Archive | octobre, 2015

New french chanson

30 Oct

1984Il existait toute une suite de départements spéciaux qui s’occupaient, pour les prolétaires, de musique, de théâtre et, en général, de délassement. Là, on produisait des journaux stupides qui ne traitaient presque entièrement que de sport, de crime et d’astrologie, de petits romans à cinq francs, des films juteux de sexualité, des chansons sentimentales composées par des moyens entièrement mécaniques sur un genre de kaléidoscope spécial appelé versificateur.” … “L’air avait couru dans Londres pendant les dernières semaines. C’était une de ces innombrables chansons, toutes semblables, que la sous section du Commissariat à la Musique publiait pour les prolétaires. (…) Mais la femme chantait d’une voix si mélodieuse qu’elle transformait en chant presque agréable la plus horrible stupidité ….”

Extrait de “1984″ (écrit en 1948)

Toute ressemblance avec quelques chansons play-listées n’est absolument pas fortuite.

La preuve.  Une info récente nous la baille belle, voilà qu’une machine ayant intégré toutes les données utiles à la création musicale va nous sortir des tubes garantis top 50, plus la peine de s’embêter avec des musiciens ou des auteurs de textes, la machine miraculeuse a digéré et disséqué toutes les merveilles qui ont fait tinter le tiroir caisse depuis un siècle, et de cette manne nourricière vont sortir les nouvelles Lambada, les nouvelles Autumn Leaves que le monde entier chante depuis des feuilles mortesdécennies. Oui, Autumn Leaves, vous savez ce standard américain mondialement connu, que des chauvins étroits persistent à titrer  Les feuilles mortes  au motif suranné que ce fut français. Et même on apprendra que Prévert is composer, and Kosma wrote the lyrics with Johnny Mercer,  la preuve!

Car il est de bon ton de chanter anglo-saxon, pour des raisons assez extraordinaires.  L’une dit : quand je chante en français, je me sens à poil,  l’autre ajoute,  je n’arrive pas à exprimer ce que je pense en français, c’est trop compliqué …  sans oublier ce sommet,   la première fois que j’ai écouté du Brel ou du Gainsbourg, j’ai trouvé ça bizarre, carrément laid. J’ai même pensé que c’était un crime de chanter en français,  déclarait à Télérama Mark Daumail, le jeune chanteur et guitariste du duo folk clermontois Cocoon.

Vaut donc mieux assassiner en anglais … c’est universel, à part à Londres, on ne comprendra pas vraiment le sens, pour autant qu’un français de Clermont Ferrand soit un virtuose des parlers shakespeariens, ça mange pas de pain de baragouiner Fuck the power, ce serait plus couillu de le faire en français mais là, on va droit au crime de lèse majesté républicaine, il y a des limites au courage.

Le préambule d’Orwell devient la bible des nouveaux fabricants. A part quelques vieux ronchons qu’on dit seniors, comment voulez-vous qu’un d’jeun qui n’a jamais vu un album vinyle ou un téléphone à cadran s’aperçoive que  Mon premier amour nouveauté play-listée en 2012 commence par une dizaine de mesures qui sont un copié-collé de  Parlez-moi de lui  un mégatube de Nicole Croisille de 1972. Idem pour Lana del Rey à qui on fait chanter quelque chose qui est un clone parfait d’une chanson d’Eleni Vitali, de 1991… Mais vu des States, une chanteuse grecque de 1991, on va pas se gêner… Un de ces jours, on va bien voir arriver une nouveauté,  La vie en rose  ou Milord étant donné que pas mal de nouveaux auteurs de chansons ne prennent pas le temps de vérifier si le titre n’a pas été déposé. Tout ça me fait penser à une petite chanson courte, des années 1998-99, mais tellement pertinente..

C’est sur les bancs qu’on apprend l’ignorance
En apprenant à répéter ce qu’on a appris
Et que bardé de diplômes et de connaissances
On dit « Je sais » au lieu de dire « Je réfléchis »

J’ai du respect pour les êtres qui pensent
Sans se regarder le nombril ou le Q.I .
Et qui oubliant toutes leurs références
Peuvent parler de musique ou de poésie

En attendant que votre intelligence
Ait intégré les valeurs de la modestie
Je vous conchie avec concupiscence

Et je vous emmerderais bien un peu aussi.

(Merci Vincent Baguian.)  qu’on écoute ici .

Je ne doute pas que vos oreilles affûtées aient repéré quelques consanguinités troublantes, faites-nous part de vos découvertes,  j’en avais d’autres,  mais il ne faut pas abuser des pires choses.

Norbert Gabriel

Rencontre avec Radio Barbouillots, la radio des enfants et des parents !

28 Oct

radio B 1Dans la même demi-heure, on peut entendre Vincent Malone, Michael Jackson, Juliette Gréco et la BO de Blanche-Neige… C’est dingue et c’est Radio Barbouillots ! Des comptines, des modules d’interviews (Juliette, cette semaine), des chansons adaptées aux moments clés de la journée, des activités, petites chroniques drôles ou éducatives…

Rencontre aujourd’hui avec Stéphane Vandorme qui, après avoir été rédacteur pour différentes chaines de TV et illustrateur sonore, est à l’origine de la création de cette webradio familiale. Avec le soutien du collectif d’artistes bénévoles qui fait partie de l’aventure « La Compagnie des Barbouillots » (dont Olivier et Marie), ce beau projet est né en 2011.

LDDLO – Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Stéphane Vandorme : Tous issus des métiers de l’audiovisuel, nous nous connaissons depuis des années. Nos activités professionnelles respectives nous ont fait nous croiser et devenir amis, avant de nous lancer dans l’écriture de spectacles puis dans l’aventure Radio Barbouillots.
A la fin de nos spectacles, les enfants venaient nous remercier pour ce qu’ils avaient vu. Nous sentions qu’ils étaient demandeurs. On a donc eu l’envie de prolonger ce moment en créant un média de qualité qui leur permettrait de retrouver tous les personnages de nos histoires. C’est vraiment comme ça qu’a débuté la radio… Par la suite, elle a pris son envol et indépendance. Elle existe désormais sans la Compagnie.

LDDLO : C’est quoi l’esprit barbouillots ?

SV : Un esprit de fête et de partage. De curiosité et d’ouverture aussi.
En créant cette radio, nous avons eu le souhait de faire exister un média de qualité, varié et qui propose des programmes originaux. Exigence, curiosité et diversité sont les maîtres-mots de notre démarche. Ici, le jazz côtoie les grands Auteurs, les musiques du monde le classique, la poésie la variété. Nous souhaitons offrir ce qu’il y a de meilleur aux familles car, même si la radio est appréciée des enfants, les parents prennent eux aussi du plaisir à l’écouter.

LDDLO : Est-ce que l’indépendance (et l’absence de pub) a un prix ?

SV : Oui. Nous finançons tout donc il faut trouver des fonds, ce qui n’est pas simple.
Les ateliers réalisés dans les écoles, par exemple, permettent une autonomie financière et donc d’acheter du matériel pour la radio, faire fabriquer des flyers, développer des projets etc….

LDDLO : La radio est-elle ce que vous imaginiez au moment de la concevoir ?

SV : Nous ne nous sommes pas projetés très honnêtement car nous vivons l’instant présent. Nous avons appris au fur et à mesure et chaque étape de cette expérience nous a permis de faire évoluer notre programmation. Et, surtout, nous avons découvert toute l’étendue de la musique dite « jeune public » : très large, méconnue et… riche !
Les belles surprises viennent des auditeurs du monde entier qui nous écrivent, de la fidélité des Artistes et de la confiance des parents.

La première pensée qui nous vient à l’esprit quand on regarde en arrière : que de travail accompli ! Une radio de qualité ne se fait pas en un claquement de doigts. Nous l’écoutons énormément dans le but de toujours l’améliorer et j’y travaille 7 jours sur 7.

LDDLO :  Quelle est votre plus grande fierté ?

SV : Accompagner les familles dans leur quotidien. C’est très gratifiant de se dire que l’on apporte du plaisir aux auditeurs, que l’on sert de « passerelle » entre cette musique dite « jeune public » (alors qu’elle est plus vaste que ça), les Artistes et eux.
La confiance des Artistes et des labels est aussi très importante pour nous. Et, évidemment, les ateliers radio avec les enfants. Najette, que j’adore, disait que les enfants nous élèvent. C’est très vrai !

LDDLO : Qu’espérez-vous pour l’avenir des barbouillots ?

SV : Continuer à être soutenu autant qu’apprécié des auditeurs. Poursuivre les belles rencontres artistiques et peut-être organiser un Festival… Mais ça se prépare tout ça !

LDDLO : Stéphane, qu’est-ce que vous écoutiez, enfant ?

SV : Je me rappelle des mélodies d’Anne Sylvestre et des chansons de Dorothée (ses débuts musicaux sur Antenne 2). Il y a eu Chantal Goya. Mais, à dire vrai, j’ai surtout le souvenir des musiques que mes parents écoutaient : disco !

LDDLO : Qu’est-ce que vous conseillez aux familles aujourd’hui ?

Nous n’avons pas de conseil à donner. Chacun est libre. Si la curiosité vous prend, venez nous écouter 😉 ! Quant à nos coups de coeur, il y en a beaucoup, c’est dur…
Allez, je me lance ! Juliette, Bïa, Pascal Parisot, Virginie Capizzi et Thomas Cassis, Merlot, le groupe Epikoi Enkor, les Voilà Voilà, Nicolas Berton, Liz Cherhal, Abel, Aldebert, Najette, Les Symphonies Subaquatiques, Syrano, Carmen Maria Vega, Domitille et Amaury, Ici Baba, les Ogres, les Weepers Circus, ZUT, Le Chien Chilien, Grégoire, Pierre-Jean Zantmann… J’en oublie (forcément).

Pour les spectacles, une Comédie à découvrir sur scène : « Marlaguette » !!! Des chansons magnifiques et des artistes géniaux. Le nouveau spectacle de Virginie Capizzi et Thomas Cassis : tout en finesse sur fond de musique jazzy. J’oubliais les Chiens Chiliens (bluffants) et Sébastien Buffet, irrésistible sur scène dans son adaptation des Symphonies Subaquatiques.

Propos recueillis par Solange Lebrun

Le site de Radio Barbouillots, c’est là.

« Tous les jours, retrouvez des chansons mais aussi des comptines, des berceuses ou encore des jeux et des histoires pour accompagner chacun de vos moments et éveiller les oreilles de demain. »

radio 2

Alerte Théâtre en péril….

27 Oct

Amis artistes, techniciens, éditeurs, producteurs, salut,

Henri Courseaux, Annick Roux et moi-même initions un courrier à l’attention d’Anne Hidalgo, maire de Paris, relatif au projet de fermeture du Vingtième Théâtre au mois de juin prochain, projet qui consiste à rattacher le théâtre au centre social attenant et à en faire un lieu de pratique amateur.

Nous refusons, pour notre part de voir fermer la porte d’un théâtre municipal aux artistes, techniciens et producteurs que nous sommes. Durant les 12 dernières années, 3000 artistes sont passés au Vingtième, 540 représentations s’y déroulent et 55000 spectateurs franchissent ses portes chaque année.

Par les conditions d’accueil des compagnies, son équipement sur mesure et sa jauge de 240 places, le Vingtième est un véritable outil pour présenter les projets de créateurs indépendants. Peu d’autres lieux remplissent cette fonction dans la capitale. Sa fermeture, comme toute fermeture de théâtre, signerait la disparition d’un espace de liberté, d’expression, de création. Nous souhaitons réunir un maximum de signatures à ce courrier que vous pouvez découvrir ci-dessous.

Si vous partagez notre émotion et notre indignation, n’hésitez pas à faire suivre ce mail à vos connaissances qui pratiquent notre métier, plus nous apposerons de signatures, plus nous aurons une chance de nous faire entendre. Pour répondre positivement à notre proposition, il vous suffit de me répondre par retour de mail.

Pour co-signer ce courrier, envoyez un mail à pierremargot@orange.fr

Merci à tous de votre attention.

Amitiés

 Pierre Margot
06 60 04 75 09
www.pierremargot.com
www.lalocandieralemusical.com
www.leclochardstellaire.com
Les Nuits de la Pleine Lune

Collectif d’Artistes Indépendants

Paris, le 15 octobre 2015

A l’attention de Madame Hidalgo, Maire de Paris

Objet : Projets pour le Vingtième Théâtre.

Madame,

Nous, artistes, jeunes compagnies et producteurs de spectacle indépendants signataires de ce courrier, souhaitons vous faire part d’une inquiétude grandissante concernant le devenir du Vingtième Théâtre ainsi que la nature des projets vers lesquels vos services semblent vouloir l’orienter, notamment la disparition de l’activité d’accueil de spectacle au profit de structures d’animation ou d’expérimentation.

Les artistes, jeunes compagnies et producteurs indépendants parisiens n’ont que peu d’espaces pour présenter leurs créations dans la ville. Parmi ceux-ci, le Vingtième Théâtre, géré par le Nouveau Théâtre de Novembre, fait figure d’exception. Le fonctionnement et la philosophie qui y sont défendus en font le principal poumon de la création indépendante de spectacles à Paris. Il représente une véritable marche d’accès au public, aux médias et ainsi au développement de la création.

Nous pourrions énumérer le nombre de spectacles qui y sont nés et qui ont connu un destin national et international. Nous tenons cette liste à la disposition de vos services.

C’est parce que le Vingtième Théâtre, malgré la modestie de la subvention municipale, est économiquement viable dans son partenariat avec les artistes et producteurs que tous ceux de notre profession qui souhaitent apporter une pierre neuve à l’édifice culturel de notre pays entretiennent avec lui une relation particulière et étroite.

C’est parce que le Vingtième Théâtre est éclectique, ouvert à toute forme de création (théâtre, slam, chorégraphie, musique, chanson, jeune public, hip-hop…) que le public et les artistes ont une chance de se découvrir autour de formes parfois surprenantes mais toujours professionnelles.

Nous sommes extrêmement nombreux à vouloir vivre de nos métiers librement. Le foisonnement de créativités, d’écritures nouvelles, d’expressions contemporaines qui fait la création en France, se nourrit des partages et des échanges en circulation dans ce terreau d’artistes. Des artistes qui interpellent et questionnent. Encore faut-il que ce partage et cet échange puissent avoir lieu.

En fermant le Vingtième Théâtre aux artistes, combien risquez-vous d’en mettre à la rue ? Combien de créations empêcherez-vous de voir le jour ? Combien de compagnies risquez-vous de faire disparaître ?

Pourquoi priver le public d’un théâtre qui, manifestement, répond à ses attentes. Nous espérons simplement que vous n’avez pas renoncé aux valeurs qui vous ont amenée à vos responsabilités actuelles.

C’est pourquoi, confiants mais déterminés, nous vous demandons d’assurer la pérennité de l’association du Nouveau Théâtre de Novembre (qui a fait ses preuves) à la gestion du Vingtième Théâtre et de ne pas en fermer la porte aux artistes et créateurs que nous sommes.

Cordialement.

Collectif d’Artistes Indépendants

Gens du Québec, Céline Faucher…

24 Oct

Céline Faucher voilà mes gens...

Vous croyez tout savoir sur le Québec, et ses « chansonnistes » depuis Félix Leclerc, Aglaé, aux derniers arrivés, de tous ses gens à voix et accents tellement pittoresques qu’on en oublie un peu le fond depuis que Charlebois a mis le joual dans ses couplets, on retient plus souvent le jeu de mots que le jeu des idées.

Le spectacle de Céline Faucher pourrait se sous-titrer : « Chroniques d’un pays qui chante ses héros du quotidien pour en faire ses légendes »

Céline Faucher Gens du Québec AAPour en faire la trame de son histoire, citoyens héros d’un pays neuf, rude et tendre à la fois. Comme un jeune homme fougueux qui a bousculé les archaïques structures monarchiques pour essayer un chemin neuf.

Pauline Julien a été sans doute la première, en tout cas la plus complète de ces artistes interprètes et auteurs qui ont porté très haut l’art de la scène chanson. Et une de ses disciples les plus accomplies est Céline Faucher.

C’est une biographie de son pays qu’elle propose avec Gens du Québec, un pays qui a la chanson enracinée au plus profond, la chanson qui raconte un peuple plus efficacement qu’un cours magistral d’histoire. Un spectacle qui rend justice à Mary Travers trop mal connue à cause de sa chanson-turlutte, à Sylvain Lelièvre et ses chansons gorgées de jazz, à Clémence Desrochers, à Lawrence Lepage, tous ceux qui ont plus ou moins été éclipsés par l’ombre des géants de la chanson québécoise qui ont eu un tube, cet arbre qui cache la forêt.

Céline Faucher gens du Québec montage belmont 3Céline Faucher est une rayonnante personne qui met en majesté les textes et musiques de son pays et de ses écrivains-chanteurs, les chansonniers comme on dit là-bas. Elle a souvent l’âme à la tendresse, mais quand vous la voyez devenir le personnage du parc Belmont, c’est quasiment à en oublier Diane Dufresne qui a fait des versions délirantes de cette fresque tragique. Deux images de Céline, et vous constatez que c’est une très grande interprète.
Gens du Québec, c’est un rendez-vous avec Bozo les culottes (Raymond Lévesque), La danse à St-Dilon (Gilles Vigneault), Deux vieilles (Clémence Desrochers, Frédéric (Claude Léveillée), Monsieur Marcoux Labonté (Lawrence Lepage), Le pharmacien (Félix Leclerc), Le propriétaire (La Bolduc), Marie-Hélène (Sylvain Lelièvre), Suzanne (Leonard Cohen), La Reine (Les Cowboys Fringants) Luc Plamondon (le parc Belmont) Pauline Julien, et quelques autres.

Pour suivre Céline Faucher, c’est là.

Céline Faucher est accompagnée par le talentueux Philippe Turbin (piano). Ils seront de nouveau au Forum Léo Ferré pour une création « Journée en fabulettes » à partir du 27 octobre, tous les détails ici.

Et pour quelques images de plus…

Céline Faucher gens du Québec montage final

* chansonniste n’est pas un terme québécois, il est plutôt sarclo-vaudois mais il a l’avantage d’être unisexe,  ce qui n’est pas le cas du québécois chansonnier

Norbert Gabriel

Fabrice Luchini et moi…

22 Oct

Lucchini et moi bandeau

Il était une fois une histoire vraie qui n’a jamais existé … Quoi que …

Une légende indienne, peut-être Inuit raconte: Au début des temps, les mots étaient magie… On prononçait un mot et il devenait vie, on ne peut pas expliquer, c’est comme ça.

C’est ce qui est arrivé à Olivier Sauton, il a rencontré la magie des mots écrits pour en faire sa ligne de vie. Avec comme passeur initiateur une sorte de shaman du verbe, un Frégoli de la parole, un prestidigitateur de l’expression orale, l’homme de sa vie d’artiste, dont le maître mot (emprunté à Antoine Blondin) est : Travaille comme tu t’amuses.  Avec le sérieux des enfants quand ils inventent leurs jeux les plus farfelus. Ce maître, Fabrice Luchini va nous montrer une leçon de théâtre, de vie, l’art de faire danser les mots dans des quadrilles, des javas baroques, des éruptions rockeuses, des exécutions magistrales… Dans La cigale et la fourmi, je vous dis pas l’ambiance, mais la cigale en ressort habillée pour l’hiver à défaut d’avoir garni son frigo. Et pour La tortue et les deux canards, on frôle l’interdit aux moins de 18 ans..

Affiche LuchiniCe spectacle est une sorte de trinité théâtrale, un seul en scène avec 3 personnages, l’apprenti, le maître, et l’élève devenu comédien accompli. Olivier Sauton passe d’un personnage à l’autre, virtuose de la virevolte, on a l’impression de voir parfois les 3 personnages en même temps. Et le grand talent d’Olivier Sauton est de faire vivre Luchini sans entrer dans la caricature ou l’imitation surjouée, il souligne quelques traits, et il est Luchini, ce que le principal intéressé au vu de la performance notera d’un commentaire troublé : Je suis dans la salle, et je me vois sur scène...

C’est un superbe spectacle pour découvrir le théâtre, par la lecture, l’art de la communication verbale, pour se régaler de la verve luchinienne, de la maîtrise d’Olivier Sauton, jongleur émérite de toute la palette des rires-émotions.

Une des leçons possibles tient dans ces mots « Fabrice Luchini était mon acteur préféré, je ne comprenais rien à ce qu’il disait, mais il me donnait envie de comprendre. » Ne serait-ce que pour ça, l’envie de comprendre, il faut aller au théâtre.

Et puis, c’est aussi une irrésistible envie de lire, re-lire, re-re-lire les 243 fables de La Fontaine, façon Sauton-Luchini, oui, bon, Luchini-Sauton, c’est plus convenable, et il y a des choses à faire avec L’amour et la folie... qui finit assez bien, à mon avis,

Le résultat enfin de la suprême Cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l’Amour.

Mais ceci est une autre histoire, une autre fable, pour le spectacle d’Olivier Sauton, c’est là :

www.larchipel.net tél 01 73 54 79 79

Norbert Gabriel

le 21 Octobre 2015

28 Février 2017.  Quand j’ai vu ce spectacle, je ne savais rien d’Olivier Sauton, et je ne retire rien au sujet de ce spectacle. Ces jours-ci, Olivier Sauton est dans l’actu pour des tweets qui peuvent être aussi choquants que des propos  tenus parfois par Timsitt, ou  Pierre Desproges. Evidemment, la proximité avec Dieudonné et Soral, dans ce contexte, est assez préoccupante. Est-ce que j’aurais vu ce spectacle avec la même impartialité si j’avais lu ces tweets ? Peut-être pas…   NGabriel

Vive la reprise, demi finale Paris-Nord…

20 Oct

Au Forum Léo Ferré ©NGabriel

Au Forum Léo Ferré ©NGabriel

Et les lauréats sont :  Danny Buckton Trio, Gauvain Sers, Genevieve Morissette, Zoé Malouvet dans l’ordre alphabétique des prénoms.

Il y avait aussi : Alysce, Lune Papa, Lise Cabaret, Vanina de Franco, Gribouille, Valentin Valender, Tias,  dans un ordre aléatoire, de gauche à droite sur la photo.

Demi-finales de Vive la reprise hier, 11 artistes en scène, 4 à sélectionner dans ces rescapés des 107 présélectionnés, avec une observation globale, le niveau général est en hausse constante, et la tâche va s’avérer complexe… D’une part il y a la découverte de 9 des postulants, et quels seront les critères personnels de choix ? Dans l’ordre, et pour ma part, qui va me donner envie d’aller toutes affaires cessantes, l’applaudir en scène, avec des amis à qui je veux faire plaisir? Qui va me donner envie de suivre son parcours car la promesse de ce début de carrière est alléchant ? Ce qui sous-entend que dans la seconde option, on devrait pouvoir signaler ça par une sorte d’accessit « espoir à suivre » quand ça reflète le point de vue de plusieurs membres du jury. L’unanimité s’est faite sur le constat suivant, partagé par Gérard Morel, président en fonction, ce sont des choix cornéliens, les talents sont multiples, et il a fallu deux tours (voire deux tours et demi) avec des discussions passionnées pour élire les 2 derniers sélectionnés, d’emblée, deux avaient été quasi plébiscités. Voilà voilà… Une belle satisfaction, la salle archi-pleine d’un public enthousiaste venu suivre cette avant dernière étape de Vive la reprise 2015.

Rendez-vous est pris pour le 2 Novembre, au Centre Barbara, à la Goutte d’Or pour la finale.

Si vous ne connaissez pas tous les détails de Vive la reprise, vous avez tout tout tout sur le site du Centre de la Chanson.

NB : à  Lyon,  Anissa et Sarah Mikovski ont été retenues, reste Toulouse et le Sud..

P’tit nez de cochon

20 Oct

Ptit nez dessin

Qui n’a jamais souffert d’une petite moquerie ou de l’acharnement de gamins virulents qui ont besoin de se défouler ? Parce qu’on a tous des défauts, parce qu’on est tous humains, parce qu’on a tous des complexes, même miss France en maillot de bain…
Je ne voudrais pas gâcher le suspens et vous raconter le dénouement mais « P’tit nez de cochon » est à mettre entre toutes les mains.. .parce que ça finit bien, parce qu’il n’y a pas plus beau cadeau à faire à un enfant que de l’amour et de la confiance en lui… pour ne pas rester seul avec son mal-être…
P’tit nez de cochon, c’est un sobriquet cruel, d’autant plus cruel quand on est sensible, qu’on se sent moche et que son père est boucher…

Ptit nez couvCe livre est un pied de nez (de cochon) à la différence, c’est une aide précieuse aux enfants en souffrance qui portent le poids du manque d’estime de soi…d’ailleurs, c’est étrange, vous ne trouvez pas ? étrange comme quelque-chose d’absent peut être aussi pesant… bref…

Ça, c’était pour le fond, pour le texte de Pog… Quant à la forme, aux visuels signés Annette Boisnard, ils sont d’une déchirante justesse. Ce sont des illustrations poétiques et touchantes qui rendent justice à cette petite fille, parce que la laideur n’est pas forcément là où on l’imaginait… parce que ceux qui se permettent de ricaner manquent définitivement de la plus essentielle des beautés, la beauté intérieure…

Et cette saine lecture est valable aussi pour les adultes : il n’est jamais trop tard pour rectifier le tir et apaiser ses traumatismes…

Solange Lebrun

Pour en savoir plus, voyez ici.

Festival de Marne, Geneviève, Jérémie et Camélia.

18 Oct
Photos ©NGabriel

Photos ©NGabriel

Enfin Jérémie Bossone sur une scène à sa dimension… En attendant le St Jean d’ Acre, ou l’Olympia , le Sud-Est-Théâtre à Villeneuve St Georges lui a fait une ovation grandiose. Le plateau était relevé, coloré, et d’ailleurs pour la couleur, il y eut une avant première partie avec la très expansive Geneviève Morissette, qui a décidé de se marier avec la Morissette robe AAA-retFrance, en bloc. Elle a déjà la tenue ad-hoc, il est donc conseillé aux prétendants potentiels de se vêtir en conséquence lors de ses prochains spectacles. A part ça, mademoiselle Morissette ne fait pas dans la chansonnette guimauve, elle est là pour gueuler sa vie, dans la trace de Diane, Lynda ou Dan (Bigras) en rock ou en mélo-drame touchant, femme dynamite, attention aux tièdes amants, ils vont avoir chaud aux oreilles.

Bossone Villeneuve Conquête AAJérémie Bossone arrive en trio, avec Benjamin le frangin, et Daniel Jéa. Dès sa première chanson, « Rien à dire » il est évident qu’il est plus dans la filiation de Jacques Debronckart, on le dit chaînon manquant entre Brel et Noir Désir, c’est pas faux, mais ce serait Brel avec la guitare de Jimi Hendrix et Noir Dèz avec les textes d’un Chandler, ou Fajardie, s’ils avaient fait des chansons … En quelques minutes il embarque un public subjugué dans ses carrousels d’univers borderline, ces paumés magnifiques, personnages baroques, tragi-comiques, démesurés, ces héros de la déglingue qui jettent leur parachute avant de sauter, car il y aura bien un ange qui passera pour les attraper au vol… Et parfois, un ange passe… Parfois.

Dans ce public très mélangé, ce fut pour beaucoup une révélation majeure. La durée de cette première partie limitait le répertoire, ce qui permettra de découvrir sur l’album « Gloires » des moments rares, comme Der Lieermann, ou Le cargo noir, (très noir intime) .

Jérémie Bossone sera très prochainement dans les Chroniques Lycéennes du Prix Charles Cros.

Camélia Jordana AAA-001retEt puis voici la vedette de la soirée, Camélia Jordana. D’abord il y a cette voix unique de jazzeuse naturelle, pas besoin de « vibes » surjoués pour faire passer la « soul »… Et après l’incandescent Bossone, Camélia Jordana charme en Shéharazade qui nous invite à la suivre dans ses contes musicaux, ses envoûtements délicats, en alternance avec des séquences aux rythmes puissants. Pas bruyants, pas d’agitations stériles, on pense à Nino Ferrer, avec son groupe et le sax de Manu DiBango, passant de l’échevelé Téléfon, à la sensible Rue Madureira. Il y a cette qualité musicale dans le spectacle de Camélia Jordana, il y a le raffinement des ambiances à la Léonard Cohen, ballades limpides décorées d’arrangement sophistiqués, dans le bon sens du terme, travaillés finement. Un signe qui ne trompe pas, plusieurs fois dans la soirée Camélia Jordana a enchainé deux ou trois chansons sans que le charme soit rompu par les applaudissements. Très à l’aise, sans effets artificiels, elle a parfaitement mené le show bien entourée de 5 musiciens (dont une musicienne multi instrumentiste et vocaliste) et conquis le public dont une bonne partie découvrait les artistes présents pour de bon. Il faut souligner que le Festival de Marne remplit très bien son rôle de découvreur, dans les spectateurs, beaucoup ne connaissaient pas du tout les artistes invités – à part le nom de Camélia Jordana- et ils sont repartis emballés, enthousiastes de ces trois découvertes.

C’était le 9 0ctobre à Villeneuve St Georges.

Et pour quelques images de plus,

Montages CaméliaBossoneNorbert Gabriel

Louis Ville un bluesman français…

17 Oct

P

Louis Ville AA NB part

Photos NGabriel2015

La légende raconte que Robert Johnson rencontra une nuit, à un certain carrefour, un personnage mystérieux avec qui il marchanda pour devenir un des plus prodigieux guitaristes de blues. Quand on l’entend, on se dit qu’ils sont deux, et pourtant.. Robert Johnson avait une voix haut perchée. Louis Ville a une voix profonde qui vous cueille à plein cœur et à plein corps. Et c’est un formidable guitariste qui fait chanter ses guitares comme les meilleurs musiciens des saloons et bars du Mississippi.

Si vous aimez les chansons qui savent mettre en majesté paroles et musiques, avec une voix qui passe du soyeux au rugueux, de la caresse au rugissement, dans toutes les nuances expressives et toutes les couleurs, écoutez Louis Ville, vous en sortirez plus vivant qu’avant, entre mi rage et mi rêve, mais vivant.

Il a trempé son stylo-stylet dans des encres colorées de tous les alcools de la vie, pour écrire, comme un auteur de série noire, les paysages humains, dont « les chants désespérés sont les chants le plus beaux. » mais c’est le chant des hommes… De leurs amours grandioses ou misérables, de la vie-cinémas, plus près de Fellini que de Walt Disney…

lv couv recSon prochain album,  « Louis Ville et les prédicateurs », ou « Le bal des fous » arrive le 30 0ctobre, il sera à la une, en attendant, refaisons quelques scènes de « Cinémas »…

Ne te retourne pas

et un extrait de l’album à venir « Dehors »

PS : si vous avez l’impression que mon enthousiasme est exagéré, voyez cette page, il est bien partagé par une presse unanime.

Louis et Lola les yeux1Dans la soirée au Forum Léo Ferré, il avait invité Lola pour un duo, ce n’est pas un hasard si les yeux de Lola ressemblent beaucoup aux yeux de Louis…

Un moment très lumineux, comme une ballade dans un coin de ciel bleu, comme un sourire…

Et pour quelques images de plus…

montage louis ville1

Norbert Gabriel

Jacques Higelin…

14 Oct

higelin couv AAAOn pourrait sous titrer « le voyage du funambule dans les sentiers de la mémoire », une visite intime à laquelle on invite des amis, dont l’ambassadrice est Valérie Lehoux.

C’est l’histoire d’un enfant rêveur, parfois très sauvage, parfois très joyeux, un enfant solitaire, on ne guérit jamais vraiment de son enfance. Mais on la sublime.

L’enfance n’est pas folle. Elle est intransigeante. Elle est une force.

Dans cette enfance, tout le monde chantait, tout était prétexte à chansons. Et à spectacle.

Chanteur, comédien, musicien, voltigeur, tout est possible à l’enfant qui rêve. C’est cette faculté à réinventer le monde chaque matin, à se réinventer, c’est aussi celui qui ne triche pas, quand le roi est nu, il le dit. Quand le monde bafouille les droits élémentaires, il le dit : « C’est pas juste ! »

Avec cette intransigeance irréductible.

Ce livre n’est n’est pas un monologue, pas non plus un vrai dialogue question-réponse, Jacques ouvre des fenêtres sur sa vie, Valérie regarde le paysage, éclaire une ombre, comme des didascalies à l’attention des lecteurs.

Si vous connaissez un peu Jacques Higelin vous savez qui sont ses amis, ses amours, ses balises, si vous ne le connaissez pas bien, vous découvrirez que « des chanteurs y en a plein, Higelin y en a qu’un. »

Vous verrez aussi que le hasard a de drôles d’idées parfois, c’est la veille du 18 Octobre que meurt Henri Crolla, son ami, son maître, comme si la vie et la naissance de Jacques un 18 octobre était un pied de nez à la mort d’Henri le 17…

La vie continue, le rêve aussi, il paraît que Jacques Higelin va avoir 75 ans, c’est possible… Pour continuer la route avec lui, ces mots de Valérie Lehoux : « … il nous emmène en voyage On ne sait jamais à l’avance où l’on va. Il a le talent du surgissement. »

Et pour boucler la boucle:

Etre artiste, c’est aussi cela, savoir s’ouvrir vers la jeunesse, savoir comprendre les enfants… 

dit Jacques Higelin suite à une rencontre dans un spectacle, et pour savoir ce qu’il en est, il y a ce livre qui est en librairie, à vous offrir pour son anniversaire, le 18 Octobre .

Chez Fayard.

Norbert Gabriel

PS: bien évidemment, il n’est pas question que de l’enfance, mais tout commence par là en général…

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