotion. Pour moi notre rôle est aussi important dans la société.

 

 

– Les thématiques de tes chansons sont souvent intimistes et tu n’as pas la réputation d’être un chanteur engagé, au sens militant. Comment conçois-tu l’engagement dans ton art ?

 

Je n’ai jamais vraiment pris des positions publiquement, politiquement parlant, parce qu’à partir du moment où tu es connu, tout est récupéré. Les politiciens ne pensent pas comme nous ; eux veulent le pouvoir et calculent tout pour y parvenir. Donc je me tiens extrêmement loin de ça. En France, ça ne me gène pas, parce que ce n’est pas mon pays ; mais au Québec, je ne veux être récupéré par personne. Ceci dit, tout ce que j’ai fait comme choix dès le début de ma carrière était des choix engagés, pas politiquement dans le sens électoral, mais il y a toujours une conscience derrière. Je suis très attristé de voir à quel point les media de masse ne parlent pas d’art contemporain et de ce qui se passe sur la vraie scène. Le message qu’ils véhiculent est extrêmement petit et essaye de ne pas trop déranger. J’ai décidé de me battre contre cela, mais en jouant le jeu. C’est pourquoi j’ai participé à l’émission « The Voice » au Québec et fait des apparitions avec des succès radiophoniques, pour que ça marche. Pour moi, plus tu touches de monde, plus tes gestes suscitent par la suite un réel intérêt et ont un réel impact. Quand je m’habillais pour « The Voice », je faisais exprès de choisir des habillements particuliers, qui étaient peu connus au Canada, et je sais que ça a suscité la curiosité chez certaines personnes, qui sont allées chercher plus loin. J’ai fait aussi des choix de chanson qui n’avaient rien à voir avec ce qui se présente normalement, et à force de travailler comme ça, les gens viennent me chercher pour ça aujourd’hui : je travaille avec le musée des Beaux Arts de Québec, avec des expositions à Montréal. J’ai nourri une image qui porte un message, et ce message est totalement intégré à cette volonté de changer les choses un peu. Dans quelques semaines je vais être co-animateur d’un show télé consacré à la musique que j’ai créé avec ma meilleure amie sur Radio Canada, la télé nationale, et ce sera un point culminant de ma démarche. On fait de grosses concessions, parce que c’est la télé nationale avec de gros budgets, mais on arrive à passer des choses qui ne se sont jamais vues à la télé, ni en France, ni au Québec, ni en Amérique. On a appelé les directeurs artistiques qui ne font jamais de télé, on fait des « mix and match » d’artistes qui ne sont jamais sur des plateaux télé en même temps, et bien sur on parle de musique aussi avec un côté un peu potin, car il faut plaire à un maximum de gens tout en ayant des centaines de choses en trament en dessous. Les gens vont manger de l’art contemporain, et ne s’en rendront même pas compte. C’est pour moi un engagement, un peu ma raison de vivre. L’art est mal vendu et mal présenté à la télé ; il faut donc y familiariser les gens. Donc je vais tenter ça. Peut-être que dans un an je reviendrais sur mes positions en me disant que c’était vraiment une mauvaise idée ; mais à date, ça marche. Je ne suis pas un gars qui fait du bénévolat ou du militantisme instinctivement ; ça serait faux pour moi de faire ça. Mais faire le pont entre une famille d’avant-garde et une famille plus pop, c’est très précieux pour moi. C’est vraiment pour ça que je suis là. Et ça fonctionne, quand tu n’es pas là pour redorer ton image mais pour passer un message en toute sincérité. C’est là que l’être humain est le plus beau : quand il créé. Et l’humain a besoin de se rassembler, de sentir qu’il fait parti de quelque chose, parce qu’on est un animal de clan. On a besoin de vivre en troupeau, et l’art fait que les gens se rassemblent.

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Plus tard dans la soirée, nous avions le plaisir d’une rencontre émue, avec un brin de nostalgie, ayant connu comme beaucoup dans nos vertes années, les tubes « Mangez-moi » et « OCB ». Revenant sur le devant des scènes avec son nouvel album «Artémis Révélation », Billy Ze Kick est désormais elle aussi une artiste au public multi générationnel dont les morceaux sont repris en cœur par des quadragénaires nostalgiques de la chasse aux champignons autant que par des adolescents d’aujourd’hui habitués des lieux festifs pour qui ses chansons sont devenues des titres cultes. Leçon de fantaisie, de combativité et d’amour de la vie, avec beaucoup de naturel et de sincérité, de la part d’une artiste qu’on a plaisir à revoir. « Ils ont des champignons, vive les Bretons ! …»

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– Bonjour et merci d’accepter cet entretien. Tu reviens sur les scènes des festivals 20 ans après tes premiers succès. Quel a été ton parcours durant les années où le grand public t’avait perdue de vue ?

 

Vous parlez, j’imagine, de « Mangez-moi » et du premier album « Billy Ze Kick et Les Gamins En Folie » qui est devenu avec le temps un album un peu culte. Ce disque a finalement traversé les générations et les gens aiment bien l‘écouter ; ça les ramène dans une espèce d’espace-temps un peu euphorique. L’album date de 1994, mais on me demande d’en jouer les titres en concert ou sur des festivals assez régulièrement. A la suite de ce disque, j’ai fait un album « Paniac » avec des musiciens, car j’en avais un peu marre de jouer avec des machines à ce moment là, et envie d’autre chose. J’avais embauché M, Juan Rozoff et de bons musiciens pour que le disque ait un son plus professionnel et humain. Et puis j’ai retrouvé Les Gamins En Folie vers l’an 2000 pour composer des chansons, plutôt engagées, qui abordaient le thème de la mondialisation, les problématiques autour de Monsanto, entre autres. C’est alors que je suis devenue maman ! C’est une expérience aussi, fémininement parlant, un travail à plein temps, et une leçon de vie de connaitre ce qu’est la vie d’une femme seule qui élève son enfant. Et voilà le nouvel album sur lequel je travaillais avec des musiciens qui arrive, « Artémis Révélation ». Donc en 2015, je joue les titres de mon album, et bien sur les chansons de mon répertoire qui font toujours plaisir au public. C’est super cool que pouvoir les chanter tous ensemble ; mais je suis surtout là pour faire vivre ce nouvel album. Féminine énergie libération ! Il faut équilibrer avec les énergies féminines, sinon, on ne va jamais s’en sortir ; on va s’autodétruire.

 

 

– Combien es-tu sur scène ?

 

Là je joue seule avec mon sampler ! Avant il y avait Les Gamins En Folie pour les chœurs et Benoit, dit «Minster Bing» qui jouait du sampler. Ce dernier est parti faire une carrière politique dans le domaine culturel à Rennes. J’ai donc récupéré le sampler et je m’occupe de l’outil et du chant. Je suis donc seule sur scène, avec un calice et deux gros champignons, donc quand même pas tout à fait seule. Je joue un peu de guitare, mais ce n’est pas évident. Il est vrai que pour nous, les filles, c’est moins facile : moi, je n’ai pas la main d’un gars, et les manches de guitare peuvent être très larges. Bine sur j’en ai toujours rêvé, mais quand je vois Jimmy Hendrix qui joue avec son pouce, je me dis « mais comment je ferais, moi ??? ». Je connais une fille qui a une guitare à 4 cordes, donc avec un manche plus fin et léger, et même un gars qui a carrément limé son manche de Stratocaster et l’a muni de 4 cordes; il a aussi une guitare à 1 seule corde ! Pas mal aussi. C’est simple, et moi, j’adore quand c’est simple.

 

– Tu es également bretonne, d’un pays réputé donc pour son sens de la fête. Quand tu joues dans d’autres régions, sens-tu une différence dans l’ambiance et l’accueil du public ?

 

Nul n’est prophète en son pays ; nulle n’est prophétesse non plus. Les gens m’apprécient beaucoup plus en dehors de la Bretagne, certainement parce que j’ai moins tourné dans les autres régions et que j’y ai été plus rarement. Les Bretons me snobent un peu… Non, je rigole ! C’est un très bon public.

 

 

– As-tu une ville ou une salle de spectacle où tu aimes particulièrement te produire ?

 

Non. C’est toujours une surprise ; ça dépend de l’heure à laquelle je joue. C’est une question d’atmosphère. «atmosphère, atmosphère !!!»

 

 

– Est-ce qu’il t’arrive d’avoir le trac ?

 

– Le trac ? Luxey, c’est quand même un bon festival, avec une superbe réputation. Il y a un public demandeur, donc je sens un peu une attente quand même. Mais j’essaye d’être centrée : j’ai mon fil qui me guide tout le long du show.

 

 

– Et en même temps, n’est-ce pas un festival qui véhicule des valeurs de proximité, de simplicité, d’humanité, avec une ambiance assez détendue par rapport à d’autres ?

 

– Carrément ! On sent bien qu’il y a un esprit différent, qui n’est pas sécuritaire. Les gens ont la banane ; et ils ne sont pas encore totalement saouls. Mais je pense que les gens se tiennent bien ici. Et il y a les spectacles de rue l’après-midi qui brassent pas mal de gens, des familles. Je suis allée me balader un peu ; j’ai vu des chansonniers, des sketchs, etc… Et ce sont en plus des spectacles d’une qualité impressionnante. J’étais déjà venue il y a quelques années, en tant que public, car j’avais joué non loin de là, à Pissos, dans un festival de cinéma.

 

 

– As-tu toujours pu vivre de ta musique ?

 

Pour une maman solo, ce n’est pas évident. C’est très difficile d’être maman et artiste en même temps. Etre mère sollicite 90% de l’énergie. J’ai lâché le métier à une époque où je ressentais aussi le besoin de prendre un peu de distance avec le milieu artistique. Durant cette période j’ai travaillé pour un institut japonais de la santé qui vendait des produits magnétiques, en accord avec une philosophie de vie. C’était un petit marketing de réseau sympathique. Je suis toujours restée dans l’alternatif et le « système D. » ; j’ai une autre manière de fonctionner que par et pour l’argent. Je suis très intéressée par l’associatif qui bifurque de la manière normalisée de vivre, comme les S.E.L (système d’échanges locaux), les J.E.U (jardin d’échange universel).

 

 

– Qu’as-tu envie de faire passer par ta musique ?

Musicalarue 2015 - Crédit photo : Benjamin Pavone // Photographie

 

Ce que j’aime, c’est la quête spirituelle. Qui suis-je ? Quel est ce monde ? Quelles sont mes croyances ? Que suis-je venue faire sur cette terre ? Pour moi, ma mission c’est de chanter. Mon message est un peu d’inciter à travailler sur soi, à donner du sens à sa vie, parce qu’on est dans un monde qui réclame qu’on prenne nos responsabilités. Et pas la responsabilité de voter pour quelqu’un qui va endosser notre responsabilité à notre place. Je cherche à être consciente de ce que je créé dans ma vie, de tous les logiciels que j’ai dans la tête, des programmes qu’il faut que je supprime et mette à la corbeille. Bien sur je n’arrive pas toujours à trouver la paix ; j’ai le mental qui part régulièrement au galop. Même en voulant méditer, mon moral connait des hauts et des bas. Je me sens un peu connectée à l’inconscient collectif quand même. J’essaye de créé la paix, la joie, la voie de l’amour. Je crois à la vibration de l’amour, mais pas au sens de la dépendance humaine entre deux êtres, au sens de l’amour sans condition. Ai-je déjà été épanouie dans une relation amoureuse ? Je commence d’abord par me donner l’amour dont j’ai besoin, m’aimer moi. Je suis un peu Toltèque, car j’avais fait des voyages spirituels au Mexique. Et en tant que Toltèque, ma première initiation a été une lune de miel avec moi-même. J’ai appris qu’on pouvait choisir sa réalité, et c’est ce qui m’intéresse. L’information sur la conspiration aussi m’intéresse ; ça permet de donner un sens à notre époque actuelle.

 

– La conspiration ?

 

Il faut que je vous en parle ! Je fais une autre expérience avec la musique : dans ma quête spirituelle, j’ai découvert que la musique actuellement s’accorde d’après un La à 440 Méga Hertz, depuis les années 50, et ça aurait été instigué par Rothschild, donc ça veut dire par les Illuminatis, les contrôleurs. Et cette fréquence vibre au niveau du mental. Personnellement j’ai décidé de m’accorder avec un La à 432 Méga Hertz, qui est la fréquence du cœur, la fréquence cosmique. Elle est un peu plus grave, et la musique se disperse mieux, de façon moins pointue et dissonante, même si la différence est très subtile. On peut trouver sur internet pas mal d’informations là-dessus, notamment des expériences réalisées avec de l’eau qu’on fait vibrer à 432, puis à 440. Et on voit que l’eau s’organise plus harmonieusement en vibrant à 432.

 

 

– On connait des musiciens qui demandent effectivement à des luthiers d’accorder leurs guitares avec le La sur cette fréquence…

 

– Vous voyez ! C’est donc que les choses sont en train de bouger. La vérité est en train d’éclater. C’est ça le chaos ; l’apocalypse, c’est ça : le voile qui se lève, la vérité qui explose.

 

 

– Peux-tu nous parler des thématiques engagées que tu aimes développer dans tes textes ?

 

Sur le dernier album, j’ai une chanson qui s’appelle « Le roi est mort », et qui est une claque dans la gueule du patriarcat. J’ai vraiment essayé de mettre en avant le féminin : j’utilise le mot de « chagirl » pour féminiser le « chamane », parce qu’on est trop souvent confronté au côté péjoratif du féminin, y compris dans le vocabulaire. Un autre titre « Immonde Inceste » raconte une histoire d’inceste, qui n’est pas la mienne, même si je la chante à la première personne. C’est un sujet grave et ma chanson est aussi un petit clin d’œil à des stars comme Gainsbourg qui font de l’humour là-dessus. Il a chanté sa chanson « Lemon Incest » ; maintenant moi, je vais chanter l’expérience vécue par une petite fille, histoire de changer la vision de la scène.

 

 

– Au niveau du processus créatif, as-tu un rituel ?

 

– En général, la musique me vient quand même en premier. Mais ça dépend des fois. Je n’ai pas vraiment de règle. Parfois je peux avoir une musique, écrire un chant dessus, et puis finalement changer la musique. Tout part d’une idée, d’un son qui me plait. Il faut que ce soit fun, pas trop sérieux no grave. Parce que je fais des chansons : tout ça n’est pas si sérieux.

 

 

– Écris-tu tous tes textes ou y a-t-il eu des collaborations dans l’écriture ?

 

J’écris tout. C’est souvent le témoignage d’une expérience. Pour mon premier album, j’avais pris des champignons, en me disant que j’allais voir où cela pouvait m’amener. Là, la question féminine est traitée d’après mon vécu. Ce pourrait être un puits sans fond ; donc à un moment, il faut que ça s’arrête. Mais il est vrai que vu la condition des femmes actuellement, on a intérêt à être bien vigilantes. C’est assez préoccupant. On est dans une période assez chaotique, et dans ce genre de période, ce sont toujours les femmes et les enfants qui trinquent en premier. Il y a une régression du statut des femmes et du respect qui lui est témoigné depuis à peu près l’an 2000, notamment avec la banalisation de la pornographie. On va commencer à découvrir toute l’horreur qu’il y a derrière ce commerce, l’enfer qu’ont connu certaines actrices de porno, sans parler de l’esclavage sexuel.

 

 

– Et toi, en tant qu’artiste féminine, comment trouves-tu ta place dans un milieu resté par certains côtés assez masculin ?

 

J’y vais. Je passe à l’action ! Je me dis que j’ai droit à l’erreur et je dépasse mes peurs pour prendre confiance. Il faut du courage, mais derrière la peur, il y a toujours une surprise. Dans ce monde, on est sclérosés par la peur ; c’est comme ça qu’on nous vole notre énergie. Ce n’est bien sur pas facile de faire sa place, parce que moi, je suis plutôt une femme, donc je ne suis pas dans l’égo et la bagarre. Et dans ce monde, il faut toujours se battre. Ceci dit, on y arrive. J’ai un tourneur, qui a appris un peu ce métier grâce au premier album de Billy Ze Kick, et avec qui on se renvoie l’ascenseur. Les artistes hommes sont en général assez prévenants aussi, à quelques exceptions près. Je me débrouille avec mon tourneur ; je n’ai même pas pensé à aller démarcher un label pour le dernier album. A l’époque du premier, nous avions monté un label à nous, puisque le disque était autoproduit, label, qui a par la suite aidé beaucoup d’autres artistes, mais c’était Benoit qui s’en occupait essentiellement. Il n’existe plus. Mais les gens peuvent se procurer mon album via le site, ou lors de mes concerts et également une réédition du premier qui a été mise sur une clé USB en forme de champignon. J’ai plein de super chansons qui envoient du power ! L’énergie féminine… J’active mes super pouvoirs de « chagirl » !

 

 

– Dernière question pour la route : les champignons, c’est fini ?

 

C’est le genre de choses qu’on a du mal à s’autoriser quand on est devenue maman. Mais je respecte. De toute façon, depuis le temps que je porte le message, je suis devenue un champignon ! Et voilà, les super-filles !

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C’est quelques heures avant son concert que le jeune groupe rock bordelais Dätcha Mandala, dont l’aura grandit au fil des tournées, nous accordait un entretien. Le trio, pris sous son aile par le légendaire ingénieur du son et producteur Jean Marc André, dit « Chinoi », connu pour ses collaborations avec Noir Désir, Mano Negra, Les Négresses Vertes, Les Garçons Bouchers, Le Royal de Luxe et tant d’autres, se construit depuis son premier album « Eden sensuality » une popularité et une renommée croissantes avec son rock 70’s aux accents Led Zeppeliniens. En phase de finalisation de leur prochain album, après une tournée européenne, Nicolas Sauvey (chant, basse, mandoline, harmonica), Jérémy Saigne (guitare) et J.B Mallet (batterie) venaient déverser leur son puissant à Luxey.

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– Les garçons, bonsoir et merci de nous accorder un peu de temps. Comment se passe l’actualité pour vous ?

 

– Nico : En ce moment, c’est plutôt calme, même si on joue toutes les semaines. C’est-à-dire que durant l’année, on avait plusieurs représentations par semaines, donc quand on ne joue qu’une fois dans la semaine comme en ce moment, ça nous semble calme.

– Jérémy : On est venus à Luxey par l’intermédiaire d’un tremplin qu’on avait fait dans le Gers et à l’issue duquel les gagnants avaient l’opportunité de jouer sur un autre plateau de Musicalarue qui a eu lieu précédemment. Notre prestation a plu aux organisateurs qui nous ont donc programmés pour jouer lors du festival.

 

 

– Où en êtes-vous de l’actualité discographique ?

 

– Nico : On est encore en studio, mais l’enregistrement de l’album est quasiment terminé. Mais il ne sortira pas tant qu’on n’aura pas trouvé un label pour le produire et miser de l’argent dessus. Toutes les prises sont faites, et il ne reste qu’à mixer. Pour l’instant on rode les morceaux sur scène et on continue à composer.

 

– Y a-t-il des morceaux repris de votre EP ?

 

– Nico : un seul, « Human Free ».

– Jérémie : Mais on l’a réenregistré ; on n’a pas voulu le mettre tel quel sur l’album. D’ailleurs la nouvelle version nous plait plus. Elle est plus aboutie.

 

– Chinoi a-t-il participé à l’enregistrement ?

 

– Nico : Il était présent durant les deux premières semaines.

– Jérémy : En fait l’enregistrement s’est un peu déroulé en pointillés, c’est-à-dire qu’on a fait des prises de son pendant deux semaines, puis un peu plus tard durant 3 ou 4 jours. Et comme Chinoi avait alors entamé sa thérapie contre la maladie, il nous a demandé de travailler sans lui, avec son assistant Anthony, et c’est ce dernier qui a assuré le relais. Cela n’a pas été facile de se retrouver seuls sans Chinoi, ni pour nous, ni pour Anthony, car c’était son premier album en tant qu’ingénieur, mais il a géré. Et avec Chinoi, on se tient régulièrement au courant ; il nous appelle pour savoir comment l’enregistrement se passe et nous conseille, et nous lui en envoyons des morceaux. Mais les conditions ne sont pas évidentes, professionnellement bien sur, mais surtout humainement, parce qu’il se passe quelque chose de très fort.

– Nico : On a toujours travaillé avec lui, autant en studio qu’en concert, et on s’est toujours fiés à son jugement. Les rares fois où nous avons souhaité faire nos propres choix et aller à l’encontre de son avis, il s’est avéré qu’on avait tort à chaque fois et qu’on aurait mieux fait de faire selon son idée. Il a toujours eu raison et été clairvoyant.

– J.B : C’est donc très bizarre de se retrouver d’un coup sans les conseils de quelqu’un qui sait de quoi il parle et qui nous connait depuis le début et nous a toujours guidés comme il fallait. Mais on essaye d’avancer quand même.

 

 

 

– Les thématiques que vous abordiez dans vos chansons étaient essentiellement introspectives. Ont-elles changées ?

 

 

– Nico : On écrit toujours un peu dans la même optique, d’autant qu’il y aura sur cet album deux précédents morceaux qu’on reprend, donc « Human Free » de l’EP et « Loot » de la première démo. Mes textes relèvent toujours d’une philosophie existentielle, plus que de politique.

– Jérémy : En revanche d’un point de vue musical, nous avons intégré plus d’influences, notamment acoustiques et vocales, provenant essentiellement du Folk.

– Nico : Si on doit comparer avec l’EP, c’est plus rock, au sens où les guitares électriques sont « punch » et saturées, et en même temps l’intervention d’instruments acoustiques et de chœurs donnent une ambiance plus posée et large.

– Jérémy : Et le côté délire indien et oriental est sans doute plus assumé et poussé aussi. Il y a du sitar sur deux morceaux ; du violoncelle et du violon aussi, et puis quelques claviers. On a fait venir des copains !

– Nico : Il y aura même de l’accordéon portugais dans une piste cachée… Aussi de la mandoline et de la guimbarde. En somme l’album va être plus riche et étoffé d’ambiances différentes.

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– De quelles rencontres sont nées ces collaborations ?

 

– J.B : Ce sont des copains. Le pianiste, Marc est un ami de collège de Jérémy. Ils se sont connus en 6ème ! C’est dire qu’il le connait depuis plus longtemps que moi et Nico nous connaissons, puisque nous nous sommes rencontrés en 5ème. Les autres sont des amis rencontrés au fil des scènes, à Bordeaux surtout. Quentin, le violoncelliste joue dans plein de groupes, notamment Qlay, et nous l’avions croisé au bar « Les Runes », sur les quais de Bordeaux. Thérèse, la violoniste, nous a été présentée par des amis communs il y a 3 ou 4 ans. Et l’accordéon portugais, c’est Anthony, l’assistant de Chinoi, qui est portugais et a joué dans plein de groupes de folk-core là bas ; cet instrument a un son très différent de l’accordéon français, particulièrement agressif et très typé et puissant.

–  Jérémy : Et puis il y a aussi Juan Morales, un ami d’une soixantaine d’années qui a joué pas mal en Amérique du Sud et est venu faire des percussions sur notre disque. C’est un passionné, un fou de percu : dès qu’il trouve le moindre objet pouvant lui servir de percussion, un couteau, une cuillère, peu importe, il joue avec. Et Anne Sophie qui fait les chœurs apporte une touche féminine aux morceaux.

 

 

– Les invitez-vous à se produire avec vous sur scène ?

 

– Nico : Rarement. En concert, c’est le Dätcha Mandala brut. On les a conviés une ou deux fois pour des soirées spéciales, comme pour annoncer la sortie de l’EP.

– Jérémy : On trouve ça intéressant de proposer deux formules différentes, l’une sur l’album avec tous ces musiciens et l’autre plus restreinte au groupe nu pour les concerts.

– Nico : Ce qui est sur, c’est que cet album va être chargé en histoire et en émotions, aux vues des circonstances. En plus on l’a fait en étant sur les rotules, complètement épuisés, parce que ça faisait 6 mois qu’on enchainait les dates à une vitesse crescendo, jusqu’à ce qu’on ne puisse même plus répéter. On est entrés en studio en ayant joué la veille et en retournant sur scène le lendemain. On était vidés ! Mais on avait l’urgence de devoir faire cet album maintenant ou jamais, en raison de l’état de santé de Chinoi.

– Jérémy : Lui voyait qu’on était mous, et il nous motivait comme il pouvait. Mais on était très fatigués d’une tournée de 60 dates en 6 mois.

– J.B : En plus avec de longs trajets en camion, entre l’Allemagne, la Suisse, la Hollande, la Slovénie, l’Italie, l’Espagne et la France.

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– Cela fait beaucoup de pays. Dans quel type de salle jouiez-vous ?

 

– Jérémy : A part un festival de village en Italie, on a essentiellement tournée dans des clubs. Ce qui cool, c’est que suivant l’endroit où on joue, l’exotisme d’être français nous apporte un petit plus. On a joué en Allemagne, à Illmenau, par un temps froid et pluvieux, et il y avait une soixantaine de personnes venues s’entasser dans le club ; les organisateurs nous ont dit ensuite qu’ils n’avaient jamais eu autant de fréquentation un lundi soir. Les gens étaient venus parce qu’on est un groupe français qui joue du rock 70’s, et que certains savaient qu’on avait joué auparavant en première partie de Blues Pills, un groupe plus renommé là bas. Même en jouant du rock anglo-saxon, le fait qu’on soit un groupe français attire les gens ; c’est peut-être même cette originalité qui les intrigue plus que si on était un groupe français venu chanter du Eiffel.

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– Avez-vous senti une différence d’accueil selon les pays ?

 

– Nico : Oui. Déjà la langue ! Et puis en Allemagne par exemple, ils reçoivent plus facilement les gens avec des plats végétariens, voire végétaliens sans que ça paraisse anormal ou extravagant. Et puis quand on arrive, la première chose qu’on nous propose, c’est un coup à boire avant toute autre chose.
– J.B : En France aussi, on est souvent bien accueillis. Mais comme on tourne beaucoup, on tombe aussi souvent sur des gens qui accueillent mal. Sans doute que si on tournait plus en Allemagne, ça nous arriverait aussi là bas.

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C’est sur ces derniers mots du power trio qui allait monter sur scène quelques minutes plus tard devant un public conquis, que s’achevait l’entretien, mais certainement pas la fête musicale qui devait encore durer jusqu’à tard dans la nuit. Une année de plus où Musicalarue a su ravir les gens et satisfaire la soif de musique, de culture et de plaisir de dizaines de milliers de festivaliers. Ce fut pour nous un weekend rempli de beaux spectacles, jalonné de belles rencontres et égayé par des échanges humains sincères et chaleureux.
Nous tenons à remercier tous les participants, bénévoles ou non, et l’organisation de Musicalarue pour leur gentillesse et leur accueil, et tout particulièrement Céline pour sa disponibilité, son professionnalisme et son dévouement.

 

 

 

 

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Ces entretiens furent réalisés à Luxey les 14 et 15 aout derniers. Malheureusement Jean Marc André, dit « Chinoi », qui luttait contre une grave maladie depuis plusieurs mois, nous a quittés fin septembre, laissant bien des gens orphelins d’un parent, d’un ami, d’un mentor, d’un Professeur avec un grand « P ». Gentillesse, professionnalisme et humilité le caractérisaient. C’était un musicien, un créateur et un travailleur du son généreux et un homme bienveillant qui savait transmettre et partager sa passion de la musique et son gout de l’aventure, des aventures, avec un enthousiasme, un naturel et une humanité rares. Cet article lui est dédié, ainsi qu’à ses proches. Salut l’Artiste…et merci.

 

 

Miren Funke

 

Entretiens réalisés par Valérie Pépin, Emma Pham Van Cang et Miren Funke.

Crédits photos : Sandra Basso (Dätcha Mandala et Chinoi), Benjamin Pavone (Flavia Coelho et Billy Ze Kick), Pascal Bats (Luxey), Richard Aujard, Dominique Clère et Philippe Gassies (The Hyènes), Miren Funke (Pierre Lapointe, Hugue Aufray, Dätcha Mandala).

-Liens :
Musicalarue : http://www.musicalarue.com/pages/accueil/bienvenue.html
The Hyènes : http://www.thehyenes.com/
Gérard Baste : https://www.facebook.com/Gerard-Baste-173778336245/timeline/

Dr Vince : https://www.facebook.com/Docteur-Vince-the-Prince-109434435815575/

 

Flavia Coelho : http://flaviacoelhomusic.com/
Pierre Lapointe : http://pierrelapointe.com/nouvelles
Billy Ze Kick : http://billyzekick.com/
Dätcha Mandala : http://datchamandala.fr/

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