Archive | septembre, 2012

TREPONEM PAL, Survival Sounds

29 Sep

« Treponem Pal 2012 » ©suzan-brun.com

TREPONEM PAL, Survival Sounds / Chronique de Hum Toks/E.5131
Credits Photos :     Suzanne Brun (http://www.suzane-brun.com/)
                                     E.5131 (http://humtoks.com/)

Avertissement (et pour la petite histoire), le rédacteur de cette chronique n’est autre que le frère du bassiste du groupe chroniqué. Il ne compte pas faire ce que font les journaleux et autres commentateurs politiques ou économiques : c’est à dire taire les liens affectifs et « privilégiés » qu’ils entretiennent avec ceux dont ils parlent. Ceci étant dit, les chroniques du E. ne sont jamais objectives : il ne parle que de ce(ux) qu’il aime…

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Les premières sonorités viennent griffer le creux de l’oreille, le fond de l’oeil, à gauche. C’est incisif, corrosif.

Mais… ça n’est pas seulement tranchant, comme à l’époque de nos vingt ans (fin 80’s, mi 90’s). Ça ne se contente pas de te découper en milliers d’éraflures tant les nerfs sont à vif, comme la plaie… Non…

Même si…

Oui… Même s’il est évident que le riff qui ouvre l’album te ramène à l’ancien Trepo, aux Young Gods de l’album TV Sky.

Il s’agit aussi, avec Survival Sounds, de t’accueillir, bras ouverts, d’ouvrir la porte d’un nouvel univers riche en contrastes. Et je n’ai pas dit que l’ « on » te tendait un piège… (les panneaux, c’est bon pour la Sécurité Routière).

L’équilibre s’établit…

Froideur et noirceur d’un Rock-Indus assumé du début des années 90, d’un côté…

Chaleur et groove déjà rencontrés fin 90’s, avec Higher ou Elephant System, de l’autre.

Les deux pans réunis par la voix de Marco qui fait le lien… par la basse puissante, envoûtante… par les sons électro (ou synthé, ou même piano, sur certains morceaux) de Didier B. ; la gratte (Polak, digne successeur de Bassin & Co) et la batterie, chacune à son poste, comme une signature… celle de Treponem Pal, le retour, 26 ans après sa création. Et en route pour le XXIème siècle !

Les sons électroniques occupent le ban et l’arrière-ban, surgissent, à l’occasion, comme une version audio 3D, pour se placer là, devant – and fuck all the rest. On comprend qu’ils auront toute leur place, tout au long de l’album. Ils voyagent d’une oreille à l’autre, donnent le tournis. Effet rééquilibré par la batterie (El Marto), bien en place, qui travaille, précise, méthodique, riche et surprenante dès qu’une partie prête le flanc à l’attaque-éclair.

« TREPONEM PAL, Suvival Sounds » ©Keuns Tattoo Artist

Après l’accueil, donc, la claque. Une première mise en garde dès le second morceau « One way trip down ». Tu n’as toutefois pas encore franchi le hall d’entrée… « On » t’ouvre les portes, « on » t’invite à prendre place dans un grand canapé rouge sur murs noirs. Car l’album te réserve, en plus des claques (« Hard on », « Riot Dance », « Love the life… »  ), quelques surprises…

Il faudra se pencher sur le berceau. Il y a peut-être là du nouveau, des perspectives, des lignes à explorer. On songe au travail de Tom Waits ou Arno qui tirent le rock vers des sentiers déstructurés, personnels, déroutants, inattendus.

Pour preuve, le quatrième morceau « Runaway Far Away » qui déboule sans crier gare : à la fois classique, plus lent, mais avec un travail sur la voix et sur la production hypnotique (une drôle de basse qui parcourt le manche, te taquine la cervelle, un orgatron du XXIème siècle qui te saisit, imprime la cadence infernale …) qui occupe toute la place laissée, en arrière, et qui ne peut laisser indifférent.

***  « Runaway Far Away », en écoute : le titre « Runaway… ».  ***

Oui, un travail sur la rythmique manifeste… une rythmique à l’équilibre précaire… Sur « Subliminal Life », ça avance selon la logique éléphantienne : un pas, puis deux sans savoir où poser les pattes, sans savoir si la chute – équilibre précaire – n’est pas pour le pas suivant. Le morceau s’ouvre comme une symphonie qui déraperait à chaque moment, porté par une basse qui nous offre la syncope, enveloppe son auditeur comme l’ombre se joue de l’innocence (Syn-Anton, dernière recrue du groupe). Un pas de côté, encore, puis s’achève… et laisse la place à un rythme dansant.

Oui, dansant : pour une « Riot Dance », track 7. Un pas en avant pour deux en arrière… Les dernières mauvaises nouvelles du monde ne viendront pas (pour l’instant…) démentir la juste observation de Marco.

« El Minotauro » ©E.5131

Plus qu’Indus, l’album est Electronique et Rock. Les sons portent… résonnent : basses, percus, voix, guitares, parasitages en tous genres… Vaste horloge-cathédrale qui te rappelle que Lui (Evil) veille, compte et te rappelle : « Memento Mori… ». Une grosse basse qui bat la mesure… 666… Rythme à la fois enlevé et pesant… « Memento Mori, he said… ». C’est le neuvième morceau « Evil is calling ». Marco joue le rôle de façon très réaliste… Ah, c’est donc ça, la petite voix rauque, dans mon dos… au creux de mon oreille… ?

On dit toujours Trepo écartelé entre The Young Gods et Ministry. Ce n’est pas tout à fait faux. Mais surtout, c’est une façon de dire que Treponem Pal trace son propre sillon (à profondeurs multiples), ne suit pas les lignes tracées par les cousins, et propose du rock, du groove, de l’indus, de l’électronique, du dansant… carnavalesque, cinématographique, freaks à tous les étages, circassien… L’Evil dissimulé sous la table, guettant l’heure… jusqu’au blues, racines de la black-music dans les bas, les arrière-fonds… C’est la balade que propose le morceau suivant « Lowman Blues », suivi d’une pépite, l’une des surprises que réserve l’album : « Drunk Waltz », Track 11. Valse… Une valse chez Trepo !??? Une Danse de l’Ivresse que nous offre le groupe, que porte la basse de Syn-Anton, sans modération…

« apotheosis » ©E.5131

L’album s’achève sur un morceau qui redonne des couleurs à l’auditeur malmené : « Love the life we live » (« We live the life we love, we love the life we live »). Le morceau détient le secret… la formule trouvée de ce nouvel album, la tentative réussie de Survival Sounds : metal, indus, puissant, et… dansant. Et là, c’est le E. qui le dit : « Allez, on mouve son fesse ! ».

Finissons-en… avec le chant de Marco : « different vibes and differents sounds / different signs and different visions / all the freaks and know the same blues… (…) original riders brought together, united by a common sense of love… ».

***   « Love the Life we Live », en écoute : le titre « Love the Life… ».

Allez, mouve ton fesse !

Hum Toks / E.131

CHEL, « Bazar Bizarre »

22 Sep

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Et voilà que Toupetitou écoute un album qu’écoutaient ses grandes sœurs…
Et voilà que la chronique ne demande qu’à ressortir…
Et voilà qu’il n’y a rien de plus simple…

CHEL, « Bazar Bizarre » / E.5131 / 15.04.2008

bazar_bizarre

Si tu veux écouter quelques morceaux tout en lisant la chronique…
–> http://www.myspace.com/chelblog

Tout d’abord… confine les enfants.
Je ne te dis pas de te laisser pousser les ongles, non.
Ni de surgir dans la nuit…
Lâchons quelques instants cet univers oppressant, pour aller vers un monde fabuleux de petits plaisirs vrais, car pour l’enfant tout est vrai (j’en fais trop ? peut-être…).

Commençons toutefois par la contrainte : enfants enfermés, ceinturés, moteur démarré.
Dans le salon ? Non ! L’enfant peut s’échapper. Tu sais que l’enfant comprend vite : « Oups ! y a piège du pater, filons ! ».

Non… plutôt… dans la voiture ! C’est là que l’enfant cédera – si cela doit… et grâce à une consigne simple (rester 2 minutes tranquille) – il cèdera donc… à la surprise, se laissera entraîner, attiré par la découverte, le nouveau…

Il entend une mélodie, trop basse, mais qui lui parle, qui chante à son oreille. Un, deux, trois mots captés et c’est le début de sa fin. Capturé, envoûté, enchanté par une musique nouvelle, des associations de mots (appelées aussi « phrases ») inconnues. Celles de CHEL.

« Monte le son, papa ! » : 1er bon signe. (j’suis bien malin… ouarf ! un nonosse et une image !).

1er refrain repris en chœur par la grande… puis par la petite Aliasse — pas encore Lamoyenne — (qui a oublié ses baskets chez Mouse, ah bravo ! je ne te félicite pas… – mais je dormais… – c’est donc ton frère… – je n’en ai point – alors mets une virgule…
Il faut savoir adapter son discours à un enfant de 4 ans, c’est primordial !)

1er refrain, donc, repris par cœur, déjà, par les petites (dont une qui commence à être grande… 9 ans)…

« Cot, Cot, Cot… Cot, Cot, Cot… Madame Poule a pondu un oeuf-e ! »

Voici donc, disais-je, le 1er refrain, repris par cœur… donc le 2ème bon signe… J’ajoute même, dans un élan sans cornes : « C’est gagné ! ». (je suis bien malin… bis, gnark, gnark. un nonosse, une image !).

On rentre dans la grande basse-cour (à la campagne, dans un potager, à l’abri d’un auvent en bois prêt à dégringoler) et on baisse la tête. Qu’est-ce qui m’attend ? C’est quoi cette foire ?

C’est la grande basse-cour de CHEL.

On y pénètre par la petite porte du poulailler. Une toute petite fanfare posée à l’accueil : « chabatz d’entrar ! » comme on dit par chez moi (« finissez d’entrer »). Allez, bonnes gens ! Quelques instruments familiers, d’un temps pas si éloigné, mais que l’on a plaisir à retrouver. Je vous laisse les découvrir… Guitare, évidemment, et… accordéon, trompette, flûtes, concertina. Des mélodies qu’on croirait connaître déjà et pourtant les siennes, celles de CHEL.

Ce sont des sons du quotidien. Des mélodies qui ramènent en enfance. Des airs de colo, peut-être… non, plus subtiles… plus subtiles… plus subtiles que les chansons de sorties en car. Bien plus. Les mots parlent aux enfants, lancent des clins d’yeux aux ex-enfants que nous sommes.

« Tomate » ! « Patate »… « Vinaigrette » ? « Courgette et fleurs bigarrées »… Bref… Du mélange, de la nature, les poules, le potager les incontournables : épouvantail (« l’ami des gourmands »), dragonosaure et sorcière (« qui « met de l’ordre à sa façon »)…

Plus subtiles aussi, parce que jazzy, classique, ragga, ou encore blue-grass (je lance ce dernier mot quelque peu au hasard, c’est celui qui me vient quand j’entends cette fanfare. vous pourriez m’accuser de désinformation… est-ce ma faute si c’est le mot qui me vient ? nan dé diou ! ).

La musique ne prend pas l’oreille de l’enfant pour une andouille, une quenouille, une imbécile, un cerveau disponible… préfère lui souffler dans l’oreille un univers magique, enchanté, doux et le plus souvent gentiment déjanté…

Troisième morceau, je pose le sac, j’ai suivi le chant du rossignol, je suis bien ici, la musique se déploie. Débouche une fanfare plus fournie encore. C’est la présentation de « Tom ». Je connais un Tom… qui n’est pas « jardinier »… même s’il passera sa vie à cultiver son jardin. Invitation à la danse…

CHEL, Live / ©Ingrid Jouault

 Oh, mais surprise encore ! V’là que ça joue du dub maintenant… (tu connais pas le « dub » ? inculte !). Pas banal. Et l’enfant se calme… Surprise, parce que le « dub », monsieur-madame, le dub, ça se pratique pas sous un climat froid… dis-donc, faudrait revoir ses classiques ! « Aglagla ». Mais « Aglagla est une drôle d’araignée »… alors, CHEL aime les mots… la musique… les sons, quoi… et l’humour, la poésie qui vont avec.

Un écho, un autre.
Un écho tout au long de l’album, un fil rouge, à crête. Un thème, la fugue d’un animal à 2 pattes, l’œuf aux fesses. Variations. Et je claque la porte sur le poulailler. Quel est donc cet animal ? Une chimère ? Une partie Cot, une autre CHEL, la suivante en kerfi, oui et la dernière en Scott. Un univers…

« Une berceuse, maintenant, papa ? ».
« Non pas ! », comme on dit par chez moi. C’est la nuit qu’est tombée… pas une sieste de deux heures, les doigts de pieds au frais… mais bien une nuit étoilée de cent mille rêves… « Soleil sommeil ». Tuba !

Et v’là le poulailler qui se ramène de nouveau. C’est pas le poulailler, ‘bécile, c’est « l’épouvantail » avec cet environnement sonore bien particulier qui… j’ose ? qui sent le fumier à plein nez, mon gars ! à plein gaz ! Qu’on s’y croirait ! Et ça laisse pas la place à la moquerie… non. Pas possible. Qui voudrait se moquer ? Toi ? Toi ? Ou toi ? Attention ! Tu sais ce que vit un épouvantail ? Non. Bah, l’épouvantail, il est victime d’une fonction qu’il n’a jamais désirée. Je connais quelques épouvantails… « ça va passer, va. ça va passer… » qu’ils disent…

Chanson suivante… Les enfants s’emparent des mots et les retournent contre vous.
Faites-leur à manger et vous verrez ce que vous récolterez…
J’en connais deux qui réservèrent cette chanson pour les fast-food… et je fus fier d’eux  :

« parce que c’est Beurk et c’est vraiment pas bon…
« parce que c’est Beurk et y a vraiment rien d’pire que ça ».

Le gamin te réservera aussi ces mots pour ta cuisine, parfois… et ça te fera moins plaisir…

Repris à trois-quatre gamins, en chœur et pour peu que t’y ajoutes ta voix, ça peut durer un bout de temps. Et toujours quelqu’un pour ramener le refrain. (et le coupable… c’est aussi souvent moi, je le confesse).

Quelques morceaux de plus : « Bazardine Bazar » et « Moêp le dragonosaure » se partagent la vedette de la fin de l’album… bras dessus, bras dessous.

Je n’ai pas parlé de la voix de CHEL : c’est la chaleur, un t-shirt jaune soleil, l’amitié…

À la fin, l’enfant a lâché prise – rien ne va plus ! –
et répète inlassablement accompagnant le sorcier sympa CHEL :

« ça va pas dans ta tête
y a plus rien qui s’arrête
y a même plus la serrure… »

3 minutes
Allez, 4 minutes
La tête justement qui tourne
Les oreilles qui bourdonnent
Et puis les 5 minutes qui pointent leur nez
Les voix changent
Apparence de berceuse, enfant protégé, entouré et mené vers le haut
Mais les mots sont là, inchangés, avec quelques fous rires en arrière-son :

« ça va pas dans ta tête
y a plus rien qui s’arrête
y a même plus la serrure
ça va pas dans ta tête
y a plus rien qui s’arrête
y a même plus la serrure
ça va pas dans ta tête
y a plus rien qui s’arrête
y a même plus la serrure (…) »

Euh… on r’commence ?

///

En vente chez tous les bons disquaires… curieux.

Et puis CHEL, c’est un chapiteau, la langue des signes sur scène, un potager, un vrai, dans lequel il accueille des classes, pour « travailler » autrement… Classes dans lesquelles il intervient…

Pour créer… Ensemble… (car ce mot veut, encore, dire quelque chose…).

Et des projets, et des projets…

Salut !

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E.5131 / Hum Toks / Eric SABA

Le site de CHEL : http://chel.me/
http://www.myspace.com/chelblog

Les petits pois sont rouges, 1er album de CHEL, chroniqué là :
Les petits pois sont rouges

Voltiges, 3ème album de CHEL, chroniqué là :
Voltiges

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