En avril dernier sortait « Chien fidèle », quatrième album solo de Kick, le chanteur charismatique du groupe Strychnine, qui en parallèle des activités scéniques de la mythique formation punk-rock, poursuit aussi depuis plusieurs années une route plus solitaire et personnelle à travers des paysages sonores blues rock. Un changement d’univers ? Pas vraiment. Puisque la verve raisonneuse -et résonnante- et l’insolence poétique propres à son écriture se retrouvent dans ces titres, dont beaucoup auraient sans doute pu devenir des morceaux de Strychnine, à l’instar de la chanson «L’avenir nous parle», dont une version rock s’offrait sur le dernier album du groupe «Tous les cris» (2010), et qui s’incarne à présent dans une enveloppe charnelle blues aux accents chamaniques. La plume de Kick ne perd pas son identité et trempe dans la même veine.
Néanmoins le Blues, cette musique devenue familière et intime au chanteur, qui se produit également en concert avec un répertoire de reprises de vieux classiques du genre, dépeint, avec d’autres couleurs, un même portrait du monde, du sens des combats quotidiens, du gout de la vie, des sentiments, de l’humanité. Lors de l’entretien que nous accordait en février 2014, le batteur de Strychnine, Jean Claude Bourchenin, dit «Boubou», ce dernier nous disait des textes de son ami qu’ils ont une dimension intemporelle et parlent autant à des gens d’aujourd’hui qu’ils parlaient aux gens des années 80. Entendre exprimer la même chose, mais simplement autrement, nous permet de saisir combien ils ne sont pas qu’intemporels, mais aussi irréductibles et inaliénables à un seul genre musical. «Chien fidèle» porte en son sein plus qu’une cohérence : une évidence, une instinctivité qui résonne en nous, et nous parle de tripes à tripes.
En pause à Langon avant quelques dates de concerts, l’artiste acceptait de nous recevoir.
-Kick, bonjour et merci de nous accorder cet entretien. On t’avait retrouvé sur scène il y a 5 ans, lors de la reformation de Strychnine. Aujourd’hui, tu sors un quatrième album solo. Peux-tu nous parler de ton parcours ces dernières années ?
– Après la sortie du dernier Strychnine «Tous les cris», j’ai produit un premier album solo en 2011, « Forcené », qui a été suivi par «Le sens de la pente», sorte de compilation de titres inédits que je jouais dans les années 80. Puis j’ai réédité « Visions pures » en Cd, avant de me consacrer à ce nouveau disque. L’idée était de mettre à jour et graver les compositions que j’avais faites et jouées avant, car les impressions sur vinyles étaient introuvables, voire inexistantes pour certains titres, notamment ceux qui avaient était créés avec la formation Kick’n’Ze 6, au sein de laquelle m’accompagnaient Luc Robène [NDLR : ancien membre de Noir Désir et actuel guitariste de Strychnine] et Loran de Bérurier Noir. Nous avions quelques bandes ou enregistrements pirates, mais rien n’avait été gravé à l’époque. Donc en fait «Le sens de la pente » n’est pas à proprement parler un album, mais plutôt un regroupement de démos et d’enregistrements de chansons en concert qui couvre une trentaine d’années de compositions.
– Est-ce ce qui explique une différente orientation sonore dans tes nouvelles compositions ?
– Maintenant je fais du Blues, et le prochain album sera surement encore plus dans cet univers sonore. Ceci dit, je pense garder dans mes textes et mon chant une identité propre, que ce soit seul ou avec Strychnine. Je ne suis pas un artiste qui a fait ou veut faire des tas de trucs différents. On peut toujours reconnaitre ma personnalité dans ce que je créé. Certains musiciens peuvent au fil des années changer complètement de style ; et c’est bien aussi les gens qui ont envie d’explorer d’autres univers. Ce n’est pas mon cas. Néanmoins chaque disque est différent, même si, quels que soient les gens avec qui je joue, il y a quand même une ligne fidèle.
Cela fait deux ans que je me suis vraiment mis à composer du Blues. C’est à la fois une question musicale, et une question financière. J’ai toujours travaillé comme ouvrier à côté, car ce n’est pas avec la musique que je gagnais ma vie : j’ai été bucheron, ouvrier agricole dans les vignes, travailleur saisonnier… pour gagner une misère ! Développer une formule acoustique de reprises de Blues me permet de jouer beaucoup plus qu’avant, et de trouver des dates. Là, j’ai peut-être fait dans les 70 concerts avec cette formule. Le Blues est une musique qui touche beaucoup de gens, donc qui peut se jouer dans plein de lieux, des petits bars, des restaurants, des cafés-concerts. Cela permet de changer d’endroits et de rencontrer d’autres publics. Même si ça ne suffit pas pour que je prenne le statut d’intermittent, ça me permet de jouer plus, de tourner plus, et surtout de pratiquer cette musique. Cela m’a beaucoup fait progresser au niveau du chant, et m’apporte beaucoup musicalement. Et puis le Delta Blues, c’est la musique que j’écoute et que j’aime. Donc son influence se retrouve dans mes compositions.
– Comment le Blues est-il entré dans ta vie ?
– Quand j’étais adolescent, j’écoutais du Rock’n’Roll ; bien sur à l’époque du Punk, j’en écoutais, mais j’aimais aussi Chuck Berry. Et puis je me suis mis davantage au Blues, parce que c’est un univers dans lequel on se plonge. Y a toujours des bouquins passionnants sur l’histoire du Blues, qui sont très intéressants d’un point de vue sociologique aussi, et petit à petit je découvre des chanteurs. Ce ne sont pas des rockstars, mais des gens qui ont eu des vies très dures et laborieuses. Le côté rockstar, l’argent, la dope, ça ne me touche pas. L’existence de ces gens là qui travaillaient dans les champs de coton me touche beaucoup plus : je me sens plus proche de ces gens que de n’importe quelle rockstar.
De ce point de vue, la démarche personnelle de John Lomax pour sauvegarder le patrimoine des chants folkloriques américains est très instructive. Il travaillait bien sur pour la Bibliothèque du Congrès – qui correspond un peu à l’INA aux Etats Unis- mais au départ son travail relève d’une initiative individuelle. Il est parti sur les routes avec son fils Alan à la recherche des vieux chants. C’est une personne qui avait une idée politique ; d’ailleurs il a dû fuir les Etats Unis au moment de la chasse aux sorcières sous le maccarthysme. C’est pour cela qu’il a enregistré aussi des chanteurs an Afrique, et des Gitans en Andalousie. C’était un ethnologue à sa façon. Dans son livre, il explique les difficultés qu’il a rencontrées pour réaliser des interviews avec les gens dans le Sud profond américain, dans le « Delta », car lui était blanc, et les Noirs ne faisaient pas confiance aux Blancs et étaient très réticents à leur parler. Il a presque risqué sa vie, et a dû s’allier avec des universitaires Noirs américains pour pouvoir parler à des Noirs. Il cherchait des vieux chants religieux aussi. Dans les années 30, les choses avaient déjà beaucoup évolué, puisque l’abolition de l’esclavage remontait à la guerre de sécession. Donc plusieurs générations avaient passées, et les gens qu’il rencontrait étaient déjà des petits fils d’esclaves. Lui cherchait des anciens qui avaient gardé le souvenir des vieux chants religieux qui ont donné naissance au Gospel. Il a également visité des pénitenciers pour recueillir des témoignages de gens qui avaient vécu des années durant en marge de l’évolution musicale et sans subir l’influence des nouveaux genres comme le Jazz. En fait il distingue plusieurs périodes, entre autres celle des bateaux à vapeurs qui déchargeaient les ballots de coton sur le Mississipi, et avait vu naitre des chants particuliers, parce que les gens travaillaient toujours en chantant, et celle des voies ferrées qui avait connu des chants propres à la construction des chemins de fer : les compagnies payaient un chanteur pour mettre de la bonne humeur et rythmer le travail de ceux qui posaient les voies. Comme dans la marine où on chante pour imprimer un rythme et pour que les voiles soient tirées en même temps, un gars chantait pour indiquer les moments où les autres coordonnaient leurs mouvements. Donc beaucoup de chants proviennent de là : ce sont des chants de travail. Et il y a énormément de chansons du Rock anglais qui proviennent de là sans que les gens le sachent. Quand je joue ces reprises, les gens pensent qu’il s’agit de morceaux de Led Zeppelin ou des Rolling Stones, mais ce sont des vieux chants qui remontent à la nuit des temps. Les Anglais le savent ; je m’en aperçois lorsque je joue dans des bars à public anglais en Dordogne par exemple. Mais le public français ne le sait pas : il manque un maillon dans notre culture rock. Donc j’aime chercher chaque fois que je le peux l’origine des chansons, remonter toute l’histoire d’un morceau. Et ça m’apporte beaucoup.
– Lors de tes concerts, joues-tu des reprises de classiques du Blues avec tes compositions propres ou sont-ce deux sets distincts pour toi?
– Je ne mélange pas les genres. Quand je joue, c’est soit que des compositions personnelles, soit uniquement des reprises. Au départ, c’est dur de trouver par soi même un lieu où jouer, si on n’est pas recommandé, parce que les bars sont tellement sollicités par des artistes qu’ils ne répondent pas à tout le monde. Mais en général une fois que j’ai joué dans un endroit, j’y retourne. Depuis un an et demi que je tourne avec le set de reprises un peu partout, je ne travaille plus à côté pour gagner ma vie, donc je peux me consacrer à la musique, ce qui me permet de progresser bien plus vite.
– Parlons de l’album. Tu n’es pas exactement tout seul à jouer. Peux-tu nous parler de tes complices ?
– En fait, comme sur l’album « Forcené », j’ai composé et enregistré les chansons tout seul, et ensuite Sven Pohlhammer, le guitariste de Parabellum, et Kik, du groupe Gommard sont venus poser leurs instruments par-dessus, sur certains morceaux. Je connais leur jeu, et en écoutant mes chansons, je les entendais dans ma tête, je les imaginais jouer, et j’avais envie de ça.
Kik est un ami harmoniciste de Montreuil qui a joué avec Schultz [NDLR : guitariste et chanteur de Parabellum, La Clinik du Dr Schultz et membre de Los Carayos] pendant pas mal de temps. Il faisait les harmos dans la Clinik du Docteur Schulz. Il vient me rejoindre parfois pour des concerts acoustiques de reprises de Blues. Comme il a des activités avec son groupe Gommard [https://www.facebook.com/pages/Gommard/284064941615406], ce n’est pas toujours évident, mais nous jouons souvent ensemble à Paris ou Montreuil et nous avons une tournée de 7 dates dans le Sud-ouest. Il joue également avec un chanteur qui s’appelle Johnny Montreuil [https://www.facebook.com/johnnymontreuil], une formule de Chanson Française un peu Rock a Billy. Il chante très bien et écrit des beaux textes. Un soir nous avons fait un concert de Strychnine dans un squat à Paris, où le groupe de Schultz devait jouer, mais ce dernier étant malade, Kik et son groupe l’ont remplacé. J’ai trouvé son chant très juste ; il avait vraiment les tripes. On entend beaucoup de groupe de Blues qui ronronnent un peu, surtout au niveau du chant. Moi, ce que j’aime, c’est ce côté déchiré, le chant qui arrache les tripes. Et lui, il le possède. Donc je l’ai invité à venir jouer de l’harmonica sur plusieurs morceaux à un de mes concerts dans un bar. Finalement il a joué durant tout le concert à mes côtés, et on a trouvé ça tellement bien qu’on a décidé de rester ensemble. Quant à Sven, il fait les guitares additionnelles. C’est un très vieux pote, et nous jouons de plus en plus souvent ensemble.
Il y a aussi Stef Gillet, un ami de Bordeaux avec qui j’ai produit le disque. Nous travaillons toujours à deux : lui s’occupe de la réalisation ; j’enregistre les guitares, le chant et les programmations de la boite à rythme. L’album est totalement autoproduit, et je bénéficie du soutien de tout un réseau de copains qui me connaissent et aiment ce que je fais, et font des micro-distributions autour d’eux. Le seul disquaire auquel je confie mes albums à la vente est « Total Heaven » [6 rue de Candale à Bordeaux, facebook shop : https://www.facebook.com/totalheaven] à Bordeaux, parce qu’il est vraiment réglo. Hormis cela je vends mes albums 5 euros, c’est-à-dire au prix coutant. L’achat est comme un genre de participation : je donne la musique et chacun paye le prix coutant de la fabrication du disque. C’est ma démarche. Comme je produis quasiment tout chez moi, cela ne me coute pas très cher et j’arrive à me financer seul en amont.
– Y a-t-il eu des collaborations pour l’écriture ou la composition des chansons ?
– Non. Toutes les compositions sont de moi, même celle en Anglais. C’est la première fois que j’écris en Anglais. Il est probable qu’il y a quelques années, je n’aurais jamais pensé écrire un jour dans cette langue. Je n’ai pas fait ça sciemment ; ça m’est venu tout seul. Sans doute parce qu’à force de jouer des reprises de Blues anglophone, la langue m’est devenue familière. Comme je suis consciencieux et méthodique, je cherche toujours les textes originaux quand je souhaite jouer une reprise. Donc évidemment cela me fait progresser dans la langue, et le fait de pratiquer me plonge en immersion linguistique. Mon accent s’améliore et j’arrive à réfléchir et penser en Anglais. «Song for Schultz» n’était pas au départ un hommage à l’ami, puisqu’elle a été écrite avant sa mort. Mais ensuite j’ai eu envie de la lui dédier. Au début je n’osais pas, et puis Sven m’a donné son avis, et je l’ai fait. Et des gens qui aimaient Schultz sont venus me remercier pour cette chanson. Peut-être qu’en l’écoutant, ils pensent à lui d’une manière poétique.
-L’album nous balade entre moments de poésie introspective, réalisme parfois caustique sur l’humanité, et regard lucide qui exprime sens du combat quotidien et gout de la vie. On trouverait même un côté revendicatif à la chanson éponyme de l’album, qui est pourtant assez comique. Pourquoi cette chanson un peu décalée ?
– « Chien fidèle », c’était un délire. Et en même temps, ça reste revendicatif, mais à ma façon, à la façon dont je faisais avec Strychnine. C’est-à-dire que ce n’est pas de la revendication militante, au sens où l’entendent certains groupes. Je n’écris pas des slogans politiques. J’essaye de mettre un peu de finesse et de dérision. Mais ce n’est pas une critique contre les groupes militants. Loran des Béruriers Noirs en est, et pourtant je joue avec lui et c’est un pote.
– Il y a sur ton album un titre qui figurait déjà sur le dernier Strychnine, dans une version plus punk-rock, « L’avenir nous parle ». Y a-t-il une séparation dans ton écriture entre l’univers du groupe et celui de ton répertoire personnel ?
– « L’avenir nous parle » est en fait un morceau que j’ai composé dans les années 80, à peu près à l’époque où je jouais avec Loran. Il en existe des versions pirates avec Kick’n’Ze 6, d’autres versions en solo. Ce titre date d’une trentaine d’années. J’ai voulu en faire une version avec Strychnine lorsque nous avons enregistré « Tous les cris ». J’adore entendre des versions différentes de mes chansons. Ce qui explique que j’ai voulu également en faire une version Blues avec Sven. Sa façon de jouer de la guitare amène un univers mystique qui soutient ce qu’il y a dans le texte. Pour prendre l’exemple de « Vision pure », dont la version originale est présente sur l’album du même nom, c’est une chanson qui a connu je ne sais pas combien de versions différentes. L’une d’entre elle est sur « Le sens de la pente » ; je l’ai jouée avec Loran, puis avec Sven. De la même façon, « Nomade » qui est un morceau qui date de l’époque de Kick’n’Ze 6 a été enregistré par Loran avec Bérurier Noir, par Strychnine également, et connaitra certainement un jour une version acoustique. L’émission Konstroy de la radio RFPP [http://www.rfpp.net/spip.php?article99] à Paris, qui m’a invité à faire une interview pour la sortie de l’album est animé par des gars qui connaissent un rayon sur ma musique, et lorsque je vais les voir, ils me sortent à chaque fois des versions inédites ou piratées de mes chansons, dont moi-même je ne connaissais pas l’existence. Ils avaient retrouvé une version de « Forcené » réalisée avec Loran dans les années 80, que je n’avais jamais entendue. Aujourd’hui, avec les moyens numériques, il n’est pas étonnant de voir des gens enregistrer les concerts. Mais même à l’époque, avec les moyens du bord, il y avait des gens qui pirataient tout ce qu’ils pouvaient !
– On se souvient du « Live à Brest » de Strychnine, qui est un enregistrement pirate devenu un disque culte…
– Le « Live à Brest » de Strychnine que nous avons sorti en vinyle est un enregistrement pirate qu’un pote avait fait sur cassette. Lorsqu’on l’a écouté, on a trouvé que c’était une belle idée de le sortir en 33 tours. Pour te répondre, la plupart des morceaux que j’écris, sinon tous, pourraient être faits par Strychnine, mais nous avons des modes de vie tellement différents qu’il n’est pas évident de nous réunir pour travailler des chansons, alors qu’en travaillant tout seul chez moi, je peux aller au bout de mes idées et avancer plus vite. Dans un groupe, c’est toujours moins facile de mettre ses textes et son chant en avant, et comme j’ai souvent des idées précises, j’aime bien les mener à bout. Un groupe, ça veut dire des concessions ; mais c’est bien aussi de faire de la création collective.
– N’as-tu jamais cessé de jouer de la musique ?
– J’ai commencé à jouer au lycée, avec les copains de Strychnine, puis je me suis arrêté pendant dix ou quinze ans, après la formation Kick’n’Ze 6. J’en avais simplement marre… J’avais rencontré quelqu’un, j’ai eu des enfants.. Ma vie connaissait d’autres priorités. Et puis est arrivé la reformation de Strychnine. On nous avait proposé un bœuf, à moi et Boubou, au bar de la salle Barbey avec des musiciens du groupe Asil pour jouer nos chansons. On a été contents de se retrouver et on a décidé de se réunir.
– Et comment s’est décidé l’intégration de Luc Robène ?
– On a tout de suite pensé à Luc pour intégrer le groupe, parce qu’il jouait avec moi dans les années 80 et qu’il connaissait bien nos morceaux. On a également pris un bassiste, mais ça n’a pas fonctionné avec lui. Donc nous nous sommes séparés de lui, et avons décidé de continuer à trois, sans basse.
-Les activités du groupe sont-elles en pause ?
– Nous nous produisons de temps en temps avec Strychnine lorsque l’occasion se présente. Il est vrai que je ne prospecte pas trop pour trouver des dates pour le groupe, car j’habite Langon et ne me rend pas souvent à Bordeaux. Il faut dire que la ville souffre d’un déficit de lieux où jouer, tellement un tas de petits bars à concerts a fermé ces dernières années. Comme un peu partout, les lieux où organiser des concerts amplifiés se font rares, sous la pression des plaintes du voisinage contre les nuisances sonores. Il est bien plus facile de trouver des endroits et des dates pour jouer en acoustique. Par ailleurs Il n’est pas évident de se réunir pour composer ensemble. Il faut dire que je suis très souvent sur la route en ce moment : je joue une semaine par mois à Montreuil, ensuite je vais partir en Bretagne, puis dans les Vosges fin septembre avec Kik. En revanche, préparer un concert de Strychnine où jouer nos morceaux, n’est pas un problème : il nous suffit d’une répétition, et ça roule. Mais pour l’instant, mon envie du moment est de travailler seul autour de mes textes, donc il n’y a pas de composition nouvelle prévue avec le groupe. Cela me laisse plus de liberté. Ceci dit on a plaisir à jouer en concert tous les trois dès qu’on le peut.
-Quels sont tes projets immédiats ?
-Maintenant il faut que je parte défendre cet album en concert, et j’aimerais bien que Sven me rejoigne, car son jeu donne beaucoup de couleurs aux chansons. C’est compliqué, car il a aussi pas mal d’activités de son côté, et je ne vais pas le faire déplacer pour rien, donc il faut que je puisse lui proposer au moins une petite tournée de 5 ou 6 dates, pour déjà rentrer dans nos frais et gagner un peu d’argent quand même. Et puis il y a le prochain album à sortir…
-Peux-tu nous en parler ?
-Il est déjà tout écrit, et les enregistrements sont bien avancés. Je peaufine les détails. Avec Stef, nous avons une méthode de travail à nous, petit à petit, sereinement. Pour « Chien fidèle », nous avons pris 4 ou 5 mois. J’ai programmé les boites à rythme, enregistré les guitares témoins, retravaillé les morceaux, refait les guitares, puis les chants. Et d’un point de vue technique, plus ça va, plus je lui laisse la liberté de mettre sa patte au traitement du son. On le fait ensemble, mais je lui fais de plus en plus confiance. Il connait bien mon travail, depuis l’époque de Strychnine, et voit où je veux aller, et en même temps ses idées enrichissent les chansons. Il fait ce travail depuis pas mal de temps maintenant et est de plus en plus compétent, avec un savoir faire que je n’ai pas forcément. En outre il apporte un recul et un autre regard. Mon trip c’est d’être dans un même univers pour un album, plutôt que d’explorer des univers différents. Et cet album a reçu un très bon accueil ; je n’en ai eu que de bons échos. Donc je pense qu’il est réussit, et j’espère que le prochain le sera aussi.
Miren Funke
Liens :
https://www.facebook.com/pages/Chien-Fid%C3%A8le-nouvel-album-de-Kick-2015/1323354077681548?fref=ts
https://myspace.com/strychnine33officiel
Crédits photos : Les Enfants Foirés (1 et 5), Raphaël Rinaldi (7), Karen Kurowski (11)