
Poutous sur le popotin de Epeli Hau’ofa (traduit de l’anglais – Océanie – par Mireille Vignol) – Roman édité par Au vent des îles (collection littératures du pacifique)
Que faites-vous, quand votre popotin vous pose problème ? Problèmes même.
Je ne veux rien savoir ! Mais le choix peut être rapide en consultant un médecin, qui nous orientera vers un spécialiste.
En Océanie, le parcours est plus grandiose !
Il faut passer d’îles en îles, d’idées farfelues en somptueux discours aux nations, de croyance en mystique caustique.
Le tout pour que le monde devienne meilleur grâce à une approche nouvelle de notre fameux popotin !
Un humour décapant, des espaces littéraires variés, passant du langage populaire au discours digne de l’Unesco, jusqu’aux fantaisies médico-métaphysiques romanesques à souhait.
Un grand divertissement qui fait réfléchir sur une île, mais aussi sur notre vie à tous.
Didier Boyaud
Entretien avec Mireille Vignol, traductrice.*(1)
Comment ce livre t’est-il parvenu ?
Je connaissais Epeli Hau’ofa parce qu’il est incontournable dans la littérature du Pacifique. Lorsque j’étais journaliste en Australie, j’avais réalisé un programme sur la littérature du Pacifique et je l’avais interviewé par téléphone à l’université de Fidji, où il dirigeait l’Oceania Center for Arts and Culture qu’il avait fondé. On avait même soumis Epeli à ce petit quiz (en anglais)
http://www.abc.net.au/arts/headspace/liaisons/hauofa.htm
Avoue que des réponses comme « je trouve mon inspiration dans le remous des vagues » et « le paradis est là où ne porte pas de chaussette » cernent bien le personnage.
Je travaille en étroite collaboration avec Christian Robert, big boss des éditions Au vent des îles *(2)
à Tahiti. Il a une excellente collection de littérature du Pacifique et nous avions tous les deux envie de publier Epeli.
Quelle a été ta réaction à la première lecture ?
La première lecture remonte à longtemps, mais je me suis dit : « voilà un livre drôle, osé, et complètement farfelu » et ENFIN un roman sur les Océaniens écrit par un Océanien qui sait rire des Océaniens (et des autres). J’aime sa manière de tailler des costards (ou des paréos) à tout le monde, tous sexes, nationalités, et professions confondus. Et puis, je retrouve des choses très vraies sur le Pacifique, la mentalité des petits villages, la suffisance des « big brothers » australiens ou néo-zélandais, les théories absurdes et sans complexe qui circulent, l’humour des Insulaires, leur soi-disant timidité qui n’existe qu’en présence des Blancs… tout ça sonne vrai. En le traduisant, je me suis aperçu que certains passages datent (le livre a été publié en 1987)… surtout quand il parle de la guerre froide à l’université, mais l’esprit du roman reste tout à fait d’actualité.
Connaissais-tu l’auteur ?
Je ne l’ai jamais rencontré, mais je l’ai donc longuement interviewé au téléphone. Je me souviens lui avoir demandé s’il préparait un nouveau roman (il a publié un roman, un recueil de nouvelles et des essais) et il m’avait répondu en riant « oh non, c’est trop fatiguant ».
Comment le présenterais-tu ?
Un homme généreux et déterminé. Les écrivains du pacifique lui sont reconnaissants et ont le plus grand respect pour lui. Avec Albert Wendt, c’est une des grandes figures de la littérature océanienne.
Fait-il parti d’un courant particulier dans sa région d’origine ?
Oui, c’est un homme qui a eu la vision d’une Océanie unie qu’il explique longuement dans son essai « Our sea of islands », notre océan d’îles. C’était véritablement un homme du Pacifique moderne. Je me souviens avoir lu son essai alors que je préparais un site internet pour accompagner un programme radio et je voulais insérer des cartes de la région. J’ai soudain vu que le Pacifique, au lieu d’être une immensité bleue avec des petits points de terre, pouvait être des nations dont la mer faisait partie intégrante et que cette mer devait y figurer. C’est comme ça que sont nées toutes ces cartes:
http://www.abc.net.au/ra/carvingout/maps/
Y’a-t-il des aspects spécifiques au langage des îles qui ont été ardus au niveau de la traduction ?
Non, pas particulièrement. Il y a beaucoup d’inventions, mais on peut inventer en français aussi. En même temps, je connais assez bien le Pacifique et j’avais des images de ce pays fictif dans la tête.
Comment caractériserais-tu ce roman ?
C’est un roman irrévérencieux et généreux, absurde et très bien observé, sans prétention et drôle. J’ai bien rigolé en le traduisant et je n‘ai pas eu trop mal aux fesses.
Propos recueillis par Didier Boyaud
*(1)
Autre ouvrage traduit par Mireille Vignol : Dans Le trésor de la baie des orques de Kenneth Cook
*(2)
http://www.auventdesiles.pf/notre-catalogue/39-litteratures-du-pacifique/614-poutous-sur-le-popotin.html
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