Préambule : Quand on évoque le Japon, le français moyen tient à peu près le langage de Panisse et César face à ces étranges étrangers d’un Nord qui commence au dessus de Carpentras. Quand le lyonnais et l’esquimau sont quasiment frères de moeurs pour le marseillais du Vieux Port. Alors le Japon…
A défaut d’aller voir sur place ce qu’il en est, on peut avoir un premier aperçu très enrichissant avec le spectacle musical de Maïa Barouh. Un peu plus d’une heure de chansons, avec des compostions personnelles imprégnées de ses cultures mélangées (pas uniquement franco-japonaises) et des chants traditionnels du Nord et du Sud du Japon. Et entre le Nord et le Sud, il y a autant de différences qu’entre un étasunien du Montana et un texan, ou un Ch’ti de Lille et un minot de la Joliette.
Par ses chansons Maïa Barouh montre plusieurs facettes de ce pays contrasté. Au Nord, tant dans les musiques que dans les thèmes (l’ours) il y a des résonances des chants Sioux, Cheyennes.. Le Sud vit dans un climat subtropical, et le Nord dans un climat continental Québecois, et ce traditionnel du Sud « Anami » est assez près des chants liturgiques d’Extrême Orient, ou de l’idée qu’on s’en fait. Chants très exigeants sur le plan de la maîtrise vocale.
Dans ces grands écarts musicaux, oubliez aussi tous les clichés sur les sons gutturaux qui caricaturent souvent le Japon, grâce à sa voix coloratura, Maïa Barouh expose toutes les nuances de cette culture musicale tout-à-fait abordable à des oreilles novices à la langue japonaise. Quand on découvre un negro-spiritual en argot de Louisiane, ou Strange fruits par Billie Holiday, pas besoin de sous-titre pour saisir l’émotion. La musique est un langage universel. Et dans cet exercice, Maïa Barouh est une flûtiste qui fait chanter l’instrument avec des voix et des sons à résonance humaine.
Et si vous croisez Little Boy, attention, tous les petits enfants ne sont pas forcément des anges, très grande chanson.
C’était il y a 4 ans, découverte et choc musical. En 2015, Maïa et son équipe ont poursuivi leur créations musicales, et un album est disponible. Chez Saravah, c’est là : http://www.saravah.fr/albums/nouvel-album-maia-barouh,1165
L’émission de France Inter Partons en live sera diffusée demain vendredi 11 Septembre à partir de 21 h, il y a le passionnant Jean-Claude Carrière en invité fil rouge, une première heure jazz, puis en deuxième heure, Maïa Barouh, David Lafore, et en final, un duo piano voix avec Manoukian pour un standard de jazz. Très bonne émission, variée, bien menée, et rien de sera coupé au montage, tout était bien.
Vous aurez un panorama du talent de Maïa Barouh, dont voici deux autres facettes.
Live à La maroquinerie Jongala
Maïa Barouh – Album « Kodama »
C’est plus ancien, mais j’aime bien Gelem Gelem…
L’anniversaire des 50 ans de Saravah approche, la fête sera à la hauteur de ce label, le seul label de chansons en activité depuis 50 ans… Les Rois du Slow Biz professent volontiers qu’il y a des années où on a envie de ne rien faire, mais ce qu’ils font ils le font très bien. Faire vivre la chanson.
Norbert Gabriel