Archive | octobre, 2012

Aphrodite Musique à la Manufacture Chanson

23 Oct

Résidence chanson pour Aphrodite Musique qui sera tous les lundis jusqu’à fin Décembre à la Manufacture Chanson pour explorer quelques questions universelles, l’amour, la vie, mais surtout l’amour, et toutes les facettes de l’état amoureux.

Les deux forces motrices d’Aphrodite Musique sont le désir et l’imagination. D’où deux propositions qui se dégagent de ce spectacle ; « Est-ce le désir qui sollicite l’imagination, ou l’imagination qui magnifie le désir ? » On peut aussi formuler en inversant les termes «  Est-ce l’imagination qui sollicite le désir ou le désir qui magnifie l’imagination ? » Quand vous aurez vu ce spectacle, vous aurez sans doute votre propre approche de la question pour animer les diners en ville, et ce sera une bonne occasion de revenir avec des ami(e)s pour continuer le débat, ou les ébats, à vous de voir.

En scène, un binôme composé de Mélodie Marq aux textes

et Pacôme Avondo aux guitares.

Une comédienne qui fait scintiller les textes dans un feu d’artifice coloré, autant dans la forme que le fond, ce sont les vertiges de l’amour qui défilent dans toutes les formes d’expression possibles.

Chanson, slam, monologue, le tout harmonisé et lié par le talent du musicien, partenaire dont la guitare sensuelle et profonde, lumineuse et envoûtante dessine des décors changeants et intimes, c’est un spectacle qu’il faut voir dans une petite salle ; La Manufacture Chanson est parfaite, car il faut être à la bonne distance, celle qui vous met « dans » le spectacle, juste assez près mais sans être non plus sur la scène. Si vous n’avez vécu ça, c’est le moment.

Quelques images car c’est aussi un spectacle plein d’images, et pour les dates et infos c’est ici : http://www.aphroditemusique.com/aphrodite_musique.html

Norbert Gabriel

Alfée Compagnie (2)

21 Oct

Autour de la table, les esprits s’évadent, partagent, sourient. Comment définir ? Quels mots ?
Comme un jeu.
Agathe Elieva est là, chez elle,  Syn-Anton, Hum Toks… et le reste de la bande.
Un jeu, des couleurs, des regards. Quelques sons. Toupetitou fait retentir le piano. Rejoint la harpe : gling, gling…
Repart vers le piano : clang, clang…
Sommes ensemble, sommes ailleurs. Sommes dix, ce soir-là. Comme les deux mains.
Nous penchons sur Alfée. Alfée Compagnie.
Comment dire ? Quels mots ?

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(suite de l’interview d’Agathe Elieva,
présentation de l’Association « Alfée Compagnie »)
Début de l’interview, à lire ici : Alfée Compagnie (1).

Hum Toks : Comment travailles-tu ? Comment travaillez-vous ?

Agathe : Notre travail est conçu comme un véritable prolongement artistique, intimement lié à la création. Créations où chacun peut, malgré/avec ses différences, découvrir, écouter, transmettre, partager.

A l’intérieur de cadres d’improvisations, de jeux, de manipulations, on apprend à écouter, à s’exprimer (vocalement, physiquement, émotionnellement…), à évoluer au sein d’un groupe. Je m’adapte aux différents handicaps, humeurs du jour, histoires personnelles, j’improvise beaucoup, ai tous les outils en tête pour espérer leur faire les meilleures propositions possibles afin de leur apporter ce dont ils ont besoin, toujours dans un souci de cohérence artistique. Une séance peut être ainsi construite autour d’un thème musical, un rythme, un parcours sonore, une improvisation instrumentale, des jeux corporels etc.

Il y a quelques rituels indispensables à notre temps commun : nous recréons notre espace dans la grande salle impersonnelle avec un tissu que nous installons/désinstallons ensemble, une comptine/ronde/chanson au début et à la fin, toujours la même par saison.

Il s’agit donc d’un travail de découverte, d’essais, d’expérimentation et d’échanges, afin de transmettre le plaisir de faire et de créer. Il n’y a pas d’obligation de résultat, c’est une des conditions de la collaboration : nous savons bien qu’il faut du temps pour chaque chose. Il ne s’agit pas d’exercer une pression quelconque ou de faire croire que nous ferons comme. Cela n’a pour moi aucun intérêt dans notre travail artistique. Nous appelons ces ateliers des performances car il s’agit d’un temps improvisé, où nous recréons l’instant avec les outils que nous expérimentons à chaque séance.

« Alfée » ©Leslie Tychsem

 

Hum Toks : Que dirais-tu des enfants, des adultes avec lesquels tu travailles ? Comment vivent-ils ces moments ? Quelle réception ? Que créent-ils ?

« Bleue » ©Agathe Elieva

Agathe : Ils ont tous hâte d’en voir la fin… et poussent de gros soupirs de soulagement. Non je plaisante, évidemment. L’humour… voilà une donnée importante dans ma relation à eux. Capitale. J’ai eu mes plus grands fous-rire professionnels avec un jeune polyhandicapé qui ne parlait pas et malgré cette absence de mots, les idées et l’humour passaient de façon parfaitement compréhensible. C’est souvent cette relation que j’installe qui étonne les adultes avec lesquels je travaille, ainsi que mon exigence artistique. Il y a toujours deux ou trois personnes de l’équipe (éducateurs spécialisés, infirmiers, orthophonistes, etc.) qui participent aux ateliers. Ils apprennent en même temps que les enfants, ce qui induit un nouveau rapport entre eux. Je crois que nous nous apportons beaucoup grâce aux regards différents que nous avons sur les enfants. N’ayant reçu d’autre formation que ma vie, mon expérience et mes réflexions, mon regard sur eux est artistique et non médical. Ce qui sera perçu comme symptôme par exemple par un infirmier sera pour moi la normalité d’un geste musicien répété, une recherche de son, une expérimentation d’objet sonore. Une normalité d’enfant en plein éveil. Souvent, les enfants, par leur appropriation des jeux, des chants, me surprennent et continuent à m’apprendre. Nous communiquons ainsi, en petits ensembles musicaux. Ils créent leur langage, mettent en sons leur histoire, expriment, par le biais de leur sonorité, leurs douleurs/peurs/affections. D’un même instrument, le guiro par exemple, ils auront tous une manière différente d’en jouer : discrète, maladroite, agressive, assurée ou très fine dans les variations de nuance et de tenue. Tout cela nous permet de créer ensemble. Ils sont heureux, parfois soulagés, parfois tristes aussi. Il y a des larmes salvatrices aussi, comme des rires. Il ne faut pas en avoir peur et savoir les accueillir pour continuer le chemin la séance suivante, ensemble.

Certains personnels ne pensaient pas que les enfants dont ils avaient la charge avaient une notion du temps jusqu’au moment où ils se sont rendus compte que les jeunes les pressaient chaque jeudi pour terminer le repas à l’heure afin d’être prêts pour la musique et mon arrivée.

« Origami » ©Agathe Elieva

 Hum Toks : Autre chose à dire ?

Agathe: Oui. On me demande souvent si je suis musicothérapeute, la réponse est non. J’essaye juste d’être éveillée, à l’écoute, curieuse, musicienne donc. Et puisque tu me permets de le dire ici, j’aurais aimé que les « administratifs » viennent avec nous pendant nos rencontres… Peut-être auraient-ils pris alors la mesure de notre travail — qu’ils rangent souvent dans la catégorie « je peux faire comme vous moi aussi je chante sous ma douche » sans concevoir que la musique en particulier et l’art en général, est un métier avec une fonction, un apport vital dans la société, et dans la construction de l’humain, voire du citoyen en devenir !

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Hum Toks : Alors, l’avenir de l’Association Alfée ?
Agathe : La campagne d’adhésion a débuté… N’hésitez pas à nous rejoindre.
Hum Toks : Merci Agathe.
Interview menée par Hum Toks / E.5131 / Eric SABA

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Alfée Compagnie :
https://www.facebook.com/AlfeeCompagnie

Pour soutenir l’Association, ça se passe là :
Alfée Compagnie

Les travaux de Leslie Tychsem :
http://fricasseepourcamion.tumblr.com/

De la bio, et sans OGM….

20 Oct

L’exercice biographique en matière d’artistes du music-hall produit des livres souvent très inégaux, témoignages parfois orientés, recherches sommaires, et documents non vérifiés, tout conduit à des vérités partielles et à un brouillage plus ou moins confus de la vie de l’artiste. Sur laquelle, chaque auteur a son angle de vue. Et l’angle, comme tout angle, est réducteur, on a une partie du panorama.

En ce moment, arrive une bio du groupe Noir Désir, et avant sa sortie officielle elle génère déjà des conflits, des arguties et contestations, « Oui je l’ai dit, mais non, c’était pas une interview officielle, c’était juste un interview off… » et quand c’est off, c’est comme si on n’avait pas dit ce qu’on a dit. Bon. On peut donc étiqueter cet ouvrage « facultatif » sur le plan fiabilité.

Mais il arrive que quelques livres puissent se poser en référence, un des premiers, chronologiquement, est « Tu vois je n’ai rien oublié » par Hervé Hamon et Patrick Rotman, la vie de Montand de 1920 à 1992, un ouvrage fouillé qui ne suscite pas de critique par des manques ou des fautes professionnelles. On ne peut en dire autant d’un célèbre biographe de Brel qui a dû revoir sa copie dans les rééditions sur une affaire qui a beaucoup nui à Antoine, affaire sur laquelle ce sont les ragots qui figurent dans la première édition. Celle déposée à la BN, et qui fera peut-être « document original » dans les années à venir. Plus récemment, il faut saluer le travail exemplaire de Jean Théfaine sur Hubert-Félix Thiéfaine, une bio sans concessions avec le sujet qui ouvre les carnets de sa vie sans fausse pudeur.

La biographie dont il va être question est sortie en 2010, chez un éditeur réputé, Flammarion, néanmoins dans une certaine discrétion, voire une discrétion certaine. Il s’agit de Bernard Lavilliers, par un journaliste qui le connait bien. D’une part document extrèmement précis sur Lavilliers, d’autre part coup de projo sur l’envers de la légende, mais sans la volonté de la détruire, plutôt l’éclairer, et montrer «  la part d’ombre d’un artiste qui s’est inventé un nid pour y accoucher d’une oeuvre majeure » On pourrait paraphraser ce que dit le journaliste dans « L’homme qui tua Liberty Valance , « Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende . » Ici les deux sont intimement mêlées, pour « révéler un personnage digne des plus beaux romans. »

« Les vies liées de Lavilliers » par Michel Kemper. Ce qui se voulait une biographie avec collaboration, s’est avéré enquête très fouillée, sans collaboration de l’intéressé. Enquête qui analyse le processus de la création chanson et de tous les écueils qui peuvent s’y rattacher. Les mauvaises langues pourront caricaturer en disant, quel plagiaire, ce Lavilliers, on pourrait en dire autant de La Fontaine qui s’est beaucoup servi d’Esope, et en forçant le trait, presqu’autant de Brassens, dont les lectures des poètes ont nourri l’inspiration. (Mais que les amis de Georges n’arment pas le chat à neuf queues, c’est juste un clin d’oeil à la grande érudition de Brassens reliée à celle de Lavilliers qui connait bien son sujet lui aussi)

Un auteur part rarement du néant pour s’exprimer. Le cas particulier de la chanson étant qu’elle est d’essence populaire, qu’elle s’imprime dans la mémoire souvent d’une façon subliminale, et quand ça ressort, on n’a pas toujours conscience d’avoir plagié. Ou de s’être inspiré, jusqu’à l’imprégnation. Ce qui n’est pas vraiment le cas quand on réécrit avec quelques arrangements pour faire auteur. L’exemple de la biographie d’Hemingway par un célèbre journaliste est éclairant, sur 50 ou 60 lignes copiées texto, on a inversé un adjectif par ci par là, et roulez jeunesse !

C’est la génèse et la construction de Lavilliers qui est au centre du travail de l’auteur, donc « La  vie Lavilliers  (…) est une nébuleuse, une abstraction, un relatif mystère. Du reste, Nanar protège sa vie privée et c’est autrement plus respectable que ces people qui s’affichent à tout bout de champ dans une grande impudeur. »

(Extrait de l’interview de Michel Kemper pour signaler ce que vous ne trouverez pas dans le livre, pour les secrets d’alcove, c’est pas le propos).

« Les vies liées de Lavilliers» montrent bien l’imbrication intime de l’imagination fertile d’un gamin stéphanois qui va chanter ses rêves et qui les vivra ensuite. Si non e vero, e ben trovato, dit un proverne italien.

« Contre la réalité, l’artiste a tous les droits. Le seul mensonge est celui de la vie. Le rêve, l’imagination, ont tous les droits (…) Un mythe ça se fabrique. C’est ça la magie de l’artiste. La réalité ne fait pas rêver et emmerde tout le monde. Si Lavilliers est mythomane, tant mieux ! C’est ce qui fait voyager son imagination. Sinon, il bosserait en usine, ou pire, il serait employé de banque. » (Léo Ferré cité par Michel Kemper).

Ce sera la conclusion, à vous de voir la suite. Et c’est un livre très bien écrit, un roman vrai; ces vies de Lavilliers, Cocteau aurait pu en dire « Je suis un mensonge qui dit la vérité »

En préambule à ces travaux de dissection de la vie d’artiste de nos idoles, on devrait avoir en exergue cette phrase (citée par Lara Guirao)

« Un ami, c’est quelqu’un qui vous connait bien, et qui vous aime quand même. »

Michel Kemper connait bien Lavilliers, et il l’aime quand même.

Pour ce livre, il est peut-être disponible chez l’éditeur, mais il l’est chez l’auteur, il sera livré chez vous et dédicacé.

Pour Noël, ou pour n’importe quelle occasion. (24 € tout compris)

À cette adresse : Michel Kemper, 11 A rue Président Allende 42240 Unieux

Et ici pour boucler la boucle, http://www.lesinfluences.fr/Bernard-Lavilliers-mytho-XXL.html l’interview très complète de l’auteur qui apporte des éclairages indispensables pour bien appréhender le contexte du biographe, de la légende et des faits. Et sur la façon dont la presse en général parle, ou pas, de la chanson et ce qui s’y rapporte.

Et bien sûr, le site de l’artiste

http://bernard-lavilliers.artiste.universalmusic.fr/

Norbert Gabriel

Alfée Compagnie (1)

14 Oct

Autour de la table, les esprits s’évadent, partagent, sourient. Comment définir ? Quels mots ?
Comme un jeu.
Agathe Elieva est là, chez elle,  Syn-Anton, Hum Toks… et le reste de la bande.
Un jeu, des couleurs, des regards. Quelques sons. Toupetitou fait retentir le piano. Rejoint la harpe : gling, gling…
Repart vers le piano : clang, clang…
Sommes ensemble, sommes ailleurs. Sommes dix, ce soir-là. Comme les deux mains.
Nous penchons sur Alfée. Alfée Compagnie.
Comment dire ? Quels mots ?

— Comme un conte… comme une promesse… !
— Comme la promesse d’un conte…
— Sur les dix doigts !
— La musique… comme divertissement ?
— La musique… comme défouloir ?

… comme prétexte à la rencontre ?

… comme moyen d’expression ?

… comme magie des énergies qui se répondent…

La magie… Alfée. La fée… ? Agathe…
Tout ça chez Alfée ! Et la musique comme thérapeuthie, diront certains… La musique… comme une compagne.

Comment dire ? Quels mots ?

Alfée, c’est peut-être avant tout Agathe… Une pierre « fine » posée, dit-on… mobile. Une constellation… Une étoile…
De celles qui brillent un peu plus que d’autres… Un nuancier de tons, aussi…
Il est des rencontres mémorables – des êtres qui par leur simple présence vous invitent à pénétrer une nouvelle dimension : heures simples, bleues, riches.

Il suffit qu’Agathe, croyez-m’en, joue, ou parle de musique… et tout se tait. Et l’enfant pose son visage dans ses mains, écoute et garde son empreinte, longtemps, longtemps… c’est éprouvé.

« Agathe, à la harpe… » © Mat Hild & Esther des Plumes

 

Alors… pour parler d’Alfée… il me semble que la meilleure chose à faire est de lui laisser la parole.

Hum Toks : Agathe ? … Agathe ? Coucou… C’est à toi…

Agathe : Merci à vous* de m’inviter pour partager un peu de notre travail, au bord des mondes.

(*leblogdudoigtdansloeil…)

Hum : Quand ce projet est-il né ?

Agathe : L’association est née officiellement en décembre 2003… d’un désir d’autonomie et de liberté. Le choix du nom a été un moment important. Alfée porte mes initiales de naissance, l’effleurement de la magie et de l’acte posé : « le faire ». Alfée porte aussi les racines méditerranéennes que j’aime : c’est en effet le nom d’un fleuve italien, toscan, que Virgile évoque dans l’Enéide. Il y est question de nymphe, de fontaine et de mythe. Parfait ! Et puis « Compagnie » parce qu’il n’était pas question d’agir seule. L’aventure pouvait réellement commencer.

Hum : Quelles étaient tes intentions ? Quels étaient tes objectifs ?

Agathe : Les intentions au début de la compagnie étaient de promouvoir l’universalité de la musique. Vaste programme, grande ambition, mais idée simple : la musique (en premier lieu le rythme et la pulsation) étant dans tout, nous voulions toucher à tous les publics, sous plusieurs formes d’expressions possibles. Expositions sonores, performances, récitals proposés dans des lieux singuliers (rue, galerie, hall de théâtre, divers espaces publics etc.) mais aussi, dès le début, des projets artistiques et culturels, à destination des enfants, organisés dans les écoles, avec le souhait principal de nous adresser à des publics labellisés (quel terme…) « différents ». En zone d’éducation prioritaire, auprès des enfants zèbres (à haut potentiel intellectuel) et, en premier lieu, aux enfants porteurs de handicaps mentaux et moteurs.

Notre objectif était finalement assez simple lui aussi : faire ensemble, partager l’instant, hors du concept intellectuel que suppose le verbe, la consigne orale et ouvrir les portes à cette autorisation finalement peu évidente d’être soi, là, maintenant, ensemble, riches de nos différences, dans cette expérience incroyable que peut être le temps musical – cette architecture fondatrice vitale. La liberté dans la rigueur, le 1 ajouté au 1, au 1, etc. qui forme ensuite l’ensemble. Je crois que c’est le cœur de mon travail de musicienne : le singulier au service de l’ensemble. Donner une place, simplement, à ce fameux triangle dont la sonorité s’avère parfois indispensable à l’orchestre.

Hum : Quelles vertus attribues-tu à la musique ?

Agathe : Toutes ! Je suis persuadée que le partage du sensible impacte considérablement en termes d’intégration scolaire, sociale ou professionnelle. L’art permet de se montrer tel que l’on est, et de s’identifier à l’autre dans sa ressemblance et sa différence. La musique est l’art qui permet d’apprivoiser le silence, l’inconnu, ce qui nous submerge. Du premier sifflet bricolé de l’homme préhistorique au mamané que je chante auprès des petits psychotiques, en passant par les gazouillis du nourrisson, c’est l’art qui nous accompagne à chacun des moments de notre vie, partout sur le globe, dans chacune des civilisations. C’est l’universel enchanté, ce qui nous relie.

« Les trois mobiles dans le jardin » © Agathe Elieva

 

Hum : Comment l’Association s’est-elle développée ? Comment se développe-t-elle actuellement ?

Agathe : Par des rencontres et des opportunités ! Tout cela est bien artisanal et le chemin s’est construit petit à petit, sans plan et sans véritablement de communication. Nous avons resserré nos actions très rapidement autour de la musique et du handicap. C’est ce que je souhaitais réaliser, depuis mon enfance. Sensibilisée très tôt aux questions des différences, j’ai bien fini par m’apercevoir que mon travail de compositeur et d’auteur, tournait inlassablement autour de l’enfance, du silence, et des singularités. Nous avons développé des partenariats avec des structures médico-éducatives, des écoles élémentaires, des conservatoires de musique, des lieux de diffusion artistique. Plusieurs associations et instituts spécialisés nous ont fait confiance sur Paris et la région parisienne jusqu’à la création du Pôle Handicap du conservatoire municipal du 19ème arrondissement. Nous travaillons avec des enfants et adolescents porteurs de handicaps mentaux mais aussi avec des enfants et adolescents polyhandicapés. Au bout de trois ans de travail régulier nous pouvions jouer ensemble, à la mesure de nos possibilités, qui un son de gorge, qui une maraca bricolée pour être jouée à la cheville. Peu importe, nous étions ensemble, on s’amusait, on recréait l’instant.

J’utilise l’imparfait, tu l’auras noté ! Puisqu’aujourd’hui, l’association se retrouve presqu’en pause momentanée, suspendue aux réponses de soutien et aux décisions politiques. En effet, la politique de restriction budgétaire de l’ARS (Agence Régionale de Santé) associée au choix des personnes administrant ces budgets dans les structures d’accueil (IME, IES etc.) font que cette année, après six ans de travail auprès des enfants et des jeunes, nous nous retrouvons sans convention pour la nouvelle saison qui vient de démarrer. La priorité n’est plus donnée à l’apport artistique, ni aux bienfaits des intervenants extérieurs mais au rendement ; l’argent prend le pas sur le bien-être des enfants. Malgré le soutien des éducatrices spécialisées, des psychologues attachés à ses structures et les progrès notables des enfants, la décision annoncée (toujours sans gant, ni reconnaissance) est sans appel.

« Couleur » @ Agathe Elieva

L’idée est donc que Alfée devienne une association labellisée. Soutenue par nos adhérents, subventionnée par les pouvoirs publics, nous pourrions proposer nos performances de façon gratuite ou à minimum de frais pour les structures. Cet accès gracieux aux associations et structures d’accueil des enfants est le premier objectif. Répandre cette idée qu’un atelier musical au sein d’un conservatoire, école d’enseignements de pratiques artistiques pour tous, peut faire partie d’un protocole de soin — ce qui signifie que les structures publiques de santé mais aussi culturelles peuvent travailler ensemble : c’est notre deuxième objectif. Le troisième est de transmettre notre savoir-faire aux professionnels intéressés par notre démarche.

Concernant le fonctionnement de l’Association, la campagne d’adhésion va débuter… N’hésitez pas à nous rejoindre.

Hum Toks : Merci Agathe.
Interview à suivre… (Nous te/vous suivons /je /ils/elles…)

Interview menée par – Hum Toks / E.5131 / Eric SABA —

Alfee Compagnie : https://www.facebook.com/AlfeeCompagnie

La suite de l’interview, c’est là : Alfée Compagnie (2) !

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